LA VEUVE AVARE ou À TROMPEUR TROMPEUR ET DEMI :
proverbe dramatique de Louis Carrogis, dit Carmontelle.
PERSONNAGES |
M. RENAUD DU BOULOIR, avocat. |
Mme DE RUPERT, veuve. |
LE CHEVALIER DE SAINT-RIEUL. |
LAPIERRE, laquais de M. du Bouloir. |
La scène est dans le cabinet de M. du Bouloir.
SCÈNE I.
M. DU BOULOIR, LAPIERRE.
M. DU BOULOIR.
Lapierre ?
LAPIERRE.
Monsieur ?
M. DU BOULOIR.
Est-il venu quelqu'un ?
LAPIERRE.
Oui, Monsieur : cette veuve qui demeure ici près, Mme, Mme...
M. DU BOULOIR.
Ah ! Mme de Rupert ?
LAPIERRE.
Oui, Monsieur, et puis M. le chevalier de Saint-Rieul.
M. DU BOULOIR.
Saint-Rieul ?
LAPIERRE.
Oui, Monsieur.
M. DU BOULOIR.
Je ne le connais pas.
LAPIERRE.
Ils reviendront tous les deux. Ah ! tenez, voilà déjà M. le chevalier.
SCÈNE II.
M. DU BOULOIR, LE CHEVALIER.
M. DU BOULOIR.
M. le chevalier, voulez-vous bien vous donner la peine d'entrer !
LE CHEVALIER.
M. du Bouloir, je suis bien votre serviteur.
M. DU BOULOIR.
Asseyez-vous donc, Monsieur, s'il vous plaît. (Ils s'asseyent.)
LE CHEVALIER.
Monsieur, je suis capitaine d'infanterie, par conséquent très peu riche : mais j'avais un oncle qui devait l'être beaucoup, parce qu'il était l'aîné de notre famille et qu'il a toujours vécu dans la plus grande économie.
M. DU BOULOIR.
Il est donc mort ?
LE CHEVALIER.
Oui, Monsieur, il y a six mois. On m'a mandé qu'il n'avait rien laissé : c'est ce qui fait que
je ne me suis pas pressé de venir ; mais, comme il mangeait fort peu, je ne comprends pas ce qu'est devenu son bien.
M. DU BOULOIR.
N'a-t-on pas fait un inventaire à sa mort ?
LE CHEVALIER.
Oui, Monsieur, mais on n'a rien trouvé.
M. DU BOULOIR.
En ce cas-là, Monsieur, vous ne pouvez rien demander.
LE CHEVALIER.
Non, vraiment.
M. DU BOULOIR.
Mais à qui a été le peu qu'il y avait ?
LE CHEVALIER.
À sa veuve, car il n'a jamais eu d'enfants.
M. DU BOULOIR.
À sa veuve ? Cela devient différent.
LE CHEVALIER.
Oui, monsieur, d'autant qu'elle est très avare.
M. DU BOULOIR.
Il y a tout lieu de croire que c'est elle qui retient ce qui devait vous revenir de votre
oncle.
LE CHEVALIER.
Je le crois comme cela.
M. DU BOULOIR.
Mais son bien, de quelle nature était-il ?
LE CHEVALIER.
En très bonnes terres : mais tout cela a été vendu, et je crains qu'en l'attaquant elle ne
réponde que tout a été dissipé du temps de mon oncle.
M. DU BOULOIR.
C'est sûrement ce qu'elle répondra, s'il n'y a point eu de remplacent des fonds provenus
de la vente de ces terres.
LE CHEVALIER.
Je n'ai point d'argent à manger à plaider, ainsi je suis fort embarrassé.
M. DU BOULOIR.
Vous devez l'être en effet.
LE CHEVALIER.
Voilà pourquoi je m'adresse à vous, Monsieur, parce que vous êtes voisin de Mme de Rupert,
et que...
M. DU BOULOIR.
Quoi ! C'est Mme de Rupert ?
LE CHEVALIER.
Oui, Monsieur, c'est la veuve en question.
