«FAVERNEY, SON ABBAYE ET LE MIRACLE DES SAINTES-HOSTIES» ; 2e PARTIE - CH. 1


DEUXIÈME PARTIE

L'église abbatiale de Faverney et la statue de Notre-Dame la Blanche


CHAPITRE PREMIER

L'église abbatiale de Faverney

«La Haute-Saône possède deux églises qui, par leur ancienneté et les souvenirs historiques attachés à leur nom, distancent toutes les autres : Luxeuil et Faverney. De dimension presque égale, ces deux édifices appartiennent à deux styles et à deux âges différents : le premier est ogival ; le second est de style roman dans ses trois nefs. Elevés tous deux par des Bénédictins dans une époque de ferveur renaissante où leur Ordre, jadis si fameux, essayait de contrebalancer l'influence de l'Ordre de Citeaux parvenu à son apogée, ces deux monuments ont un intérêt exceptionnel pour l'histoire de l'architecture monastique au diocèse de Besançon» (1). Ainsi parlait de notre église abbatiale de Faverney l'éminent archiviste du Doubs M. Jules Gauthier, alors qu'en fin connaisseur et franc-comtois passionné, il réunissait ses observations archéologiques et épigraphiques en l'an 1894. À son défaut et marchant sur les traces de celui qui m'honora de son amitié sincère et qui fut mon guide et mon maître, je vais essayer de reconstituer l'ancien et béni sanctuaire de Notre-Dame la Blanche.

Lorsque vers l'an 780 mourut en odeur de sainteté la fondatrice du couvent des moniales l'abbesse sainte Gude, son corps fut inhumé, dit Dom Bebin, «quasi au milieu de la nef de l'église. Or, à l'entrée de cette église, on voit une belle, grosse et haute tour, percée d'une grande arcade avec moulures qui donne l'entrée du monastère aussi bien que celle de l'église, et laquelle sur la voûte est percée de deux grandes fenêtres faites en rond, en forme de rose, l'une regardant sur la rue et l'autre dans l'église. L'on tient que la chambre qui est sur ce portail, éclairée par ces deux fenêtres en rond, servait autrefois de chœur aux sanctimoniales pour y chanter l'office divin» (2). Cette opinion spéciale à l'historien Dom Bebin ne parait pas fondée à M. Gauthier archiviste. Car les détails architectoniques tels que les piliers cylindriques, octogones ou carrés, qu'on remarque dans la grande nef et qui sont munis de chapiteaux extra-rudimentaires, aussi bien que la simplicité extrême des formes, concordent avec les particularités similaires qu'on observe dans plusieurs églises clunisiennes du Jura, par exemple à Saint-Désiré de Lons-le-Saunier, à Saint-Maur vers Conliège, et surtout à Baume-les-Moines ou Baume-les-Messieurs. Or, cette dernière église a été bâtie de 1107 à 1139, et achevée aux abords de l'an 1150. À cette époque l'abbaye de Faverney était en pleine décadence et les sanctimoniales de sainte Gude venaient d'en être expulsées par l'archevêque de Besançon Anséric : l'église subsistante de Faverney ne peut donc être celle des moniales (3).

Sans crainte d'erreur, elle est donc postérieure à l'arrivée de la colonie bénédictine amenée de la Chaise-Dieu en 1132, et on peut lui assigner comme date la période de 1132 à 1160 ; et comme constructeurs les abbés Bernard, Pierre Ier, Lambert et Guichard, premiers chefs de la colonie monastique venue d'Auvergne dans le premier tiers du siècle de saint Bernard. Les trois nefs de style roman datent du XIIe siècle. La nef principale est composée de six travées que dessinent des arcades à plein cintre, hautes de 6,90 mètres et portées par des piliers alternativement ronds, octogones où carrés. Cette grande nef était primitivement couverte par une charpente apparente. Il est à remarquer que les piliers soutenant les douze arcades, six de chaque côté, n'ont ni bases ni chapiteaux, et que ceux qui affectent la forme cylindrique, ont à leur partie supérieure un anneau saillant, supportant la corbeille à angles chanfreinés où reposent les cintres. Au-dessus de chaque arcade, sous la corniche intérieure où s'appuyait jadis la charpente visible, ouvrait autrefois, à 8 mètres du sol, une fenêtre cintrée et ébrasée qu'on aperçoit encore sur les combles des bas côtés (4).

De même longueur que la grande nef, les bas côtés ou petites nefs ou collatéraux comptent six travées, jadis aussi couvertes par une charpente apparente et éclairées autrefois de fenêtres cintrées et ébrasées de la même dimension que celles de la grande nef. Il en survit une dans la travée la plus voisine du porche, ou collatéral du côté droit (5).

Après la nef venait primitivement un transept qui subsiste encore tout entier, avec des arcades en tiers-point plus hautes que celles de la nef elle-même et égales en hauteur au grand arc de l'ancien sanctuaire. Cet ancien transept qui ne dépassait pas les murs des bas côtés et qui se trouve prolongé actuellement par la chapelle du Saint-Sépulcre, se terminait incontestablement par une abside cintrée et voûtée en cul de four à l'extrémité de la grande nef, et par deux absidiales ou petites absides, également cintrées et voûtées en face des collatéraux, suivant la formule habituelle des constructions monastiques au XIIe siècle dans le comté de Bourgogne. Ainsi composée, l'église ancienne des bénédictins dont le chevet regarde l'est, n'excédait pas en longueur le carré du transept, je veux dire ne dépassait pas l'emplacement actuel de l'appui de communion, et s'arrêtait à la porte même de l'église sans portique (6).

