DÉPORTATION ET NAUFRAGE DE J. J. AYMÉ, EX-LÉGISLATEUR ;... [Une notice biographique de Jean-Jacques Aymé ; publiée par Maradan, Paris, 1800 ; transcrite et éditée par Dr Roger Peters.]
Introduction
Plus souvent qu'on le pense, les mémoires politiques trouvent un fragile équilibre entre le reportage sélectif et l'autojustification : l'exemple de Jean-Jacques Aymé ne fait certainement pas d'exception. Cela étant dit, sa notice biographique peut-être bien mérite l'attention de l'amateur de l'Histoire, et ce pour au moins deux raisons particulières :
D'une part, elle sert d'introduction brève à l'un des bouleversements les plus pénibles de l'époque révolutionnaire : la déportation des prêtres et des politiciens à la Guyane française, à la suite du coup d’État du 18 fructidor an V (4 septembre 1797). Et d'autre part, comme la table ci-dessous s'annonce, la plupart des événements décrits sont le genre de chose qu'on lit dans les romans historiques ; ainsi, on en vient à soupçonner qu'Alexandre Dumas aurait cassé sa plume d'oie à la simple pensée de mettre à profit cette source.
Dans cette transcription, j'ai scrupuleusement respecté l'orthographe de l'auteur pour toutes les citations [si bizarres soient-elles ; par exemple, «Conanama» et «Sinamary» (autrefois, des orthographes diverses pour tous les deux ; aujourd'hui, Counamama et Sinnamary), «Lafond-Ladebat» pour Laffond de Ladebat, «poulaillier» pour poulailler, «répi» pour répit, et ainsi de suite] : en revanche, pour le corps du texte, dans la mesure du possible et sans cérémonie, j'ai essayé de résoudre les petites anomalies textuelles et de standardiser l'orthographe et la typographie, divisé son ouvrage en chapitres, simplifié les tables de l'annexe, et enfin, ajouté les dates du calendrier grégorien, quelques bribes d'informations supplémentaires et une carte.
La transcription complète (daix4frc.htm : 375 kB ; format A4, 65 pages ; 1 carte) est aussi disponible chez une archive zippée (daix4fr.zip : 155 kb) comme chapitres séparés.
Chapitre 1 | LES PRÉLIMINAIRES. |
Chapitre 2 | LE VOYAGE ALLER. |
Chapitre 3 | LE SÉJOUR EN CAYENNE. |
Chapitre 4 | LE VOYAGE RETOUR. |
Annexe | L'ANNEXE. |
[Notes]
1. Aymé, J.-J., Déportation et naufrage de J. J. Aymé, ex-législateur ; suivis du tableau de vie et de mort des déportés, à son départ de la Guyane, avec quelques observations sur cette Colonie et sur les Nègres, Paris, Maradan, 1800. [Cet ouvrage ne contient aucune table des matières ; celle montrée ci-dessus a été établie pour cette transcription. À propos, l'auteur précise rarement l'année révolutionnaire ; simplement le mois et le jour.]
2. Jean-Jacques Aymé (1752-1818), dit Job Aymé, procureur-général-syndic du département de la Drôme (1790-1791) et plus tard deputé aux Conseil des Cinq-Cents, fut arrêté après Fructidor et déporté à la Guyane en mars 1798 ; il s'en échappa en octobre 1799. Quelques temps après son retour en France en mars 1800, il fut nommé directeur des Droits Réunis (impôts indirectes), d'abord dans le Gers et plus tard dans l'Ain.
3. Pour un récit de la première vague des déportations des prêtres, en 1794, voir celui de
Marie-Bon-Philippe Bottin, Récit abrégé des souffrances de près de huit cent ecclésiastiques français,... [en rade de l'île d'Aix du mars 1794 jusqu'au février 1795], Paris, Crapart, 1796 ; transcription (10 pages).
4. Pour une critique du rôle d'Aymé dans le Midi, voir Louis-Marie-Stanislas Fréron (1754-1802), Mémoire historique sur la réaction royale, et sur les massacres du Midi par le citoyen Fréron,..., Paris, Baudouin, 1824 ; spécifiquement pp. 65-74 [par exemple, page 70, «... Depuis 89, le départment de la Drôme, et particulièrement Montélimart, avait offert le modèle du patriotisme le plus pur et mieux soutenu. La sagesse, la douceur, la modération, l'humanité, un sincère attachment à la Révolution, y formaient le caractère du peuple. Job Aimé parvint par ses souplesses et par son influence à pervertir de si heureuses dispositions...» et, page 74, «... Job Aimé est Pierre l'hermite, et Lestang le Godefroy de cette croisade royale entreprise pour l'extirpation du républicanisme...»], et aussi pp. 307-324 [des pièces justificatives pertinentes ; fort curieusement, au pièce 20, il y a des références à «Aimé l'aîne... membre du conseil général...» et à «Aimé fils... officier de santé...»].
5. Pour les narrations plus détaillées de trois des survivants, voir : François Barbé-Marbois (1745-1837), Journal d'un déporté non jugé ou déportation en violation des lois, décrétée le 18 fructidor an V (4 septembre 1797), Paris, Firmin Didot, 1834 ; André-Daniel Laffond de Ladebat (1746-1829), Journal de ma déportation à la Guyane française (fructidor an V — ventose an VIII), Paris, Ollendorf, 1912 ; et Isaac-Étienne La Rue (1760-1830), Histoire du 18 fructidor ou Mémoires contenant la vérité sur les divers événements qui se rattachent à cette conjuration, précédés du tableau des factions qui déchirent le France depuis quarante ans et terminés par quelques détails sur la Guyane considérée comme colonie, Paris, Degouville et Poley, 1821.
6. Pour une biographie de Mme d'Audiffredi, voir Michel Sardet (1932-), De Cayenne à Rochefort : la prodigieuse aventure de Thérèse-Rose d'Audiffredi (1757-1837), colon de Guyane, Matoury, Ibis rouge, 2002.
7. Pour un site riche en renseignements au sujet du bagne de jadis en Cayenne, voir celui de Guy Marchal.
8. Voici une carte de l'ancienne colonie de la Guyane française :