MUSIQUE EN DOUBLE AVEUGLE
[Éditée par Dr Roger Peters.]

[Aimable lecteur, je vous présente cet extrait autonome de la pièce nommée Paradies-Konzert ; Salice, Flora (lycéenne aveugle), M. le père Richelieu (proviseur du Lycée Villiers à La Rochelle), Pierre Aramis, Ralph Pattullo et Dr Stuart sont six personnages dans la pièce principale.]

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SCÈNE. 19 h 00 Le théâtre du Lycée Villiers. Le personnel enseignant et la plupart des lycéens sont assis dans le public ; devant le rideau, Salice (avec ses notes du souffleur) est assise «côté jardin», Flora (avec ses notes du souffleur en braille, son chien d'aveugle et sa canne blanche) est assise «côté cour», et M. le père Richelieu est debout au centre de la scène...

M. RICHELIEU.
Bienvenue... ... Il y a deux ans, un groupe d'étudiants du Lycée Villiers et de Narkover College s'est déshonoré ; d'une part, parce qu'ils ont simulé une scène d'exécution dans Les trois Mousquetaires de Milady qui était très dangereuse, et d'autre part, parce qu'ils ont joué une plaisanterie musicale qui était de mauvais goût. (Son ton est dédaigneux.) Quoi qu'il en soit, exactement les mêmes étudiants, avec l'aide de leurs pairs, tenteront de se racheter ce soir... Alors, sans plus de cérémonie, permettez-moi de vous présenter un «divertissement musical» de Pierre Aramis et Ralph Pattullo. (Applaudissements préliminaires du public pendant que Richelieu descend de la scène. Puis : )

SALICE.
Bonsoir, mesdemoiselles et messieurs... Un avant-propos bref... Comme on pourrait s'attendre, notre divertissement musical inclut une petite mesure de la liberté de l'artiste : néanmoins, nous vous assurons de la vraisemblance de tous les personnalités réels et de la plupart des dates. Et la musique ? Ça va de soi, bien sûr !... Alors, nous présentons :

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MUSIQUE EN DOUBLE AVEUGLE
de Pierre Aramis du Lycée Villiers
et Ralph Pattullo de Narkover College.
[En anglais : Double-blind Music]

[Derrière le rideau, un claveciniste joue la sonate de Johann Schobert «Op.5 n°2» tout au long et au-delà les narrations suivantes.]

NARRATRICE [FLORA].
Leopold Mozart, le père de Wolfgang Amadeus, est mort le 28 mai 1787. Étant donné son rôle principal qu'il a joué dans le développement et la carrière de son fils, de l'enfance à la pleine maturité, c'est tout à fait curieux que Wolfgang n'a pas manifesté de signes extérieurs de chagrin lorsqu'il a appris de la mort de son père, le 31 mai ; seulement un post-scriptum à une lettre à Herr Gottfried von Jacquin, rédigé comme suit : ... «Je t'informe qu'en rentrant chez moi aujourd'hui, j'ai reçu des nouvelles tristes de la mort de mon père très bien-aimé. Tu peux imaginer l'état de mon esprit». ... C'est tout ! Dès lors, rien : pas de messe ; pas d'élégie ; pas de mémorial... Rien ? Pas nécessairement, parce qu'il y a une anomalie inexpliquée de cette période : à savoir, la première composition que Wolfgang a achevée, suite à la triste mort de son père, était Ein musikalischer Spass, ou, en français, Une Plaisanterie musicale.

NARRATRICE [SALICE].
Le docteur Stuart, professeur de science à Narkover, en Angleterre, a suggéré que cette composition pourrait être une lamentation inhabituelle, uniquement appropriée et intensément personnelle pour son père bien-aimé ; In Memoriam, pour ainsi dire. ... En effet, une telle parodie plaisante a plusieurs précédents historiques ; par exemple, en 1747, Jean-Baptiste Forqueray a publié une pièce de clavecin, La Forqueray, qui a pu être écrite comme un hommage aux talents exceptionnels de son père, Antoine, qui est mort en 1745... La suggestion du bon docteur est certainement plus crédible que «la sagesse reçue» — c'est-à-dire, une parodie caustique des œuvres et des usages des «petits-maîtres» — en partie parce que cette composition est parsemée de l'humour et des motifs de la musique de son père ; exemplifiés par la Sinfonia de chasse, la Sinfonia burlesque, le Voyage musical en traîneau, Le Mariage paysan et la Sinfonia pastorale... Néanmoins, il y a une mise en garde à la suggestion indiquée auparavant ; soit, Wolfgang a achevé le premier mouvement de cette composition vers la fin 1786, d'après une partition préliminaire qu'il a commencé probablement vers la fin 1785. Ceci dit, aucun de ces faits n'est accablant parce qu'il a souvent mis ses compositions «en cours» de côté. En effet, on aurait noté que ses œuvres existantes incluent beaucoup de partitions inachevées ; deux exemples sont la Grande Messe de 1782 et le Requiem de 1791, deux œuvres qui comportent plusieurs passages de la pièce liturgique la plus importante de son époque — c'est-à-dire, le Requiem de François-Joseph Gossec, écrit en 1760... Quoi qu'il en soit, à moins que le destin n'en décidât autrement, l'énigme resterait. Par la séréndipité, cette décision ne devrait jamais dépendre des caprices du destin.

NARRATRICE [FLORA].
Récemment, un collectionneur reclus d'antiquités a découvert quelques documents non catalogués de la fin du dix-huitième siècle dans un marché aux puces. Ces documents sembleraient provenir des archives de L'institution des Enfants Aveugles ; ce petit atelier, fondé par Valentin Haüy en 1786, était le premier du monde créé spécifiquement pour les aveugles. À ce jour, malheureusement, ce collectionneur n'a pas permis que ces documents soient examinés à fond pour établir leur authenticité. En conséquence, étant donné son attitude, que ce soit prudente ou philistine, nous vous conseillons de faire preuve d'une mesure de scepticisme sain à propos de nos reconstitutions partielles...

NARRATRICE [SALICE].
Alors,... une forme d'expression toute nouvelle prend son essor au milieu du dix-huitième siècle, destinée à dominer définitivement les mouvements de l'inspiration musicale et littéraire ; après l'Aufklärung — le «rationalisme» — c'était l'Empfindsamkeit — la «sensibilité» — qui a entraîné les créateurs dans les profondeurs de l'âme et son irrépressible exaltation : voici bien l'embryon du «romantisme»... Mais, comme dit le proverbe : «on ne peut pas vivre d'amour et d'eau fraîche» ! Par conséquent en France, et ailleurs, les précurseurs et les pionniers de ces mouvements ont sollicité le mécénat qui était disponible seulement dans les salons les plus prestigieux des riches désœuvrées ; par exemple, celui du Grand-Prieur de France, Louis-François de Bourbon, le prince de Conti. Et, chez lui au Temple, vers le 27 juin 1766, on a des raisons de croire qu'une soirée a pu se dérouler avec les personnes suivantes :

NARRATRICE [FLORA].
Madame la comtesse de Boufflers et Mademoiselle la comtesse de Tessé, ses deux maîtresses. — M. Barthélémy Ollivier, son peintre officiel. — M. Michel Corrette, compositeur, auteur des 15 méthodes instrumentales, et organiste du Temple. — M. Valentin Haüy. — M. François-Joseph Gossec de Hainaut, le chef de l'orchestre du prince, compositeur aux talent divers et partisan infatigable de la musique de ses contemporains tout au long la deuxième moitié du dix-huitième siècle. — M. Jean-Claude Trial, violoniste, M. François-Joseph Haina de Prague et M. Jean Rodolphe de Strasbourg, deux cornistes, et Herr Johann Schobert de Silésie, claveciniste-compositeur de l'orchestre, qui est mort une année plus tard, dans la fleur de son âge, empoisonné par champignons de forêt. — Herr Leopold Mozart d'Augsburg, compositeur et l'auteur de la première méthode de violon qui a connu un succès mondial. — Enfin, M. Joseph Boulogne de la Guadeloupe, un mulâtre, plus connu comme M. le chevalier de Saint-George[s], séducteur, virtuose de l'épée et violoniste-compositeur ; à propos, au moins l'un des personnages principaux dans plusieurs romans historiques d'Alexandre Dumas est, en partie, un composite de tous les deux le bon chevalier et le père mulâtre du romancier.