Ce ne fut que cent ans plus tard, vers le milieu du XIIIe siècle, que le pignon du porche ou lieu couvert dont les rampants sont soutenus d'une corniche à modillons du style bourguignon, fut construit devant l'entrée, probablement par le chevalier franc-comtois, le baron-abbé Pierre III qui illustra son nom et son règne par la charte d'affranchissement de la ville de Faverney en 1260 (7). Ce ne fut également qu'au XIVe siècle qu'on abattit les trois absides qui terminaient les nefs de l'église primitive, et qu'on allongea l'édifice d'un transept ou chœur des formes dont le carré mesurait 9 mètres sur chaque face, puis d'un sanctuaire ou presbytéral long de 13 mètres et composé de trois travées que terminait un chevet à trois pans. La clef de voûte du chevet représente, élégamment sculpté, le couronnement de la Vierge, tandis que les deux autres clefs du sanctuaire portent une tête barbue et une rosace multilobée. Cinq hautes fenêtres à deux meneaux chacune éclairent ce chœur des prêtres qui forme la partie supérieure d'une croix latine et en font «l'un des plus gays et des plus éclairés qui soit dans la province». Sur chaque flanc de ce presbytéral fut bâtie à la même époque une chapelle absidiale à deux travées et qui communiquait directement avec le sanctuaire par une porte intérieure et rectangulaire, et avec le bras du transept par une arcade en tiers-point (8).

Remarquons en passant que toute cette partie de l'édifice, y compris le nouveau transept, a des colonnettes sans chapiteaux, ce qui indique nettement la transition du XIV au XVe siècle, et nous permet d'attribuer cet agrandissement de l'église abbatiale à l'administrateur de premier mérite que fut l'abbé Étienne Perrexi dit de Lille. Notons aussi que le nouveau transept et ses deux bras de grande dimension ont ensemble 25,92 mètres large (9).

C'est sous le gouvernement de cet habile et saint prélat que la grande nef fut coiffée d'une voûte à croisées d'ogives, dont chaque bonnet réunit deux des primitives travées, ce qui fait trois compartiments de voûte pour la nef proprement dite. Sur le doubleau en tiers-point qui sépare l'ancien transept du nouveau, à la naissance de la grande nef actuelle, on voit à l'intersection de ses courbes, du côté de la nef, un écu où sont gravées les lettres I R surmontant la lettre grecque appelée tau. On peut supposer que les initiales de ce blason sont celles de l'ordonnateur de ces grandes voûtes construites au XVe siècle, et qui atteignent en moyenne dans la grande nef, dans le transept et dans le chœur, une hauteur de 11,50 à 12 mètres. Pareillement au début de ce même siècle, les basses nefs furent uniformément voûtées de croisées d'ogives avec doubleaux et formerets. Ces voûtes qui ont 8 mètres d'élévation, sont encore intactes du côté de l'évangile et présentent sur quatre clefs arrondies (nos 1, 2, 5 et 6 en partant du transept), des fleurons multilobés et une tête barbue. Du côté de l'épître, seules les trois premières travées sont complètes et présentent à leurs clefs de voûte une tête imberbe et deux fleurons, tandis que les quatrième, cinquième et sixième voûtes qui attenaient au cloître de l'abbaye, à la suite d'un écroulement survenu vers 1580 sur la fin du règne de l'abbé Antoine d'Achey, ont été rétablies par l'illustre abbé François de Grammont en 1586. Ce fut grâce à son zèle et à sa munificence que les voûtes du transept qui s'étaient effondrées pendant un incendie, purent aussi être relevées. La clef de voûte du milieu de l'église porte, en effet, les armes de sa famille qui sont trois bustes couronnés de reines et la date 1586 (10).

Au côté de l'évangile ou sur le flanc gauche de l'ancien transept fut bâtie à la fin du XVe siècle ou dans les premières années du XVIe la chapelle collatérale qui donne maintenant accès au presbytère. Sans doute est-elle dûe à la générosité de l'abbé Guy de Lambrey qui la dédia à l'apôtre Saint-Jean et y fonda sa messe dite de Lambrey pour le repos de son âme. Ce fut aussi à cette époque que ce même abbé Guy avait percé, à l'autre extrémité de cet ancien transept, une porte de communication avec le cloître qu'il avait récemment rétabli ; on aperçoit la trace de cette ancienne ouverture vis-à-vis la chapelle de la cure, sur le flanc actuel du collatéral de droite. L'abbé de Lambrey restaura également de ses propres deniers l'antique porche de l'église : il le transforma complètement et en fit un beau portail d'assez grande dimension, ouvrant sur le couchant et percé à sa base de quatre arcades, dont trois sont cintrées et la principale est en tiers-point. Cette tour-porche mesure 9 mètres de chaque côté ; son étage inférieur est voûté d'ogives, les arcs reposent sur des pilastres avec colonnes engagées, dont les chapiteaux portent des têtes humaines ou des feuilles d'eau à crochets saillants. L'entrée principale, qui donne sur la rue, a de multiples voussures, tores ou cavets, reposant sur la corniche d'un pilier dont la face extérieure est profilée en colonnette engagée avec chapiteau en forme de tête. Les portes latérales, celle de droite conduisant au cloître et celle de gauche donnant accès à la rue, comme aussi la porte qui ouvre sur la grande nef étaient cintrées avec moulures, piliers et colonnettes d'angle semblables à ceux de la porte principale. De plus, cette tour-porche a un premier étage jadis éclairé par deux roses de 3,40 mètres de diamètre, percées l'une dans le pignon, l'autre dans le mur d'entrée de l'église, et qui servaient à donner jour à la grande nef et à ornementer la façade intérieure (11).

