«FAVERNEY, SON ABBAYE ET LE MIRACLE DES SAINTES-HOSTIES» ; 3e PARTIE - CH. 2


TROISIÈME PARTIE

Le Miracle des Saintes-Hosties conservées dans les flammes en 1608


CHAPITRE SECOND

Le miracle eucharistique de 1608

Au temps où Dom Maximilien de Gevigney était moine-sacristain du monastère, un personnage laïque, nommé Nicolas Bonhomme, autrefois cuisinier de Mgr l'archevêque de Besançon, avait obtenu de Rome, pour dix ans, le privilège des indulgences apostoliques en faveur de ceux qui visiteraient l'église abbatiale de Faverney «à un jour seulement de feste Penthecoste». Mais déjà aussi, durant ces dix ans, on avait exposé le Saint-Sacrement sur une table en forme de reposoir afin d'échauffer la dévotion des pèlerins envers la très sainte Eucharistie (1).

Quand Dom Jean Garnier, religieux à Faverney depuis 32 ans passés, fut en 1596 élevé par l'abbé Jean Doroz à la dignité de prêtre-sacristain, le privilège des indulgences de la Pentecôte était périmé ; et, comme d'une part les ressources de l'abbaye avaient été en grande partie ruinées par les ravages des soldats de Tremblecourt, et que d'autre part un des devoirs de sa charge était de pourvoir par les oblations des fidèles soit à la fourniture du luminaire d'église soit à la sonnerie des cloches, Dom Garnier avait donc sollicité en cour de Rome une nouvelle concession d'indulgences. Cette fois le Saint-Siège avait accordé un pardon de dix ans et quarante jours à gagner «au jour de feste Pentecoste et les deux jours fériés d'icelle». Ainsi en était-il depuis l'année 1604 (2).

Selon donc la coutume de «ces fêtes et cérémonies qui se faisaient pour échauffer la dévotion du peuple venant au gain des indulgences, le samedi veille dudit jour de feste Pentecoste 1608, vingt-quatrième jour du mois de May», Dom Prudent Chalon, âgé de vingt-huit ans, le plus jeune des six prêtres profès de l'abbaye, «célèbra la haute messe du jour au grand autel de l'église abbatiale et y consacra les deux hosties, selon la coutume de l'abbaye comme pour l'octave de la Fête-Dieu». Ce fut Dom Nicolas Noirot qui, remplissant l'office de diacre, «enserra à l'issue de la messe les deux hosties ensemble dans la lunette». C'étaient «des hosties dont on se servait ordinairement à l'abbaye, mais elles étaient rognées et rétrécies pour entrer» dans cette lunette au diamètre assez petit, mais dont «les vitres étaient assez distantes l'une de l'autre, et s'il n'y en avait deux, celle qui serait seule dedans branlerait trop» (3).

«Après le disné le sacristain prépara une table en forme d'autel au lieu accoutumé, et tout en joignant les gennes et clôture de fer... qui séparent la partie du grand autel de la dite église d'avec les formes ou sièges des religieux». Or, pour bien éclaircir ce point important de l'emplacement du petit reposoir qu'édifia Dom Garnier dans l'après-midi du samedi 24 mai, il nous faut permettre qu'en architecture religieuse, l'endroit qui est le plus proche du maître-autel s'appelait autrefois presbitéral, c'est-à-dire le chœur où officient les prêtres : on le désigne maintenant sous le nom de sanctuaire. Au témoignage de Viollet-le-Duc qui indique nettement une déposition architecturale différente qu'adoptaient dans leurs églises les religieux bénédictins ou les religieux cistersiens, d'après le style bourguignon selon lequel étaient bâties en Franche-Comté les abbayes bénédictines, le presbitéral ou chœur des prêtres était toujours séparé de la grande nef par un chancel, c'est-à-dire par un treillis à barreaux ou gennes. Devant cette grande grille qui s'appuyait contre les deux premiers pilastres à l'entrée du chœur, alors était établi sur la grande nef le chœur des formes ou sièges des moines pour chanter l'office, entre les quatre pilastres du transept et dans la partie la plus éclairée de l'église. Au contraire, dans les monastères cisterciens la grande grille se trouvait placée à l'extrémité du transept vers les fidèles et enfermait le presbitéral et le chœur des formes (4). Ainsi il y avait donc à Faverney deux chœurs bien distincts : l'un appelé presbitéral et situé vers le grand autel, l'autre appelé chœur de formes et situé dans le transept. Un chancel ou gennes ou treillis de fer les séparait.

