«DEUX VICTIMES DES SEPTEMBRISEURS [LES BIENHEUREUX FRÈRES LA ROCHEFOUCAULD]» DE
LOUIS AUDIAT ; CHAPITRE 6


CHAPITRE 6. — Saint Eutrope, 1er évêque de Saintes et martyr. — Dévotion de Pierre-Louis. — Ses règlements synodaux. — Réforme dans le clergé. — Importance des ces règlements pour apprécier la situation religieuse du diocèse. — Écoles. — Curés. — Églises. — Élèves du séminaire. — Archives. — Mariage. — Projet de suppression de l'abbaye des Dames. — Mme de Parabère. — Violentes attaques des Jansénistes contre l'évêque, — le chapitre, — l'abbaye, — Sainte-Colombe, — les Sainte-Claire, etc. — Notes de bas de page.


La Rochefoucauld semble avoir pris saint Eutrope pour modèle. Il lui avait voué une vénération particulière, et il favorisa son culte le plus qu'il put (1). C'est lui qu'il invoque dans les circonstances difficiles et qu'il implore dans les calamités publiques. Car chaque année presque de son épiscopat fut marquée par quelque fléau. En 1782, des pluies continuelles compromettent les récoltes. Le 18 mai, le maire expose aux échevins les alarmes des habitants. La peine augmente chaque semaine, ce qui «jette la plupart des malheureux dans la plus grande misère». On ne peut, dit-il, «regarder cette position que comme un fléau, qui ne peut être arrêté que par les prières». Sur l'avis de Mollet, procureur du roi, deux délégués, Chéty, échevin, et Laurent, syndic, vont prier l'évêque de vouloir bien ordonner des prières. Donc, le 20 et le 21, il y eut procession à l'issue de vêpres autour des cloîtres ; le corps de ville y assista en habits de cérémonie. Il faut remarquer cette intervention du corps municipal. C'était du reste une tradition. L'échevinage fort religieux assistait à la procession de la fête-Dieu, à celle de la chandeleur, à celle du 15 août. Le 23 juin, il ne manquait jamais d'aller en grande pompe sur la place Saint-Pierre, faire trois fois le tour du bûcher et de crier : Vive le roi ! avec la foule, pendant que le maire mettait le feu aux quatre coins, et que la milice bourgeoise faisait trois décharges de mousqueterie. C'était le feu de joie de la Saint-Jean, dont l'usage s'est conservé à Saintes dans l'incendie de quelques fagots par les enfants.

L'année suivante 1783, la pluie a produit l'inondation, une inondation «plus considérable qu'il y ait jamais eu» ; on craint pour toutes les récoltes. Le maire, interprète «des plaintes et des lamentations» du public, expose, à la séance du 13 mars, «qu'il serait à propos de recourir aux prières, seules capables d'apaiser le ciel, et de procurer la cessation de la pluie et la retraite des eaux». Riquet et Senné sont députés, en l'absence de l'évêque, vers l'abbé Delaage, doyen et premier vicaire général. Le 14 et le 16, à l'issue de complies, il y a autour des cloîtres une procession ; le corps de ville s'y trouve.

En 1785, c'est le tour de la sécheresse. Elle désole les campagnes. On vient exposer au maire «la nécessité de recourir à Dieu, pour obvier à la calamité qui s'ensuivrait nécessairement». Deux députés, Moufflet et Fruger, échevins, obtient de l'abbé de Luchet, vicaire général, qu'on fera trois processions les 10, 11 et 12 avril. Mais la sécheresse continue. Le 22, à l'unanimité, le corps de ville envoie Mareschal et Briaud, échevins, à l'évêché pour rendre «sensible l'état et la situation des biens de la nature».

Mgr de La Rochefoucauld, cédant à ces instances, ordonna une procession générale et publia cette lettre qu'on trouve dans Briand (2) : «Notre consolation et notre ressource dans les calamités, c'est la religion. Si Dieu est irrité, nous l'invoquons ; et s'il s'apaise, nos prières le fléchissent, nos vœux parviennent jusqu'à son trône. Si nos crimes nous effraient, si notre bassesse, comparée à l'infinie majesté, nous décourage, la religion catholique nous offre des intercesseurs que leur sainteté a placés dans le ciel, qui jettent sur nous des regards de compassion, et dont l'ardente charité s'intéresse à nos malheurs. Ce sont surtout ceux qui ont vécu parmi nous, qui ont des droits particuliers à nos hommages et à notre confiance ; ce sont ceux, dont les saints ossements, dont les précieuses reliques ont plus d'une fois sauvé les peuples, et dont la puissante protection attire les bienfaits de Dieu ou suspend ses vengeances. Dans ce moment de trouble et d'inquiétude, où une longue sécheresse désole nos campagnes, où le cultivateur a déjà éprouvé des fléaux alarmants, où il craint d'en éprouver de plus grands encore, qui rejaillissent sur toute la nation, que pouvons-nous faire de plus édifiant, de plus conforme à la foi, que de rendre un culte solennel à cet immortel pontife, dont les cendres, conservées au milieu de nous, répandent encore, après plusieurs siècles, une odeur de sainteté et de vertu, et de réveiller la piété des fidèles en exposant à leur vénération les restes d'un grand homme qui, pendant sa vie, fut notre frère, qui, depuis sa mort, est notre appui ?...»

Cette pieuse lettre eut le don d'irriter les Jansénistes. Leur organe, les Nouvelles ecclésiastiques, trouva là, et dans une circulaire de neuf lignes où, répondant au désir du roi (17 novembre 1784), il ordonne des prières pour l'heureuse délivrance de la reine, l'occasion d'accuser le prélat d'incapacité et presque de manque de foi : «L'évêque voudrait le bien, dit-on ; mais il ne sait comment s'y prendre. Il a composé son conseil de personnes sans talent, sans lumières et sans aucune ombre de piété !» Les preuves ? les voici : «Nous en jugeons par deux mandements, que nous avons sous les yeux et qu'on ne peut lire sans compassion. Ils ont pour but, l'un d'ordonner une procession générale pour obtenir de la pluie après une longue sécheresse ; au moins nous le croyons ainsi : car le rédacteur n'a pas eu l'esprit de s'exprimer avec clarté» ; — Une longue sécheresse désole nos campagnes ! — «l'autre ordonne des prières pour la grossesse de la reine ; on le prendrait pour une lettre de voiture.» O bonne foi !

La procession solennelle qui scandalisa si fort les dévots du père Quesnel, eut lieu le 25 avril, après vêpres. On y porta le chef de saint Eutrope. Les six paroisses, les différentes communautés, le présidial, l'échevinage, y assistèrent. Le cortège partit de la cathédrale pour aller chercher la relique à la porte Saint-Louis, limite des deux paroisses. Quatre séminaristes en dalmatique la portèrent pendant la procession. Devant la cathédrale elle fut encensée par l'archidiacre de Saintonge, Jean-Louis-André de Luchet, en l'absence du doyen. Le chapitre la reconduisit jusqu'à la porte Saint-Louis, où les moines de Cluny la reprirent.

Ce ne fut pas tout. Le 29 mai 1788, on commença encore des prières pour la cessation de la pluie. «Il en est tombé si abondamment depuis la Saint-Médard, écrit le vicomte de Bremond dans son Journal, que les prairies basses sont couvertes, les hautes sont à la veille de l'être, les blés sont couchés et les chanvres.»

