«FAVERNEY, SON ABBAYE ET LE MIRACLE DES SAINTES-HOSTIES» ; ÉPILOGUE


ÉPILOGUE

L'Abbaye et l'Église de Faverney en 1914-1915

«Faverney a été trop favorisé par Notre Seigneur pour ne pas rester et devenir de plus en plus une ville eucharistique. Nous fondons pour l'avenir de grandes espérances sur le séminaire de philosophie et sur les œuvres que la Providence nous permettra d'établir dans l'abbaye, à la gloire du Sacré-Cœur de Jésus» (1). C'est ainsi que, le 26 avril 1913, lors de sa dernière visite apostolique au béni sanctuaire de la Sainte-Hostie de 1608, Sa Grandeur Mgr Gauthey, archevêque de Besançon, consignait de sa propre main sur le vieux registre fabricien les désirs secrets et ardents de son cœur d'apôtre. Dieu semble déjà lui donner doublement raison.

Lors du congrès si admirable de 1908, chacun des congressistes, émerveillés de cette restauration grandiose du monastère plus que millénaire, se demandait anxieusement : «Qui donc occupera désormais ces bâtiments si splendides ?» Car «Faverney, l'abbaye du plus grand Miracle eucharistique du monde ; Faverney, l'ancienne école si renommée de Dom Brenier ; Faverney, dont les vingt-deux religieux avaient refusé le serment schismatique au moment de la Révolution et où s'étaient déroulées les belles séances du congrès national eucharistique ; Faverney, ce lieu béni, un de ces coins prédestinés que le bon Dieu semble à travers les siècles réserver pour ses desseins mystérieux» (2) ; Faverney méritait mieux que d'être un dépôt de fine et élégante broderie.

Si donc, «en Août 1908, sur l'ordre de Mgr Petit qui voulait avoir le séminaire de philosophie auprès de sa cathédrale», maîtres et élèves expulsés de Vesoul le 21 décembre 1906, et réfugiés depuis le commencement de janvier 1907 dans l'abbaye bénédictine de Delle, venaient s'installer à Besançon dans l'ancien collège des Frères de Marie, bientôt ils durent céder la place à la Maîtrise de la métropole Saint-Jean et songer à chercher un autre gîte. Oui, mais où aller ? C'est alors qu'inspirée d'en haut Mme Vve Marie Garret, l'ouvrière infatigable de la restauration de Faverney, se souvint qu'ayant déjà fondé généreusement à Saint-Remi en Côte D'Or un monastère de religieuses Cisterciennes réformées ou Bernardines adoratrices du T. S. Sacrement, elle ferait une œuvre plus méritoire encore si elle consentait à se dépouiller de son abbaye, rebâtie par elle en faveur du séminaire de philosophie. Refusant délibérément les offres réitérées d'américains millionnaires (3), elle suivit l'attrait de la grâce, et, depuis le 18 octobre 1911, sous les gracieux arceaux des cloîtres de Dom Vincent Duchesne, grandissent en âge, en piété et en science les élèves des deux années du grand séminaire de philosophie.

Ils y furent d'abord à peine deux douzaines. C'était peu pour animer d'une vie active et intense cet immense bâtiment. Mais le cachet des œuvres divines est venu marquer le petit troupeau : la croix avec son cortège de maladies, de douloureuses séparations, de morts même terrifiantes (4), s'est abattu bien vite sur la jeune communauté, adepte fervente de la communion quotidienne et de la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus. Or depuis 1913, le nombre des philosophes avait plus que doublé ; et, chose merveilleuse et providentielle ! l'école annexe des celeres, c'est à dire des jeunes gens qui, ayant accompli leur service militaire pour la patrie, se sentaient appelés tardivement à la vocation sacerdotale et y venaient faire, en deux ou trois ans, les études préparatoires à la théologie, était devenue très florissante et présageait déjà un accroissement sérieux de prêtres pour remplacer les vides dans plus de 170 paroisses.

Malheureusement cette section du grand séminaire de Besançon, établie dans l'antique abbaye de Faverney où elle semblait vouloir ressusciter les beaux jours de l'école du saint abbé Brenier, a été décimée par la terrible guerre teutonne. Mais j'ai le secret espoir qu'après les jours du sanglant orage, l'école des celeres reprendra un essor plus merveilleux encore et donnera de saints prêtres au diocèse. La chapelle actuelle avec sa jolie voûte ellipsoïdale était jadis la salle capitulaire des bénédictins ; elle vient d'être récemment embellie d'une boiserie artistique (5) et agencée de manière à pourvoir contenir facilement plus de 70 séminaristes. Le grand et beau réfectoire des religieux était dans la salle dite Sainte-Gude, restaurée pour le congrès de 1908. Ayant 20 m. de longueur, 10 m. de largeur et 5,50 m. de hauteur sous clef de voûte, cette magnifique salle possède 5 colonnes monolithes de 4,50 m. d'hauteur qui supportent les voûtes et la divisent par le milieu ; on y a installé en deux compartiments distincts la salle d'études et le cabinet de physique. À côté, dans une vaste salle à colonnes, se trouve la bibliothèque assez riche et déjà fort considérable du séminaire de philosophie ; autrefois s'y trouvait le réfectoire des frères laïques et des familiers du monastère. De nos jours la cour intérieure des cloîtres sert pour le jeu du tennis, et dans immense jardin des moines on a établi l'antenne de télégraphie sans fil pour recevoir l'heure légale de la tour Eiffel. Ainsi «la réputation de science, de vertu, de piété et de bonne éducation dont jouissait l'ancienne école de Faverney», a commencé de se répandre dans le diocèse. Qu'il me soit permis de signaler avec reconnaissance ce premier résultat du congrès de 1908 !

Cinq vœux ont été émis par la section du miracle lors au congrès national eucharistique.

Le premier de ces vœux, adopté après une vive discussion entre Mgr l'évêque de Verdun et les deux éminents archivistes MM. le chevalier Pidoux de Dole et l'abbé Brune curé-doyen de Mont-sous-Vaudrey, fut ratifié par l'éminent contradicteur qui, par deux fois, ne craignit pas de m'affirmer, durant les derniers jours du congrès, que «sa conviction était faite et que l'évêque de Verdun était converti à ma thèse historique du lieu du Miracle». Il s'agissait donc de «poser le plus promptement possible deux plaques commémoratives du miracle : l'une sur le pavé, à l'endroit même de l'ostensoir suspendu ; l'autre au-dessous du trou de scellement, sur le pilastre de l'incendie, au côté de l'Evangile». Ce double vœu était émis «afin de raviver la foi du peuple franc-comtois à la très sainte Eucharistie» (6).

Or, en ce mois de mai 1915, la première partie de ce vœu congressiste n'est encore qu'en voie d'exécution. Par une suite de circonstances où la série des contre-temps a eu sa large part, l'endroit du reposoir de 1608 n'est nullement indiqué sur le carrelage du sanctuaire ; et pourtant un fac-simile du reliquaire-monstrance, en tôle repoussée et rehaussée d'or, sera adapté contre la grille de la table de communion à la place même du petit reposoir. De plus, prochainement va être placée, sous cet ostensoir commémoratif, une large dalle en pierre rosée de Comblanchien. Cette dalle, longue de 1,76 m., large de 0,90 m. et épaisse de 0,16 m., formera le premier degré sous l'appui de communion et remplacera le carrelage du chœur. Sur la surface de cet escalier, au-devant de la grille, se trouvera cette inscription : LIEU DU MIRACLE en lettres gravées et remplies de ciment métallique. Sur la surface derrière la grille, l'endroit même où l'ostensoir est resté suspendu à hauteur d'homme sera indiqué par une croix de Malte, nimbée et gravée dans la pierre elle-même et remplie aussi de ciment métallique au ton de rouge antique (7).

Quant à la seconde partie du vœu, grâce à la prodigieuse activité de l'ancien secrétaire général du congrès, elle fut réalisée en avril 1913. Une plaque de cuivre ciselé finement, montée sur charnières qui lui permettent de s'ouvrir du côté du chœur, fut scellée sur le pilastre de l'incendie au côté de l'évangile. Haute de 1,32 m. et large de 0,78 m., elle porte aux quatre coins les armes de Dom Doresmieux, abbé du monastère de Faverney en 1608, et des trois archevêques de Besançon : NN. SS. Ferdinand de Rye qui reconnut le Miracle, Fulbert Petit qui fit le congrès national de 1908, et François-Léon Gauthey glorieusement régnant. Au sommet de la plaque est gravé le reliquaire-monstrance, sous le pied duquel se dessine une banderolle portant l'inscription chronographique du Miracle. Voici du reste ci-dessous le fac-simile de cette œuvre vraiment artistique.

Gravure

Je crois bon de donner la traduction de cette inscription latine qu'a bien voulu se charger de rédiger M. le chanoine Laurent, supérieur de la section de théologie à Besançon.

Le Miracle
De la très sainte Eucharistie
En cet endroit du chœur,
Le 26 mai de l'an du Seigneur 1608,
Préservée des flammes
Et suspendue dans les airs durant 33 heures,
Ferdinand de Rye archevêque de Besançon
L'a reconnu et approuvé ;
Mais l'archevêque Fulbert Petit
À l'anniversaire du tercentenaire
Dans un solennel congrès solennel l'a glorifié
Au milieu d'un immense concours du clergé et des fidèles ;
En accomplissement du vœu de tous
L'archevêque François-Léon Gauthey
A voulu le graver sur cette plaque de cuivre
L'an du Seigneur
1912.