[Rideau se lève. Un salon somptueusement meublé. Après que le soliste (Schobert) ait fini la sonate (environ 17 minutes au total), les invités applaudissent poliment ; puis ils déambulent. Disposition résultante ad libitum, sauf au devant côté cour, où Ollivier et Leopold Mozart sont debout et Mme de Boufflers est assise. Mme de B. est sur le point de s'adresser à Ollivier, qui n'a pas l'air dans son assiette.]

Mme de BOUFFLERS.
Cher Ollivier,... je sens que votre tempérament d'artiste délicat a été froissé ? [Son ton est taquin.]

OLLIVIER.
Non, Madame, pas exactement. [Son ton est un peu altier.] Néanmoins, Herr Mozart, ici présent, vient de m'informer que ses deux enfants ne seront pas chez nous ce soir ! [Son ton est un peu vexé.]

Mme de BOUFFLERS.
Euh !... Monsieur Mozart, c'est vrai ?

LEOPOLD MOZART.
Oui, Mme la comtesse.

Mme de BOUFFLERS.
Quel dommage, parce que mon cher Ollivier avait espéré faire une autre tableau de tous les deux, pour compléter celui qu'il vient de peindre... Ô ! Ma foi, je m'oubliais ; je suis désolée... Vos chers enfants ne sont pas malades ? [Son ton est vraiment inquiet.]

LEOPOLD MOZART.
Heureusement, non, Madame. Simplement tous les deux ont été fatigués. Comme vous savez, le petit Wolfgang a tendance à devenir surexcité...

Mme de BOUFFLERS.
Entre nous-mêmes, l'absence de Wolfgang est particulièrement décevante parce que M. Gossec m'a informé que, depuis votre dernière visite à Paris, il a écrit plusieurs œuvres pour orchestre ; des sinfonias et ce genre de choses.

LEOPOLD MOZART.
Oui, Madame, de tels morceaux sont nettement à la mode.

Mme de BOUFFLERS.
De qui par exemple ?

LEOPOLD MOZART.
Heu,... À part de moi-même, il y a Herr Michael Haydn, mon collègue à Salzbourg, Herr Josef Haydn, son frère aîné, Herr Christian Bach à Londres, le meilleur ami de mon fils, Herr Cannabich de Mannheim et, bien sûr, M. Gossec lui-même...

Mme de BOUFFLERS.
Eh bien voilà ! [Elle soupire d'une manière résignée.] Mais j'aurais aimé écouter l'une de ses compositions récentes.

LEOPOLD MOZART.
Ah ! Il y a pas de problème, Madame, parce que j'ai dans mes bagages un morceau qu'il a écrit en mars dernier à La Haye.

Mme de BOUFFLERS.
C'est splendide ! Il l'a composé tout par lui-même ?

LEOPOLD MOZART.
Non, Madame ; pas complètement. Comme de bien entendu, il fait quelques maladresses ; après tout, il apprend toujours.

Mme de BOUFFLERS.
Oui, je comprends... Monsieur, pour écouter ce morceau plus tard, auriez-vous l'obligeance d'aller le chercher ?

LEOPOLD MOZART.
Oui, Madame, mon plaisir. [Il salue gracieusement ; puis il avance vers une porte...]

Mme de BOUFFLERS.
Maintenant, mon cher Ollivier, dites-moi : savez-vous où sont M. le prince et Mlle de Tessé ?

OLLIVIER.
Ô !... ...

Mme de BOUFFLERS.
C'est tout !?... Un «Ô !» ?

OLLIVIER.
Madame, je suis la discrétion même.

Mme de BOUFFLERS.
Oui, et «la prudence est mère de sûreté» : je sais ! [Son ton est un peu impatient ; puis il adoucit.] Cependant, mon cher Ollivier, je veux seulement une réponse simple à une question simple.

OLLIVIER.
Oui, Madame, je vous prie de m'excuser. Je crois qu'ils prennent l'air dans le jardin.

Mme de BOUFFLERS.
Mmm ?... Et je sens qu'il y a de l'orage dans l'air !...

[Un orchestre et deux solistes (vielle ; musette) jouent la sinfonia de Leopold Mozart «Le Mariage paysan» ; à l'achèvement, environ 13 minutes plus tard, les invités applaudissent poliment ; puis ils déambulent. Disposition résultante ad libitum, sauf au devant côté jardin, où Gossec et Saint-George sont debout et Mme de Boufflers est assise. Gossec est sur le point de s'adresser à Mme de B.]

GOSSEC.
Madame la comtesse, permettez-moi de vous présenter M. de Saint-George, gendarme de la garde du Roi.

Mme de BOUFFLERS.
Cher Gossec, enfin ! Vous m'avez obligé à attendre bien trop long avant de faire la connaissance de cet écuyer célèbre. [Son ton de reproche feint s'ajoutant d'un sourire gentil. Puis elle se tourne vers l'écuyer — qui deviendra, quelques années plus tard, «le Chevalier».] Bienvenue, Monsieur.

SAINT-GEORGE.
Merci mille fois, Madame ; tout le monde sait que M. le prince et vous sont deux mélomanes vrais. Mes hommages les plus profonds. [Il salue gracieusement.]

Mme de BOUFFLERS.
Charmant et galant ; quelle combinaison agréable, Monsieur. J'ai écouté plusieurs fois vos interprétations ravissantes au violon, chez La Popelinière et chez le duc d'Orléans, et je sais que votre premier maître au violon était le défunt M. Leclair : mais, j'aimerais savoir ce qui a suscité votre intérêt pour la musique...

SAINT-GEORGE.
Je crois qu'il a dû être la belle voix de ma mère, puis les encouragements de mon père ; mais, durant ces cinq dernières années, bien sûr, M. de la Boëssière m'avait soutenu.

Mme de BOUFFLERS.
Ô !... C'est un maître d'armes, sûrement ?

SAINT-GEORGE.
Vous avez tout à fait raison, Madame ; le meilleur en France, à mon avis. Quoi qu'il en soit, mon maître bien-aimé croit que l'étude de plusieurs sujets est indispensable au jeune gentilhomme.

Mme de BOUFFLERS.
Quoi par exemple ?

SAINT-GEORGE.
Heu,... Les mathématiques, la géographie, l'histoire, les langues vivantes, la danse, la musique,... [Il y a une toux discrète de Gossec.]

GOSSEC.
Excusez-moi l'interruption, Madame, mais le bon écuyer doit jouer bientôt l'un des premiers fruits de sa muse.

Mme de BOUFFLERS.
Et, je crois, aussi l'un des premiers de son instruction à l'art de composition par vous-même !? [Son ton est taquin et chaleureux à la fois.]

GOSSEC.
C'est juste, Madame. D'où, bien qu'un peu impertinent, mon impatience doit sembler compréhensible.

Mme de BOUFFLERS.
La mienne aussi ! [Tous les deux sourient. Puis elle se tourne vers l'écuyer.] Alors, Monsieur, voudriez-vous accorder, s'il vous plaît ?

SAINT-GEORGE.
Oui, Madame. [Il salue gracieusement ; puis il avance vers les trois autres membres d'un quatuor à cordes...]

Mme de BOUFFLERS.
Maintenant, mon cher Gossec, dites-moi : pensez-vous que cet écuyer soit assez talentueux pour gagner en matière de musique ?

GOSSEC.
Sans doute, Madame ; certainement, je crois que sa vocation vraie est la musique. [Son ton est énigmatique.]

Mme de BOUFFLERS.
Mmm !? Je sens un «mais» dans votre réponse. Peut-être vous pensez qu'il deviendra une victime de la jalousie ou de la couleur de sa peau ou... ?

GOSSEC.
Non, Madame, quoique les deux choses soient dans le domaine du possible... Il y a simplement plus d'exigences de son temps.

Mme de BOUFFLERS.
Quoi par exemple ?

GOSSEC.
Heu,... La chasse, la danse et, en particulier, l'escrime ; il est le meilleur escrimeur du royaume, comme vous savez. Bien, une telle renommée s'étend ; et, en effet, à ce moment, «la jeunesse dorée» est en train de lui conseiller vivement de se mesurer au meilleur escrimeur en Italie.