Pour achever la description de cet édifice dont la longueur totale dans œuvre atteint 55 mètres de longueur, tandis que ses trois nefs ne mesurent ensemble qu'une largeur de 15,70 mètres seulement, il ne faut pas oublier deux détails bien importants : ce sont les stalles des religieux et la grille du chœur. La bonté généreuse de l'abbé Francois de Grammont ne se contenta pas, en effet, de la réfection de la voûte du milieu du transept qui, en s'effondrant, avait brisé les sièges des moines et la grille de séparation du presbytéral avec le chœur des formes. Il les remplaça toutes deux par deux objets d'art dignes de son goût artistique. Dans cet immense carré de 9 mètres sur chaque face, entre les quatre pilastres du transept, au milieu de la croisée selon le style bourguignon adopté dans les églises bénédictines, il fit placer de chaque côté de magnifiques stalles dont la disposition laissait à découvert le chœur où posait au fond l'autel principal et pour ce motif était appelé chœur des prêtres ou presbytéral. Ces «sièges et formes d'une fort belle menuiserie, dit Dom Bebin, étaient travaillés bien proprement et délicatement, portant ciselées sur leurs deux faces les armoiries de Grammont aux trois reines couronnées». «Une des décorations les plus remarquables des chœurs de nos grandes églises, a écrit M. de Caumont, c'étaient les stalles que l'on appelle aussi formes, et dont les dossiers élevés, les dais, les accotoirs et les méséricordes avaient pour but de prémunir les moines contre les impressions du vent et du froid, durant leurs longs offices nocturnes et diurnes au milieu d'une immense église le plus souvent déserte. Les stalles se composaient de trois parties principales : les sièges, les dossiers et les couronnements ou dais, et les sculpteurs aux XVe et XVIe siècles exerçaient leurs talents à les couvrir de sculptures délicates». Ainsi était à Faverney le chœur des formes, c'est à dire le chœur où les religieux chantaient leur office, et il se trouvait donc établi sur la plate-forme ou calade du transept devant le grand autel (12).

Et comme dans les grandes églises monastiques du style latin, au témoignage de Viollet-le-Duc, les deux chœurs devaient être régulièrement divisés èn deux parties distinctes par un chancel ou treillis de fer, le généreux restaurateur de l'insigne sanctuaire de Notre-Dame la Blanche se sentit surnaturellement inspiré de compléter son ornementation. Il plaça donc sur toute la traversée du presbytéral une grande grille haute environ de dix pieds, enchâssée dans un cadre en bois dont la semelle était posée sur le dallage, tandis que la poutrelle supérieure, engagée dans un trou de scellement au milieu du pilastre de gauche (côté de l'épître), avait été ramenée à la hauteur voulue par le moyen d'une longue encoche, taillée habilement dans le milieu du pilastre de droite (côté de l'évangile). La même grille se répétait de la même manière, sauf qu'il n'y avait pas de porte, pour les deux chapelles des collatéraux. Cette grille magnifique qui traversait ainsi toute l'église et qui portait le nom de gennes, était un treillis de fer, c'est à dire une sorte de quadrillage composé de tringles qui se croisaient perpendiculairement et horizontalement, laissant entre elles un vide assez spacieux et ne gênant nullement la vue du maître-autel, même depuis le grand portail de l'église. Un lien rond et mobile serrait à chaque point de jonction des barres de fer un large feuillage à l'antique qui formait ainsi le seul ornement de cette grille (13).

Mais le zèle artistique de l'abbé François de Grammont pour la maison de Dieu ne se borna pas à l'ornementation intérieure du futur temple du miracle. À cette époque, sur les flancs des murs extérieurs de la grande nef on voyait tout un étage d'arcatures et de fenêtres romanes. Ce décor qui partait du mur de façade vers le porche et ne s'arrêtait qu'au bras allongé du nouveau transept, est d'une sévère mais régulière ordonnance. Au-dessus du cordon de pierre contre lequel venait buter naguère la toiture abaissée du bas côté, le mur est renforcé d'une série de pilastres rectangulaires et de colonnes engagées soutenant des arcatures à plein cintre. Chacune des six fenêtres qui éclairaient jadis chacune des six travées de la nef principale, est surmontée d'une archivolte prélevée sur l'épaisseur du gros mur, et soutenue de part et d'autre dans l'ébrasement de la fenêtre par deux colonnes engagées à chapiteaux et à base rudimentaires ; puis viennent également de part et d'autre deux fausses arcades séparées par un pilastre rectangulaire un peu plus élevé que les colonnes engagées qui encadrent les fenêtres, et ainsi de suite vont se dessinant sur les murs tout le long de la grande nef des arcatures aveugles et des archivoltes, mesurant uniformément 2,45 mètres d'élévation (14).

Mais sur les murs du bras droit de l'ancien transept ainsi que sur un des gros pilastres du nouveau, l'abbé François de Grammont suréleva de deux étages le clocher actuel commencé par Guy de Lambrey et les perça de baies ou fenêtres à meneaux cintrés ; puis à ses frais il y installa quatre cloches et couronna le tout par une flèche fort élevée qui semblait indiquer à toute la seigneurie que le sanctuaire du miracle futur était paré pour l'heure prochaine de la Providence (15).