Ce splendide monument, dû à la munificence de la noble bienfaitrice de l'église de Faverney, recouvre la longue encoche de 1,22 m. sur 0,15 m. de large et 0,07 m. de profondeur qui servait à introduire l'extrémité de la poutrelle supérieure de la grande grille et la fixer dans l'autre trou de scellement que nous avons découvert au milieu du pilastre de gauche, à l'entrée du sanctuaire actuel. Cette seconde entaille qui n'a que de 0,32 m. de hauteur, est fermée par une pierre ; quant à la grande encoche, creusée dans l'épaisseur même du pilastre de droite, elle est intacte et reste le témoin irrécusable et indubitable de l'endroit du Miracle. L'abbé Morey, lors du pèlerinage de 1878, atteste «que les anciens bénédictins avaient laissé sur la muraille les traces de l'incendie et les marques de la fumée. Elles ont été retrouvées en 1861, lors des réparations générales faites à l'église, et on eut tort de les badigeonner de nouveau». Durant les jours du congrès de 1908, l'abbé Félix Tournois de Breurey, prêtre en 1870, m'affirma tenir du curé-doyen Jean-Baptiste-Edouard Camuset que, «sous son prédécesseur l'abbé Saguin, on voyait encore sur le pilastre du côté de l'Evangile les traces de fumée de l'incendie du Miracle et qu'il regrettait qu'un badigeonnage eût fait disparaître cette preuve». Enfin le même jour le curé-doyen de Scey-sur-Saône, M. l'abbé Camuset, neveu de l'ancien curé-doyen de Faverney, voulut bien confirmer cette attestation en me certifiant que sa vénérable mère lui a maintes fois déclaré qu'elle se souvient que «dans sa jeunesse ses parents avaient vu la trace de la fumée de l'incendie» (8).

Le second des cinq vœux émis par le congrès national eucharistique de Faverney portait «qu'une plaque commémorative soit placée dans l'église de Menoux pour rappeler le souvenir» de l'abbé Aubry à qui Dieu fit la faveur insigne de faire descendre l'ostensoir miraculeux sur le petit reposoir, reconstitué après l'incendie devant la grande grille à l'entrée du chœur, tandis que «ce serviteur dévot et privilégié de Jésus-Hostie» terminait la première élévation de sa messe au grand autel, placé en arrière de la grande grille, tout au fond du presbytéral. Ce vœu correspondait trop bien «à la croyance populaire des paroissiens de Menoux et à la tradition aussi ancienne que le miracle», pour que sa réalisation souffrît encore de longs retards. Du reste, la sainteté et l'humilité de Messire Nicolas Aubry que le dicton populaire a sanctionnées par cette phrase lapidaire : «C'est le curé Aubry qui a fait descendre la Sainte-Hostie», m'avaient mis au cœur un désir des plus ardents de retrouver «son corps saint». Ayant donc su d'une façon certaine par un prêtre enfant du pays, M. l'abbé Jean-Marie Munier qui «dans sa jeunesse a beaucoup interrogé les anciens», que la tradition encore actuelle de Menoux est que : 1° le curé Aubry fut enterré en 1617 au milieu du chœur de l'église, sous la lampe du sanctuaire ; 2° que ses pieds étaient placés un peu en dehors de la table de communion ; et 3° que trois personnes nonogénaires certifient avoir lu le nom de Messire Nicolas Aubry sur la dalle mortuaire autrefois placée à l'entrée du chœur, alors je n'hésitai pas à tenter les recherches.

Muni de l'autorisation écrite du maire de Menoux, encouragé par la bienveillance du curé M. l'abbé Clément Messelot, secondé par le zèle actif de M. l'abbé Molteni curé de Cubry-lès-Faverney, aidé par quatre jeunes paroissiens de bonne volonté, je choisis le mercredi matin 24 juin 1908, un mois après la clôture du congrès, pour opérer ce travail. Dieu bénit visiblement nos efforts, car vers midi, à 1,10 m. de profondeur, furent découverts les os des pieds, enfouis dans un lit de chaux. Ils étaient placés un peu en avant de l'emplacement de l'ancienne table sainte. Alors les fouilles furent dirigées sous le dallage du chœur actuel, et après une heure de travail fut retrouvé le squelette entier, la tête posée dans le milieu et sous la lampe du sanctuaire et tournée vers la nef des fidèles. Tous les ossements furent extraits avec précaution de l'épais lit de chaux et déposés soigneusement dans un petit cercueil en bois. Ils étaient tous en parfait état de conservation et d'une belle couleur jaune malgré leur enfouissement dans la chaux depuis 291 ans, ce qui étonna fort le fossoyeur, habitué à relever les os noircis après 20 ans et pulvérisés après 40 ans (9).

Le bruit de cette découverte s'étant répandu dans le village, alors accoururent de nombreux témoins et, par-devant eux publiquement, il fut constaté les particularités suivantes : 1° le tibia et le péroné de la jambe droite portent les traces d'une cassure nettement caractérisée ; 2° la hanche droite se trouve un indice d'une sorte de coxalgie. Or la tradition rapporte que le curé Aubry boîtait fort. On constata 3° que le crâne était déprimé, le cervelet énorme et le gosier rejeté en arrière ; 4° que le front n'avait pas plus d'un centimètre de hauteur ; et 5° que les yeux étaient presque à fleur des cheveux. Or la tradition rapporte que le curé Aubry était très vilain et peu intelligent. Malheureusement nous n'avons trouvé ni vase ni burette de verre, comme c'était la coutume, mais seulement une petite croix en acier fortement oxydé, et plusieurs fragments de cuir provenant de semelles et d'empeignes de souliers.

Notre petit cercueil en bois, contenant ces précieux ossements, fut scellé par M. Joseph Maillet maire, accompagné de son adjoint M. Auguste Serendat et de son garde-champêtre ; puis on l'enferma dans un cercueil de zinc soudé immédiatement. Enfin on déposa le dit cercueil de zinc dans un petit caveau, établi à 0,80 m. sous la dalle mortuaire devant la nouvelle table de communion. Cette pierre tombale, enlevée du chœur lors de la réfection en carrelages noirs et blancs et qu'on croit être l'ancienne tombe du saint curé Aubry dont l'inscription aurait disparu par suite du temps, est située en avant du chœur, et le petit cercueil est placé sous la partie supérieure de la grande croix noire, incrustée récemment dans cette dalle. Tout était terminé le 8 juillet 1908.

Or, sur la fin de l'année 1912, les pieux habitants de Menoux eurent la joie de contempler apposée contre le pilastre voisin de la jolie Pieta ou Descente de croix, une magnifique plaque en porphyre de Ternuay. Ce monument, érigé par souscription strictement paroissiale, a 0,80 m. de hauteur sur 0,50 m. de largeur (10). Au sommet se trouve gravé l'ostensoir du Miracle voici l'inscription exacte :

LES PAROISSIENS
DE MENOUX
A LEUR SAINT CURÉ
NICOLAS AUBRY
FAVORISÉ PENDANT SA
MESSE DE LA DESCENTE
DE LA SAINTE HOSTIE
AU MIRACLE DE
FAVERNEY
L'AN 1608
________

VŒU DU CONGRÈS
1908

Désormais donc le souvenir de «ce grand humble que Notre Seigneur Jésus-Christ lui-même a glorifié par une faveur si éclatante», sera associé publiquement au souvenir du plus grand miracle eucharistique, et les prières ardentes des fidèles de Menoux obtiendront bientôt, je l'espère, les preuves certaines et miraculeuses que les ossements retrouvés en juillet 1908 sont bien ceux du saint curé Aubry. À Faverney même, il existe encore et depuis longtemps un souvenir historique de Messire Nicolas Aubry : c'est un petit tableau sans grande valeur artistique, mais d'un réel mérite au point vue de l'Histoire. Cet ex-voto dont le sommet est couronné par un reliquaire-monstrance en bois sculpté, représente l'arrivée du curé de Menoux, boiteux, portant l'étole et conduisant sa procession, en face de l'ostensoir suspendu et penché contre la grande grille du chœur de Faverney (11). C'était le seul hommage rendu à ce saint prêtre jusqu'à la réalisation du vœu du congrès national eucharistique.

Enfin il est un troisième vœu à moitié réalisé parmi les cinq qui furent émis en 1908 par la section du miracle, c'est «la publication populaire, rédigée d'après les documents authentiques, pour répandre partout la connaissance de ce grand miracle, afin que les prédicateurs s'en servent, soit pour défendre la foi catholique, soit pour exciter davantage les fidèles à la dévotion envers le Saint-Sacrement et à la pratique de la communion fréquente». Ce vœu, présenté par M. le chanoine Laurent président des travaux historiques, et «adopté aux applaudissements unanimes de l'assemblée» qu'avait enthousiasmée «le rapport si lumineux de M. le directeur Tuaillon», a subi des phases diverses dans son exécution et a suscité bien des contradictions (12).