Mme de BOUFFLERS.
Le célèbre Signore Faldoni, n'est-ce pas ?

GOSSEC.
C'est bien cela, Madame...

Mme de BOUFFLERS.
Eh bien voilà ! [Elle soupire d'une manière résignée.] Seul l'avenir nous le dira...

[Un quatuor (Chevalier, 1e violon) joue le quatuor à cordes de Saint-George «Op.1a n°1» ; à l'achèvement, environ 7 minutes plus tard, les invités applaudissent poliment ; puis ils déambulent. Disposition résultante ad libitum, sauf au devant côté cour, où Corrette et Leopold Mozart sont debout et la comtesse de Tessé est assise. Mlle de T. est sur le point de s'adresser à Corrette.]

Mlle de TESSÉ.
Ah ! Monsieur Corrette et Herr Mozart, tout à l'heure j'ai observé que vous étiez plongés dans une discussion ; «un complot espiègle», sans doute ! [Son ton est taquin.]

CORRETTE.
Ô !? Mademoiselle la comtesse, à mon âge avancé ? Ça serait trop beau ! [Tous les trois prennent part aux rires.] Nous discutions seulement de l'usage des airs traditionnels et des instruments folkloriques en musique.

Mlle de TESSÉ.
Je vois... Quoi par exemple, M. Mozart, s'il vous plaît ?

LEOPOLD MOZART.
Comme vous avez écouté dans mon morceau de musique plus tôt, Mademoiselle, la vielle à roue et la musette.

Mlle de TESSÉ.
Heu,... Mais d'où vous vient cet intérêt spécial dans ces instruments, M. Corrette ?

CORRETTE.
Aucun intérêt particulier, en ce moment-ci, Mademoiselle. Mais, dans ma jeunesse, ils étaient à la mode ; et donc, pour les deux j'ai écrit des méthodes instrumentales et plusieurs compositions pour les amateurs.

Mlle de TESSÉ.
Vous composez toujours ?

CORRETTE.
Oui, Mademoiselle ; mais surtout pour l'orgue.

Mlle de TESSÉ.
Et vous-même, M. Mozart ?

LEOPOLD MOZART.
Un peu, oui, Mademoiselle ; mais, de plus en plus je me consacre à l'éducation de mon fils, Wolfgang.

Mlle de TESSÉ.
Ah ! À propos, il y a deux ans j'ai été vraiment honorée par sa dédicace de ces sonates pour clavecin avec accompagnement de violon. Vous le remercierez pour moi ?

LEOPOLD MOZART.
Bien sûr, Mademoiselle ; je sais qu'il sera très content. Et maintenant, hélas, je dois vous abandonner.

Mlle de TESSÉ.
Pourquoi, Monsieur, s'il vous plaît ?

LEOPOLD MOZART.
Parce que je viens de voir, Mademoiselle, du coin de l'œil, Mme de Boufflers m'indiquer son désir que je dirige le prochain morceau de musique ; qui, à propos, inclut quelques airs traditionnels de néerlandais.

Mlle de TESSÉ.
C'est bien !... Et, le compositeur ?

LEOPOLD MOZART.
Ah ! Mon fils, Wolfgang... Votre serviteur, Mademoiselle. [Il salue gracieusement ; puis il avance vers l'orchestre.]

[Un orchestre joue la sérénade de Wolfgang Mozart «Galimathias musicum» ; à l'achèvement, environ 5 minutes plus tard, les invités applaudissent poliment ; puis ils déambulent. Disposition résultante ad libitum, sauf au devant côté jardin, où le prince de Conti et V. Haüy sont debout et la comtesse de Tessé est assise. Le prince est sur point de s'adresser à la comtesse.]

PRINCE DE CONTI.
Ma chère Mademoiselle, Mme de Boufflers a décidé d'élargir notre cercle de connaissances. Et, donc, il est mon plaisir de te présenter ce beau jeune homme,... heu,... [Il se tourne vers V. H.] M. Valentin Haüy, si ?

VALENTIN HAÜY.
C'est bon, Monsieur le prince. [Puis il se tourne vers Mlle de T.] Mademoiselle la comtesse, c'est vraiment un honneur pour moi de faire votre connaissance.

Mlle de TESSÉ.
Comme c'est charmant ! Merci, Monsieur... Et maintenant, parlez-moi un peu de vous-même, s'il vous plaît.

VALENTIN HAÜY.
Oui, Mademoiselle ; je suis né dans une famille de tisserands d'un petit bourg en Picardie... Heu,... Parce qu'ils sont assez aisés, ils m'ont permis de compléter mon éducation à Paris à l'université, comme René, mon frère aîné... ...

Mlle de TESSÉ.
Oui, Monsieur, et là ?

VALENTIN HAÜY.
Ah !... J'ai fait des études classiques ; et j'ai acquis la pratique du latin, du grec, de l'hébreu et de plusieurs langues vivantes... ...

Mlle de TESSÉ.
Alors, je présume que vous êtes expert en traductions ?

VALENTIN HAÜY.
Oui, Mademoiselle...

Mlle de TESSÉ.
De quoi ?

VALENTIN HAÜY.
Les documents des hommes d'affaires ; ce genre de choses...

Mlle de TESSÉ.
Monsieur, je vous loue sans réserve pour votre modestie très convenable — c'est un tel signe sûr d'un gentilhomme bien élevé — mais, essayer de obtenir votre vie,... eh bien, c'est comme essayer de faire parler un muet ! [Son ton de reproche léger s'ajoutant d'un encouragement.]

VALENTIN HAÜY.
Je suis désolé, Mademoiselle. Mais, comme on dit,... nous autres bourgeois simples... [Il pousse un soupir et il fait un geste d'innocence feinte ; puis il sourit.]

Mlle de TESSÉ.
Mais, je vois, pas d'esprit simple ! [Tous les deux rient doucement.] Alors, Monsieur, que faites-vous comme loisirs ?

VALENTIN HAÜY.
Inévitablement, je suppose, mes moments de loisir sont peu nombreux. Pourtant, je m'intéresse d'abord aux sourds-muets et à l'œuvre de M. l'abbé Michel de l'Épée, en particulier.

Mlle de TESSÉ.
Pourquoi ça, Monsieur ?

VALENTIN HAÜY.
Comme vous savez déjà, peut-être, il y a environ dix ans, ce philanthrope généreux a fondé la première école en France pour ces déshérités ; soit, L'institution des Sourds-Muets. Bien, j'aide... [Elle interrompt.]

Mlle de TESSÉ.
Pardonnez-moi l'interruption, Monsieur, mais tout d'un coup j'ai rendu compte que ma remarque sur les muets était de mauvais goût ; je m'excuse vraiment.

VALENTIN HAÜY.
Peu importe, Mademoiselle. [Son ton est bienveillant ; puis il soupire.] Malheureusement, chaque langue est libéralement parsemée d'expressions maladroites... ...

Mlle de TESSÉ.
Excusez-moi, vous disiez donc,... ça vous aidez là ?

VALENTIN HAÜY.
Ah ?... Oui ! En enseignant l'alphabet manuel aux élèves ; en les encourageant à parler ; et... [Il observe que le prince regarde sa montre de gousset.] Misère !... Monsieur, je vois que vous regardiez votre montre ; si je vous ai ennuyé, je me confonds en excuses. [Son ton est contrit.]

PRINCE DE CONTI.
Pas du tout, mon brave. [Son ton est enjoué.] Seulement, l'heure passe ; et je crois que Mlle la comtesse a un autre rendez-vous à une bergerie.

VALENTIN HAÜY.
Ô ! Alors, Mademoiselle, vous vous intéressez aux affaires pastorales ?

Mlle de TESSÉ.
Ma foi ! L'innocence simple de la jeunesse. [Elle sourit.]

PRINCE DE CONTI.
Mmm !?... Ou, peut-être, l'innocence feinte de la jeunesse ? [Puis il fait un signe de la tête au domestique, qui commence de souffler les bougies en scène. Rideau tombe.]

Entracte (obligato)

[Derrière le rideau, un fortepianiste joue la sonate de J. C. Bach «Op.17 n°5» tout au long et au-delà les narrations suivantes.]