Ainsi, les corps publics ne s'imposaient pas pour règle de conduite l'indifférence religieuse ; ils croyaient que, si les particuliers ont des devoirs envers Dieu, les corps constitués en ont aussi. C'est toujours à Saintes le conseil municipal, organe et représentant de la population, qui demande à l'évêque d'ordonner des supplications. On devine combien ces démarches étaient chères à l'évêque. Pierre-Louis de La Rochefoucauld ne laissait passer aucune occasion d'avoir recours à Saint Eutrope. Il venait souvent sous sa crypte séculaire prier son prédécesseur. Lui demandait-il de mourir comme lui pour la religion, pour la foi ? Il y a de singuliers mystères dans la vie et des coïncidences étonnantes. Où le vulgaire ne voit que l'effet du hasard, l'homme plus sage contemple une direction divine. Qui sait si la force du martyre n'a pas été puisée près du tombeau de Saint Eutrope ? Qui affirmera que ce n'est pas l'exemple du sang versé par le premier évêque de Saintes qui donna au dernier la constance et la fidélité ? En tous cas, ce culte envers l'apôtre-martyr de la Saintonge méritait bien une fin aussi glorieuse. Et habet sua munera virtus ; la vertu a aussi sa récompense.

À ces moments de tristesse succède un instant de joie. La guerre d'Amérique est terminée. Le 26 décembre 1783, La Rochefoucauld sur la lettre de Louis XVI (20 novembre), ordonna des prières publiques à l'occasion de la paix de Versailles (3 septembre), conclue entre l'Angleterre et la France sous la médiation de l'Autriche et de la Russie. Ce traité, qui assurait l'indépendance de l'Amérique, affaiblissait la Grande-Bretagne et constatait le rôle glorieux de la France, relevée ainsi aux yeux de l'Europe, excita une joie universelle, dont l'évêque de Saintes se fit l'écho dans sa lettre pastorale. D'ailleurs beaucoup de Saintongeais avaient pris part, et une part glorieuse, à cette expédition : le comte d'Amblimont, chef d'escadre, auteur estimé de la Tactique navale (Paris, Didot, 1788) ; le comte Louis Rigaud de Vaudreuil, aussi chef d'escadre, commandant en chef du port de Rochefort ; puis Louis Froger, chevalier de l'Éguille, appelé le comte de Froger, capitaine de vaisseau, chevalier de Saint-Louis, membre de l'association militaire de Cincinnatus (3) ; son frère aîné, Michel-Henri Froger, seigneur de l'Éguille en Saintonge et d'Ardillières en Aunis, capitaine de vaisseau, chevalier Saint-Louis, fusillé comme lui à Quiberon (4) ; puis l'amiral La Touche-Treville, de Rochefort ; puis le comte Armand Le Gardeur de Tilly, de Rochefort, contre-amiral ; La Guarigue de La Tournerie (5) et d'autres encore.

Pour cette fête à la fois générale et locale, le dimanche 29, à l'issue de vêpres, en présence de la noblesse et de beaucoup d'officiers, en présence du présidial, qui, faisant taire ses susceptibilités de dix ans, se décidait à paraître dans une cérémonie près du corps de ville, il fut chanté un Te Deum d'actions de grâces, «très bien exécuté avec accompagnement de la plus belle symphonie des régiments de Vexin et de Courten-Suisse» (6).

Les officiers municipaux allèrent allumer un feu de joie sur la place Saint-Pierre ; et on illumina, «l'état de détresse dans lequel se trouve le dit corps de ville, ajoute naïvement le procès-verbal, ne lui permettant pas de manifester sa joie en cette occasion avec un éclat plus brillant.» En effet, les 1400 millions qu'avait coûtés la guerre avaient dû peser aussi sur les finances de la ville. C'était ailleurs pour elle une vieille habitude que d'être obérée ou gênée.

Attentif à tout ce qui pouvait conserver dans les cœurs réchauffer et augmenter le sentiment religieux, l'évêque de Saintes saisissait les occasions d'unir à la fois le culte de Dieu et l'amour de la patrie. Le 18 mai 1788, le régiment Royal cavalerie, selon une pieuse coutume, vint déposer dans l'église cathédrale ses étendards, et les suspendre aux voûtes du temple jusqu'au jour où il les reprendra pour les montrer sur les champs de bataille. La Rochefoucauld voulut lui-même présider la cérémonie. Le colonel, le vicomte Hennequin d'Ecquevilly, les lui remit. Il prononça un discours ou plutôt une allocution pleine de foi et de patriotisme (7) : Pierre-Louis n'était pas orateur. Une invincible timidité paralysait ses facultés, et ne lui permettait pas de se produire au grand jour. Aussi fuyait-il les solennités où il devait payer de sa personne. «M. l'évêque, nous raconte un témoin oculaire, a prononcé un discours analogue à la circonstance, que très peu de personnes ont entendu, ayant parlé fort bas et étant naturellement fort timide.» Le soir, un dîner de quarante couverts réunissait dans la salle du synode les officiers du régiment «et tous les militaires de la ville».

Mgr de La Rochefoucauld, au milieu de ces cérémonies, au milieu de ses tournées pastorales où il visitait les 565 églises de son vaste diocèse, songeait parce qu'il en avait reconnu la nécessité dans ses courses apostoliques, à des changements importants. C'est le défaut, d'autres diraient qualité, de tout nouvel administrateur d'être plus vivement choqué des abus et de vouloir facilement des réformes. Il y avait à faire dans le diocèse de Saintes (8).

Pierre-Louis de La Rochefoucauld, en comprenant l'urgence des réformes, eut la sagesse de ne rien innover. Il se contenta de recueillir les statuts synodaux de ses prédécesseurs et de les prescrire comme lois du diocèse. C'était Simon-Pierre de Lacoré, le successeur de Léon de Beaumont, qui, dans deux synodes, les 18 avril et 2 mai 1746, avait promulgué ce code ecclésiastique. Peu à peu il était tombé en désuétude. «Ces règlements, dit l'abbé Briand (9), sont tous empreints de la science canonique et l'expression d'un zèle pur, d'une expérience consommée et d'une fermeté vraiment épiscopale. Ils ont trait à la vie et aux mœurs des ecclésiastiques et aux principes à suivre dans l'administration des sacrements. Le prélat cite les ordonnances de La Brunetière et de Lepileur, les unes de 1697, et les autres du 12 janvier 1713. Il recommande aux curés d'avoir soin que les églises ne soient jamais employées à aucune assemblée pour les affaires séculaires ou pour le dépôt de quelque objet profane que ce puisse être ; de ne point permettre aux paroissiens, aux ouvriers d'y apporter leurs denrées ou leurs matériaux, et, à l'appui de sa défense, il cite une décision de ce genre prise en synode d'hiver au XIIIe siècle» (1280).

Les ordonnances synodales du diocèse de Saintes, où l'abbé Briand n'a vu que la défense aux ecclésiastique et laïcs, «de mettre ou tenir dans les églises leur grain, paille, vin, bois et toute autre chose profane», p. 57, forment un in-4° de 96 pages. On y trouve en vingt-neuf chapitres un corps complet de règles dont la plupart sont encore en usage (10) ; on remarquera seulement qu'il n'y est pas dit un seul mot des chanoines dont le pouvoir était quasi indépendant de l'ordinaire : il y est question des clercs et des séminaires, des curés, des écoles qu'il faut fonder et visiter, de l'administration des sacrements. Telles sont les principales et particulières dispositions des ordonnances de Mgr de La Rochefoucauld. Nous n'en avons mentionné que celles qui ne sont plus observées ou qui peuvent donner lieu à une utile comparaison. Elles ont leur intérêt archéologique en même temps que religieux. Mais, ce que nous y devons voir surtout, c'est leur publication même, c'est-à-dire la nécessité de les rappeler et aussi le soin vigilant du pontife. À la suite sont des formules de monitoires, d'actes d'abjuration et d'absolution d'hérésie, les formalités à remplir pour les dispenses, des modèles de requête, de procès-verbal, enfin un arbre généalogique établissant les degrés de consanguinité. On ne pouvait y mettre plus d'attention et de bonne volonté.