Déjà depuis de longues années, l'idée d'une histoire sérieusement documentée sur l'abbaye de Faverney et sur son glorieux miracle avait préoccupé tout autant les curés gardiens de la Sainte-Relique que les érudits catholiques de Franche-Comté. En 1823 était publié à Besançon un petit opuscule de 33 pages intitulé : Relation du Miracle de la Sainte-Hostie de Faverney. Plus tard paraissait encore un volume in-32 avec figures portant simplement le titre : Le Miracle de Faverney. Vers 1861, le curé-doyen Camuset commençait la recherche des documents historiques et, en 1862, il imposait à sa noble et lettrée paroissienne Françoise-Gabrielle de Poinctes de Gevigney, belle-sœur de la noble châtelaine si connue pour ses libéralités dans la paroisse, «cette douce tâche de raviver le souvenir des merveilles dont ce sol mille fois béni fut le théâtre». Afin «de ranimer le zèle et la foi de tous les chers habitants de Faverney, nés comme elle dans ces lieux de bénédiction», l'auteur plus connue dans le monde des lettres sous le nom de Fanny de Poinctes-Gevigney publia Faverney et Sa Sainte Hostie, jolie brochure in-12 de 200 pages. Deux ans après, le directeur d'une institution libre à Paris, auteur de plusieurs ouvrages classiques pour le jeune âge et marié à Faverney, l'instituteur catholique E. Mantelet faisait imprimer, à Paris même, un fort volume in-8 de 558 pages intitulé : Histoire politique et religieuse de Faverney, son abbaye et Sa Sainte Hostie (13).

Il faut croire que ce volume assez compact de l'historien Mantelet ne contenta pas le curé-doyen Clerc, successeur de l'abbé Camuset, car je sais, pour l'avoir appris de lui-même, qu'il s'était appliqué à rechercher partout les documents concernant Faverney et son abbaye. Il me dit aussi les avoir confiés à son ami et ancien collègue de vicariat à Vesoul, l'érudit curé franc-comtois bien connu sous le pseudonyme de Rusticus. L'abbé Joseph Morey, curé de Baudoncourt, composa donc d'abord, en 1877, sa Notice abrégée sur le Pèlerinage de Faverney, «résumant en 35 pages les écrits publiés depuis vingt ans et maintenant épuisés». Au commencement de l'année 1878, un docte favernéien domicilié à Paris, Auguste Camus publia un volume in-18 de 64 pages, intitulé Le Miracle de la Sainte-Hostie. Au mois d'août de cette même année 1878, lors de la convocation du pèlerinage national par Mgr Paulinier, l'abbé Morey fit paraître «à la hâte» sa Notice historique sur Faverney et son double pèlerinage ; en même temps dans ce volume de 188 pages, il annonçait pour «plus tard une histoire détaillée réunissant tous les documents relatifs» et capables de former «le monument définitif élevé à la gloire de la Sainte-Hostie et de Notre-Dame de Faverney». Malheureusement l'auteur, absorbé par d'autres travaux littéraires tels que Les Capucins en Franche-Comté édités à Paris en 1881, mourut en laissant inédites et vouées à la dispersion «les preuves authentiques» qu'avait peniblement réunies l'abbé Charles Clerc. Trois ans après, Mgr de Ségur, quoique vieilli et malade, voulut préparer de son mieux, en sa qualité de président du Comité organisateur, le premier congrès international à Lille, au mois de juin 1881, et il lança à travers la France une brochurette in-18 sur La Présence réelle où était relaté, tout au long et d'une façon très claire, Le Miracle de 1608 à Faverney (14).

Pendant ce temps, le curé-doyen de Faverney, aussi tenace et ardent qu'infatigable et zélé, n'abandonnait pas son projet de faire paraître une histoire complète sur Faverney. Déjà avant la mort de son ami le chanoine Morey dit Rusticus, sur sa recommandation il avait confié ce travail au curé de Vellefaux vers Vesoul, à l'abbé Bullet, écrivain de talent et parent du savant abbé Bullet qui fut l'auteur du Dictionnaire de la langue celtique et de l'Histoire de l'établissement du Christianisme tirée des seuls auteurs juif et païens. Entre temps, l'éminent archiviste Jules Gauthier, entraîné par ses sympathies personnelles pour le temple si intéressant du Miracle et son vénérable curé si hospitalier, donnait au public franc-comtois en 1894 une première brochure de 29 pages, intitulée : Notes archéologiques et épigraphiques sur l'église abbatiale de Faverney ; puis en 1895 une seconde plaquette de 16 pages, relatant le Récit miraculeux de deux Sainctes Hosties conservees entieres au milieu du feu, Ensemble onze miracles qui se sont faicts en mesme temps en l'Eglise de Faverney près de Dole ; et enfin en 1901 une troisième brochure de 30 pages sous ce titre la Sainte Hostie de Faverney. Ce n'étaient que les premières pierres de «l'œuvre prochaine», écrivait lui-même M. Jules Gauthier, «qui donnera satisfaction et aux dernières volontés d'un vénérable curé de Faverney, M. l'abbé Clerc, mort en 1894, et en même temps à tous les fidèles et à tous les croyants du miracle». Je puis même ajouter, comme témoin irrécusable, qu'en cette année 1901 le curé-doyen Cramillet me montra avec une joie indicible la très rarissime gravure de Chastel, haute de 340 millimètres et large de 260, que le dit Jules Gauthier avait adjointe en grandeur naturelle à sa brochure et qu'il lui avait envoyée (15).

Dans le courant de l'été de 1903, le manuscrit in-4° assez volumineux du curé de Vellefaux, ayant été soumis à la critique de l'archiviste bisontin, eut la malchance d'arrive trop tard : le lieu précis du miracle de 1608, qui providentiellement venait d'être déterminé et affirmé sur un travail que j'avais fait remettre à M. Jules Gauthier par M. l'abbé Louis Guyot, son ami et alors sous-directeur de la maîtrise, y était totalement ignoré. Il fut donc décidé par le curé-doyen Cramillet que l'abbé Bullet serait largement indemnisé de son travail de dix années, et que l'histoire documentée et mise à jour de l'abbaye et de son éclatant miracle serait définitivement confiée «à l'éminent archiviste de Besançon, dont la Franche-Comté était justement fière, et dont l'autorité faisait foi dans les questions historiques et archéologiques». Hélas ! la malchance aussi poursuivait histoire et historiens de Faverney. La politique antireligieuse s'acharna bientôt contre Jules Gauthier : «obligé d'abandonner ses chères archives de Besançon qu'il avait si bien classées et enrichies, il s'en alla mourir de chagrin dans les archives de Dijon» le lundi 16 octobre 1905 (16).

Privé de ce tout puissant collaborateur, l'abbé Cramillet se vit alors forcé de faire appel à la jeune expérience d'un des derniers disciples de l'archivist bisontin si regretté ; puis les préparatifs du congrès national de 1908 absorbèrent bientôt tous les instants de l'un et de l'autre. À la veille même de l'ouverture des grandes assises eucharistiques à Faverney fut mis en vente à Dole et dans toute la Comté un gracieux volume de l'archiviste paléographe M. André Pidoux ; cet in-8 de 110 pages parut sous le titre : Histoire populaire du Miracle des Saintes Hosties de Faverney et de leur culte à Dole et à Faverney. En même temps, M. le secrétaire général du congrès réédita «les pages instructives et édifiantes qu'avait jadis publiées Mgr de Ségur», et la brochurette in-32 de 16 pages intitulée : Miracle de 1608 à Faverney vint encore augmenter la collection des opuscules sur notre Sainte-Relique. Ce n'est pas tout : à Faverney même, le 22 mai 1908, Mgr l'évêque de Saint-Claude signait l'imprimatur pour une brochure in-8 de 27 pages que M. l'abbé E. Fromond publiait sous ce titre : Le miracle de Faverney et la Sainte-Hostie de Dole (souvenir du IIIe Centenaire). Enfin en janvier 1913 parut à Besançon une plaquette de 67 pages où M. l'abbé Pacifique Tournier, chanoine de la collégiale de Saint-Ferjeux, nous expose Le Miracle de Faverney vu et raconté par un protestant de Montbéliard (17).

Voilà donc seize ouvrages, plus ou moins populaires, qui, dans le laps de quatre-vingt-dix ans, ont été donnés au public catholique. Si j'y ajoute tous les discours anciens et modernes qui ont été imprimés, tous les récits miraculeux ou les histoires et mémoires qui ont paru depuis le 1er juillet 1608, il faut reconnaître que le nombre des auteurs qu'a charmés notre Miracle est assez considérable. Et pourtant, dois-je l'avouer ? Était-il connu, apprécié, exposé sous son vrai jour et dans toute sa grandeur ? Devais-je donc borner l'effort qui m'était demandé à «une publication populaire, même rédigée d'après les documents authentiques ?» Ne devais-je pas plutôt m'efforcer de donner une histoire complète : 1° sur Faverney «lieu privilégié choisi tout exprès par Dieu» ; 2° sur son abbaye «noble et illustre» dont on ne connaissait plus les dernières gloires bénédictines ; 3° sur son église si riche «par son ancienneté et ses souvenirs historiques» ; 4° sur sa Madone miraculeuse «ressemblant quasi tout à fait à celle de Mont-Roland» ; 5° sur son Miracle le seul et unique dans son genre, afin que 6°, selon le 3e vœu du congrès, «les prédicateurs s'en servent pour défendre la foi catholique» (18) ?