NARRATRICE [SALICE].
Comme ce siècle s'est avancé, ces salons étaient l'hôte d'un mélange de plus en plus éclectique des «roues» molles, des dilettantes et des professionnels. Par exemple, vers le 20 août 1778, au château à Villers-Cotterêtes du duc d'Orléans et son épouse morganatique, la marquise de Montesson, on a des raisons de croire qu'une soirée a pu se dérouler avec les personnes suivantes :

NARRATRICE [FLORA].
M. Gossec. — M. Trial. — Herr Wolfgang Mozart. — Herr Baron Friedrich Grimm de Regensburg, le mécène le plus important de Wolfgang durant le premier deux tiers de sa courte vie. M. Valentin Haüy. — M. l'abbé René-Just Haüy, créateur de la cristallographie et savant. — M. de Saint-George[s]. — M. le capitaine Choderlos de Laclos, le co-librettiste du premier opéra du Chevalier ; et, un peu plus tard, en 1782, l'auteur des Liaisons dangereuses, écrit pendant qu'il supervisait la construction des fortifications améliorées sur l'île d'Aix, près de La Rochelle,... contre les Anglais : qui d'autre !? — Signore Giuseppe Cambini de Livourne, l'un des compositeur-violonistes les plus appréciés de son temps ; à propos, comme de bien entendu, c'était Gossec qui a facilité son entrée dans la vie musicale parisienne. — Herr Johann Christian Bach de Leipzig, le plus jeune fils de Johann Sebastian, et l'un des compositeur-clavecinistes les plus appréciés de son temps ; à propos, le jugement sur un procès, au éditeur non autorisé, en faveur de Chrétian, a établi la base des droits du compositeur dans la législation anglaise. — Dr Benjamin Franklin de Philadephie, le polymathe prééminent du Nouveau Monde du dix-huitième siècle, auteur et éditeur, séducteur, co-rédacteur de la Déclaration d'indépendance des États-Unis d'Amerique en 1776, et l'inventeur du poêle, des lunettes à double foyer, du paratonnerre, de l'armonica de verre et tant de chose encore. — Mr John Adams de Massachusetts, un autre co-rédacteur de la Déclaration et, plus tard, le deuxième président des États-Unis. — Herr Doktor Mesmer de Vienne, le médecin controversé ; à propos, un peu plus tard, en 1784, sa «théorie du magnétisme animal» serait repoussée par une commission royale d'enquête conduite par Franklin et dont les savants ont inclus Antoine Lavoisier, le chimiste, et Joseph Guillotin, le médecin. — Enfin, Miss Cecilia Davies et Miss Marianne Davies de Londres, deux nièces anglaises de Franklin ; la première, une chanteuse de talent et l'aide soignante pour Marianne, sa sœur aveugle ; et cette dernière, une claveciniste et une virtuose de l'armonica de verre.

[Rideau se lève. Un autre salon somptueusement meublé. Après que le soliste (J. C. Bach) ait fini la sonate (environ 9 minutes au total), les invités applaudissent poliment ; puis ils déambulent. Disposition résultante ad libitum, sauf au devant côté cour, où V. Haüy et R. Haüy sont debout et Marianne Davies est assise. Marianne est sur le point de s'adresser à R. Haüy.]

MARIANNE DAVIES.
Monsieur l'abbé, dites-moi :... il est vrai que M. le docteur Mesmer est un invité ce soir ? [Son ton est énervé.]

RENÉ-JUST HAÜY.
Oui, Mlle Marianne... Heu,... Parce que votre si belle voix a quelque chose de tendu, aurais-je raison de croire que vous le tenez en basse estime ?...

MARIANNE DAVIES.
Entre nous-mêmes ? [Elle chuchote.]

RENÉ-JUST HAÜY.
Oui, Mademoiselle. [Son ton est entendu.] Je vous assure de la discrétion absolue de tous les deux mon frère et moi-même. [Puis il s'adresse à V. Haüy.] Valentin, d'accord ?

VALENTIN HAÜY.
Oui, René ; bien sûr... ... Mademoiselle,... alors ?

MARIANNE DAVIES.
Ah !... Eh bien, à mon avis, il est à peine un charlatan. [Son ton est acerbe et dédaigneux à la fois.]

RENÉ-JUST HAÜY.
C'est surprenant, parce que sa bonne réputation... [Elle coupe la parole à R. H.]

MARIANNE DAVIES.
Bôf !... Ô ! Je suis vraiment désolée, Monsieur. Pardonnez-moi l'interruption ?

RENÉ-JUST HAÜY.
Votre serviteur, Mademoiselle... Mais, ce n'était point la peine de s'excuser ; pour moi, je vois que vous tenez quelques intimes opinions au sujet du docteur, si ?

MARIANNE DAVIES.
C'est juste, Monsieur... Plus tôt cette année, à Vienne, il était nettement vain dans le traitement de ma bonne amie, Mlle Paradies... Certainement, il ne faut pas prendre sa «théorie du magnétisme animal» pour argent comptant !...

VALENTIN HAÜY.
Heu,... Mademoiselle, excusez mon indiscrétion, mais quelle maladie est-ce que votre amie souffre ?

MARIANNE DAVIES.
Pas une maladie : mais, comme moi, elle est aveugle.

VALENTIN HAÜY.
Et, depuis combien d'années la connaissez-vous ?

MARIANNE DAVIES.
Dès son plus jeune âge... Il y a environ neuf ans que nous avons joué du clavecin à quatre mains pour la première fois ; je suppose qu'elle aurait eu dix ans.

VALENTIN HAÜY.
Ah ! Vous étiez son enseignante alors ?

MARIANNE DAVIES.
Ma foi ! [Elle rit communicativement ; puis elle se reprend.] Pas du tout ; ça serait un cas vrai «des aveugles mènent les aveugles». [Les deux frères semblent un peu étonnés.] En fait, elle a eu plusieurs bons enseignants ; ceux-ci incluent le hautement apprécié Signore Salieri assez récemment...

RENÉ-JUST HAÜY.
Excusez-moi, Mademoiselle, mais, peu de temps avant, c'était un exemple du sens anglais d'humour bizarre ?

MARIANNE DAVIES.
Non, pas particulièrement ; bien que nous ayons tendance à se moquer de nous-mêmes. Et,... Chut !... Ah, oui ! Je crois que l'orchestre soit presque prêt ?

RENÉ-JUST HAÜY.
Hein ? [Il semble perplexe ; puis il regarde autour de lui.] Ah ! Vous avez complètement raison : bravo !... Vous devrez avoir l'oreille fine ; à ce moment, M. de Saint-George est en train de discuter la partition avec le chef d'orchestre.

MARIANNE DAVIES.
Ça doit être le fameux Chevalier ?

RENÉ-JUST HAÜY.
Oui, Mademoiselle ; exactement le même.

MARIANNE DAVIES.
C'est bien ! [Puis elle s'adresse à V. H.] Voudriez-vous le décrire pour moi, s'il vous plaît ?

VALENTIN HAÜY.
Mon plaisir, Mademoiselle. [Puis il regarde en direction de Saint-George près de l'orchestre.] Voyons un peu : ... il va avoir quarante ans ; il est grand, je dirais qu'il fait à peu près six pieds ; ... il est mince, mais il a la carrure d'athlète ; et il est brun, comme un Créole... ...

MARIANNE DAVIES.
C'est tout ?

VALENTIN HAÜY.
Oui, Mademoiselle.

MARIANNE DAVIES.
Et, Monsieur, ça serait un exemple du sens français d'humour bizarre ? [Son ton est pince-sans-rire.] ...

VALENTIN HAÜY.
Ô !... Mademoiselle, qu'est ce que vous voulez dire par là, s'il vous plaît ? [Son ton est un peu mécontent.] Peut-être vous me moquez ou... [R. H. coupe la parole à V. H.]

RENÉ-JUST HAÜY.
Mon cher frère, où est ton sens d'humour !? [Cette question de reproche léger est suivie immédiatement par des rires chaleureux de R. H. et de Marianne.] ... Ou, peut-être, plus pertinemment, ton sens de la honte ! Tu as dessiné seulement une ébauche pour notre demoiselle charmante : tu n'as pas peint une image pour elle...