M. DU BOULOIR.
Mme de Rupert est très avare, et si elle a envie de vous frustrer je ne suis pas étonné qu'elle
n'ait pas voulu placer ces fonds. Il pourrait très bien se faire, si l'on n'a point de connaissance d'acquisitions, de contrats, que tout ce bien ne soit qu'en argent ou en papiers.
LE CHEVALIER.
Et comment le savoir ?
M. DU BOULOIR.
C'est très difficile, car c'est là le secret des avares et ils ne le confient à personne.
LE CHEVALIER.
Il n'y a donc aucune ressource ?
M. DU BOULOIR.
Non, si vous êtes sûr qu'il n'y a ni fonds ni contrats que l'on connaisse.
LE CHEVALIER.
Ah ! Monsieur, je suis un homme perdu !
M. DU BOULOIR.
Comment ! ne pouvez-vous pas vivre dans l'emploi que vous avez ?
LE CHEVALIER.
S'il n'y avait que moi, ce ne serait rien : mais, n'ayant plus de ressources, plus d'espoir
d'avoir rien de la succession de mon oncle, je vais faire le malheur d'une personne que j'aime... Ah ! Monsieur, elle en mourra de désespoir !
M. DU BOULOIR.
Vous ne l'épouserez pas, et elle n'en mourra pas : il n'y a que vous à plaindre dans ce
cas-là.
LE CHEVALIER.
Si j'étais seul, j'aurais bientôt fini mon sort. Vous ne savez pas à quel point je suis malheureux : Monsieur, mon état est affreux !
M. DU BOULOIR.
Vous m'épouvantez.
LE CHEVALIER.
J'ai grand besoin de vos conseils, de vos secours... Je crains d'être poursuivi...
M. DU BOULOIR.
Quelle affaire avez-vous ?
LE CHEVALIER.
Monsieur, en arrivant à Arras où nous sommes en garnison, j'y devins amoureux d'une demoiselle qui est réellement charmante.
M. DU BOULOIR.
À Arras ?
LE CHEVALIER.
Oui, Monsieur.
M. DU BOULOIR.
J'y connais beaucoup de monde.
LE CHEVALIER.
Eh bien ! Monsieur, c'est la fille du receveur des tailles.
M. DU BOULOIR, avec étonnement.
Mlle de Piremont ?
LE CHEVALIER.
Oui, Monsieur : son père est-il de vos amis ?
M. DU BOULOIR.
Beaucoup.
LE CHEVALIER.
Ah ! Monsieur, ne nous trahissez pas, je vous en conjure !
M. DU BOULOIR.
Achevez, achevez.
LE CHEVALIER.
N'ayant point de bien, je ne pouvais espérer de l'obtenir, mais cela ne put diminuer mon amour : j'espérais encore de mon oncle, quoiqu'il n'eût jamais répondu à toutes les lettres que je lui ai écrites, lorsque j'appris sa mort, et en même temps qu'il ne m'avait rien laissé.
M. DU BOULOIR.
Eh bien !
LE CHEVALIER.
Les moyens que nous avions pris pour nous voir, Mlle de Piremont et moi, nous ont plongés
dans un abîme affreux.
M. DU BOULOIR.
Comment ?
LE CHEVALIER.
Elle est devenue grosse : la crainte d'être exposée à la colère de ses parents et son désespoir si je ne voulais l'en sauver en l'enlevant m'ont déterminé à m'enfuir avec elle à Paris, où nous sommes depuis huit jours, et tout prêts à mourir de misère, si vous ne trouvez pas quelque moyen de nous en tirer.
M. DU BOULOIR.
Monsieur, je n'abuserai pas de votre confiance en moi, et je ne vous ferai point de reproches sur le malheur où vous avez entraîné une malheureuse personne que vous dites que vous aimez. Mais savez-vous à qui vous parlez ?
LE CHEVALIER.
Monsieur...
M. DU BOULOIR.
À son oncle, au frère de M. de Piremont.
LE CHEVALIER.
Ah ! Monsieur, faites de moi ce qu'il vous plaira, mais je vous en supplie, ayez pitié de votre malheureuse nièce : qu'elle ne soit pas la victime de mon imprudence. Je me jette à vos pieds. (Il s'y jette, et M. du Bouloir le relève.)
M. DU BOULOIR.
Monsieur, que faites-vous ? Asseyez-vous et écoutez-moi.