Ce fut donc «à la partie gauche de l'entrée» du presbitéral qui est le côté droit du chœur, «à la partie du costé de l'Evangile», que «pour donner plus de commodité à la dévotion du peuple» fut «dressé un autel hors du chœur sur une table de bois», «en dehors dudit presbitéral et dans le chœur», à «la place où sont les sièges vulgairement appellés formes esquelles psalmodient les sieurs prieur et religieux de ladite abbaye». Et cette chapelle fut «dressée contre les gennes de fer de ladite église, dans la place des formes d'icelle église». C'était, a écrit le R. P. Fodéré visiteur des couvents de Cordeliers de Franche-Comté et présent à Faverney le 25 juillet 1608, «un autel artificiel fait d'une table de bois... contre le treillis de fer qui traverse l'Eglise, et qui sépare le chœur d'avec la calade ou platteforme de devant le grand Autel, afin qu'il fust plus commode au peuple qui viendroit au pardon, d'y voir et adorer le sainct Sacrement» (5).

Gravure

D'après le témoignage du dernier religieux survivant de l'abbaye, le frère Romain Mignot mort à Faverney en 1846, le treillis de fer ou gennes qui allait servir d'appui au reposoir, «avait à peu près dix pieds de hauteur». Cette «cloture qui sépare la partie du grand autel de ladite église où l'on disait la messe d'avec les formes ou sieges des religieux, est faitte de petites pieces de fer liées et raportées en forme de treillis, qui n'empeschent en rien la veüe du dit grand autel, dois lesdits sieges et grand portail de ladite eglise». C'était donc une grande grille, sorte de quadrillage composé de tringles en fer qui se croisaient perpendiculairement et horizontalement, et qui s'enchâssaient dans un cadre de bois dont la semelle était posée simplement sur le dallage et s'arrêtait aux montants de la large porte d'entrée du presbitéral, tandis que la poutrelle supérieure traversait toute la largeur du chœur des prêtres et s'encastrait dans les encoches des pilastres. À chaque extrémité se dressait un montant de bois, fixé simplement pour terminer le cadre de la grille. Toute l'ornementation de ce treillis quadrillé dont chaque carré formait un vide assez spacieux, consistait en un «petit fer en forme de lien rond, mobile à la main et sans aucune agraffure, qui serrait à chaque point de jonction des barres de fer un large feuillage à l'antique» (6).

Une particularité est à noter pour cette grille dont l'emplacement au point de vue historique est si important et dont la plus ou moins grande solidité est appelée à jouer un rôle considérable. «Déjà et dez longtemps» déclarent tous les religieux de Faverney dans leur premier rapport à Ferdinand de Rye, «lesdites gennes sont fort mal assurées et quasi en perpétuel mouvement, du moins quand elles sont tant soit peu heurtées ou touchées» ; et M. le procureur général Chevroton a expérimenté lui-même qu'elles «sont mouvantes et branlent en les touchant tant peu que peu», aussi bien que Prudent Chalon de Vesoul, procureur d'office depuis cinquante ans pour les charges et causes de l'abbaye, qui déclare que «ledit treillis est de tout temps très mal arrêté et quasi en perpétuel mouvement, et que de plus étant tant peu fois touché il branle fort» (7). Notons encore ce détail, c'est que le pavé du sanctuaire actuel et le dallage de la plateforme du transept ne sont ni l'un ni l'autre ceux de l'église au mois de mai 1608. À cette époque, il n'y avait aucun escalier et du reste, nul témoin n'en parle. Le niveau du sol dans le presbitéral aussi bien que dans le chœur des religieux était le même que dans les nefs de l'église (8).