VALENTIN HAÜY.
Je me confonds en excuses, Mademoiselle. Néanmoins, d'après le prochain morceau de musique, je vous assure que je ferai une attention toute particulière à la description du bon chevalier par mon frère : avec ses dons d'observation, comme un savant, sans doute il peindra une image pour nous.

MARIANNE DAVIES.
Touché, Monsieur : bravo ! [Tous les trois prennent part aux rires.] ...

[Un orchestre et un soliste (Chevalier, violon) jouent le concerto pour violon de Saint-George «Op.3 n°1» ; à l'achèvement, environ 17 minutes plus tard, les invités applaudissent poliment ; puis ils déambulent. Disposition résultante ad libitum, sauf au devant côté jardin, où Laclos, Franklin et Adams sont debout ; Franklin porte sa toque de trappeur, selon sa coutume tout au long de son séjour en France. Laclos est sur le point de s'adresser à Franklin.]

LACLOS.
Mon cher Franklin, comme tu sais, il y a plusieurs ans, tes deux nièces charmantes — [D'une manière gracieuse, il agite son mouchoir de soie en direction de Cecilia et puis Marianne.] — se sont surpassées aux noces de duc de Parme et l'archiduchesse d'Autriche, avec leur interprétation d'une cantate de Signore Hasse ; L'Armonica, si ?

FRANKLIN.
Oui, mon cher Laclos, c'est ça.

LACLOS.
Eh bien, pendant... [Adams interrompt.]

ADAMS.
Pardonne-moi cette interruption, mon ami, mais ça aurait été à Schönbrunn, à Vienne... heu,... en 1769 ?

LACLOS.
Oui, mon cher Adams ; ça devrait aller. [Puis il s'adresse à Franklin ensuite.] Bien, pendant ce temps, parce que tu t'es été occupé des affaires d'état et... [Adams coupe la parole à Laclos.]

ADAMS.
Des liaisons passionnées ? [Son ton est espiègle.]

LACLOS.
Monsieur, non ! [Son ton est gêne.] Loin de moi cette idée. Donc, où en étais-je ?... ... Parbleu ! J'ai perdu le fil de mes pensées ! [Son ton est énervé.]

ADAMS.
Cher ami, je t'en prie de m'excuser. [Son ton est contrit.]

LACLOS.
Peu importe, mon ami ; je me souviens le vif du sujet. [Puis il s'adresse à Franklin ensuite.] Notre hôtesse gracieuse a persuadé tes nièces de donner une représentation ce soir de la même cantate ! [Franklin rougit de plaisir anticipé.]

FRANKLIN.
C'est merveilleuse !... Elle est très généreuse de nature.

LACLOS.
C'est juste. En effet, un peu de bonne heure ce soir, elle a été faite plaisir à écouter un quatrain simple qui j'avais composé pour elle...

FRANKLIN.
Heu,... Cher Laclos, voudrais-tu le répéter pour nous ?

LACLOS.
Je suis désolé ; mais, la modestie l'interdit.

FRANKLIN.
Par contre, mon ami, la fausse modestie est une telle vertu inconvenante, non ? [Son ton est encourageant.] ...

LACLOS.
Très bien. [Son ton est résigné.] Dans l'antre du lion !...
«Soit en son cœur, soit en l'amour :
Notre charmante hôtesse est l'esprit de finesse.
Sans la peur, tous les jours :
Elle distribue la bonne sagesse.» ...

FRANKLIN.
Cher ami, je t'accuse d'un faux pas ! [Son ton est taquin.]

LACLOS.
En écrivant des vers de mirliton ? [Il rit doucement.]

FRANKLIN.
Ça va de soi !... Non pas «en hongrant un étalon pur-sang» : mais «en dorant le Roi Soleil».

ADAMS.
Bôf !... L'autre chemin pour contourner, sûrement ?

FRANKLIN.
Absolument pas !... Mmm ?... Ça, c'est une idée,... ou... ça aurait été !

LACLOS.
Chut, Messieurs, chut !... Il y a des espions partout. [Il chuchote ; puis, d'une manière discrète, il regarde autour de lui.] ...

FRANKLIN.
Mais, mon cher Laclos, nous devons être debout ensemble ?

ADAMS.
Ou, sûrement, nous pendrons séparément ! [Franklin et Adams éclatent de rire simultanément.] ...

LACLOS.
Quoi !?... [Il produit un tss-tss de désapprobation.] ... Je ne comprendrai jamais vous autres Américains. [Il regarde autour de lui encore.] Ah ! [Il pousse un soupir profond de soulagement.] On s'est sauvé. [Il agite son mouchoir de soie en direction de l'orchestre.] L'orchestre est sur le point de jouer...

[Un orchestre et deux solistes (Cécilia, soprano ; Marianne, l'armonica de verre) jouent la cantate de Hasse «L'Armonica» ; à l'achèvement, environ 27 minutes plus tard, les invités applaudissent poliment ; puis ils déambulent. Disposition résultante ad libitum, sauf au devant côté cour, où W. Mozart, J. C. Bach et Saint-George sont debout. Wolfgang est sur le point de s'adresser à Saint-George.]

WOLFGANG MOZART.
M. de Saint-George, permets-moi de te présenter mon plus vieil ami, M. Chrétian Bach.

SAINT-GEORGE.
Enchanté. Heu,... On se tutoie ?

J.-C. BACH.
Oui, mon cher Monsieur.

SAINT-GEORGE.
J'ai entendu que tu étais ici, à Paris, pour vérifier les chanteurs et les chanteuses pour ton nouvel opéra, Amadis des Gauls, qui est destiné à l'Académie royale de musique ?

J.-C. BACH.
Soit l'Opéra, oui ; l'année prochaine... Maintenant, avant que je n'oublie complètement, Mr Henry Angelo à Londres m'a demandé de te transmettre ses meilleurs respects.

SAINT-GEORGE.
Mais c'est extraordinaire ! Tu es un escrimeur aussi ?

J.-C. BACH.
Non, pas du tout ! [Son ton est enjoué.] En effet, avec ma ligne ample, tu dois plaisanter ! [Tous les trois prennent part aux rires.] Non, cet homme généreux entretient «une table ouverte» chez lui ; et je suis un invité fréquent...

SAINT-GEORGE.
Tu restes à Paris pour longtemps ?

J.-C. BACH.
Tristement, non. J'ai besoin de revenir à Londres parce que j'ai plusieurs engagements pressants ; en particulier, mon frère bien-aimé, Johann-Christoph, a laissé à moi le soin d'enseigner son fils, Wilhelm-Friedrich...

WOLFGANG MOZART.
Mon cher Chevalier,... M. le baron Grimm m'a raconté que les autorités t'ont envisagé comme le directeur de l'Opéra, il y a environ trois ans ?

SAINT-GEORGE.
C'est juste ; en effet, j'ai eu le soutien de Sa Majesté la Reine, elle-même. [Son ton devient triste.] Je crois que les chanteuses de la vénérable Académie royale de musique ont invoqué «leur honneur» pour dissuader les autorités de confier à un mulâtre la responsabilité de les diriger. [Il hausse les épaules et il soupire d'une manière résignée.]

WOLFGANG MOZART.
Tu n'as pas de participation à l'opéra alors ?

SAINT-GEORGE.
Si ; dans le théâtre de notre hôtesse gracieuse, la marquise, je dirige beaucoup de représentations ; par exemple, en mars dernier, Le Jugement de Midas de M. Grétry.

J.-C. BACH.
As-tu composé des opéras ?

SAINT-GEORGE.
Oui ; juste l'un à ce jour, nommé Ernestine, l'année dernière. Mais, malheureusement, c'était un échec lamentable !

WOLFGANG MOZART.
Pourquoi donc ?

SAINT-GEORGE.
Je ne sais pas, exactement ; il a été suggéré que ces parties du livret qu'ont été écrites par M. Laclos peut-être ont été... comment dirais-je avec délicatesse ?... heu,... pas particulièrement convenable. Quoi qu'il en soit, pour mon prochain opéra, La Chasse, j'ai les services exclusifs de M. l'abbé Desfontaines. Et, naturellement, mon cher Mozart, j'espère que tu assisteras à sa première cet octobre.

WOLFGANG MOZART.
Je suis désolé, mais je doute si je serai toujours à Paris.