Il songea aussi à composer un nouveau bréviaire pour le diocèse de Saintes. Un comité fut composé de Pierre Claude, Lazariste, supérieur de séminaire ; de Louis-Augustin Hardy, ancien principal du collège ; de Pierre-François Dudon, chanoine en 1764, ancien Jésuite, et d'un autre chanoine. Mais réflexion faite, l'évêque préféra adopter un bréviaire déjà en usage ailleurs et choisit celui de Poitiers. La secte janséniste s'indigna de cette préférence. «Outre qu'on y a corrompu quelques hymnes, disent les Nouvelles ecclésiastiques de novembre 1788, ce livre est infecté d'autres vices qui auraient dû le faire exclure par un évêque vraiment français.» Et sait-on ce qui vaut ce reproche de manque de patriotisme? C'est que, à la fête des saints Pierre et Paul, «le canon de prime est extrait du concile de Florence», à qui l'on ose donner «le titre de concile œcuménique», et qu'on y lit ces horribles propositions: «Le Saint-Siège apostolique et le pontife romain est le successeur de bienheureux Pierre, prince des apôtres, le vrai vicaire de Jésus-Christ, le chef de toute l'Église, le père et le docteur de tous les chrétiens à qui Jésus a donné, dans la personne de saint Pierre, une pleine puissance et autorité de régir et gouverner l'Église universelle». En effet, ajoutent-elles, «notre Saint Père le pape a si peu cette pleine puissance que, s'il venait dans un village, il ne pourrait ni faire le prône ni le catéchisme, ni même y dire la messe sans la permission du curé, qui est le pasteur immédiat.» Voilà le premier grief ; voici le second: «On ne manquera pas sans doute d'insérer dans le bréviaire pour l'Église de Saintes, la fête et l'office du Sacré Cœur de Jésus, déjà reçu dans un propre particulier.» Car «l'esprit du molinisme qui dirige le gouvernement de M. de La Rochefoucauld ne permet guère de concevoir de meilleures espérances.» Hélas!

Selon l'abbé Briand (11), La Rochefoucauld aurait voulu opérer un autre changement fort important : mettre un chapitre de chanoinesses à la place des bénédictines de la puissante abbaye de Notre-Dame hors les murs de Saintes, dont les exemptions et privilèges lui paraissaient attentatoires à l'autorité épiscopale. Le hasard lui aurait fourni une naturelle occasion d'accomplir son projet.

L'évêque de Valence, Fiacre-François de Grave, précédemment vicaire général de Saintes, avait été désigné par l'abbesse de Saintes, Marie-Madeleine de Beaudéan de Parabère, pour faire la visite de son abbaye. Tombé malade en 1785, il délégua l'abbé de Mondauphin, chanoine de Saint-Pierre, vicaire général de Saintes et de Bordeaux, archidiacre de Valence, qui recueillit le scrutin des religieuses et mourut subitement en rentrant chez lui. L'abbesse écrivit aussitôt au chapitre, qui nomma deux commissaires, Guérin de La Madeleine et Saint-Légier de Boisrond, chanoines, pour apposer les scellés sur les papiers du défunt. Mais «on osa briser le cachet qui devait rester intact !...» Il y eut des indiscrétions. On sut bientôt par la ville de quoi se plaignaient les religieuses. L'anarchie régna dans l'abbaye: «l'ordre y fut méconnu, les règles de la vie claustrale presque abandonnés ; l'obéissance y cessa d'être une loi». La Rochefoucauld crut le moment favorable ; il obtint sans difficulté de Louis XVI une ordonnance qui supprimait l'abbaye, la remplaçait par un chapitre de chanoinesses. Déjà même «la nouvelle supérieure était nommée. C'était madame de Fontenoy, propre tante de l'évêque de Saintes. Louis de La Rochefoucauld avait su faire appuyer sa demande par toute la noblesse de la province.»

Mais Mme de Parabère ne s'endormait pas. Tenue au courant de tout, par Pierre Gilbert de Voisins, président de la grande chambre au parlement de Paris depuis le 31 décembre 1774, elle obtint que l'affaire fût jugée à la chambre du conseil seulement. Le roi veut temporiser. On essaie de ramener l'ordre dans la monastère. Les religieuses ne veulent rien entendre. Hardy, principal du collège, et le père Gabriel, provincial des Récollets, sont nommés par l'évêque de Valence, toujours malade, avec pleins pouvoirs. L'arrangement est impossible. Sa majesté prononce la dissolution.

L'abbesse demande un sursis ; il est accordé. L'archevêque de Bordeaux, Jérôme-Marie Champion de Cicé, arrive à Saintes, expulse du couvent les plus récalcitrantes, Mme de Laborie (12), Mme de Luchet, sœur de l'archidiacre, maîtresse des novices ; Mme de Bonnemort (13).

Tout rentra dans l'ordre. Mme de Parabère obtint le retrait de l'ordonnance royale qui fut rapportée en 1789. Et pour célébrer son triomphe, elle fit sonner douze heures durant toutes les cloches du monastère.

Il y a dans ce récit des erreurs, et des contradictions qui inspirent une légitime défiance (14).

Et cependant tout n'est pas de pure invention. Les querelles religieuses qui troublèrent le XVIIIè siècle agitèrent aussi la paisible ville de Saintes, en particulier les communautés. On s'y passionna pour ou contre la bulle Unigentus. Les Nouvelles ecclésiastiques, organe du parti janséniste, nous représentent Saintes comme la citadelle des Jésuites. «Parmi tous les diocèses du royaume, il n'en est point où la domination jésuitique se soit mieux soutenue. A la robe près, ces religieux y sont tels qu'avant la catastrophe heureuse qui en délivra le monde pour toujours. Ils règnent partout, à l'évêché, à la cathédrale, dans les paroisses, dans les communautés de filles, dans tous les cercles... Les membres épars de ce corps redoutable paraissent affectionner singulièrement le séjour de Saintes (15). Ils y sont en grand nombre ; il en vient de toutes parts, et à peine y sont-ils arrivés qu'on leur fait occuper des places importantes. Trois sont chanoines de la cathédrale, un autre vicaire général et grand chantre, douze ou quinze curés dans le diocèse» — sur près de mille ecclésiastiques séculiers ! — «On voit aisément en quel état doit être la religion dans un diocèse où les Jésuites ont tant d'influence.» Puis le journaliste expose à sa façon ce qui s'est passé.