Or donc le samedi 24 mai, sur ces dalles du chœur des religieux, dans le transept actuel, au côté de l'évangile, contre la grande grille du presbytéral, en dehors et à mi-distance entre le pilastre et le montant de la porte d'entrée des prêtres, une table en bois à quatre pieds mouvants fut portée dès l'après-midi par le sacristain Dom Garnier pour servir d'autel, et placée dans «le lieu le plus clair et le plus lumineux de l'église, car toutes les plus grandes fenêtres y regardent» (9).

Sur cette table «et en devers derrière, un lavon, large d'environ un pied et soutenu aux extrêmités par deux petites boîtes de chêne, forma un gradin ou degré de la hauteur d'environ quatre pouces ou cinq doigts ou une palme» (10).

Un petit tabernacle en bois de chêne, «fait exprès et formé de quatre colonnettes de bois fixées sur une petite planche, fut dressé sur ce degré» (11).

Au-dessus de cet autel, au haut de la grande grille fut attaché le ciel du dais du Saint Sacrement. Comme il était assez pesant, on le fixa «avec ses pentes sur un châssis de bois à plusieurs litteaux qui traversaient de part et d'autre en divers endroits » (12).

L'ornementation de cette chapelle, assez simple et petite, fut aussi riche que possible. Les religieux et les familles honorables de Faverney avaient apporté leurs étoffes les plus précieuses (13).

Le sacristain avait «orné ladite table d'une belle nappe blanche ouvragée» (14).

Un parement d'une autre nappe servit à garnir le devant et les extrémités de la table, et deux pièces de lassis les recouvrirent (15).

Au milieu de la table, «en devant, sur le bord de la nappe et pendants en devers devant, furent attachés avec des épingles le bref apostolique des indulgences du triduum avec l'annexe de Mgr l'archevêque» (16).

Il est bon de signaler que, d'après le témoignage de Dom Royer, le bref du pape n'avait plus de sceau déjà depuis longtemps, car la «cire et le couvert de fer blant d'iceluy bref s'en étaient séparés ; mais le sceau en cire rouge de l'Ordinaire existait sur l'annexe» (17).

«Devant ladite table et assez proche, le sacristain avait placé un tronc pour recevoir les offrandes des fidèles, en faveur du luminaire de l'église» (18).

Le degré de la table fut sans nul doute garni d'un parement blanc, revêtu d'une pièce de lasset comme l'autel. Quant aux quatre colonnes en chêne du tabernacle elles furent «habillées d'étoffes de soie, et deux crapes également en soie ou plusieurs voiles de prix en formèrent les trois côtés» (19).

Dans le tabernacle et sur la face ouverte Dom Garnier plaça «un marbre consacré de bonne épaisseur, entablé en une pièce de bois et couvert de draps de soye et corporaux» (20).

Le palle ou dais, élevé fort haut sur le tabernacle, était probablement attaché à la poutrelle supérieure de la grande grille. Les pentes qui «étaient de matière figurée et de diverses couleurs, se terminaient par des franges pendantes de laine rouge, bleuve, jaune et verte, et la coiffe intérieure était de serge rouge et jaune». Ces couleurs un peu trop disparates furent «revêtues à l'entour, tant au-devant qu'aux deux flancs, d'autres pièces de lassis faits en carrelets à franges et mouchiers y pendans, tellement qu'on ne voyait plus la matière dont était fait ledit pale, si ce n'est au-dedans ou quelque peu au travers du lassis» (21).

Pour compléter la chapelle du reposoir, contre les gennes ou grille de fer, entre elles et la table, furent «posées trois custodes de toile blanche, aboutissant jusqu'à la hauteur dudit pale et couvrant les gennes sur toute la longueur de la table. Contre lesdites custodes, devers ladite table, une pièce de lassis qui était un large baptisoir, étalait ses magnifiques dessins ; et après, joignant au tabernacle, une longue pièce de satin rouge, bordée sur les bords de quelques passemens d'or, pourtoit toute la longueur de la table, et de sa largeur aboutissait jusqu'au dessus du petit tabernacle» (22).