SAINT-GEORGE.
Quoi ? J'ai eu l'impression de notre ami commun, M. le comte de Guines, que le poste d'organiste à Versailles avait été offert à toi ?

WOLFGANG MOZART.
C'est bon ; mais, entre nous-mêmes, je ne veux pas travailler dans ce hameau des morts vivants. [Son ton est dédaigneux.]

SAINT-GEORGE.
Oui, je comprends. Néanmoins, je sais vraiment que tous les mélomanes à Paris ont été captivés par les représentations de ta musique exquise au Concert Spirituel. Sans doute, la lumière baissera sans toi.

WOLFGANG MOZART.
Merci, mon cher Chevalier ; tu es très gentil.

J.-C. BACH.
Ô ! Mon cher ami, j'ai eu une impression différente ; c'est-à-dire, tu cherchais un poste à Mannheim ou à Munich ?

WOLFGANG MOZART.
Oui ; tu as raison aussi. [Son ton devient amer.] Bien que l'Électeur fût «compatissant», il m'a informé qu'il y a «pas d'embauche» ! [Puis son ton devient chaleureux.] Toutefois, malgré mes déceptions, j'ai passé un bon séjour chez Herr Cannabich à Mannheim ; et sa jolie fille, Rosa, était une élève très attentive.

SAINT-GEORGE.
Heu,... Que pense-tu de Herr Cannabich ?

WOLFGANG MOZART.
Ah ! Je ne taris pas d'éloges sur lui ! Il est le meilleur chef d'orchestre que j'ai jamais rencontré,... sauf votre respect, bien sûr,... et il... [J.C. Bach interrompt.]

J.-C. BACH.
Pardonne-moi l'interruption, mon ami, mais Signore Cambini est sur le point de jouer ton concerto pour violon...

[Un orchestre et un soliste (Cambini, violon) jouent le concerto pour violon de Wolfgang Mozart «KV211» ; à l'achèvement, environ 21 minutes plus tard, les invités applaudissent poliment ; puis ils déambulent. Disposition résultante ad libitum, sauf au devant côté jardin, où V. Haüy et R. Haüy sont debout et la marquise de Montasson est assise. Mme de M. est sur le point de s'adresser à V. Haüy.]

Mme de MONTASSON.
Monsieur Haüy, votre renommée comme un traducteur est bien méritée, naturellement, mais mon petit doigt aussi m'a dit que vous vous intéressez surtout aux déshérités ?

VALENTIN HAÜY.
Vous avez un mille fois raison, Marquise ; votre petit doigt est bien informé ! [Son ton est un peu espiègle. Elle rit doucement ; puis elle se reprend.] ...

Mme de MONTASSON.
Mais, toute plaisanterie mise à part, quand est-ce que vous vous êtes intéressé à leur détresse pour la première fois ?

VALENTIN HAÜY.
Je ne suis pas sûr ; je suppose... au début des années 60, d'après j'avais étudié quelques-unes des premières œuvres de M. Diderot. Pourtant, mon engagement plus profond a résulté d'une représentation singulière que j'ai assisté à la Foire Saint-Ovide, il y a environ sept ans ; en effet, laquelle m'a bouleversé et m'a indigné à la fois !

Mme de MONTASSON.
Qu'est-ce qui s'est passé ? [Son ton apaisant s'ajoutant d'un intérêt inquiet.]

VALENTIN HAÜY.
Bien, une dizaine de pensionnaires aveugles de l'Hospice des Quinze-Vingts — affublés de vêtements grotesques, et portant des lunettes opaques — ont exécuté au moyen d'instruments divers une musique discordante qui ont semblé exciter la joie des spectateurs.

Mme de MONTASSON.
Quelle scandale ! [Sa voix tremblote.]

VALENTIN HAÜY.
C'est juste, Madame. Dès ce moment-là, je me jurai de faire lire et écrire les aveugles pour leur rendre leur dignité !

Mme de MONTASSON.
Cette passion !... Monsieur, je vous souhaite bien. [Elle reconnaît le salut gracieux de V. H., puis elle s'adresse à R. H.] Et maintenant, M. l'abbé, que faites-vous comme loisirs ?

RENÉ-JUST HAÜY.
Ma chère Madame, moi ? [Il fait un geste en horreur feinte.] Je suis quand même trop occupé avec mes ouailles ?

Mme de MONTASSON.
Monsieur, vous me taquinez ? [À travers son monocle, elle regarde R. H. d'un air interrogatoire.]

RENÉ-JUST HAÜY.
Juste un peu, Madame. [Son ton est chaleureux.] En fait, j'ai conduit quelques expériences en cristallographie et en électricité sur des cristaux qui ont été découverts par M. Seignette, apothicaire de La Rochelle ; en effet, j'espère pouvoir de discuter mes résultats les plus récentes avec le docteur Franklin.

Mme de MONTASSON.
Pour quelle raison, Monsieur ?

RENÉ-JUST HAÜY.
Heu,... Parce que cet homme très éminent est bien informé de telles affaires...

Mme de MONTASSON.
Et maintenant, Monsieur, vous me taquinez avec un petit jeu de mots ? [Elle sourit.]

RENÉ-JUST HAÜY.
C'est juste, Madame ; oui, un peu. [Elle rit doucement ; puis elle soupire.]

Mme de MONTASSON.
Eh bien voilà !... Peut-être je suis devenue une figure de risée ?

RENÉ-JUST HAÜY.
Pas du tout, chère Madame : périssez la pensée !... Tout le monde sait que votre jolie «risette» est comme une petite «risée» de plus bon parfum. [Il salue gracieusement.]

Mme de MONTASSON.
Ma foi, M. l'abbé, vous êtes très galant. Merci... Hélas, je crois que vos discussions devront attendre jusqu'à un autre jour.

RENÉ-JUST HAÜY.
Et pourquoi, Madame, s'il vous plaît !? [Son ton est sévère feint. Elle rit doucement ; puis elle indique son éventail en direction de Franklin.]

Mme de MONTASSON.
Parce que le bon docteur dort à poings fermés ! Ô !? Quelle heure ? [Elle jette un coup d'œil à une horloge.] Ah, oui ! L'heure passe. Et, comme dit le lord Bacon : «on ne peut pas arrêter le temps». [Puis elle fait un signe de la tête au domestique, qui commence de souffler les bougies en scène. Rideau tombe.]

Entracte (obligato)

[Derrière le rideau, un fortepianiste joue le rondo de Wolfgang Mozart «KV511» tout au long et au-delà les narrations suivantes.]

NARRATRICE [SALICE].
Quoique le but de notre divertissement ne soit pas de donner même une vue plongeante sur la musique de ce siècle, nous serions décidément négligents ne pas attirer votre attention sur les apartés notables suivantes...

NARRATRICE [FLORA].
Pendant le dix-huitième siècle, Georg Telemann, Johann Hasse et Josef Haydn étaient les compositeurs qui ont été tenus en la plus haute estime par leurs contemporains ; par ailleurs, l'appellation neutre de «petits-maîtres» a été limitée pour la plupart aux instituteurs du village. Par contre, tout au long des dix-neuvième et vingtième siècles, une succession constante des arbitres autonommés «de la haute culture et du bon goût» ont affirmé que Johann Sebastian Bach et Wolfgang Mozart étaient les meilleurs compositeurs ; à quelques autres peuvent être accordés des mentions honorables ; et la grande majorité doit être désignée, avec une connotation péjorative, comme «petits-maîtres». De telles affirmations, qu'ont été accompagnées souvent par l'expression «l'Histoire a jugé», sont philistins parce qu'elles sont fondées sur une prémisse erronée ; soit, le filtrage tendancieux des faits mène à l'acquisition de l'édification, de la perspective équilibrée ou des connaissances. Alors qu'une telle prémisse sûrement ne pourrait jamais étancher un «soif de connaissance», ou, comme on dit en allemande, Wissensdrang.

NARRATRICE [SALICE].
Parce qu'il y a vraiment un nombre incalculable d'exemples qu'on pourrait citer d'illustrer la nature inique de cette prémisse erronée, nous nous limiterons à l'une tout à fait extraordinaire. À savoir, par rapport à Mozart, peu de gens n'aient accordés jusqu'ici plus qu'une note de bas de page aux œuvres de Saint-George. Mais, pourquoi ça ? Est-ce que des tests en aveugle de leurs œuvres comparables dans les mêmes genres — le quatuor à cordes, le concerto pour violon et la symphonie concertante — pendant la même période — de 1766 à 1778 — révéleraient Saint-George d'être réprouvé ou, peut-être, d'une manière beaucoup de plus inquiétante, tout le contraire ?...