Des quatre curés de Saint-Pallais, aumôniers par quartier de l'abbaye, Couturier, Martin, Dupin de La Guérivière (16) et Briquet, le premier, s'étant brouillé avec l'abbesse Madeleine Baudéan de Parabère (17), fille de la fameuse Parabère, maîtresse du régent, se vit interdire la confession des religieuses. Il proteste, fait du tapage, met en mouvement les avocats de Paris et de Bordeaux (18). Il supprime l'oraison pour Madame l'abbesse qui si disait à la bénédiction du Saint-Sacrement, «cette distinction n'appartenant qu'au roi» ; il supprime l'amende honorable au Sacré-Cœur de Jésus, qui se faisait tous les premiers vendredis de chaque mois, parce que «madame l'abbesse ne pouvait introduire de nouvelles dévotions que de concert avec ses curés». Une lettre de cachet, obtenue par l'évêque de Couserans (19), sur un mémoire de Gaudriaud, maire de Saintes et subdélégué de l'intendant, l'envoya chez les cordeliers de Montjean en Anjou (20). Madame Laborie de Boisseul, qui s'obstinait à ne vouloir se confesser qu'à lui, «eût péri dans les prisons, si M. de l'Épineuil, son parent (21)», n'eût obtenu du ministre l'ordre «qu'on la laissât libre et tranquille» ; c'est la phrase du journaliste. Il narre ensuite une foule de détails sur l'exaltation des religieuses, qui allait jusqu'aux «évanouissemens, extases, visions, au délire, résultat,» dit-il, «de pratiques étrangères à la règle de Saint-Benoît, de mille dévotions minutieuses, des macérations extraordinaires», surtout de l'influence des Jésuites. «M. de Luchet fut d'avis qu'on employât les saintes huiles pour exorciser les énergumènes à l'exemple d'un abbé Poujard, desservant de Jarnac (22), enfermé pour ses rêves dans une prison d'état.» Puis on eut recours à la médecine. «Il y avait alors à Saintes un fameux charlatan, nommé Glym (23). Il prescrivit un remède qui opéra quelques bons effets... Cependant le bruit de ces ravissements scandaleux se répandit dans la ville.» La Cour en fut informée, dit-on ; et le visiteur, l'évêque de Couserans (24), eut ordre de lui en rendre compte, qui, occupé ailleurs, chargea de la commission l'abbé de Mondauphin. Mondauphin mourut quelque temps après sa visite. «Le syndic du chapitre trouva, dit-on, parmi ses papiers le procès-verbal», qu'il n'eut pas la discrétion de garder pour lui seul. L'archevêque de Bordeaux, Champion de Cicé, fut envoyé par le roi à Saintes. Il prit quelques mesures ; «voyant madame de Bosseuil dans l'oppression, il lui permit de se retirer dans sa famille pendant quelques temps, et ensuite dans le monastère qu'elle voudrait choisir» avec 700 livres de pension (25). La Rochefoucauld avait «fait partir les dames de Luchet, fort loin dans un monastère, dont on ne dit pas le nom, et donné pour confesseur à l'abbaye deux ecclésiastiques judicieux et attachés à la doctrine de saint Augustin,» conduit qui «mérite d'être approuvée» et le mériterait bien davantage, s'il avait «interdit l'abbé de Lamotte». On voit que le rôle du prélat dans cette affaire fut assez modeste, n'ayant pu du reste s'en occuper qu'après son entrée à Saintes (1782). «Trois semaines après le départ de M. de Cicé pour Paris, madame l'abbesse reçut une lettre du gouvernement qui lui fait défense de recevoir des novices ; et il paraît certain que cette abbaye va être détruite.»

Voilà sans doute ce qui a pu faire croire à la suppression de ce monastère. Il ne périt qu'en 1791 sous les coups des Jansénistes qui firent la Constitution civile du clergé. Il comptait encore 56 dames de chœur et 26 sœurs converses.

Du reste, tout dans le diocèse va de mal en pis. La superstition y règne souverainement. Ainsi «les religieuses, dans leur mettre de mort, ne manquent point de marquer aux communautés de leur ordre que la défunte s'était confessée à un Jésuite. Nous lisons dans une lettre de Mme Le Mercier, supérieure des filles de Notre-Dame (17 décembre 1786) : «Elle s'est confessé à M. l'abbé Michot, ex-Jésuite, à qui elle avait donné sa confiance.» (26) Ce qui certainement voulait dire : «Ne soyez point inquiet sur son bonheur ; il est impossible de se perdre, quand on a d'aussi bons guides.» De plus, dans une lettre de mort des Carmélites de Saintes (10 novembre 1788), on lit ces mots: «Nous vous prions de lui accorder incessamment les suffrages de votre sainte ordre... et par grâce une amende honorable au Sacré-Cœur de Jésus... Nous avons l'honneur d'être dans les divins cœurs de Jésus et de Marie... » Le rédacteur des Nouvelles ecclésiastiques n'a pas l'air de se douter que c'est là un usage et une formule (27).

Au couvent de Sainte-Claire, régi par les Récollets, la paix avait régné jusqu'au mois de mai de l'année 1787. Mais là aussi les Jésuites mirent le trouble, et cela au moyen du père Gabriel, provincial des Récollets (28), qui, traître à son ordre, et «l'esprit renversé» par «la gloire d'avoir pour pénitent un évêque de la maison de La Rochefoucauld, n'a pas eu honte de susciter à ces filles une persécution qui a manqué d'entraîner leur ruine entière.» De concert avec l'abbesse, il autorisa les leçons de danse et de musique pour les pensionnaires, au grande scandale des bonnes âmes. Quoi ! la danse, la musique «dans un lieu consacré au silence, à la prière et à la mortification !» et pour jeunes filles destinées à vivre dans le monde ! «On s'aperçut bientôt qu'une religieuse prenait du goût pour les lettres profanes.» La nouvelle abbesse, «madame de La Mirande (29), trouva caché dans la chambre de la sœur Lauzet (30) quelques romans», et comme l'abbé Crozier (31), «esprit agréable et rimailleur», venait la voir «assiduement» au parloir, — «à Dieu ne plaise, s'écrie hypocritement le pudique rédacteur des Nouvelles, que nous voulions donner à entendre que le grand vicaire les lui eût prêtés !» — il fallut transférer sœur Lauzet aux Notre-Dame et changer le confesseur de la communauté, le père Dominique n'ayant pas osé résister aux menaces (32). Petite affaire domestique dont le folliculaire, à l'aide de fastidieux détails longuement exposés, essaie de faire un grave événement. «Voilà donc les religieuses dans la plus affligeante situation, privées des sacrements ou obligées de se confesser à leurs ennemis les plus déclarés», aux Récollets, «grands amis» des Jésuites. «Et cela parce que les lettres patentes de 1695 ont rendu nos évêques et tout ce qui les environne despotes dans leurs diocèses.» Tempête dans un verre d'eau !

Et le chapitre ! «Autrefois si savant et si religieux», il est, depuis qu'il a admis dans son sein quelques religieux, chassés de leurs demeures par les Jansénistes, et qui ont vite acquis, par leurs lumières et leurs vertus, une grande influence dans la ville et le diocèse, il est devenu ignorant et hérétique. En effet, if fait l'office du Sacré-Cœur, où les pères ont «glissé des expressions très hétérodoxes», en preuve «la doxologie de l'hymne de matines : «Gloire infinie soit également rendue au Saint-Esprit. Et vous, ô Jésus-Christ, faites que la flamme de votre amour brûle un cœur qui vous est consacré (33).» Quelle raison de séparer ainsi la personne du Verbe d'avec Jésus-Christ et d'introduire une quaternité, si ce n'est la croyance où ils sont que la personne de Jésus-Christ n'est pas celle du Verbe éternel ? (34)» Et «l'église cathédrale n'est pas la seule où l'on ait établi cette fête Nestorienne» ; mais aussi la plupart des paroisses de tout le diocèse sont infectées de cette «doctrine horrible».