Ce faisant, j'ai cru accomplir la tâche à peine ébauchée de mes deux devanciers et maîtres, l'abbé Morey et Jules Gauthier ; mais surtout j'ai voulu déposer sur la tombe vénérée des abbés Clerc et Cramillet, curés-doyens de Faverney qui m'ont honoré de leur confiante amitié, un témoignage sacerdotal de ma foi la plus invincible au stupéfiant miracle de 1608 et de ma dévotion la plus filiale à la Blanche Vierge miraculeuse. Plaise à Dieu que les efforts de ma bonne volonté soient goûtés de mes chers confrères et de leurs pieux fidèles ! Et si alors, «pour exciter davantage les chrétiens à la dévotion envers le Saint Sacrament et à la pratique de la communion fréquente», ils désirent voir paraître une histoire abrégée de Faverney et de son abbaye avec le récit authentique et circonstancié du Miracle, ils prieront la divine Providence de m'aider encore à écrire cette dernière œuvre, et ainsi sera réalisé entièrement le troisième vœu parmi les cinq qui furent émis en 1908 par la section du Miracle.

Quant aux deux derniers vœux qui concernent l'extension à tous les diocèses en France de la fête de la Sainte Eucharistie conservée dans les flammes à Faverney, et le privilège pour les prêtres pèlerins de célébrer dans le sanctuaire du Miracle la messe commémorative à n'importe quel jour ordinaire de l'année, mon rôle d'historien doit se borner à les rappeler, à les désirer, puis à abandonner tout le reste à la sagesse des supérieurs ecclésiastiques.

Toutefois un dernier vœu qui ne fut ni soumis à l'approbation des congressistes ni inscrit au compte rendu, mais qui fut accepté avec enthousiasme par tous les Comtois dès qu'il fut exprimé, vient d'être tout recemment et très heureusement réalisé. Sur la filiale initiative d'un prêtre enfant de Faverney, Sa Grandeur Mgr Gauthey, durant son premier voyage ad limina au mois de janvier 1912, sollicita de Sa Sainteté le pape Pie X le titre et la dignité de Basilique mineure pour «l'église placée anciennement sous le vocable de Notre-Dame la Blanche à Faverney» et plus connue depuis 300 ans sous le nom «d'Eglise du Miracle». Ce titre de basilique est conféré par le Souverain Pontife «aux églises les plus anciennes, les plus vénérables, les plus célèbres de la chrétienté, soit à raison de leur achitecture monumentale, soit à cause des grands souvenirs chrétiens qu'elles rappellent, soit même à raison du nombreux concours des fidèles». Les basiliques sont de deux sortes : les majeures et les mineures. Il n'y a dans tout l'univers que quatre basiliques majeures, et ces quatre basiliques sont à Rome. Toutes les autres églises qui sont élevées par privilège du pape à la dignité de basilique, ne sont que des basiliques mineures ; néanmoins en cette qualité elles jouissent d'un rang de préséance sur les autres églises d'un diocèse, et elles ont des insignes qui doivent être portés aux processions solennelles. Ces insignes consistent : 1° en un pavillon aux longues bandes rouges et jaunes que surmonte une croix dorée ; 2° en un petit beffroi ou clocheton de bois, sculpté et doré, qui soutient une clochette dorée et présente un cartouche, portant d'un côté les images des saints patrons, et de l'autre côté une inscription artistique (19).

Ce fut le dimanche 10 novembre 1912 qu'eut lieu l'inauguration solennelle de l'église du Miracle de Faverney en basilique mineure. La vieille abbatiale, restaurée à neuf par le regretté doyen Joseph Cramillet chanoine honoraire du congrès, attire l'attention des nombreux fidèles : volontairement la grande et belle nef aux nervures relevées en ton de pierre n'a reçu que quelques oriflammes et quelques drapeaux. L'ornementation principale a été réservée pour le splendide chœur et surtout pour l'abside. Chaque faisceau des colonnettes, qui séparent les hautes fenêtres ogivales, est orné de trois écussons étagés, portant chacun cinq drapeaux aux couleurs pontificales et françaises. L'autel est entouré de massifs de verdures et de chrysanthèmes qui se marient avec des drapeaux blancs et jaunes ; puis les riches et artistiques candélabres avec leurs piédestaux en bronze doré en sont toute la parure avec leurs lumières étincelantes. Çà et là, contre les pilastres du chœur et du transept, sont suspendues les riches oriflammes en velours rouge bordé d'hermine, souvenirs gracieux du congrès qu'on revoit toujours avec satisfaction. Détail touchant et qui peint bien la délicate piété du nouveau curé-doyen, l'abbé Brun gardien austère de l'insigne relique : au-dessus de la porte même du tabernacle, sur une minuscule console à fond de pourpre, on aperçoit le reliquaire-monstrance de la Sainte-Hostie. Elle est là pour présider à cette pompe magnifique qui va se dérouler en son honneur, plus que trois fois séculaire.

De chaque côté de l'autel se dressent, contre les deux baies gothiques, les insignes de la nouvelle basilique : à droite, au côté de l'évangile contre l'arc en tiers-point, le haut pavillon aux bandes rouges et jaunes disposées verticalement ; à gauche, au côté de l'épître contre la piscine trilobée, le beffroi sculpté ayant une clochette dorée dans sa voûte inférieure évidée, et portant sur une face l'image peinte de Notre-Dame la Blanche et sur l'autre cette inscription en lettres du style Louis XIV : SACROSANCTA BEATÆ MARIÆ VIRGINIS ALBÆ BASILICA (20). À droite et à gauche dans le chœur, tout proche de l'endroit où, lors du miracle, se dressait la grande grille ou gennes de fer, ont été édifiés deux trônes épiscopaux aux draperies rouges.

La cérémonie commença, à neuf heures et demie précises, par l'entrée solennelle des deux pontifes Mgr Altmayer archevêque de Sinnade, et Sa Grandeur Mgr Gauthey archevêque diocésain. Une longue procession, composée des quarante élèves du grand séminaire de philosophie (21) et d'un nombreux clergé, surtout de dignitaires, pénètre dans l'ancienne abbatiale où se trouve déjà une foule assez compacte. À l'entrée de l'ancien chœur des formes où les moines bénédictins du miracle chantaient jadis leur office, M. le curé-doyen exposa éloquemment dans son compliment à Sa Grandeur les trois gloires de l'église de Faverney et de son passé historique : l'abbaye bénédictine, la Vierge antique et miraculeuse, et le miracle de la Sainte-Hostie ; et Sa Grandeur, du haut de la chaire, lui répondit avec un à-propos remarquable, en établissant un heureux parallèle entre le sanctuaire de Paray-le-Monial et le sanctuaire de Faverney. Noblement inspiré, Monseigneur appliqua aux deux églises, chères à son cœur de pontife, les paroles du pape Léon XIII, il y a trente-cinq ans, dans le bref d'érection de la basilique de Paray qu'il qualifiait : «Oppidum cœlo gratissimum, cité très agréable au ciel !» À Paray-le-Monial, l'Hostie sainte s'est ouverte pour nous montrer le cœur enflammé de Jésus ; à Faverney, l'Hostie sainte a été entourée des flammes d'un incendie et est restée intacte, mais fermée ; et c'est après trente-trois heures de suspension, sans appui d'aucune sorte et immobile bien que penchée, qu'elle est descendue miraculeusement «et doulcement» sur le corporal qui recouvrait un missel, placé sur les débris du reposoir brûlé auprès de la grande grille du presbytéral. «Le caractère particulier de ce miracle, conclut Mgr Gauthey, c'est qu'il est une démonstration précise de la présence réelle sous le voile des saintes espèces» (22).

En terminant, Sa Grandeur est fière de déclarer d'abord l'empressement avec lequel S. S. Pie X a daigné accorder le privilège de basilique mineure à l'église de ce Miracle qu'il a appelé la gloire du diocèse de Besançon ; puis elle exprima son beau rêve d'évêque de voir Faverney devenir bientôt un centre eucharistique comme est devenu à Paray-le-Monial le sanctuaire du Sacré Cœur de Jésus. Immédiatement alors fut faite en français, du haut de la chaire, par M. l'abbé Clère, vice-chancelier de l'archevêché, la promulgation du bref de notre très Saint Père le pape Pie X, en date du 8 mars 1912. À l'offertoire de la grand' messe pontificale que chante Sa Grandeur Mgr de Sinnade, la bénédiction solennelle des insignes de la basilique fut faite par Mgr Gauthey devant toute l'assemblée recueillie et debout. À trois heures une longue procession se déroula à travers les rues pavoisées de la cité du Miracle et rentra à l'église brillamment illuminée, juste à temps pour ne pas être mouillée par la fatidique pluie du congrès. Enfin, à quatre heures le salut solennel avait terminé cette fête grandiose où tout fut impeccable, et qui va marquer un renouveau dans l'histoire religieuse de cette terre du grand miracle eucharistique, comme jadis celui-ci marqua la fin des conquêtes de l'hérésie protestante dans le bailliage d'Amont, si fortement contaminé (23).