NARRATRICE [FLORA].
Quoi qu'il en soit, en étant tellement plus jeune que Saint-George, Mozart a atteint inévitablement à sa pleine maturité artistique à une date plus tard. Certainement, suite à ses derniers séjours à Mannheim et à Paris, et coïncident avec le changement de la capitale culturelle de l'Europe de Paris à Vienne, la douzaine d'années dernières de sa courte vie étaient témoin d'une période d'intense créativité sans égal et de l'admiration sans réserve de ses pairs professionnels ; mais aussi, tristement, s'ajoutant des privations sévères et plusieurs tragédies personnelles... ...

[Rideau se lève. Un salon très pauvrement meublé. Après que le soliste (Wolfgang) ait fini le rondo (environ 10 minutes au total), Constanze, sa femme enceinte de sept ou huit mois, entre bruyamment d'une manière enthousiasmée ; elle tient une lettre cachetée à la cire. Puis : ]

CONSTANZE.
Wolfgang! [Elle s'arrête pour reprendre son souffle.] Der Postreiter hat ein Brief aus Paris zugestellt.

WOLFGANG MOZART.
Wie seltsam! Constanze, von wem ist dieser Brief?

CONSTANZE.
Ich weiss nicht. Ein Moment, bitte; ich schaue mal nach. [Elle enlève le cachet ; puis elle parcourt la lettre.] Ah! ... Der Brief ist auf Französisch geschrieben; von ... Herr Valentin Haüy!

WOLFGANG MOZART.
Bitte lese den Brief für mich vor, mein Liebling?

CONSTANZE.
Mit Vergnügen, meine Schatz. [Elle s'assied ; puis elle commence à lire à haute voix...]

L'institution des Enfants Aveugles, Paris.

Le 21 août 1786.

Mon cher Mozart,

Tu te me souviens ?... Oui ?... J'espère bien que oui ! Moi, je me te souviens bien ; en particulière ta musique splendide au Concert Spirituel et chez Mme de Montasson — en août ? 1778, un peu avant tu as besoin de rentrer chez toi suite à la triste mort de ta mère bien-aimée. Cela va sans dire que mon frère, René-Just, a dit une messe pour elle.

Puisqu'un ami commun, le baron Grimm, m'a informé que tu es en train de s'occuper avec ton nouvel opéra — Don Giovanni, non ? — je vais aller directement dans le vif du sujet.

J'ai attendu quinze longues années d'ouvrir un atelier pour les aveugles et, ce février, mes prières ont été répondues ! Ainsi, avec l'inspiration de M. Lesueur — mon élève le plus appliqué — et de Mlle Paradies — dont les interprétations, il y a environ deux ans, du concerto qui tu as écrit pour elle, ont ravi les oreilles de tous les mélomanes ici, et qui m'a permis le privilège salutaire de plusieurs discussions tête-à-tête — aussi bien que le soutien de quelques philanthropes et de l'Académie des Sciences, nous avons ouvert le premier atelier pour ces déshérités ; soit, L'institution des Enfants Aveugles.

La consécration suprême de cette institution se déroula à Versailles devant leurs Majestés gracieuses et la Cour, le 26 décembre. Naturellement, une telle présentation doit embellir par un morceau approprié de musique ; et, un autre ami commun, M. de Saint-George, m'a recommandé que je passe la commande à toi.

À propos, à ce moment, les absences répétées des salons du bon chevalier intriguent la société parisienne. On chuchote de drôle d'histoires en ville ; par ex., il fait les visites clandestines à Londres, peut-être en compagnie du chevalier d'Éon — ou de la «chevalière» ? d'Éon. Mais, pour moi-même, bien sûr, j'espère qu'il reprendrait sa musique : le plus tôt sera le mieux !

Dans l'attente de ta réponse, je te prie d'agréer, mon cher ami, l'expression de mes sentiments les meilleurs.

Valentin Haüy.

P.-S. M. Gossec m'a demandé de te transmettre ses respects et ses meilleurs vœux.

CONSTANZE.
Das ist alle, meine Schatz.

WOLFGANG MOZART.
Danke schön, mein Liebling. [Il a l'air de pensif ; puis, il commence de jouer quelques motifs sur le fortepiano qu'on se rappelle de «Ein musikalischer Spass» ; puis, il commence à improviser un peu de variations discordantes. Rideau tombe.]

NARRATRICE [SALICE].
Tristement, et très désespérément, les documents découverts récemment — à moins, ceux qu'ont été mis à la disposition de nous-mêmes — ne nous permettent pas de reconstituer plus loin, à dater de ce jour. Certes, le susnommé reclus a fait allusion à l'existence des fragments pertinents : mais, la prudence s'impose. Néanmoins, les preuves indirectes sont en accord avec cette hypothèse de travail : «Le morceau de musique nommé Une Plaisanterie musicale, en français, a été commandé à Herr Wolfgang Mozart par M. Valentin Haüy, à la mi-août 1786, pour la consécration de L'institution des Enfants Aveugles. Dès réception de la commande, Wolfgang a développé un fragment de 1785 en premier mouvement complet, mais il l'a mis de côté, peu de après, probablement parce qu'il a eu quelques exigences plus pressantes ; en outre, son fils nouveau-né, Johann, est mort en novembre. Lorsqu'il a appris de la triste mort de son père, le 31 mai 1787, peut-être se rappeler les deux la commande de Valentin Haüy et des conversations entendues par hasard à Paris en 1778, il a recommencé cette composition ; et il l'a achevé, le 14 juin.» Nous affirmons que cette hypothèse n'est pas controversée : mais, de même, nous acceptons que l'approbation répandue de son résumé implicite d'événements, réels ou non, dépendra de la découverte et de la diffusion de plus évidences de l'époque.

NARRATRICE [FLORA].
Quoi qu'il en soit, peu de gens ne seraient pas d'accord avec la convenance de cette composition «discordante» aux deux occasions ?... Ainsi, premièrement, Wolfgang honore et reflète aux réussites musicales de son père très bien-aimé pendant qu'il composait cette musique, et deuxièmement, six pensionnaires aveugles de L'institution — ont habillé comme quelques mendiants — honorent et s'identifient aux aveugles à la foire Saint-Ovide et ailleurs pendant qu'ils jouaient cette même musique devant la cour extravagante de Louis XVI : vraiment, les deux In Memoriam... ... Toutefois, «aimable écouteur», que pensez-vous de ce Sextuor pour musiciens de village ?...

[Rideau se lève. Un mobile électronique, qui est éteint, est suspendu du plafond de la scène. Sur la scène presque nue, il y a six chaises qui se sont occupées par six lycéens ont habillé comme quelques mendiants aveugles en France à la fin du dix-huitième siècle (deux violonistes, un altiste, un contrebassiste et deux cornistes) ; devant chaque lycéen est un pupitre à musique et une partition musicale qui est éclairée par une bougie électrique. Ils jouent «Ein musikalischer Spass» de Wolfgang Mozart ; à l'achèvement, environ 18 minutes plus tard, les bougies des musiciens sont éteintes, une par une ; immédiatement la dernière bougie est éteinte, le mobile est allumé de révéler, de droite à gauche, les majuscules écarlates T A G ; puis, il y a le silence depuis une minute. Rideau tombe.]

NARRATRICE [SALICE].
Nous aimerions clôturer avec notre paraphrase des versets 8 à 10 au chapitre 7 du livre de Zacharie...

NARRATRICE [FLORA].
La parole de Notre Seigneur apparut à Zacharie : «Exécute le jugement vrai et montre la clémence et la compassion à chacun de tes pairs ; et, n'opprime pas l'étranger, ou une minorité, ou les déshérités ; et, ne laisse pas personne avoir une seule mauvaise pensée sur ses pairs».