La paroisse Sainte-Colombe est «le chef-lieu de leur congrégation». Trois Jésuites depuis 1763 y ont été curés : le père Dudon, le père Dangibeaud, aujourd'hui chanoine de la cathédrale, et l'un des quatre pères Pichon, mort il y a deux ans (35). Le curé actuel Guillebot (36), «quoique fort complaisant, semble voir avec peine une troupe de Jésuites plus maîtres que lui dans son Église». Ils y ont, en 1774, établi une congrégation de Jésus mourant ou de la bonne mort, ce qui est bien certainement une allusion à «la mort de la société de Jésus», détruite quelques mois auparavant par les bulles de Clément XIV du 21 juillet 1773 ; et ils ont imprimé à Niort, chez Pierre Élie, un petit livre de prières, 63 pages in-16°, plein «d'inexactitudes, d'erreurs mêmes sur les indulgences, et d'expressions pélagiennes : «Indulgences, pratiques et prières pour les confrères de la congrégation de Jésus mourant et de Notre-Dame des douleurs, appelée communément de la bonne mort, établie dans l'église de Sainte-Colombe à Saintes, par l'autorité de N.-S. P. le pape, et avec la permission de Mgr l'évêque de Saintes... Se vend à Saintes chez Delys, libraire. Permis d'imprimer à Niort le 15 avril 1774. ROUGET, lieutenant général de police.» On voit bien que ce «Jésus mourant n'est pas le sauveur des hommes, et la persévérance finale n'est qu'une obstination à vouloir, malgré toutes les puissances de l'Église, perpétuer un société antichrétienne.»

Pichon, le chanoine, se dit autorisé par le pape à seul indulgencier des crucifix de la bonne mort, «dont la croix est de bois de Sainte-Lucie et le Christ de métal». Ses frères les font vendre chez le sieur Duchesne, marchand quincaillerie, qui en a la spécialité. On les porte sous sa veste, et il faut prononcer souvent, surtout à la dernière heure, les noms de Jésus, Marie, Joseph. Ils mettent même ces trois majuscules J. M. J. sur les lettres qu'ils écrivent à leurs associées ; ce qui signifie évidemment : «Je Mourrai Jésuite». On croit vraiment rêver en lisant de telles fadaises ; il faut que l'esprit de parti cause d'étranges aberrations. Ces argumentes-là devaient paraître convaincants et spirituels aux bons Jansénistes de Saintes. Et voilà pourquoi votre fille n'est pas muette et les Jésuites vivent encore.

J'omets les commérages que les Nouvelles ramassent de tous côtés et servent à leurs lecteurs de la Saintonge et d'ailleurs.

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[Notes de bas de page.]

1.  Voici une ordonnance du 14 avril 1789, par laquelle, louant «le zèle pour le bien spirituel de ses paroissiens» du «sieur Bonifleau, curé de la paroisse de Saint-Eutrope», et «voulant seconder les sages et pieuses intentions dudit sieur curé», il permet la bénédiction du Saint-Sacrement les jours de noël, épiphanie, pâques, ascension, pentecôte, octave du Saint-Sacrement, nativité de saint Jean-Baptiste, saint Pierre, toussaint, conception, nativité, purification, annonciation, assomption de la Vierge ; le 3e dimanche de chaque mois, translation des reliques de Saint Eutrope, dédicataire de l'église Saint-Eutrope, 1er mai, les dimanches, jeudis et jours de fêtes du même mois, «qui est le mois d'adoration», et le jour de sainte Eustelle.

2.  L'abbé Briand, Histoire de l'Église santone et aunisienne depuis son origine jusqu'à nos jours (La Rochelle, Boutut, 1843 ; tome II, p. 721).

3.  Louis Froger, né à Rochefort en 1750, de Michel-Joseph de Froger, commandant de la marine à Rochefort et lieutenant général des armées navales, et de Marie-Thérèse de Gaudion, fut marin à 14 ans et devint major de l'armée navale sous le marquis de Vaudreuil ; il épousa Louise de Chavagnac, veuve de l'illustre Chadeau de La Clochetterie (le commandant de la Belle Poule), et périt à Quiberon le 25 juillet 1795. Ses deux fils n'ont pas eu de postérité.

4.  Michel-Henri Froger, né à Rochefort en 1747, épousa à Virson, le 26 novembre 1776, Marie-Pauline de Pont des Granges, dont il eut deux filles, mesdames du Puy d'Anché et Isle de Beauchêne, et un fils, Arnaud-François, qui a continué la descendance.

5.  Jean-Savinien-Marie de La Guarigue de La Tourneriené, né le 15 janvier 1767, capitaine d'artillerie, fut fusillé à Quiberon le 25 juillet 1795.

6.  Le chapitre avait même arrêté qu'il offrirait pour cette occasion la stalle d'honneur, la première du côté gauche, ornée d'un tapis et d'un carreau, au commandant en second de la province d'Aunis, Jean-Frédéric, comte de La Tour du Pin, comte de Paulin, marquis de La Roche-Chalais. Il ne vint pas.

7.  Le Journal de Saintonge et d'Angoumois du 25 mai (XXI, p. 166) dit «Très éloquent et analogue à la circonstance.»

8.  Nous avons, pour preuve, les nombreux différends qui s'étaient élevés sous La Chastaigneraye entre l'évêque et son chapitre ou ses curés. Ces mesquines taquineries, où l'autorité civile était tout heureuse d'intervenir pour mettre à la raison évêque ou chanoines, curés ou religieux, permettaient aisément les infractions à la discipline, les relâchements chez les ecclésiastiques, la négligence dans les devoirs et les fautes dans la conduite. C'était une porte ouverte à l'impiété ; et les populations apprenaient à moins estimer, partant à moins respecter.

9.  L'abbé Briand, Histoire de l'Église... (tome II, p. 578).

10. Anon., Les ordonnances synodales du diocèse de Saintes (Saintes, Toussaints, 1783).

Le Ier chapitre regarde les tonsurés, qui ne peuvent l'être avant douze ans, doivent être instruits des principaux mystères de la foi, commencer à entendre un peu de latin, porter la soutane les dimanches, la soutanelle sur semaine, en tout temps le collet, aller, ceux qui habitent Saintes, tous les dimanches et fêtes, au séminaire, y entendre des instructions particulières. Les ecclésiastiques sont astreints, par le chapitre II, aux cheveux courts, au petit collet, à la tonsure, à la soutane, sauf en voyage où la soutanelle est tolérée, à une vie exemplaire, sans jeux de hasard, de paume, de billard, sans chasse «qui se fait avec bruit, chiens ou armes à feu». Les curés ou bénéficiaires qui ont charge d'âme, chapitre III, «feront résidence personnelle et non interrompue sauf autorisation, instruction familière chaque dimanche, catéchisme dimanches et fêtes, plus trois fois au moins la semaine pendant l'avent et le carême, avec une heure spéciale pour un grand nombre de domestiques, bergers et autres occupés à la garde du bétail dans les lieux écartés» ; ils tâcheront de ramener les hérétiques de leurs paroisses «par leurs instructions et leurs bons exemples, leur montrant une affection vraiment paternelle et les assistant même dans leurs besoins, regarderont leurs vicaires comme les confrères, et ne se croiront pas en droit de se décharger sur eux de ce qu'il y a de plus pénible.» Les archiprêtres, chapitre IV, auront soin de veiller sur les mœurs des curés, vicaires de leur archiprêtré, d'arranger les différends qui s'élèveraient entre eux, de visiter les ecclésiastiques malades, de conserver, pendant les vacances, les titres du bénéfice et de la fabrique, les registres paroissiaux. Les vicaires, chapitre V, subiront chaque année au mois de juillet un examen sur deux traités de théologie, et présenteront de leur curé un certificat sur leur résidence continuelle et leur application aux fonctions du ministère. Défense est faite, chapitre VI, à tout prédicateur, autre que le curé et le vicaire, de prêcher sans le consentement de l'évêque et de «déclamer en chaire contre qui que ce soit en particulier, les désignant par des portraits odieux, ce qui ne serait propre qu'à scandaliser le peuple sans corriger le pécheur».