L'érection solennelle de la basilique de Faverney fut couronnée bientôt par un don gracieux de Sa Grandeur Mgr Gauthey. Après avoir honoré l'église du Miracle, il voulut aussi honorer le curé, gardien zélé et empressé de la Sainte-Relique : le 1er janvier 1913 il élevait l'abbe Brun à la dignité de chanoine honoraire de la Métropole. Tout le monde applaudit à cette nomination et les habitants de l'antique cité de Notre-Dame la Blanche s'en montrèrent très fiers. Quant au nouveau dignitaire, quelque peu surpris de cet honneur inattendu, il comprit qu'il devait encore mieux et plus se dépenser pour relever la gloire ancienne du pèlerinage. Déjà, en cette année 1914, il sut obtenir de la Compagnie des chemins de fer vicinaux une innovation heureuse. Grâce aux trains spéciaux à tarif réduit, le concours des pèlerins a plus que doublé aux dernières fêtes du lundi de la Pentecôte. Sans être taxé d'exagération, on peut évaluer à près de 4.000 personnes la foule des fidèles qui prirent part à la procession traditionnelle ; et ce fut vraiment un spectacle fort édifiant que de voir l'empressement pieux de tous à vouloir vénérer et baiser la Relique sacrée. Trois détails surtout frappèrent les quatre-vingt-dix prêtres pèlerins : c'est 1° «que cette Ste Hostie n'est plus entière, car quelques parcelles sont détachées et ont glissé sur les parties intactes» ; 2° «que cette Ste Hostie a une apparence brunâtre qui la ferait prendre pour un morceau de bure ou pour une poussière épaisse» ; et 3° c'est que, par suite des parcelles détachées, il s'est produit au sommet de droite un petit tassement qui forme une sorte d'échancrure dentelée mesurant 1 centimètre sur 7 millimètres (24)

Une quatrième chose frappa également les prêtres, je veux parler de l'extrême rareté des souvenirs concernant les glorieux évènements dont l'église de Faverney a été le théâtre depuis la restauration du culte en 1803. Seul, à la chapelle du Saint-Sacrement du Miracle, suspendu au mur du côté de l'épître, se voit un ex-voto de la paroisse de Morre vers Besançon : c'est un cœur doré placé sur un fond de velours rouge avec la date 1878. Cette pénurie de monuments dans un sanctuaire si privilégié avait, du reste, attiré la vive attention du chanoine-curé ; c'est pourquoi les pèlerins virent avec satisfaction une haute plaque de marbre noir, tout récemment apposée contre le pilastre de l'ancien transept vers la chapelle du Sépulcre qui conduit au presbytère.

Voici son inscription en lettres dorées :

A LA MÉMOIRE
DES CURÉS DE FAVERNEY

QUI DANS CETTE ÉGLISE ABBATIALE,
DEVENUE PAROISSIALE EN 1803,
FURENT GARDIENS DE LA SAINTE-HOSTIE :

MM.  
JEAN-DENIS BIDEAUX 1803-1816
ZACHARIE COLOMBOT 1817-1821
CLAUDE-FRANÇOIS PASQUIER 1822-1822
ANTOINE-VICTOR PETITE 1822-1824
PIERRE CAMUS 1824-1837
JEAN-JOSEPH SAGUIN 1837-1861
JEAN-BAPTISTE-ÉDOUARD CAMUSET 1861-1871
CHARLES-JOSEPH CLERC 1871-1894
HENRI-JOSEPH CRAMILLET 1895-1911
ALBERT-ANDRÉ-JEAN-BAPTISTE BRUN 1911-

Pour faire pendant à ce monument si intéressant, une autre plaque de marbre noir fut placée pour la Pentecôte 1913 sur le pilastre du transept, au côté de l'épître vers la chapelle de Notre-Dame la Blanche. Elle porte ces dates commémoratives si importantes :

BASILIQUE DE FAVERNEY
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DATES MÉMORABLES

26-27 Mai 1608. MIRACLE DE LA SAINTE-HOSTIE.
29 Mai-5 Juin 1608. ENQUÊTE ET ORDONNANCE ARCHIÉPISCOPALE SUR LE MIRACLE.
14 Juin 1795. RECONNAISSANCE DE LA SAINTE-HOSTIE SAUVÉE DE LA RÉVOLUTION.
26 Mai 1864. PROMULGATION DU DÉCRET PAPAL SUR L'AUTHENTICITÉ DU MIRACLE.
3-4 Septembre 1878. PREMIER DES CONGRÈS EUCHARISTIQUES ET PÈLERINAGE NATIONAL A LA SAINTE-HOSTIE.
20-24 Mai 1908. CONGRÈS EUCARISTIQUE NATIONAL ET IIIe CENTENAIRE DU MIRACLE.
10 Novembre 1912. INAUGURATION DE L'ÉGLISE DU MIRACLE EN BASILIQUE MINEURE.

Sans doute, ami lecteur, êtes-vous désireux de savoir en quel état de conservation se trouve présentement la vénérable Madone qui, depuis l'an 722, présida à tous les événements heureux et malheureux de la cité de Faverney et de son abbaye ? Une statue en cœur de tilleul qui compte aujourd'hui douze siècles (exactement 1193 ans), ne peut être que dans un état d'extrême caducité ; aussi est-il très prudent de la sortir le moins possible, et le cas échéant «le plus doulcement du monde», de sa niche en marbre de Sampans un peu effrité par le temps. Seule la tête de la Vierge est authentique et fait partie intégrante du cœur de tilleul qui subsiste encore du haut en bas de ce bloc long d'un mètre. Quant au grand manteau doré et sculpté en style Louis XIV, il a été refait depuis de longues années ; il est chevillé après le bloc de bois. Le sceptre de la Vierge est d'un bois moins ancien, et le bras droit qui le tient a été rapporté et chevillé : c'est ce bras qui fut coupé, le 9 février 1595, par la hache du soldat de Tremblecourt. La tête de l'enfant Jésus est authentique et très ancienne. Elle est fixée au petit manteau qui a été refait en même temps que celui de sa mère. Les deux bras du petit Jésus ont été également rapportés, et les deux pieds sont cachés par son manteau (25).

Je dois mentionner encore dans la grande nef le magnifique crucifix monumental qui fait face à la chaire. Jusqu'au mois de novembre 1910, ce grand Christ des moines, «grossièrement badigeonné à la peinture à l'huile» était appendu au-dessus de la porte de la sacristie actuelle. Au moment des réparations de l'église, il dut être descendu, et, sur les instances du regretté chanoine Cramillet curé-doyen, M. le curé de Cubry-lès-Faverney consentit à réparer ce souvenir des bénédictins disparus. Ce fut providentiel. En effet, lorsqu'à grand' peine «il fut parvenu à rendre au bois sa couleur naturelle», il découvrit que le croisillon gauche de la croix en chêne, le bras gauche sur une longueur de 0,25 m. et une largeur de 0,10 m., et les cinq doigts de la main droite avaient été grossièrement réparés en bois blanc, «ce qui avait donné lieu au badigeon». L'artiste-prêtre, émerveillé de la beauté de ce crucifix «qui mesure 2 mètres de la tête aux pieds», se rappela alors la vieille tradition populaire, recueillie en 1864 par l'historien Mantelet, et en conclut logiquement qu'il se trouvait en face du beau Christ, «objet des violences sacrilèges» des sans-culottes de Faverney, le 25 juin 1794. Avec un soin jaloux et un art admirable, il s'appliqua de toute son âme sacerdotale à réparer cette vénérable relique, sculptée finement dans un bloc énorme, tout en cœur de chêne et nullement vermoulu. Il l'attacha à une croix en chêne de 3,80 m. de hauteur et le suspendit devant la jolie chaire gothique. Malheureusement il est placé à une trop grande élévation et les visiteurs peuvent difficilement en apprécier la valeur artistique. Aussi je fais des vœux pour que se réalise bientôt le projet de planter simplement sur le sol de l'église ce crucifix monumental en chêne ciré : alors l'œil du pieux pèlerin pourra contempler à loisir les traits du divin crucifié qui, dans le sanctuaire de l'Hostie miraculeuse, sous les yeux de Notre-Dame la Blanche, fut odieusement profané par amour pour nous (26).

Il est encore une chose intéressante à consigner sur l'église de Faverney. Au milieu du chœur, la large pierre tombale de 1,25 m. sur 2,16 m. est remarquable en ce que ses veines bleutées figurent parfaitement un bénédictin à genoux ; mais on ignore généralement qu'à l'extrémité de cette immense dalle, à 0,60 m. de profondeur, vers la porte actuelle de la table de communion, se trouve l'escalier qui conduit au caveau des abbés. M. l'abbé Louis Guyot, curé de Cromary, m'a affirmé encore tout dernièrement que, lors de sa visite funèbre en 1900, il a trouvé au côté de l'évangile deux cadavres entiers placés l'un au bout de l'autre : les deux têtes et tous les ossements étaient en bon état de conservation. Du côté de l'épître, ce ne fut pas sans émotion qu'il vit là Dom Coquelin le dernier enterré, revêtu de la robe de bure des bénédictins, et portant l'aube blanche avec sandales aux pieds, la chasuble violette aux galons de cuivre oxydés, et la tête couronné de la mitre blanche avec ses pompons dorés. La figure quoique parcheminée est encore bien conservée. Il n'y aurait donc dans ce caveau abbatial que les restes précieux de Dom Coquelin, de Dom Théodore Du Cloz et de Dom Doresmieux. Le même témoin m'a dit encore que, sous la large pierre unie et sans inscription qui mesure 2,50 m. sur 1,60 m. et qui se trouve devant les deux escaliers, conduisant de la basse nef de l'évangile au transept de la Sainte-Chapelle, il a trouvé de nombreux ossements lors de ses recherches en 1900. Quant à la pierre semblable à côté de l'épître devant la chapelle de la Vierge, il ignore si elle recouvre pareillement un ossuaire (27).