LE CHEVALIER.
Ah ! Monsieur...
M. DU BOULOIR.
Les regrets ne feront rien à ce qui est arrivé : voyons le parti qui nous reste à prendre pour tout réparer. Il faut savoir s'il n'y a pas moyen de rien tirer de Mme de Rupert. Je crois en imaginer un. Vous connaît-elle ?
LE CHEVALIER.
Non, Monsieur, je ne me suis point présenté à elle avant de savoir si j'avais droit de lui
demander.
M. DU BOULOIR.
À la bonne heure : si je ne réussis pas, je me charge de tout arranger vis-à-vis de mon frère, d'une façon ou d'autre. Je suis garçon, je ne veux point me marier, j'ai du bien, je le donnerai à ma nièce à condition qu'elle vous épousera.
LE CHEVALIER.
Quoi ! Monsieur !
M. DU BOULOIR.
Point de remerciements...
SCÈNE III.
M. DU BOULOIR, LE CHEVALIER, LAPIERRE.
LAPIERRE.
Monsieur, Mme de Rupert est là qui demande à vous parler.
M. DU BOULOIR.
C'est justement elle que j'attendais. M. le chevalier, entrez dans ce cabinet : vous en sortirez quand je vous appellerai.
LE CHEVALIER, voulant remercier M. du Bouloir.
Monsieur, permettez...
M. DU BOULOIR.
Ne perdons pas de temps. Entrez, entrez là-dedans. (Le chevalier entre dans le cabinet.) Toi, Lapierre, quand je frapperai du pied, tu entreras en criant au feu, et tu diras qu'il est chez l'épicier qui demeure à côté de Mme de Rupert.
LAPIERRE.
Oui, Monsieur.
M. DU BOULOIR.
Tu te tiendras ici dessous : tu entendras bien ?
LAPIERRE.
Oh ! ne vous embarrassez pas.
M. DU BOULOIR.
Allons, fais entrer Mme de Rupert : ne dis rien à personne de cela.
LAPIERRE.
Non, non, Monsieur. Madame, donnez-vous la peine d'entrer. (Lapierre sort quand Mme de Rupert est entrée.)
SCÈNE IV.
M. DU BOULOIR, Mme DE RUPERT.
Mme DE RUPERT.
Je ne sais, Monsieur, si j'ai l'honneur d'être connue de vous ?
M. DU BOULOIR.
Oui, Madame, sûrement : j'ai cet honneur-là. Voulez-vous bien vous asseoir !
Mme DE RUPERT, s'asseyant.
Monsieur, je n'entends point du tout les affaires : j'ai très peu de bien, je suis une pauvre veuve, bien à plaindre ; le petit que j'avais, mon mari l'a mangé.
M. DU BOULOIR.
C'est très fâcheux, Madame : il ne fallait pas y consentir. Pour une femme raisonnable comme vous, il est étonnant que vous ne l'ayez pas empêché.
Mme DE RUPERT.
Monsieur, il est vrai, je l'aurais dû, mais un mari que l'on aime est toujours le maître. Je
lui avais apporté en mariage deux cent mille francs.
M. DU BOULOIR.
Et il ne vous reste plus rien ?
Mme DE RUPERT.
Monsieur, je n'ai eu ni mes reprises ni mon douaire, et je suis réduite à vivre de très peu
de chose.
M. DU BOULOIR.
Mais il n'était pas dissipateur.
Mme DE RUPERT.
Monsieur, non : du moins on ne le croyait pas, et il est vrai que ce n'est pas le luxe qui
nous a ruinés, mais de mauvaises affaires qu'il a faites toute sa vie, parce qu'il n'y entendait rien et qu'il a toujours été trompé par des fripons.
M. DU BOULOIR.
C'est très malheureux.
Mme DE RUPERT.
Sa dernière passion, qui a achevé de nous ruiner, a été sa chimie. On lui avait fait accroire
qu'il ferait de l'or, et l'on a mangé tout ce qu'il avait en opérations réitérées, et quand on a vu qu'il n'avait plus rien, on l'a abandonné.
M. DU BOULOIR.
Que vous reste-t-il donc?
Mme DE RUPERT.