«Dans les églises monastiques dont les dalles n'étaient le plus souvent que des pierres tombales,» a écrit jadis Mgr Besson lorsqu'il n'était encore que simple aumônier et professeur de rhétorique au collège de Gray, «un de leurs plus nobles ornements était assurément le pavé lui-même, à la fois historique, moral et religieux. On eût trouvé difficilement une mosaïque plus riche et plus intéressante. Chaque siècle à son tour était venu déposer au pied des autels des témoignages aussi variés que magnifiques du néant des grandeurs humaines. Des images d'abbés, d'évêques, de princes même, encadrées par divers ornements, rehaussées de parties colorées, mêlées quelquefois, mais trop rarement, à la pierre plus modeste d'un laboureur bienfaiteur d'une fondation de messes, formaient dans ce champ de la mort un tapis à mille pièces, tantôt fastueux et tantôt simple, toujours digne des yeux du voyageur et du respect des familles qui venaient s'y agenouiller. Ici un nom seul alors arrêtait la vue, là elle se reposait sur des écus blasonnés et des épitaphes pompeuses, vaine accumulation de titres et de dignités qui faisait ressortir avec plus d'éclat encore l'inexorable impartialité de la tombe» (16).

«Cette gloire et ces leçons n'ont point manqué» à l'abbaye de Faverney qui à cette époque était déjà une nécropole où, dit M. Jules Gauthier, «pullulaient les monuments et les inscriptions funéraires, les dalles historiées de personnages, les inscriptions mêlées aux armoiries des abbés et des grands seigneurs, gardiens ou bienfaiteurs du monastère».

Le plus ancien tombeau conservé dans l'abbatiale était celui de la fondatrice de l'abbaye, sainte Gude, appelée aussi Cuende ou Godolie ou Placidie. «Je choisis ma sépulture auprès de la tombe de Madame Sainte Placidie», ainsi relatait un titre d'une ancienne fondation que Dom Bebin transcrivit en 1670 ; et selon «la créance descendue de la tradition, son corps fut inhumé sous une belle tombe qui était posée quasi au milieu de la nef de l'église». Datant du Xe au XIe siècle, ce tombeau se composait d'une grande dalle, assortie de moulures tout à l'entour et reposant sur quatre colonnettes très basses. Une très belle croix en relief et bien ciselée était gravée sur la pierre tombale, mais aucune inscription ne s'y trouvait. Plus tard, les ossements de la sainte furent déposés dans une châsse en bois doré et exposés derrière le grand autel du monastère (17).

Après le monument de la première abbesse sainte Gude, la plus ancienne tombe des abbés de Faverney était celle d'Hugues de Salins qui gouverna le monastère de 1345 à 1350. Il en fut le seizième prélat et pourtant c'est le premier dont la sépulture soit connue dans l'église abbatiale. Il fut enterré au milieu du presbytéral devant le grand autel, et sur sa tombe chargée des armoiries des sires de Salins, on remarquait une bande vivrée sans émaux (18).

Le plus curieux monument après celui de sainte Gude était celui de Jean II de Bourgogne, seigneur d'Amance et gardien de l'abbaye. Il occupait dans le sanctuaire, un peu éloigné des degrés du maître-autel alors placé tout au fond du chevet, une place à gauche de l'évangile : sur une dalle de grande dimension était étendue, regardant l'autel, une «figure de marbre blanc en relief, le casque en tête, cuirassé et revêtue d'une cotte de mailles bien travaillée avec écu, portant au milieu une grande aigle». Et sur le chanfrein de cette large tombe était écrit :

X LANT : DE : NOTRE : SEIGNEVR : CORRANT : 1372 : OV : MOIS : DE : DECEMBRE : LE : JOVR : DE : SAINT : NICHOLAS : FVT : TRESPASSE : TRES : NOBLES : HONS : IEANS : DE : BOVRGOINE : DONT : DIEX : HAIT : LAME : ET : FVT : A : SON : OBSEQVE : TRES : EXCELLANS : PRINCES : MES : SIRES : PHILIPES : FEI : DOV : ROY : DE : FRANCE : ET : DUCX : DE : BOVRGOYNE.

Je crois utile de rapporter ici l'opinion du président Clerc qui laisse entendre que l'arcade en tiers-point qui se voit encore dans le côté gauche du chevet, n'était pas autre que le tombeau du prince Jean de Bourgogne. La muraille de l'église aurait été ainsi ouverte et voûtée pour servir, selon la propre expression de Dom Bebin, de sepulcre grandiose à l'insigne bienfaiteur et fidèle ami de l'abbaye (19).

Tout auprès du sarcophage de Jean II de Bourgogne était la dalle armoriée de Thiébaud de Neufchâtel, son fils naturel et seigneur d'Amance, qui, par testament de 1401, avait choisi le lieu de sa sépulture à Faverney. «Cette tombe est toute couverte de lames de cuivre, sur lesquelles sa représentation est gravée, portant la figure d'un homme d'armes, cuirassé, le casque en tête et l'épée à la main ; les armoiries de sa maison étant aux quatre coins, avec une inscription tout à l'entour que, remarque Dom Bebin, ne se peut bonnement lire à raison de l'antiquité et des effaçures et qu'il s'y manquent des pièces» (20).

Au milieu du chœur des prêtres, tout à côté de la tombe de Hugues de Salins, voici celle de l'abbé Guy de Lambrey, couverte d'une feuille de bronze, «qui le représentait habillé à la pontificale, la crosse à la main et la mitre en tête, avec les armoiries de Lambrey, de Sémontier, de Cicon et de Cléville gravées au quatre coins». Autour de la pierre tombale courait cette inscription :

HIC JACET BENEDICTUS IN CHRISTO PATER ET DOMINUS GUIDO DE LAMBREYO, DECRETORUM DOCTOR, ABBAS HUJUS MONASTERII QUI OBIIT SEXTA MENSIS JUNII ANNO JESU CHRISTI 1520.