Enfin je m'en voudrais de ne pas signaler une pieuse et heureuse innovation du curé-doyen chanoine. Tout sanctuaire, remarquable par son ancienneté et ses miracles, possède un trésor d'objets antiques et précieux que les pèlerins aiment à visiter. Jusqu'à l'année 1912 Faverney en était privé ; M. le chanoine Brun a comblé cette lacune. Dans une des élégantes armoires en chêne ciré dont l'abbé Clerc, son antiprédécesseur, a enrichi la sacristie, on peut voir maintenant étagés sur des gradins : au centre supérieur, l'ostensoir monumental donné en souvenir du congrès eucharistique du 4 septembre 1878 ; à droite, le grand reliquaire d'argent des Récollets de Paris et contenant une parcelle du bois de la Vraie Croix ; à gauche, le reliquaire-monstrance don du congrès de 1878 et qui, avant le congrès national de 1908, possédait la Sainte-Hostie de 1608 ; plus bas, au milieu, le grand ostensoir qui servit aux processions de la Pentecôte jusqu'à l'année 1880 où fut inauguré l'ostensoir monumental ; puis, autour de ces chefs-d'œuvre d'orfèvrerie, brillent des reliquaires riches et variés où reposent les reliques de 58 saints (28).

Et maintenant, ami lecteur, que j'achève la lourde et consolante tâche de «raviver le souvenir du miracle de la sainte Hostie conservée dans les flammes» et de tirer de l'oubli de l'Histoire «les merveilles dont ce sol mille fois béni fut le théâtre», je souhaiterais que mon œuvre d'humble historiographe contribuât «à ranimer le zèle et la foi de tous». «Instruire un peu», a écrit Louis Veuillot dans son ouvrage Les Français en Algérie, «faire quelquefois prier, c'est l'unique but que je me suis proposé toute les fois que je me suis vu, une plume à la-main, en présence d'une feuille de papier blanc». Marchant bien petitement sur les traces de ce grand écrivain catholique, j'ai eu l'ambition secrète de faire mieux connaître et aimer ton double sanctuaire, ô église de Faverney ; mais j'ai eu le désir bien plus immense encore, ô peuple béni de Faverney, de ranimer ta foi et de te convier à venir plus souvent prier dans ta Sainte-Chapelle du Sacrement de Miracle ! Trop souvent depuis vingt-cinq ans je l'ai trouvée sombre et solitaire ! Un prêtre-soldat que la grande guerre prussienne vient d'arracher à ton sol sacré pour en faire un infirmier à l'hôpital auxiliaire de Dole, m'exprimait tout récemment son admiration pour la profonde piété des Dolois qui reste toujours aussi vivace, malgré la disparition sacrilège du précieux Palladium de leur cité. Au-dessus de l'élégant portail en style renaissance de leur Sainte-Chapelle, ils ont écrit : HOSTIA QUIDEM ABEST. Oui, il est vrai que «la Sainte-Hostie doloise n'y est plus ; mais leur empressement paroissial autour de Jésus-Eucharistie qui y habite continuellement l'antique tabernacle à double compartiment, leur fidélité journalière à y venir entendre les messes et à y communier fréquemment, tout indique bien que Dole est restée fidèle à la Sainte-Hostie de Faverney. Ô Relique précieuse du Miracle de 1608, attire à nouveau auprès de toi «les cœurs de toute la ville» de Faverney, «cité très agréable au ciel !»

Et toi, antique Madone surnommée la Blanche ! Image bénie et honorée ici depuis près de douze siècles ! Trop souvent aussi j'ai vu les pèlerins passer devant ta trop modeste chapelle sans se douter seulement que là, au fond de cette niche effritée, trônait une des Vierges les plus anciennes et les plus miraculeuses de la terre franc-comtoise. Ô «fameuse image et grande ouvrière de miracles !» ranime dans les cœurs de tous les Comtois la piété la plus fervente en ton Immaculée Conception ! Trop oubliée aussi, je devrais dire trop inconnue même, est ton antique confrérie du Très Saint-Sacrement : Prêtres et fidèles, «voyageurs curieux et avides de merveilles, prenez aujourd'hui la gourde et le bâton du pélerin et venez contempler ici» le plus grand prodige eucharistique ; et puis... enrôlez-vous dans cette pieuse union d'adorations et de louanges envers «la très Auguste, très bénie et très sainte Hostie» de Jésus, vrai fils de Dieu, seule vie du monde et roi immortel de la Société. Lisez, je vous en prie, la courte notice sur «la confrérie du Saint-Sacrement du miracle» et que nombreux soient les associés qui désormais accourront à Faverney, comme le saint curé Aubry, «pour servir Dieu dudit miracle !» (29).

Qu'il me soit permis en finissant d'exprimer quatre souhaits pour l'avenir du culte de Jésus et de Marie dans leur sanctuaire privilégié de Faverney !

1° «S'il était possible», a écrit mon maître Jules Gauthier, «de remettre en lumière sur les deux flancs extérieurs de la belle église de Notre-Dame la Blanche cet étage de percements ou de fausses arcades dès longtemps caché, puisque les formerets de la grande voûte à l'intérieur coupent à mi-hauteur les anciennes fenêtres, on rendrait ainsi à la nef romane une partie du grand caractère que la suppression des fenêtres et l'agencement d'une toiture unique à deux rampants, couvrant tout le vaisseau, lui ont fait perdre» (30).

2° Lors du congrès marial à Gray en 1909, l'antique Vierge «Notre-Dame de Gray» fut couronnée solennellement au nom du Souverain Pontife Pie X. S'il suffit à une Vierge miraculeuse d'exister depuis trois cents ans pour mériter ce privilège, pourquoi dans un avenir plus ou moins prochain cet honneur ne serait-il pas sollicité humblement pour notre Madone plus que millénaire dont le sanctuaire en 1912 vient d'être élevé à la dignité de basilique mineure ?

3° À la fin de la dernière séance générale du congrès, le samedi matin 23 mai 1908, «M. le Chevalier Pidoux demanda à Mgr l'archevêque de bien vouloir supplier le Saint-Père d'accorder à l'église de Faverney le privilège de l'autel grégorien, déjà concédé à l'église de Dole». Mgr Petit souscrivit volontiers à cette demande, et pour la compléter il serait bon que désormais tout prêtre, célébrant la sainte messe au sanctuaire de Faverney, inscrivît son nom et son adresse sur un registre spécial (31).

4° Le saint abbé Dom Brenier, réformateur de notre abbaye bénédictine, «éleva sur le grand autel un tabernacle doré dans lequel fut mis un grand soleil où repose le très Saint Sacrement» (32). Ne serait-il pas possible de revenir à cette idée du grand moine en plaçant au-dessus du maître-autel le fac-simile fort agrandi du reliquaire-monstrance, et, au-dessous, une banderolle assez grande pour frapper la vue du visiteur et portant l'inscription chronographique: IGNIS ANTE IPSVM PRÆCEDET ? Ne serait-il pas possible d'exposer toujours, à la vue des fidèles, le reliquaire même de la Sainte-Hostie, en l'établissant sous des cloisons en verre renforcé et sous fermeture de sûreté dans l'exposition même du grand tabernacle ? Ne pourrait-on pas faire peindre par un artiste chrétien, sur les hauts murs trop nus du sanctuaire, quatre fresques grandioses représentant : 1° La scène du miracle de 1608 selon les données historiques ; 2° le cortège des Dolois quittant Faverney avec leur Sainte-Hostie et la réception vraiment royale de cette seconde Hostie par la ville de Dole ; 3° l'adoration de l'Hostie sacrée de Faverney dans l'église doloise par saint François de Sales et le grand roi Louis XIV ; 4° le premier incendie de quarante-cinq maisons, durant un orage en 1726, arrêté par la Sainte-Hostie portée sur le lieu du sinistre par le vénérable Père abbé Dom Du Cloz, accompagné de plusieurs religieux ?

Ainsi le magnifique chœur de la basilique de Faverney deviendrait le splendide et monumental reliquaire de l'Hostie Miraculeuse ! Ainsi la dévotion des fidèles, ravivée et entretenue par toute cette pompe extérieure, se développerait plus intensivement ! Ainsi le culte de l'adoration réparatrice et perpétuelle pourrait peut-être un jour s'y implanter ! Et alors serait vérifié cet oracle, prononcé à Faverney en 1862 par l'illustre orateur franc-comtois qui fut Mgr Besson : «Si ailleurs on raille les miracles, ici on les constate. Si ailleurs on détruit les monuments de la foi, ici on les préserve de toute souillure et de toute atteinte. Plus ailleurs l'impiété devient furieuse, plus ici la piété des fidèles est sensible et touchante. Ici Faverney, demeuré fidèle au culte de Jésus comme au culte de Marie, conserve au milieu de tant de ruines et l'image de la Mère, vénérable reste de la dévotion des premiers siècles, et le corps sacré du Fils, miraculeux trésor donné comme récompense à la foi des derniers âges !» (33).

Fiat ! Amen !

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[Sources bibliographiques et Notes de bas de page.]

1. Ancien registre fabricien à la cure de Faverney.

2. Annales de l'Œuvre des Séminaires du diocèse de Besançon, février 1912 (Installation du Séminaire de philosophie à Faverney par M. l'abbé F. Guyot directeur).

3. Une société américaine a offert un million pour l'acquisition des bâtiments de l'abbaye afin d'avoir le droit de mettre le nom de Faverney dans l'exploitation d'un brevet commercial.

4. Au mois de mai 1912, deux élèves excellents MM. Xavier Mougin de Charquemont et Georges Guenin d'Amance ont disparu dans la dangereuse rivière de la Lanterne, auprès de la ferme dite de Bethléem, et deux autres élèves ont été enlevés par la maladie.