Le chapitre VII concerne les maîtres et maîtresses d'écoles alors à la nomination de l'évêque. Ils devront «enseigner la doctrine chrétienne aux enfants et les conduire à l'église pour y entendre la messe et assister aux autres offices divins». Les curés feront tous leurs efforts pour avoir une école de filles et une école de garçons par paroisse : les écoles mixtes sont proscrites. Ils «visiteront de temps en temps les dites écoles et veilleront à ce que les maîtres et maîtresses s'acquittent de leurs devoirs.» Aux chapitres suivants se trouvent diverses prescriptions relatives aux sacrements : baptême dans les vingt-quatre heures de la naissance, et excommunication contre les parents qui attendent plus de huit jours, ondoiement dans l'église, sauf nécessité et avec autorisation, avis aux officiers de justice des religionnaires qui, contrairement à l'édit du 14 mai 1724, ne présentent pas leurs nouveau-nés sur les fonts sacrés ; un seul parrain âgé au moins de 14 ans et une seule marraine de 12, avec exclusion des excommuniés, pécheurs publics, etc. ; deux registres pour les baptêmes, différents de ceux des mariages et de sépulture, reliés, cotés, paraphés, signés ; excommunication contre qui les déroberait ; nécessité d'avoir au moins sept ans pour être confirmé ; et douze environ pour faire sa première communion ; porter le viatique sous un dais dans les villes et gros bourgs, dans une custode à la campagne, mais toujours accompagné de deux personnes au moins dont l'une aura une lanterne allumée, l'autre sonnera une clochette en chemin ; exhortation au médecin d'avertir son client dangereusement malade et de déclarer aux parents, maîtres, domestiques, qu'il cessera de le voir après sa troisième visite, s'il ne s'est confessé ; annoncer au prône les futurs ordinands afin qu'on sache s'il existe en eux quelque défaut considérable (Concile de Tours, 1583) ; pour être sous-diacre, avoir un revenu annuel de cent livres bien franches, qu'on ne pourra aliéner sans autorisation (Concile de Bordeaux, 1583) ; faire preuve qu'il est sans litige (idem) ; défense à un prêtre étranger d'exercer sans le visa épiscopal (idem, 1255). Les études des aspirants au sacerdoce auront lieu au séminaire diocésain, et non ailleurs, sauf permission, pendant 15 moins, pour ceux qui auront déjà deux ans de théologie dans une université ou un collège, et pendant un temps plus long, proportionné à leur savoir pour ceux qui y entreront après leur philosophie.

Pour le mariage ne pas faire la publication de bans des enfants mineurs avant le consentement des père, mère ou tuteur, et engager les parents à envoyer les futurs au curé qui les instruira sur leurs devoirs selon le règlement de M. de La Brunetière en 1697 ; exiger un certificat de viduité visé de l'évêque du lieu pour les veufs qui veulent se remarier; excommunication contre ceux qui se présenteraient avec un notaire et deux témoins au curé pour se donner mutuellement consentement au mariage (Règlement de 1697). Le mariage aura lieu à l'église et de jour, sauf permission (idem), après confession des parties dans les trois jours qui précéderont (Concile de Bordeaux, 1583) ; suspense ipso facto pour qui admettrait des hérétiques au mariage, quand même une des parties contractantes serait orthodoxe (Concile de Bordeaux, 1624). Les fiançailles sont un lien qui empêche de contracter une autre union s'il n'a été brisé par l'ordinaire.

On ne veillera pas dans les églises et cimetières, sauf la nuit de noël et celle du jeudi saint (Concilium Copriniacum, 1260) ; on n'emploiera pas l'église à des usages profanes (Synodus hiem. Santon., 1280); règles diverses pour les autels, les statues, les ornements, vases, fonts (suivant le synode de Saintes en 1280) qui ne seront bénits que par l'évêque ou ses délégués (Concilium Pictavense, 1110) ; excommunication, d'après le concile de Bordeaux de 1624, et celui de Cognac de 1260, contre ceux qui s'abstiendraient plus de trois dimanches consécutifs de la messe paroissiale ; elle sera chantée à neuf heures en été, à dix en hiver ; les vêpres, avant trois heures ; elles seront récitées à voix haute, s'il n'y a personne pour les chanter ; exhortation aux magistrats de faire fermer les cabarets pendant l'office divin ; défense d'employer les cimetières à des usages profanes, tels que chanter, danser, vendre, étendre du linge ou du chanvre, par respect pour les morts ; ne point ériger de confrérie sans permission. (Conc. Senonense, 1528) ; n'y point admettre ou conserver des pécheurs scandaleux (Concil. Mediolanense quintum) ; employer leurs revenus à soulager les pauvres et les malades de la société plutôt qu'à donner des repas (Conc. Bituricense, 1528). Le marguillier ou fabriqueur sera élu au suffrage universel de la paroisse, en assemblée publique, le lendemain de la fête du patron ; il percevra les droits et revenus de la fabrique, en tiendra note et en rendra compte, etc.

11. L'abbé Briand, Histoire de l'Église... (tome II, p. 722). — L'abbé Théodore Grasilier, Cartulaire de l'abbaye royale de Notre-Dame de Saintes (Niort, Clouzot, 1871 ; p. 8), dit aussi de l'abbesse : «Son crédit empêcha l'évêque de Saintes, Pierre-Louis de La Rochefoucauld, de faire supprimer son abbaye sous le prétexte de discordes intérieures bientôt apaisées.» On copie.

12. Mme de Laborie était parente probablement de Marie-Thérèse-Angélique de Laborie, épouse (13 mai 1705) de Jean-Charles du Chasteigner, seigneur de Saint-Fort, et de Jean-Gratien de Laborie, seigneur de Ronzet et de Saint-Aignan, mari (2 janvier 1744) de Marie-Charlotte-Catherine du Chasteigner, petite-fille du précédent.

13. Mme de Bonnemort était sans doute une Mariocheau de Bonnemort, famille de La Rochelle, dont était Nicolas-Valentin Mariocheau de Bonnemort, propriétaire en 1789 à Saint-Éloi, paroisse de Notre-Dame. — Le 6 août 1784, Marie-Pauline de Bonnemort, de la paroisse de Saint-Pallais à Saintes, teste en faveur de dame Rose Delaneau, de La Rochelle.