Et, à l'endroit de la tête, il est écrit d'un côté (21) :

MISERERE MEI, POST TENEBRAS SPERO LUCEM.

Vers les sépultures du prince Jean de Bourgogne et de Thiébaud de Neufchâtel reposaient également «auprès du grand Haultel de l'église Notre-Dame de Faverney» la plus grande partie des prédécesseurs paternels d'Anne de Neufchâtel, entre autres Messire Fernand de Neufchâtel, seigneur d'Amance et son père, et Madame Claude de Vergy sa mère. Ainsi le constate l'accord entre le Révérend Seigneur Abbé de Boisset et Madame Anne de Neufchâtel, dame héritière d'Amance (22).

Dans le bras gauche du transept actuel (côté de l'évangile) qui occupe l'emplacement d'une chapelle construite au XIVe siècle par Jeannette, Guillemette et Catherine de Bouligney, se trouve au fond un enfeu surbaissé ou caveau funéraire en forme de niche pratiqué dans le mur sud, et qui doit contenir la tombe du père des fondatrices. Autour du chanfrein sont gravées, sur deux lignes en capitales gothiques, deux inscriptions dont nous reproduisons le texte inédit et publié par M. Jules Gauthier. Voici la première ligne :

X CI : GIT : MARGUERITE. DE. GESINCOURT. FEMME. FUT. ESTIENNE. DE. GEVIGNEY. QUI. TRESPASSA LE JOR DE PASQUE FLORIE LAN MIL : CCC : XXX : DIEU : HAIT : SON AME AMEN.

Sur le côté gauche de l'inscription sont deux écus gravés : le premier, une bande accostée de six croisettes au pied fiché, qui sont les armoiries de Bougey ; le second, une bande vivrée brisée d'un lambal à trois pendants, qui est une brisure d'Oiselay, sans doute, dit M. Gauthier.

Sur la seconde ligne du chanfrein de l'enfeu est gravée cette autre épitaphe :

X CI. GISENT : JEANNETTE : VILLEMATE : ET CATHERINE : DE BOLOGNE : SUERS : FIRENT : FAIRE : CESTE : CHAPELLE : LAN MIL IIIc : XXX DIEU : LEUR : PERDOINT.

À côté l'on voit un écu où se trouve gravé ceci : de... à cinq burelles, qui sont de Bouligney ou Gevigney. Puis sur la dalle qui forme la base de l'enfeu est sculptée une épée de chevalier du XIVe siècle, la pointe tournée vers la grande nef.

Enfin, non loin de ce caveau en forme de niche et dans la même paroi, on a encastré dans le mur sud du bras gauche du transept, tout à côté de la petite nef, une dalle qui mesure 0,81 m. de large sur 0,30 m. de haut et qui porte cette inscription :

X CI GIT NOBLE DAMOISELLE. IEHANNE. DE MONLT. SAINT. LIGIER. QUI TRESPASSA LE XVII IOUR DE NOVEMBRE. LAN MIL CCCC XL ET VII.

Et à droite, séparé de cette inscription, se trouve un écu parti : au premier, de... à cinq burelles qui sont BELMONT, BOULIGNEY ou GEVIGNEY; au second, une aigle éployée (23).

Mais ce n'est pas seulement par son architecture romane ainsi que par ses dalles mortuaires que l'abbatiale de Faverney était remarquable, c'était aussi par la richesse de ses vitraux, de ses ornements et de ses vases sacrés. Sur les vitres losangées des cinq grandes fenêtres du chœur étaient peints les blasons des seigneurs Jean II de Bourgogne et Thiébaud de Neufchâtel, des abbés Hugues de Salins et Guy de Lambrey. Ce dernier prélat avait fait aux religieux le don prédestiné de sa crosse abbatiale portant ses armes, d'un beau calice d'argent doré avec ses armoiries et surtout du beau reliquaire de sainte Agathe en argent massif, doré en quelques parties, de la hauteur d'environ une palme, et dont le pied en forme d'ovale recarré sur les bouts à huit pans portait les armoiries de son généreux donateur. Enfin mentionnons une magnifique chasuble avec ses deux tuniques de velours noir à orfrois d'or, ainsi que l'encensoir d'argent armorié à l'écusson des Granvelle, donnés en souvenir de son fils Charles, mort abbé de Faverney le 13 juin 1566, par Nicole Bonvalot, sœur du chancelier Antoine Perrenot et mère de l'illustre cardinal de Granvelle (24).

Pour mémoire et être complet en tout ce qui touche au sanctuaire futur du miracle, je dois mentionner le voisinage excessivement rapproché de l'église paroissiale, bâtie à l'est et à gauche du chevet à trois pans des moines, et dédiée à Saint-Bénigne, l'apôtre de Dijon. Large de 17 mètres et longue de 30 mètres dans œuvre, elle comprenait trois nefs celle du milieu composée de quatre travées et d'une abside à trois pans, et les deux nefs des bas côtés composés de trois travées que terminait un chevet droit. Les nefs communiquaient entre elles au moyen de six arcades en tiers-point, reposant sur quatre piliers carrés et cantonnés chacun de quatre colonnettes ; des voûtes à croisées d'ogives couvraient les trois nefs, construites d'un seul jet, au XIVe siècle, à la place de l'ancienne église primitive que les premiers chrétiens avaient élevée sur les fondements du temple païen de Litavé, au sommet du monticule Saint-Martin. L'autel de la chapelle terminant le collatéral droit était dédié à Notre-Dame de Pitié «ou d'Assirie», et plus tard du Rosaire ; ce pouvait être, remarque M. Jules Gauthier, l'emplacement d'un curieux sépulcre en bois sculpté et peint qui, bien que d'une exécution médiocre, indique par les détails de certains vêtements de femme qu'il doit être contemporain du règne de l'empereur et roi d'Espagne, l'illustre Charles-Quint (1519-1558). Autour du Christ mort étendu, porté par Joseph d'Arimathie et un juif, la Vierge Marie, l'apôtre saint Jean et sainte Madeleine pleurent et se lamentent. Toutes ces figures sont pleines d'expression et de caractère (25).