5. Cette boiserie a été dessinée et sculptée par M. l'abbé Molteni, curé de Cubry-lès-Faverney. Derrière l'autel principal de cette chapelle se trouve une porte murée qui conduisait à la sacristie des moines, présentement devenue la salle des catéchismes paroissiaux. La sacristie actuelle de la paroisse n'était que le grand vestibule par lequel les religieux arrivaient à l'église.

6. Compte rendu des travaux du congrès, pp. 105 et 106 et p. 544. L'ostensoir commemoratif a été commandé au ferronnier d'art M. André Kovacs de Paris, artiste couronné par le grand prix des expositions internationales.

7. Ce travail artistique autant que minutieux et qui coûtera plus de 800 francs, sortira des Ateliers de Saint-Joseph à Buxy (Saône-et-Loire). Comblanchien est un village de 400 habitants au canton de Nuits (Côte d'Or).

8. Cette plaque de cuivre qui a coûté 1250 francs et qui a dû être commandée spécialement vu sa grandeur extraordinaire, a été ciselée et gravée avec beaucoup d'art par la maison Poussielgue de Paris. — Les armes de l'abbé Doresmieux sont : Ecartelées un et quatre d'or à trois roses effeuillées de gueules, ayant au milieu la tête d'un Maure les yeux bandés, puis deux et trois d'argent à trois fleurs de lys de gueules avec cette devise : Estote prudentes (Émile Mantelet, Histoire politique et religieuse de Faverney depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Paris, chez l'auteur, 1864, p. 386). — Les armes de Mgr Ferdinand de Rye sont : D'azur à la bande d'or (Longwy), écartelé d'azur à l'aigle éployée d'or (Rye) (Jules Gauthier, Armorial des archevêques de Besançon et de leurs auxiliaires, 1180-1886, Besançon, Jacquin, 1886, pp. 10, 11 et pl. II, n° 29). — Les armes de Mgr Fulbert Petit portent : Écartelé : au premier d'or, au Sacré-Cœur de gueules nimbé du champ posé sur une terrasse de sinople ; au second de gueules, à la colline sommée d'une chapelle d'argent et accompagnée à dextre d'une étoile rayonnante d'or ; au troisième de gueules, au navire d'or habillé de trois pièces d'argent voguant sur des ondes de même ; au quatrième d'azur, à la Vierge-Reine d'argent tenant à senestre un sceptre d'or avec ces deux devises : Venite ad me omnes, et Salve Regnia, vita, dulcedo et spes nostra, Salve (M. le chanoine Fernand Louvot, curé de Gray, Mgr Petit, archevêque de Besançon, Besançon, Jacquin, 1894). — Enfin les armes de Mgr François-Léon Gauthey sont : Coupé: en chef d'or chargé à dextre d'une marguerite tigée au naturel, à senestre d'une croix alésée de gueules ; en pointe, parti au premier de gueules, à la croix ancrée de sable, bordée d'argent, au deuxième d'azur à trois anneaux d'or, deux et un ; sur le tout, un ovale d'argent brodé en orle d'une couronne d'épines de sinople et chargé en cœur d'un Sacré-Cœur de Jésus, flammé d'or à la croix de gueules et portant sur la plaie l'inscription Charitas en lettres d'or, avec ses deux devises : Immaculata Conceptio gaudium annuntiavit et Cordis vinculo trahitur. — Semaine religieuse de Besançon, avril 1910. — Pour les détails sur la découverte providentielle de ces deux entailles, voir au chapitre 1 en 2° partie. — Éleuthère Rusticus, Le Pèlerinage de Faverney, 3 septembre 1878, Besançon, Jacquin, 1878, p. 13.

9. Correspondance spéciale et témoignage particulier de l'abbé Jean-Marie Munier, enfant de Menoux et curé de Ternuay.

10. Tous les détails de la découverte et de la reconnaissance de ces ossements sont relatés dans un acte, écrit de ma main sur le registre de l'église de Menoux et signé de trente témoins. — La dalle mortuaire qu'on croit être l'ancienne tombe de Messire Nicolas Aubry et qui porte maintenant une grande croix noire incrustée, est située à 0,40 m. en avant de l'escalier de la porte du chœur, à 3,50 m. du pilastre de droite, en regardant l'autel (côté de l'épître), et à 3,40 m. de celui de gauche (côté de l'évangile). — Pour retrouver le cercueil en zinc, il n'y a qu'à soulever le pavé (côté de l'évangile) qui est adjoint à la grande dalle et qui mesure 0,77 m. sur 0,60 m. Ce pavé n'est pas scellé à dessein. Une fois le pavé enlevé, on trouve le petit caveau établi sous la dalle, et le cercueil y est placé sous la partie supérieure de la grande croix incrustée. — Tous les souvenirs de la tradition des anciens de Menoux, soit quant à l'emplacement du corps de l'abbé Aubry dans le chœur soit quant à son nom écrit sur la dalle mortuaire, ont été répétés et affirmés à M. l'abbé Jean-Marie Munier : 1° par Nicolas Munier, son grand-père qui est mort à Menoux vers 1873 à l'âge de 85 ans ; 2° par Françoise Étienney, Vve Munier, sa mère, morte à Ternuay à l'âge de 84 ans ; 3° par Sophie Prieur, Vve Munier, âgée de 88 ans ; et 4° par Clémence Dénommé, femme Martin, âgée de 50 ans lors de la découverte des ossements (24 juin 1908) et qui m'a déclaré tenir cette tradition de sa mère, décédée en 1906 à l'âge de 80 ans. — Compte rendu du congrès, pp. 128 et 129 (Notice sur le curé Aubry de Menoux ou rapport du curé de Ternuay).

11. Cet ex-voto est suspendu à Faverney sur le mur du transept, au-dessus du confessionnal, en face de la porte de la sacristie. — Aux archives de la Haute-Saône, H. 505, j'ai trouvé un acte de fondation de 4 messes basses avec une rente de 100 fr., faite le 9 janvier 1617 par Messire Nicolas Aubry en faveur des religieux réformés de Faverney.

12. Compte rendu du congrès, p. 168.

13. Ce premier opuscule, sans nom d'auteur que je sache, parut en brochure de 33 pages chez J. Petit, imprimeur de l'archevêché avec permis d'imprimer, donné par le vicaire général Rivière, Besançon, 1823. — Le Miracle de Faverney un volume in-32 avec figures. — L'historien Émile Mantelet, Histoire politique et religieuse de Faverney depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Paris, chez l'auteur, 1864, pp. 48 et 508, indique l'empressement du jeune curé-doyen Camuset à lui communiquer les pièces relatives à Faverney et extraites du cartulaire aux archives de la Haute-Saône. — L'auteur Fanny de Poinctes-Gevigney a traduit de l'anglais, avec l'autorisation de l'auteur, la Vie de sainte Françoise Romaine, Jacquin, 1859, par Lady Georgiana Fullerton [The life of St. Frances of Rome,..., Londres, Burns et Lambert, 1855]. — L'instituteur Émile Mantelet a publié, avant 1864 à Paris : Histoire de France racontée au jeune âge, La Géographie racontée au jeune âge, Le meunier de Colombier, épisode du temps de la Terreur, et Histoire d'un ami du peuple ou Notice biographique sur Emile Chavé, docteur en médecine et artiste musicien. Il était marié à Mlle Curie de Faverney et il est mort en 1897 ; sa fille, Mme Schmisser, est institutrice à Saraz, petit hameau d'Alaize au doyenné d'Amancey (Doubs)

14. Notice abrégée sur le Pèlerinage de Faverney, brochurette in-32 de 35 pages, Courrier de la Haute-Saône à Vesoul, 1877, p. 23 ; L'abbé Joseph Morey, Notice historique sur Faverney et son double pèlerinage, Besançon, Jacquin, 1878, pp. 6 et 140 ; Auguste Camus, Le miracle de la Sainte-hostie de Faverney, confirmé par la sacrée congrégation des rites et approuvé par N. S. P. le pape, Paris, chez l'auteur, 1864 ; La présence réelle, Paris, Tolra, 1881.

15. L'abbé Léopold Loye, Histoire de l'église de Besançon, Besançon, Jacquin, 1903, IV, pp. 366 à 369. Cette brochure remarquable des Notes archéologiques et épigraphiques sur l'église abbatiale de Faverney (Haute-Saône), Vesoul, Suchaux, de Jules Gauthier où il a consigné les observations techniques au cours de ses fréquents voyages à Faverney, est épuisée et introuvable maintenant : il serait peut-être bon de la rééditer. — La plaquette rarissime du Récit miraculeux a été éditée à Dole en 200 exemplaires, an mois de mai 1895, par la générosité «du jeune et ardent bibliophile, M. André Pidoux». — La Sainte Hostie de Faverney, Besançon, Jacquin, 1901, p. 8.

16. Compte rendu du congrès, pp. 84 et 85 (Rapport sur le lieu précis du Miracle par M. le curé d'Amance).

17. La brochurette in-32 de 16 pages avec sa couverture illustrée et portant le titre : Mgr de Ségur: Miracle de 1608 à Faverney, fut éditée à Paris chez Tolra et Simonet. — La brochure in-8 de M. l'abbé Fromond intéresse plus particulièrement la ville de Dole. — Le Miracle de Faverney, vu et raconté par le protestant Frédéric Vuillard converti, nous fait assister en quelque sorte «comme à un second miracle de Faverney et devient un des témoignages les plus convaincants rendus à la vérité du Miracle de 1608».