Environ deux mille francs de rente viagère, et voyez, Monsieur, comment répondre avec cela à un neveu qui prétend que son oncle est fort riche. On dit qu'il va arriver : je n'entends point les affaires et je suis très inquiète.
M. DU BOULOIR.
Mais le bien de votre mari était en contrats, en terres sans doute, ainsi que le vôtre ?
Mme DE RUPERT.
Oui, Monsieur, mais tout cela a été vendu.
M. DU BOULOIR.
S'il ne reste rien en nature absolument, son neveu ne peut rien avoir.
Mme DE RUPERT.
Non !
M. DU BOULOIR.
Sûrement.
Mme DE RUPERT.
On m'avait dit...
M. DU BOULOIR.
Sur quoi voulez-vous qu'il vous attaque si vous êtes en règle ? Si vous avez fait un inventaire, vous le lui présenterez, et s'il veut se porter héritier, il faudra qu'il commence par vous donner tout ce qui vous revient.
Mme DE RUPERT.
Vous avez bien de la bonté de me tranquilliser, mais ne me fera-t-il pas des frais, toujours ? S'il va me faire un procès sur ce qu'il me croit plus riche que je ne suis ?
M. DU BOULOIR.
Quand il le gagnerait, si vous n'avez rien, il n'aura rien.
Mme DE RUPERT.
En ce cas-là je ne le crains pas.
M. DU BOULOIR.
Et vous avez raison. (Il frappe du pied.)
Mme DE RUPERT.
Monsieur, je vous ai bien de l'obligation de m'avoir tranquillisée : je sens que j'ai bien
fait de venir vous consulter.
SCÈNE V.
M. DU BOULOIR, Mme DE RUPERT, LAPIERRE.
LAPIERRE, criant sans paraître.
Au feu ! au feu ! au feu !
Mme DE RUPERT, effrayée.
Ah ! mon Dieu ! qu'est-ce que c'est que cela ?
M. DU BOULOIR.
Où allez-vous donc ? Attendez.
LAPIERRE, entrant.
Au feu ! au feu ! au feu !
SCÈNE VI.
M. DU BOULOIR, Mme DE RUPERT, LAPIERRE, LE CHEVALIER.
M. DU BOULOIR.
Lapierre, qu'est-ce que c'est ? (Il fait signe au chevalier qui a ouvert la porte.)
LAPIERRE.
Eh ! Monsieur, c'est le feu qui est chez l'épicier ici près.
Mme DE RUPERT, éperdue.
Ah ! mon Dieu ! c'est à côté de chez moi. Je suis perdue ! (Elle veut s'en aller.)
M. DU BOULOIR.
Non, non, Madame, restez ici : nous allons voir à sauver vos effets.
Mme DE RUPERT.
Eh ! Monsieur, ils seront perdus, brûlés avant qu'on ait pu les découvrir !
M. DU BOULOIR.
Nous les trouverons, Monsieur et moi. (Le chevalier sort du cabinet.)
Mme DE RUPERT.
Non, Monsieur, c'est dans l'épaisseur du mur, de l'argent, des papiers : laissez-moi aller,
je vous prie.
M. DU BOULOIR.
Comptez sur moi.
Mme DE RUPERT.
C'est toute ma fortune : il y a six cent mille francs, messieurs.
M. DU BOULOIR.
Tranquillisez-vous, ce ne sera peut-être rien.
Mme DE RUPERT.
Eh ! Messieurs, je veux y aller absolument.
M. DU BOULOIR.
Je vous dis que vous n'avez rien à craindre : vous voyez bien qu'on n'entend pas de bruit.
Mme DE RUPERT.
Tout est peut-être volé.
M. DU BOULOIR.
Tenez, voyez à la fenêtre : il n'y a pas la moindre apparence de feu.
Mme DE RUPERT.
Ah ! Monsieur.
M. DU BOULOIR.
Lapierre ! qu'est-ce que c'est que ce feu ! Il n'y a rien, n'est-ce pas? (Il lui fait signe de dire que non.)
LAPIERRE.
Non, Monsieur, ce n'est rien.
Mme DE RUPERT.
C'est-il bien vrai, mon garçon ?
LAPIERRE.
Oui, Madame.