Cette chapelle de Notre-Dame de Pitié était le lieu de sépulture d'une des meilleures familles de Faverney, celle de Citey à qui succèda celle de Seroz à la fin du XVIe siècle. Grâce à un architecte de Besançon, M. Claude-Nicolas Gressot, nous pouvons donner les inscriptions des quatre tombes seigneuriales qui y existaient à cette époque.

Les voici :

X CY GISSENT DAMOISELLE DE CITÉ QUI TREPASSAT LE DIXIÈME JOUR DU MOIS DE MAY MIL CINQ CENT HUIT. DIEU AYE SON AME. AMEN. Sur cette pierre sont gravés deux écus portant : semé de croisettes avec une cotice brochant sur le tout.

X CY GIST HONORÉ Sr JACQUE DE FERROULX A SON VIVANT...... AME...... FERROULX, LEQNEY, FLEURREY, ETC. QUI DÉCÉDA LE 28 DE JANVIER M. CCCC. XXX. DIEU AIT SON AME. AMEN. Dans le champ de cette tombe se trouvent ciselés cinq écus : celui de FERROULX, portant trois besants et gravé au milieu et au-dessus à gauche ; à droite au-dessus, celui de VALLEROY portant une bande ondée ; au bas à droite, l'écu d'AYBONNE qui porte un chevron avec trois croissants ; enfin au bas à gauche, l'écu de CITEY qui porte une bande accompagnée de douze billettes.

X CY GIST DAMOISELLE JEANNE D'AUBONNE VEFVE DE GUILLELME DE FERROU QUI TREPASSAST LE DOUZE OCTOBRE MIL QUINZE CENT TRENTE DEUX. DIEU AIT SON AME. AMEN. Quatre écussons sont gravés aux quatre coins de cette pierre tumulaire : écusson Ferroulx, trois besants, deux et un ; écusson Valleroy, une bande ondée ; écusson Aubonne, un chevron accosté de trois croissants ; et écusson quatrième..., une bande.

X CY GIT GUILLAUME PAUROT FILS D'HONORABLE JEAN PAUROT, A SON VIVANT BOURGEOIS A AUXONNE, MARÉCHAL AUDt LIEU, QUI TREPASSAT LE PREMIER MARS 1532. DIEU AYE SON AME. Sur cette pierre sont quatre écus frustes (26).

Et maintenant, ami lecteur, comme j'ai exposé aussi bien que j'ai pu l'état où se trouvait au commencement du XVIIe siècle l'église abbatiale de Faverney, il me reste à vous montrer quel était dans cet écrin magnifique, le joyau illustre antique et miraculeux qui porte le nom prédestiné de Notre-Dame la Blanche.

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[Sources bibliographiques et Notes de bas de page.]

1. Jules Gauthier, Notes archéologiques et épigraphiques sur l'église abbatiale de Faverney, Vesoul, Suchaux, 1894, p. 3. — L'abbé Eugène de Beauséjour, Le monastère de Luxeuil, l'église abbatiale. Étude historique et archéologique, Besançon, Jacquin, 1891 ; Nouvelles annales franc-comtoises, 1889, janvier-octobre.

2. Dom Odilon Bebin, Histoire manuscrite de l'abbaye de Faverney, 1670 (Bibliothèque de Vesoul, Ms. 192 et 193), p. 17 verso et p. 37 recto.

3. Gauthier, Notes archéologiques p. 9 ; L'abbé Paul Brune, Architecture religieuse dans le Jura, Paris, Leroux, 1893 ; L'abbé Paul Brune, Les Églises romanes et l'architecture religieuse dans le Jura, Caen, Delesques, 1894.

4. Gauthier, Notes archéologiques, pp. 3 et 4 : abbé Bernard régna de 1132 à 1149 ; abbé Pierre Ier de 1149 à 1151 ; abbé Lambert de 1151 à 1155 et abbé Guichard Ier de 1155 à 1185.

5. Gauthier, Notes archéologiques, pp. 4 et 5.

6. Gauthier, Notes archéologiques, pp. 5 et 6.

7. Gauthier, Notes archéologiques, pp. 7 et 9 : abbé Pierre III régna de 1250 à 1266.

8. Gauthier, Notes archéologiques, pp. 5 et 6 ; Dom Bebin, Manuscrit, p. 37 recto.

9. Gauthier, Notes archéologiques, pp. 5 et 6 : abbé Étienne Perrexi dit de Lille gouverna l'abbaye de Faverney de 1396 à 1417.

10. Gauthier, Notes archéologiques, pp. 4, 5 et 9 ; L'abbé Jean-Baptiste Bullet, Histoire manuscrite de l'abbaye de Faverney, p. 141 ; Dom Bebin, Manuscrit, p. 223 recto ; Dom Grappin, Mémoires sur l'abbayé de Faverney, Besançon, Daclin, 1771, p. 85 ; Émile Mantelet, Histoire politique et religieuse de Faverney depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Paris, chez l'auteur, 1864, p. 233.