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Sélection des références
[Dans l'ADN, trois codons servent de signaux d'arrêt en fin d'assemblage de la séquence linéaire d'acides amines (la protéine) : TAA, TAG et TGA.]
Anon. : Recueils des documents non catalogués (2e tome), La Rochelle.
Bach, J. C. (1735-1782) : 6 Symphonies (Op.3 ; 1765) ; CPO 999268.
Bach, J. C. : Sonate pour Fortepiano en la majeur (Op.17 n°5 ; 1774) ; Chandos CHAN0543.
Bach, J. C. : Amadis des Gaules (opéra ; première à Paris, le 14 décembre 1779) ; Hänssler-Verlag CD98963.
Bauer, W. A., et al. (Eds.) : Wolfgang Amadeus Mozart: Briefe [no. 547] und Aufzeichnungen (Gesamtaugabe), Kassel, 1962-75.
Boulogne, J. (1739-1799) : Quatuor pour 2Vn., Alto et Vc. en ut majeur (1765-6 ? ; Op.1a n°1, à M. ... Robecq ; 1773) ; Arion ARN55425.
Boulogne, J. : Concerto pour Violon, 2Fl., 2Hb., 2Cor et Cordes en ré majeur (Op.3 n°1 ; 1774/5) ; Arion ARN68093.
Boulogne, J. : Ernestine et La Chasse (opéras ; premières à Paris, le 18 juillet 1777 et le 12 octobre 1778). [L'ouverture à La Chasse peut-être la sinfonia Op.9 n°2 (enregistrée chez Arion ; ARN55434).]
Cannabich, J. C. (1731-1798) : 24 Symphonies et Trios pour Orchestre (Op.1, 2, 3 et 4), Paris, 1766.
Corrette, M. (1709-1795) : 6 Concertos (musette/vielle ; Op.7), Paris, 1731.
Corrette, M. : 6 Concertos comiques (1733-56) ; Adès 205432.
Corrette, M. : L'école d'Orphée... (Op.18), Paris, 1738.
Dumas, A. (1802-1870) : Les trois Mousquetaires et Le Comte de Monte Cristo, Paris, 1844 et 1845.
Forqueray, J. (1699-1782) : Pièce de Clavecin en ré mineur (La Forqueray du Livre de Clavecin de Madame Forqueray ; 1747) ; Globe 6027.
Gossec, F.-J. (1734-1829 ) : 6 Symphonies (RH:1-6 ; Op.3), Paris, 1756.
Gossec, F.-J. : Messe pour SSTB, 2Fl., 2Hb., 2Cl., 2Cor, 2Bn., 2Tpt., 3Trbn., Timb. et Cordes (RH:501, Requiem ; 1760) ; Erato ECD75359.
Grétry, A.-M. (1741-1813) : Le Jugement de Midas (opéra ; première à Paris, le 28 mars 1778) ; Ricercar RIC06033 (extraits).
Guédé, A. : Monsieur de Saint-George, Actes Sud, Paris, 1999.
Halley, J. C. : Joseph Boulogne [Page d'accueil].
Hasse, J. A. (1699-1783) : Cantate pour Soprano, Armonica de verre, 2Hb., 2Cor, Cordes et continuo (L'Armonica ; 1769) ; Adda 581147.
Haüy, V. (1745-1822) : Essai sur l'éducation des aveugles, Paris, 1786.
Haydn, J. (1732-1809 ) : 21 Symphonies (H1:1-5,10,11,14,15,17-20,25,27,32,33,36,37,107,108 ; ‹1764) ; Decca 436428-2 et 436592-2.
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Laclos, P. C. de : Les Liaisons dangereuses, Paris, 1782.
Landon, H. (Ed.) : The Mozart Compendium, Thames & Hudson, London, 1990.
Maier, P. : American Scripture, A. Knopf, New York, 1997.
Mozart, L. (1719-1787) : Sinfonia pour Vielle à roue, Musette, 2Hb., 2 Bn., 2Cor, Cordes et continuo en ré majeur (Die Bauernhochzeit ; 1755) ; Sérénade pour 2Hb., 2Bn., 2Cor, 4Tpt., Timb., Cloches de traîneau, Cordes et continuo en ré majeur (Musikalische Schlittenfahrt ; 1755) ; et Sinfonie pour 2Alto, 2Vc. et continuo en sol majeur (Sinfonia Burlesca) ; Deutsche Grammophon 427122-2.
Mozart, L. : Sinfonie pour Cor de berger, 2Vn., Alto et continuo en sol majeur (Sinfonia Pastorella ; ‹1756) ; et Sinfonie pour 4Cor, Fusil de chasse, Cordes et continuo en sol majeur (Sinfonia da Caccia ; ‹1756) ; Dabringhaus und Grimm MDGL3085.
Mozart, L. : Versuch einer gründlich Violinschule, Augsburg, 1756.
Mozart, L. : 6 Symphonies (E.:D18,D26,F2,F6,G5,G7 ; ‹1761) ; CPO 999142.
Mozart, W. (1756-1791) : 2 Sonates pour Clavecin avec Violon (KV8 et KV9 ; Op.2, à la comtesse de Tessé ; 1764) ; Philips 438803-2.
Mozart, W. : Sérénade pour Clavecin, 2Hb., 2Cor, 2Bn. et Cordes en ré majeur (KV32, Galimathias Musicum ; 1766) ; Decca 452496-2.
Mozart, W. : Concerto pour Violon, 2Hb., 2Cor et Cordes en ré majeur (KV211 ; 1774/5) ; Decca 455721-2.
Mozart, W. : Symphonie pour 2Fl., 2Hb., 2Cl., 2Cor, 2Tpt., Timb. et Cordes en ré majeur (KV297, Paris ; 1778) ; Decca 452496-2.
Mozart, W. : Sonate pour Fortepiano en ut majeur (KV309, für Rosa Cannabich ; 1777) ; BIS CD837.
Mozart, W. : Messe pour SSTB, Fl., 2Hb., 2Bn., 2Cor, 2Tpt., 3Trbn., Timb., Cordes et Orgue en ut mineur (KV427, Grande Messe ; 1782) ; Philips 420210-2.
Mozart, W. : Concerto pour Fortepiano, Fl., 2Hb., 2Bn., 2Cor, et Cordes en si bémol majeur (KV456, für Maria Paradies ; 1784) ; Archiv 463111-2.
Mozart, W. : Rondo pour Fortepiano en la mineur (KV511 ; 1787) ; BIS CD894.
Mozart, W. : Sextuor pour 2Vn., Alto, Cb. et 2Cor en fa majeur (KV522, Ein musikalischer Spass ; 1787) ; Sony SK46702.
Mozart, W. : Il Don Giovanni (KV527, opéra ; 1786/7 ; la première à Prague, le 29 novembre 1787) ; Decca 425943-2.
Mozart, W. : Messe pour SATB, 2Cor de bt., 2Bn., 2Tpt., 3Tbrn., Timb., Cordes et Orgue en ré mineur (KV626, Requiem ; 1791) ; Philips 420197-2.
Ollivier, M.-B. (1712-1784) : Le Thé à L'Anglais ... du Temple à Paris, mai-juin 1766 ; La Réunion des Musées Nationaux, Paris.
Peters, R. : An Overview of Period Instrument CDs (1580-1830) [Fichier].
Peters, R. : Hat Wissensdrang Die Katze Getötet?, Eine Spinnwebe von Wissen? et Konsilienz: Die Kunst Für Die Wissende Katze? [Ressources pluridisciplinaires pour des lycéens anglo-saxons, y compris les pièces 1-6, 7 (Paradies-Konzert), 8 et 9, manuscrits inédits, 1996-2002] ; voir [Home page].
Schobert, J. (1735-1767) : Sonate pour Clavecin en fa majeur (Op.5 n°2 ; 1764) ; ASV Gaudeamus CDGAU172.
Smidak, E. : Joseph Boulogne, nommé chevalier de Saint-Georges, la Fondation Avenira, Lucerne, 1995.
Terry, C. S. (1864-1928) : John Christian Bach, Oxford University Press, 2nd Edition, 1967.
The Holy Bible, (Authorized) King James' Version, 1611 : Zec. 7:8-10.

[MM. Jean Claude Halley et Michael Donnan avaient la patience de lire le manuscrit et de corriger mes maladresses. Je les en remercie ici, tout en précisant qu'ils ne sont en aucune manière responsable du contenu, que j'assume entièrement.]