Mme DE RUPERT.
Ah ! mon Dieu ! que j'ai eu de peur ! Je veux aller voir toujours.
M. DU BOULOIR.
Madame, il n'y avait point de feu du tout, si vous voulez que je vous dise : ceci n'est qu'une plaisanterie et qui tournera sûrement à bien.
Mme DE RUPERT, étonnée.
Comment ?
M. DU BOULOIR.
Oui, j'étais pénétré de douleur de voir qu'une honnête femme comme vous était réduite à avoir si peu de quoi vivre, et, pour m'assurer que vous disiez vrai, je vous ai fait donner cette alarme.
Mme DE RUPERT.
Quoi, Monsieur, vous êtes capable d'une trahison pareille ?
M. DU BOULOIR.
Madame, ce n'est pas un crime aussi grand que celui de vouloir retenir le bien d'autrui.
Mme DE RUPERT.
Monsieur...
M. DU BOULOIR.
Vous avez avoué, dans l'inquiétude où vous étiez, que vous aviez six cent mille francs en argent et en papiers.
Mme DE RUPERT.
Moi ?
M. DU BOULOIR.
Oui : il n'est plus temps de dissimuler, il faut nous en donner absolument la moitié.
Mme DE RUPERT.
Mais, monsieur, c'est un dépôt.
M. DU BOULOIR.
Eh bien ! si c'est un dépôt, je m'en vais faire mettre le scellé chez vous et vous faire renfermer jusqu'à ce que ceux à qui il appartient se présentent : voyez, déterminez-vous.
Mme DE RUPERT.
Monsieur, on n'use point comme cela de violence.
M. DU BOULOIR.
Pardonnez-moi : on a ce droit vis-à-vis de ceux qui veulent nous ôter ce qui nous appartient. D'ailleurs, voilà monsieur, qui est le neveu de votre mari, il est le maître d'en user avec vous comme il lui plaira.
Mme DE RUPERT.
Quoi ! vous êtes le chevalier de Saint-Rieul ?
LE CHEVALIER.
Oui, Madame.
Mme DE RUPERT.
Où me suis-je fourrée !
LE CHEVALIER.
Madame, consentez à ce que vous propose M. du Bouloir ; ceci sera un secret, si vous le
voulez.
Mme DE RUPERT.
Mais, messieurs, si j'ai dit six cent mille francs, il n'y a pas cela, je me suis trompée.
LE CHEVALIER.
Eh bien ! nous partagerons.
Mme DE RUPERT.
Je ne vous donnerai jamais trois cent mille francs.
M. DU BOULOIR.
En ce cas, on mettra le scellé comme je vous ai dit, et puis vous n'aurez que ce qui
vous revient de droit.
Mme DE RUPERT.
Allons, messieurs, venez chez moi puisqu'il le faut absolument.
M. DU BOULOIR.
Cela vaudra mieux que de plaider, Madame.
Mme DE RUPERT.
Ah ! mon Dieu ! pourquoi suis-je venue ici ? (Elle sort.)
LE CHEVALIER.
Quelles obligations ! quels services !...
M. DU BOULOIR.
Vous êtes mon neveu. Finissons cette affaire sans perdre un instant : nous irons chercher
ma nièce après, et j'aurai la satisfaction de faire votre bonheur à tous deux ; ne serais-je pas bien récompensé ? Allons, allons. (Ils sortent.)
FIN.
[Notes]
1. Louis Carrogis (1717-1806), dit Carmontelle : La Veuve avare, représentation en 1768 chez Mme la marquise de Mauconseil, Bagatelle, France [voir le site CESAR (Calendrier électronique des spectacles sous l'Ancien Régime et sous la Révolution), où vous trouverez des informations relatives aux pièces, aux personnes et aux lieux de représentation qui ont constitué le théâtre français aux 17ème et 18ème siècles].
2. Source : Carmontelle, Vingt-Cinq Proverbes Dramatiques, Paris, Rion, 1878 ; par erreur, l'éditeur y attribua cinq de ces proverbes à d'autres auteurs, dont Louis-François Archambault, dit Dorvigny.
3. Transcription par Dr Roger Peters [Home Page (en anglais)].
[Février 2008]