11. Gauthier, Notes archéologiques, pp. 6 et 7 ; Dom Bebin, Manuscrit, p. 36 verso ; Dom Grappin, Mémoires, p. 75 ; Mantelet, Histoire, p. 213 : abbé Guy de Lambrey régna de 1486 à 1520. — Aux archives de la Haute-Sanne, Série H-450, j'ai trouvé qu'une chapelle de Saint-Jean l'évangiliste aurait été fondée en 1366 par l'abbé Renaud de Belmont. Serait-ce la même qu'aurait agrandie et enrichie l'abbé Guy de Lambrey ?... Dans cette chapelle du collatéral de gauche se trouve un caveau dont l'ouverture est située sous la dalle octogonale devant le confessionnal actuel. Sur le mur de ce caveau est fixée une plaque d'étain portant une inscription où il est recommandé de surveiller l'entretien du canal d'assainissement qui passe par ce souterrain. Ce détail qui a son importance au point de vue de la solidité du bâtiment, m'a été communiqué par M. le chanoine Joseph Cramillet, curé-doyen de Faverney, lors des dernières réparations qu'il fit exécuter à son église en novembre 1910. Dans ce caveau, M. l'abbé Louis Guyot, originaire de Faverney et actuellement curé de Cromary au doyenné de Rioz (Haute-Saône), m'a affirmé à la dernière fête de la Pentecôte (1912) qu'il y avait vu une douzaine de têtes de morts. — À noter ici que la porte actuelle du porche qui donne accès à la grande nef, ainsi que la porte de droite qui conduit à l'ancien cloître, subirent une transformation néo-grecque en 1625 sous l'abbé Doresmieux ; Gauthier, Notes archéologiques, p. 7.

12. Gauthier, Notes archéologiques, pp. 4 et 24 ; Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle, Paris, Morel, 1868, IX, p. 224 ; Dom Bebin, Manuscrit, p. 223 recto ; Le Miracle des saintes Hosties conservées dans les flammes à Faverney, en 1608, Notes et documents publiés à l'occasion du IIIe Centenaire du Miracle, 2e édition, Besançon, Jacquin, 1908, p. 184 ; Dom Grappin, Mémoires, p. 85 ; Arcisse de Caumont, Abécédaire ou rudiment d'archéologie, Caen, Blanc-Hardel, 1867, 5e éd., pp. 711 et 712.

13. Notes et documents, 2e éd., p. 99 et 221 ; Dom Bebin, Manuscrit, recto p. 37, 38 et 41. — La hauteur indiquée de dix pieds environ donnerait à la grille, selon que l'on prendrait pour mesure soit le pied d'Espagne 0,28266 m. soit le pied de Neufchâtel 0,29326 m., une élévation de 2,85 m. à 2,95 m. — Manuscrit de Faverney, Procès-verbal du miracle, recto p. 15 et 17. — La rarissime Représentation de l'Insigne Miracle du Très-Saint et Très-Auguste Sacrement, gravure sur cuivre qu'exécuta en 1609, sur l'ordre du vicomte mayeur de Dole, l'orfèvre salinois Anatoile Chastel et qu'a bien voulu me confier Mme la chanoinesse de Matherot, indique pour la grille des espaces vides et carrés qui, à l'échelle, mesurent 0,008 m. entre les deux tringles, tandis que le reliquaire-monstrance en mesure 0,018 m. et les barres 0,002 m. seulement. Or la planche 1 du volume Notes et Documents, 2e édition, indique aussi 0,27 m. pour hauteur réelle du reliquaire du Miracle. Avec ces données si exactes, j'arrive à conclure proportionnellement que les barres ou tringles en fer des gennes du presbytéral avaient 0,33 m. d'épaisseur, et que les espaces vides et quadrillés mesuraient 0,12 m. Il est facile à constater qu'un treillis de fer, pareillement conditionné et même avec le feuillage à l'antique appliqué à chaque jonction des carrés, laissait parfaitement apercevoir tous les détails du chœur appelé presbytéral, lieu où les prêtres disaient la messe.

14. Gauthier, Notes archéologiques, pp. 8 et 9.

15. Dom Grappin, Mémoires, pp. 75 et 85 ; Gauthier, Notes archéologiques, p. 24 ; L'abbé Joseph Morey, Notice historique sur Faverney et son double pèlerinage, Besançon, Jacquin, 1878, p. 47 ; Bullet, Manuscrit, p. 141 ; Mantelet, Histoire, p. 233. — Dans les archives spéciales de la cure de Faverney, j'ai trouvé une lettre de M. Roujon, architecte des Beaux-Arts, datée du Palais royal 15 décembre 1891, et qui déclare que «la tour du clocher de Faverney ne parait pas remonter au delà du XVe siècle et que ses baies ont le caractère du XVIe siècle». — La planche IV du volume Notes et Documents qui reproduit un dessin de Martellange, chez la Bibliothèque nationale, Cabinet des Estampes, Ub 9a, tome II, indique une grande flèche sur l'église abbatiale de Faverney en 1617. — Voir les plans de l'église abbatiale dans les Notes archéologiques de Gauthier, planches I et II.

16. L'abbé Louis Besson, Mémoire historique sur l'abbaye de Cherlieu, Besançon, Bintot, 1847, p. 49.

17. Gauthier, Notes archéologiques, pp. 12 et 13 ; Mantelet, Histoire, p. 14 ; Dom Bebin, Manuscrit, p. 69 recto.

18. Gauthier, Notes archéologiques, p. 16 ; Mantelet, Histoire, p. 134 ; Bullet, Manuscrit, 81 ; Dom Grappin, Mémoires, p. 45.