Et pour que l'endroit où reposait le Saint Sacrement, fût plus obscur et donnât «plus de lueur de cierges et de lampes, le sacristain suspendit encore jusqu'au-dessus du pale ou dais deux custodes dont il orna les deux côtés par quelques lassis» et qui, dépendant du sommet dudit poile en bas, formèrent ainsi des rideaux sur les flancs de la table (23).

Dom Garnier avait eu soin de placer sur le degré de l'autel, «aux deux bouts de la table, de çà et de là du Saint Sacrement, deux cierges de la pesanteur d'environ chacun un quarteron». Ces cierges, posés «sur deux chandeliers de louton ou de cuivre, devaient demeurer ardents pendant le jour, durant les offices seulement» (24).

Mais plus bas sur la table, «quasi au milieu à l'endroit du Saint Sacrement, sur deux chandeliers d'étain se trouvaient deux lampes de verre, pleines tant d'eau au fond que d'huile de navette au-dessus, avec un lumignon porté dans le milieu d'une pièce de liège pour clairer continuellement durant les trois jours fériés de la fête Penthecoste et tant de jour que de nuit» (25).

L'autel en forme de chapelle étant ainsi préparé, avant les vêpres conventuelles qui se chantaient ordinairement à quatre heures, «le prieur accompagné de tous les religieux transporta solennellement en procession, depuis le grand autel au reposoir, le reliquaire contenant les deux hosties et le plaça sur le marbre dans le tabernacle ouvert, où il était distant des gennes de fer d'environ ung palme». Lampes et cierges étaient alors allumés, et les religieux chantèrent vêpres et complies, tandis que plusieurs personnes de la ville vinrent adorer le Très-Saint Sacrement (26). Ainsi commençait cette veille historique dont nul humain ne pouvait prévoir le dénouement.

Le reliquaire-monstrance ou ostensoir, alors exposé à Faverney, n'était pas autre que le reliquaire de Sainte-Agathe, don de l'abbé Guy de Lambrey à notre abbaye vers 1520. C'était un riche et gracieux objet d'art en argent massif, doré en quelques parties, et dont le pied en forme «d'ovale recarré sur les bouts à huit pans» et ressemblant «à la baze des calices», portait les armoiries de son généreux donateur. Sur deux branches d'argent qui s'élèvent en forme de consoles du nœud à huit ovales du reliquaire, «y a de travers un petit cristal, pertuisé de long et en chassé ès deux bouts d'argent, dedans lequel était un petit os que les sieurs prieur et religieux croyent être d'un doigt de Sainte Agathe». À l'une des enchâssures de ce tuyau de cristal qui est «de la grosseur et longueur d'un bon doigt, manque la plaque au bout et le pertuit est estoupé de papier» de soie. Suivant une coutume encore générale au XVIIe siècle et disparue depuis, remarque M. l'abbé Perrod aumônier du lycée de Lons-le-Saunier, le reliquaire servait aussi d'ostensoir. Pour cela, sur «un petit bouton» ou boule d'argent que soutenaient deux autres branches ou consoles plus petites et qui terminait le reliquaire, on «mettait à vis au-dessus» une lunette ou «cercle d'argent, couvert de deux vitres transparentes, et au-dessus du petit cercle y a une fort petite croix d'argent doré, dont les croisons étaient quarrés à peine plus gros qu'une bonne épingle ou fil d'archal». Ils étaient, du reste, fort ronds, polis et lisses, gros comme «un bien peu plus qu'un fy d'argent ou qu'un moyen fer d'éguillette», et mesuraient en tout deux centimètres et demi et un millimètre de grosseur au plus. Quant à la hauteur totale du reliquaire y compris le rond, elle est «d'environ d'un bon palme», et son poids était «un peu plus d'un marc ou environ une livre» (27).