14. L'abbé Briand seul, répété par l'abbé Grasilier, le rapporte, et sur la foi d'un contemporain qu'il ne nomme pas. Or, l'abbé Briand m'est suspect. Qu'est-ce que cette suppression prononcée par le roi, déférée et jugée au parlement ? une seconde fois prononcée par le roi, différée, puis finalement retirée ? Où l'abbé Briand a-t-il pris cette dame de Fontenoy, tante de Pierre-Louis de La Rochefoucauld ? Je ne vois à cette époque que Françoise de La Rochefoucauld, née en 1721, de Mathieu de La Rochefoucauld et de Marie-Anne de Turmemies, mariée en 1734 à Gabriel le Preudhomme, comte de Fontenoy. Mais elle n'était pas du tout tante de l'évêque ; elle ne lui était parente qu'à l'onzième degré et avait alors, si elle vivait, 65 ans : un peu vieille pour fonder un établissement. Puis, il place l'événement en 1785. Or, Mondauphin, qui y joue le premier rôle, était mort dès le commencement de 1784. Il le fait périr d'apoplexie à Saintes : mais Mondauphin trépassa à Bordeaux. On lit, en effet, dans le Journal du chanoine Legrix : «1784, le 8 février, le chapitre a reçu la nouvelle de la mort de M. l'abbé de Mondauphin, prêtre et chanoine de cette église, décédé à Bordeaux le 5 du même mois, âgé de 61 ans.» Les registres paroissiaux de Saint-Pierre confirment ce fait ; voir Louis Audiat, Saint-Pierre de Saintes,... (Saintes, Mortreuil, 1871 ; p. 256).

15. «Ils y ont un provincial, le P. Dangibeaud, chanoine ; un recteur, le P. Pichon ; un procureur, Lamotte-Luchet... Le P. Pichon, jadis recteur du collège, gouverne une communauté composée des ses frères et sœurs, qui vivent ensemble, dont deux Jésuites profès ; il y en avoit un troisième, curé de Sainte-Colombe, qui mourut l'année dernière (1786), trois sœurs également professes et un autre frère, chanoine de la cathédrale, qui, sans avoir porté la robe, n'en est pas moins Jésuite... Vient ensuite le sieur de Lamotte-Luchet, chanoine, qu'on appelle le père procureur. Il en a toute l'activité. Il conduit l'abbaye, où il confesse environ 40 religieuses ; il dirige les filles de Notre-Dame, les Hospitalières, etc.... Un autre Jésuite de grande importance est le P. Joubert, autrement surnommé Douzanville...» Les Dangibeaud, les Pichon, les Luchet étaient de Saintes ou des environs. Chassés de leurs couvents, où devaient-ils se réfugier, sinon dans leurs familles ?

16. Jean-Robert Dupin de La Guérivière, né en 1730, curé de Saint-Pallais, fut pourvu, en 1775, par l'évêque, de la cure de Saint-Hilaire de Ville-Franche, qui valait 3000 livres. Il jura, se fit marchand et salpêtrier, tout en administrant les sacrements. Il était un peu timbré. Il fut renommé curé en 1803.

Il avait deux sœurs religieuses à l'abbaye de Sainte-Croix de Poitiers ; l'une, Marie-Radégonde, suivit à Saintes sa compagne, Madeleine de Parabère, lorsqu'elle fut nommée abbesse du couvent de Sainte-Marie, le 10 octobre 1754.

17. À propos d'une demande d'augmentation de traitement, ce qu'exposait la feuille du 16 octobre 1777 : «L'église de cette abbaye et celle de la paroisse de Saint-Pallais sont desservies conjointement par quatre prêtres, qui ont tous quatre le titre de curés-chanoines, sans avoir le revenu qui devroit répondre à cette double qualité : ils sont tous quatre à la portion congrue... Ils étoient autrefois nommés à l'abbaye avec deux cens livres d'honoraires ; mais il y a environ quinze ans qu'ils demandèrent à Mad. l'abbesse la portion congrue de trois cens livres, et chacun d'eux se mit dans son ménage, jouissant en outre des honoraires de deux cens livres. Le roi et le clergé ayant ordonné une augmentation de deux cens livres pour les portions congrues. M. Couturier, nommé à une place de curé en 1770, demanda cette augmentation à Mad. l'abbesse en 1773, par une supplique en forme de lettre, qu'il fit signer de MM. Martin, Dupin de La Guérivière et Briquet, ses trois confrères. Cette demande, juste par elle-même, devoit souffrir d'autant moins de difficultés, que l'abbaye de Notre-Dame de Saintes est l'une des plus riches du royaume, et qu'ainsi une augmentation si modique ne pouvait lui être onéreuse. Mais au lieu d'un procédé seul digne de l'équité et de la naissance de Mad. de Baudéan, elle aima mieux chicaner, et chercha à désunir les curés-chanoines. M. de La Guérivière, qui étoit le premier auteur de la demande, l'ayant suggérée à M. Couturier, prit le parti de faire sa démission : il a depuis obtenu la cure de Saint-Hilaire, à trois lieues de Saintes. Sa place fut donnée à un prêtre qui étoit aumônier et secrétaire de l'abbesse.»

18. Nouvelles ecclésiastiques (1777) : «Celui-ci se plaignit que par ces procédés inouïs on donnoit atteinte à ses droits de curé, qu'il avoit droit de confesser les religieuses qui voudroient bien s'adresser à lui, et que l'abbesse ne pouvoit pas s'y opposer : qu'on ne pouvoit point lui refuser l'entrée du monastère, quand il seroit de semaine, pour visites les malades. Muni de bonnes consultations d'avocats de Paris et de Bordeaux, qui lui traçoient la marche pour revendiquer les droits tant spirituels que temporels de son bénéfice, il supprime l'oraison pour madame l'abbesse... Madame de Beaudéan sollicita une lettre de cachets, dépeignant M. Couturier comme un esprit dangereux, qui ne cherchoit qu'à mettre le trouble dans sa maison, à soulever contre elle ses religieuses, etc. Ces calomnies furent sans succès auprès de M. de Malesherbe ; mais M. Amelot ayant succédé à ce ministre, la lettre de cachetfut enfin accordée.»

19. Joseph de Saint-André Marnays de Vercel, évêque de Couserans (Ariège) de 1752 à 1779, fut visiteur de l'abbaye. Il était à Saintes notamment le 20 mars 1765, où il approuve, «dans le cours de notre visite», le Calendrier pour les dames religieuses de l'abbaye royale hors les murs de Saintes, «qui sera exécuté suivant sa forme et teneur.» Il mourut en 1779 ; son successeur, Dominique de Lastic, fut le dernier prieur de Saint-Eutrope de Saintes et le dernier évêque de Couserans.

20. Nouvelles ecclésiastiques du 16 octobre 1777 et du 4 septembre 1787.

21. Guillaume de Beaucorps, seigneur de l'Épineuil, qui signa «le comte Beaucorps l'Épineuil», né à Courcoury en 1737, chevalier de Saint-Louis, officier au régiment du roi cavalerie, fut détenu à Brouage pendant la Terreur ; voir Louis Audiat, Études, documents et extraits relatifs à la ville de Saintes, par M. le Bon Eschassériaux,... (Saintes, Orliaguet, 1876 ; p. 105).

22. Pour l'abbé Poujard, voir Louis Audiat, Un Curé de Jarnac thaumaturge au XVIIIe siècle. Notes et documents (Paris, Picard, 1891).

23. Registre de police de la ville de Saintes : le 4 janvier 1776, permission accordée à Emmanuel de Glym de débiter «une tisanne apéritive et diurétique pour les maladies chroniques.»