19. Gauthier, Notes archéologiques, p. 14 ; Dom Bebin, Manuscrit, pp. 4 et 5 et p. 37 recto ; Édouard Clerc, Essai sur l'histoire de la Franche-Comté, Besançon, Marion, 1870, 2e éd., I, p. 432 et II, p. 175 ; Léon Germain de Maidy, Jean de Bourgogne et Pierre de Genève, comtes de Vaudémont, époux de Marguerite de Joinville, Nancy, Crépin-Leblond, 1879, p. 49.

20. Gauthier, Notes archéologiques, p. 15 ; Dom Bebin, Manuscrit, p. 37 verso ; Dom Grappin, Mémoires, p. 49.

21. Gauthier, Notes archéologiques, p. 17 ; Dom Bebin, Manuscrit, p. 38 recto ; Dom Grappin, Mémoires, p. 75. — Les armes de l'abbé de Lambrey portaient : d'azur au chevron d'or accompagne de trois fermaux de même ; Bullet, Manuscrit, p. 127. — Voici la traduction de l'inscription latine : «Ci-gît béni Père en Jesus-Christ et Seigneur Guy de Lambrey, docteur ès-décrets, abbé de ce monastère, qui trépassa le 6e jour du mois de juin en l'année du Salut 1520». — Et voici le sens de l'autre texte latin : «Ayez pitié de moi, après les ténèbres de la mort j'espère la lumière éternelle».

22. Archives de la Haute-Saône, Série H. 436, n° 17 du 19 novembre 1479, et n° 66 du 15 août 1529 ; Dom Grappin, Mémoires, p. 177 (note 30) ; Dom Bebin, Manuscrit, p. 19.

23. Gauthier, Notes archéologiques, pp. 15 et 16.

24. Dom Bebin, Manuscrit, p. 17 recto ; Manuscrit de Faverney, Procès-verbal du miracle, p. 9 recto, p. 15 verso et p. 87 verso ; Jules Gauthier, La Sainte Hostie de Faverney, Besançon, Jacquin, 1901, p. 24 ; Gauthier, Notes archéologiques, p. 24 ; Bullet, Manuscrit, p. 136 ; Dom Grappin, Mémoires, p. 75.

25. Gauthier, Notes archéologiques, pp. 12 et 24 et planche III. — Le plan de l'église Saint-Bénigne a été communiqué à M. Jules Gauthier, grâce à l'obligeance de M. l'abbé Charles Clerc, curé-doyen de Faverney, mort en Novembre 1894. — Ce groupe du saint sépulcre se trouve actuellement placé sur l'autel de la chapelle collatérale à gauche qui conduit au presbytère.

26. M. Claude-Nicolas Gressot les a transcrites le 28 octobre 1728 et M. Jules Gauthier en a retrouvé le dessin et la teneur aux Archives de la Haute-Saône, B. 6406 ; Gauthier, Notes archéologiques, p. 22 et planche IV. — L'antique manoir seigneurial des familles de Citey et de Seroz existe encore à Faverney, avec sa tour carrée très reconnaissable et le grand toit de l'habitation du châtelain très visiblement marqué sur la vue de Faverney en 1617, d'après le dessin de Martellange. Au sommet de la tour, j'ai visité en juillet 1912 le vaste pigeonnier avec ses 300 nids de pierre en parfait état de conservation. Dans la grande salle des gardes, située au premier étage et qui mesure 13 m. de longueur sur 6 m. de largeur, se trouve une curieuse cheminée, sculptée par Guillaume Lulier, artiste dolois qui travailla à l'ex-voto de la ville de Dole à l'église de Faverney. L'écusson central de la cheminée était celui de Citey ; autour à droite est indiqué le blason de Citey-Seroz et à gauche les armoiries de Citey-Grammont. À gauche également de l'écusson central, perdu dans une série de rinceaux qui couvrent le manteau de la cheminée, se lit gravé : G. L. qui est le monogramme du sculpteur, tandis que le millésime 1610 est placé sur la droite ; Gauthier, Notes archéologiques, p. 18. — Vers cette même époque existait encore sans doute dans la cité abbatiale une autre famille noble portant le nom même de Faverney. Il se trouve, en effet, dans la collection de l'abbé Jean-Pierre Baverel, curé de Montenois au canton d'Héricourt et qui est l'auteur de plusieurs compilations historiques actuellement à la bibliothèque de Besançon, un renseignement précieux qu'a découvert M. le chanoine Suchet dans le manuscrit «Villes et Villages de Franche-Comté». Le voici tel que me l'a envoyé en 1908 M. A. de Vregille, possesseur au château de Vregille de la riche bibliothèque de l'érudit chanoine franc-comtois :

«Il y a une maison de Faverney qui existait dans le XIIe siècle : Georges de Faverney fut témoin d'une donation faite à l'abbaye de Cherlieu en 1157 par Louis d'Abbans chevalier. Cette maison existait encore dans le XVe siècle : Adeline de Faverney fit hommage au comte de Bourgogne en 1523 de la huitième partie du bois de Mangevelle du cours de la Rivière de Coné» ; Extrait de l'Histoire de Salins, I, pp. 36 et 141.

C'est à cette noble famille qu'appartenait le savant bénédictin de notre abbaye, Simon de Faverney dont il est parlé ci-dessous.


«Faverney, son abbaye et le miracle des Saintes-Hosties» :
Table des Matières ; Lexique ; Carte ; Deuxième Partie — Chapitre 2

[Dr R. Peters : rpeters@wissensdrang.com]