«Après vêpres et complies, tous les religieux ayant fait leurs dévotions se retirèrent chacun en leur chambre, ayant laissé à l'église quelques personnes de la ville en dévotion». «Sur le tard, le samedi après souper, vers les huit heures du soir», Dom Garnier le sacristain vint fermer les portes de l'église, «sans que personne demeurât en icelle pour la garde du Saint Sacrement, devant lequel demeurèrent seulement les deux lampes ardentes, et non lesdits deux cierges qui toutefois étaient demeurés ardens pendant le jour» (28). Seuls donc les anges gardiens du sanctuaire restèrent en adoration dans l'obscurité de la grande église abbatiale, tandis que les moines allaient dormir.

«Le dimanche matin le sacristain rouvrit l'église à l'accoutumée», et ainsi débuta la grande fête de la Pentecôte. Les religieux chantèrent-ils matines ce jour-là ? C'est à présumer à raison de la solennité des quarante heures, et alors cette heure accoutumée aurait été vers les trois ou quatre heures du matin ; mais il n'en est nullement question dans le procès-verbal. Toutefois, comme l'indulgence de Faverney avait été publiée, selon la coutume, et dans la cité abbatiale et dans «plusieurs lieux circonvoisins, nombre de personnes tant de la ville qu'étrangers, durant le dimanche, vinrent faire leurs dévotions au gain des indulgences, et firent oblation dans le tronc posé devant le reposoir et assez proche». Après les vêpres solennelles de la fête, sur le soir, vint un curé voisin depuis sa paroisse de Menoux, distante de cinq kilomètres, «pour gagner les indulgences». C'était Messire Nicolas Aubry, «petit de taille et assez disgracié de la nature», a attesté M. l'abbé Munier, curé de Ternuay et enfant de Menoux. Affligé d'une forte claudication à la jambe droite, «le visage sillonné de grosses rides, sous une couronne de cheveux blancs, il paraissait déjà un vieillard» bien qu'ayant à peine 55 ans. Mais ce curé de campagne qui était habillé pauvrement, qui prêchait mal et «ne faisait que prier», s'arrêta longtemps devant le reposoir et y resta à genoux, abîmé dans sa profonde indignité.., puis il repartit à Menoux. Le soir, «sur semblables huit heures du soir», Dom Garnier vint remplir les deux lampes devant le Saint-Sacrement, qui «pleines ainsi peuvent durer vingt-quatre heures» ; et les «ayant délaissées ardentes sur la table», il alla «reserrer les portes de l'église» et partit lui aussi... Et pour la seconde fois, seuls les anges gardiens du sanctuaire restèrent en adoration dans le silence et l'abandon de l'église abbatiale, car tous les moines étaient allés dormir (29).

Et à cette heure même où nos moines, comme l'a écrit M. le directeur Tuaillon, ces moines dégénérés se contentent de dormir et abandonnent dans leur église vide l'Eucharistie seule, sur les confins de la France, de la Bourgogne, de la Lorraine et de la Germanie, à 20 kilomètres à vol d'oiseau de Faverney, en la verrerie de la Rochère-lès-Passavant, dans la maison du riche sectaire Barret comme dans une nouvelle synagogue, une troupe de protestants avinés, au milieu des excès d'une orgie, élèvent la voix pour «maudire la messe» et la déclarer, d'après Théodore de Bèze, «la chose la plus exécrable et la plus abominable que l'on puisse dire et penser...» Il était sans doute minuit, et les huguenots allèrent se coucher et les moines dormaient tranquillement. Mais voilà qu'un marchand de Faverney, Maître Thiébaud Brenier, partant à la foire de Conflans, aperçoit «lundy après la minuit», en longeant le bord de la rivière la Lanterne, au bas de la cité, dans les champs, «une grande clarté en l'eglise abbatiale ; mais il n'en fit autre estat, croyant que ce fut la lumiere de la lampe de l'eglise». Et les moines dormaient toujours (30).