18. Voir au Compte rendu du congrès, p. 126, la liste des ouvrages qu'a donnée M. le directeur Joignerey comme appendice à son substantiel rapport ; L'abbé Morey, Notice, p. 5 ; Fanny de Poinctes-Gevigney, Faverney et sa sainte hostie, Besançon, Jacquin, 1862 ; Gauthier, Notes archéologiques, p. 4 ; Dom Bebin, Manuscrit, p. 41 verso. — Vœux émis par le congrès, p. 545.

19. Les quatre basiliques majeures sont Saint-Jean de Latran, la première est la plus ancienne église du monde, Saint-Pierre du Vatican, Saint-Paul-hors-les-murs et Sainte-Marie-Majeure [respectivement San Giovanni in Laterano, San Pietro in Vaticano, San Paolo fuori Le Mura et Santa Maria Maggiore]. — Lettre pastorale et mandement de Mgr François-Léon Gauthey, archevêque de Besançon, n° 18, 26 mai 1912, pp. 444 à 446.

20. L'abbé Albert-Alexandre-Jean-Baptiste Brun, né à Gouhens en 1862, vicaire à Delle, curé à Filain, puis à Evette et à Haut-du-Them, a été nommé en mars 1911 curé-doyen de Faverney. — Le pavillon et le beffroi ont été exécutés sur le modèle romain par les maisons Barbier et Annoual, si connues à Besançon, et la dépense assez considérable a été offerte gracieusement par un prêtre enfant de Faverney. — Voici la traduction de cette inscription latine : Basilique sacrosainte de Notre-Dame la Blanche.

21. Aux vacances de juillet 1914, M. le chanoine Vourron, éminent supérieur de cette section de philosophie du grand séminaire de Besançon si providentiellement établie, depuis octobre 1911, dans la splendide abbaye de Faverney, m'exprimait sa joie de constater le chiffre croissant de ses élèves qui dépassait déjà la soixantaine, et il prit alors les dispositions nécessaires pour augmenter le nombre des places dans sa jolie chapelle, ancienne salle capitulaire des bénédictins. Hélas ! la terrible guerre allemande a déjà réduit le nombre des élèves à vingt, et seul parmi les six professeurs est resté, grâce à son âge, M. le directeur Filloz, le docte professeur de philosophie depuis 30 ans.

22. Semaine religieuse de Besançon, 16 novembre 1912, pp. 1091 et 1092. — Lettre pastorale et mandement de Mgr Gauthey, n° 18, 26 mai 1912, p. 445.

23. Le accueil des Acta Apostolicæ Sedis du 30 mars 1912 contient les trois brefs d'élévation au titre de basilique mineure de : 1° l'église de Saint-Aimable à Riom (diocèse de Clermont) ; 2° l'église des Saints Ferréol et Ferjeux près de Besançon ; et 3° l'église paroissiale de Notre-Dame la Blanche ou Immaculée Conception à Faverney. — Semaine religieuse de Besançon, 16 novembre 1912, p. 1094.

24. Extrait du procès-verbal de reconnaissance de la Sainte-Hostie de Faverney, faite par Mgr Fulbert Petit, archevêque de Besançon, assisté de M. Humbrecht vicaire général, de M. de Jallerange chancelier et de M. le chanoine Mourot secrétaire général du congrès, le 10 décembre 1907 (Papiers curiaux de Faverney). — Résultats de la constatation que M. l'abbé Brun curé-doyen et moi-même nous avons faite alors en 1914.

25. Pour les détails sur l'antiquité de Notre-Dame la Blanche et sur l'attentat sacrilège, voir au chapitre 2 en 2° partie.

26. Pour les détails de la profanation de ce grand crucifix des moines, voir au chapitre 2 en 4° partie. — Mantelet, Histoire, p. 486. — Voir aux pièces justificatives n° XVIII le témoignage motivé et signé de M. l'abbé Alfred Molteni.

27. Pour les détails sur la grande dalle mortuaire du chœur, voir au chapitre 1 en 4° partie. — Pour compléter la description de l'église actuelle, je dois faire remarquer : 1° qu'aux extrémités du transept il y a deux petits autels: celui du côté de l'épître, vers la sacristie, est dédié à S. Joseph ; celui du côté de l'évangile est dédié à S. Jean-Baptiste et était l'antique baptistère. Sur ces autels latéraux ont été placées les deux anciennes statues de S. Bénigne et de Notre-Dame qui, avant le congrès de 1908, se dressaient aux côtés du maître-autel. — 2° Sur les pilastres de l'entrée du chœur sont apposés deux petits tableaux de réelle valeur : contre le pilastre de la chapelle de la Vierge, c'est S. Jérôme se frappant la poitrine avec un caillou du Jourdain ; contre le pilastre de la Sainte-Chapelle, c'est la Vierge à l'Enfant Jésus. D'une main la Madone tient la boule du monde, et sur l'autre main repose le divin Enfant bénissant l'univers. J'ignore leur auteur. — 3° Le petit Christ sur le tabernacle du maître-autel offre cette particularité que sa tête n'est pas couronnée d'épines. Il est en ivoire et mesure 0,33 m. de longueur ; il a une fort belle expression et a été restauré très habilement par M. le curé de Cubry-lès-Faverney.

28. Pour la description de ce magnifique ostensoir, chef-d'œuvre de l'orfèvre parisien Chertier, voir au chapitre 2 en 5° partie. — Ce premier reliquaire-monstrance avait été établi par le même Chertier à Paris sous le curé Clerc, comme souvenir du pèlerinage de 1878. — L'ancien ostensoir possédait un nœud où l'on plaçait en avant, dans une sorte de tube, la Sainte-Relique de 1608. C'est M. le chanoine Lefranc qui est l'heureux possesseur de ce tube. — La parcelle de la Vraie Croix est «placée dans l'intérieur d'une petite croix de crystal qui est enchâssée dans une autre croix d'argent hachée de deux pieds». Ce grand et beau reliquaire a été apporté à Faverney par Claude-François Mirlin, ex-religieux Frère Amand, ex-religieux récollet, dernier gardien et supérieur en 1791 du couvent des Récollets de Paris, bâti au faubourg Saint-Laurent par Marie de Médicis, seconde épouse du roi Henri IV. J'ai vu l'attestation par écrit et par serment, authentiquée par l'archevêque Claude Le Coz à Vesoul, le 17 novembre 1803 (23 brumaire an XII). — Voici les noms des 58 saints dont les 66 reliques reposent dans le trésor : 1° Saintes Agathe, Julie, Marguerite, Agnès, Gertrude, Anne, Thérèse, Monique, Barbe, Françoise de Chantal, Victoire, Compagnes de Ste Ursule, Sabine, Juconde, Colette, Thècle, Paule, et un fragment du voile de la Sainte Vierge ; 2° Saints Edmond, Florian, Antide, Modeste, Innocents, Maximin, Félicien, Félicissime, Benoît, Ferréol ou Ferjeux, Louis de Gonzague, Berchmans, Denis, François de Sales, Clément, Placide, Sébastien, Pierre de Tarentaise, Déodat, Agapit, Prudent, Antoine, Alban, Valère, Ursin, Candide, Léon, Didier, Claude, Crescent, Césaire, Prothade, Louis IX, Vital, Légion thébaine, Fortunat, Valbert et Narcisse. Les authentications sont conservées dans les archives curiales de Faverney. — Dans le reliquaire-monstrance de Faverney qui sert actuellement de reliquaire paroissial, j'ai trouvé le lundi 15 septembre 1913, dans le tube de cristal de ce reliquaire, selon les renseignements que m'avait donnés en 1908 le défunt curé-doyen Cramillet, un rouleau composé d'un fragment de vieille soie damassée et enfermée dans une gaine de carton rouge, visible à travers le dit tube en cristal. J'ai développé le fragment de soie où se trouvait un papier jauni et ancien, sans inscription apparente. Dans ce vieux papier j'ai découvert : 1° un fragment de marbre 0,01 m. cube ; 2° un fragment de bois chêne de 0.02 m. de longueur et d'une forme triangulaire ; 3° deux petits papiers roulés, sans écriture visible et portant 1 et 2. Dans le papier 1 se trouve un fragment, large de 0,01 m., d'une sorte de molleton noir. Ce sont sans doute des reliques du bois et du marbre du reposoir de 1608 ; mais il n'y a aucune preuve certaine jusqu'à ce jour.

29. Fanny de Poinctes-Gevigney, Faverney et sa sainte hostie, pp. 5, 127 et 129. — Voir aux pièces justificatives n° XIX les conditions et les indulgences de la confrérie de la Sainte-Hostie.

30. Gauthier, Notes archéologiques, p. 8.

31. Compte rendu du congrès, p. 234.

32. Gauthier, Notes archéologiques, p. 28. — En exprimant ces idées un peu hardies, je ne suis que le fidèle écho des pensées d'un fervent religieux franc-comtois, le R. P. Marie-Auguste Leclerc, ancien vicaire de Dole et membre des plus actifs des Augustins de l'Assomption à l'Alumnat de Le Bizet en Belgique. — Pour l'incendie de 1726, voir au chapitre 1 en 4° partie.

33. Mgr Besson, Discours, 9 juin 1862, p. 14.


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