24. Il faut lire «évêque de Valence». Il s'agit, en effet, de Fiacre-François de Grave, né le 8 juin 1724 de Charles de Grave, seigneur de Durefort, et de Henriette Le Vasseur - voir Nicolas Viton de Saint-Allais, Nobiliaire universel de France... (Paris, Bachelin-Deflorenne, 1873 ; tome IX) - chanoine et grand vicaire de Saintes, abbé de Chastres (1752-1772), des Alleuds (1760-1788), sacré évêque de Valence le 28 avril 1772, député à l'assemblée générale du clergé de France en 1780, décédé à Paris en 1788. Par acte de Maillet, notaire royal à Saintes, le 5 octobre 1781, il notifia le bref du pape qui le nommé visiteur de l'abbaye de Saint-Pallais. Il se fit remplacer par Charles-Gaspard de Mondauphin, archidiacre de Valence, comme on l'a vu. Son nom est gravé sur la cloche de Saint-Pallais avec celui de l'abbesse.

L'évêque de Couserans mourut en 1779 ; celui de Valence fut visiteur en 1781-82 ; Mondauphin mourut au commencement de 1784. L'erreur est évidente.

25. À la suppression des Ordres religieux (1791), il y avait encore au couvent, parmi les 56 dames de chœur, sœur de Boisseul, âgée de 57 ans, et sœur de La Borie de Boisseul, âgée de 59 ans.

26. Michel Michot, né à Thouars, de Jean Michot, négociant, et de Jeanne-Perrine Berneau, Jésuite, refusa le serment à la Constitution civile du clergé; il mourut à Saintes le 20 juillet 1804, âgé de 90 ans.

27. Dans une lettre circulaire de la prieure des Carmélites de Saintes sur la mort d'une professe, Marie-Bénigne, du 11 août 1771, avant l'épiscopat de La Rochefoucauld et la domination exclusive des Jésuites à Saintes, on lit : «Elle voulut se préparer à la mort par une confession générale qu'elle a faite entre les mains de M. l'abbé de Grave, vicaire général, aussi zélé pour le salut des âmes que charitable pour les pauvres et les malheureux, aussi propre par sa douceur à aider un malade à bien mourir que persuasif par son exemple à porter tout le monde à bien vivre... Ainsi est morte ce matin notre chère sœur, amante du Sacré-Cœur de Jésus... Nous vous supplions de lui faire rendre au plus tôt les suffrages de votre saint ordre... et par grâce une amende honorable au Sacré-Cœur de Jésus. Nous avons l'honneur d'être dans le Sacré-Cœur de Jésus... » ; voir Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis (XXIII, p. 100).

28. Gabriel-Jean Fraisseix, né en 1727, lecteur de théologie, provincial des Récollets de Guienne et gardien de ceux de Cognac avant Michel Hardy, il avait commencé le «degré de la maison», qui est à l'ancien hôtel de ville avec rampe en fer forgé au chiffre de Hardy. Le 22 octobre 1781, il donne par-devant Bigot, à Luc de La Charlonnie, gardien de Cognac, procuration pour traiter avec Jacques Delamain, négociant à Jarnac. Il refusa le serment à la Constitution civile du clergé et resta caché à Saintes, où il mourut le 3 octobre 1811, âgé de 84 ans.

29. Henriette de La Mirande, fille de Henri du Sault de La Mirande, écuyer, gouverneur pour le roi à l'île de Cayenne, et de Marie Béraud, prit l'habit le 7 janvier 1749, âgée de 16 ans, et prononca ses vœux le 8 juin suivant sous le nom de Sœur Séraphique de Saint-Henri. Elle était discrète en 1780-1782; voir Louis Audiat, Fondations civiles et religieuses en Saintonge ; Les Sainte-Claire de Saintes (1877)¹, et aussi Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis (X, p. 218). [¹ Pas en la base de données en ligne de la Bibliothèque nationale de France, sous ce titre, en 2003 : d'autre part, Louis Audiat, Saint Eutrope et son prieuré, documents inédits (Saintes, Mortreuil, 1877).]

30. Marie-Catherine Lauzet, fille de Pierre-Eléonor Lauzet, contrôleur des actes et receveur des domaines du roi à Rochefort, prit l'habit, le 7 février 1774, et prononca ses vœux le lendemain sous le nom de Sœur Claire-Eléonore de Sainte-Anne. Sa sœur, Jeanne Lauzet, âgée de 22 ans, l'imita le 8 novembre 1780 ; voir Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis (X, p. 229 et 231).

31. Jean-Pierre Croizier, docteur en théologie, théologal chanoine et maître-école du chapitre de Saintes depuis 1760, fut vicaire général de Valence et de Saintes ; il mourut en Espagne pendant la déportation. Il était frère de François Croizier, écuyer, capitaine au régiment de Provence infanterie.

32. Pierre Courtaud, dit le père Dominique, Récollet, né à Limoges en 1729; en 1767 il était au couvent de Saint-Georges en l'île d'Oléron. Réfractaire, il resta cependant à Saintes pendant toute la Terreur sans même quitter son froc qu'il avait seulement un peu raccourci ; il y mourut le 29 octobre 1810.

33.
Laus summa Patri
Summaque Filio,
Sit summa sancto
Laus quoque Numini.
Tu fac adurat dedicatum,
Christe, tibi, tua flamma pectus.

34. Nouvelles ecclésiastiques du 4 septembre 1787.

35. Pierre Pichon, écuyer, seigneur de Saint-Thomas, fils de Jérémie Pichon, écuyer, sieur de Lagord, procureur du roi en l'élection de Saintes, eut, de Suzanne-Marie Meneau, nièce de Jean Meneau : 1°, Eutrope-Barnabé Pichon, écuyer, sieur de Saint-Thomas, époux d'Élisabeth Lallement ; 2°, Charles, curé de Sainte-Colombe le 6 juillet 1773 sur démission de Pierre Dangibeaud, qui devint chanoine de Saintes en 1777 ; 3°, Jean-Pierre, né le 27 août 1727, Jésuite, chanoine en 1762, deux fois enfermé comme prêtre réfractaire, puis chargé de l'administration du diocèse, mort le 13 mai 1804 ; 4°, Marie-Anne ; 5°, Marie-Julie ; 6°, Marie-Mélanie ; 7°, Marie-Marthe, morte à Saintes le 28 juillet 1805, âgée de 64 ans ; 8°, Josué-Jean-Baptiste, né le 24 juin 1713, prêtre ; 9°, Jean-François, né à Saintes le 22 juillet 1714, Jésuite, recteur du collège de Saintes, mort le 16 mars 1802 ; 10°, Jean-Joseph, né à Saintes le 19 novembre 1725, Jésuite, mort en réclusion chez la prieuré des Carmélites de Saintes le 22 septembre 1794. Frères et sœurs vivaient ensemble dans leur petite propriété de Monplaisir, paroisse de Saint-Pallais, sujet d'édification pour tout le monde.

36. Curés de Sainte-Colombe : Jean-Pierre Pichon, de 1759 jusqu'à sa démission en 1762 ; Jean-François Dudon, qui prit possession le 26 juin 1762 ; Pierre Dangibeaud, de 1764 au 14 décembre 1772 ; Charles Pichon, du 6 juillet 1773 au 10 juillet 1785 ; et Guillebot, de 1785 à 1791.


Photographe de la crypte d'église Saint-Eutrope.

Photographe de la crypte d'église Saint-Eutrope ; permission de Sébastien Lascar, webmaster du site www.voyageenfrance.com



«Deux victimes des Septembriseurs» :
Table des Chapitres ; Lexique ; Chapitre 7

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