Oui, mais déjà l'heure de Dieu avait sonné et le bûcher était allumé ! La pièce de liège qui portait le lumignon dans la lampe en verre, placée «quasi au milieu de la table» du reposoir, mais à droite plutôt du côté de l'épître, prit feu sans nul doute et enflamma bien vite toute la surface de l'huile de navette. Sous l'action de la chaleur intense, le verre de la lampe se brisa, l'huile en combustion se répandit sur la nappe de l'autel et l'incendie se déclara avec rapidité... «Environ sur les trois heures du matin», Dom Garnier sacristain, étant entré à l'église pour sonner les matines, fut «tout estonné qu'il la trouva toute pleine de fumée». Avant donc d'annoncer l'office, il s'approche du reposoir et l'aperçoit entièrement brûlé : table d'autel, gradin, tabernacle, la pièce de satin rouge, le magnifique baptisoir en lassis, les custodes, les draps, les nappes, les rideaux, les broderies flamandes en lassets, tout était dévoré et réduit en cendres par les flammes. Effrayé d'un tel spectacle et épouvanté des suites d'un pareil désastre, il tombe à terre tout éperdu (31).

Mais bientôt il se relève, se précipite hors de l'église par le passage de la sacristie, et s'écrie en se lamentant dans la cour du monastère : «Ha ! mon Dieu, toute ma chapelle est bruslée ! » ; puis il parcourt rapidement le long couloir supérieur jusqu'à la dernière chambre habitée par Dom Chalon, le plus jeune religieux profès, dont «il heurte la porte en criant: Tout est perdu ! ma chapelle est bruslée !». Alors, toujours stimulé par la double frayeur de l'incendie et de la perte des ornements, l'infortuné sacristain revient en toute hâte sur ses pas. Mais déjà devant lui accourt Dom Royer, puis survient en courant le jeune novice Nicolas Brenier, acolyte profès qui, couchant sur la cour, avait entendu les premiers cris d'alarme. Tous deux, fort émus, pénètrent ensemble dans l'église et voient avec terreur «toute la chapelle bruslée», et de suite, comme mûs par une même pensée, «se mettent à regarder ce que pouvoit estre devenu le Saint Reliquaire». N'apercevant rien, «obstant la grande fumée qui obscurcissoit le jour», ils furent «en grande peine du Saint Sacrement». Tandis qu'ils étaient dans cette angoisse, le plus jeune novice âgé de treize ans, le petit frère Gabriel Hudelot arrive. Vite, ils l'envoient «querir des pincettes de fer chez le prieur», et alors Dom Royer et Frère Brenier fouillent successivement dans l'amas de cendres, de braise, de «charbons encore ardens et allumés» avec «les tenailles de fer», lorsque soudain le petit novice «lève les yeux en haut...». «Miracle ! Miracle !» s'écrie-t-il. Devant lui, proche de la grande grille en fer, un peu plus haut que sa tête d'enfant, la lunette des Saintes Hosties inclinée contre un lien des barreaux, le bras gauche de la petite croix semblant y toucher, le pied du reliquaire éloigné d'une palme des gennes de fer, le Saint Sacrement est là immobile, penché et «comme pendu» (32).

Frère Hudelot stupéfié reste cloué à sa place et n'ose faire un mouvement pour s'approcher. Mais Dom Royer et Frère Brenier, toujours inclinés et cherchant dans les débris de l'incendie, au cri d'épouvante de l'enfant de treize ans, ont levé la tête ; ils voient eux aussi..., et aussitôt plus hardis «ils s'approchent, ils ouvrent les portes des gennes qui branlent fort comme de coutume, entrent particulièrement en dedans le presbitéral», et déclarent tout haut que le Saint Sacrement «est supporté de soy-mesme tout seul». Alors ils n'étaient que les trois dans l'église remplie «d'une grande fumée». Dom Jean Garnier avait disparu. En ce moment, Frère Brenier entend la porte de l'extérieur s'ouvrir brusquement et quelques personnes de la ville arriver en toute hâte. Il se précipite à leur rencontre et trouve l'infortuné sacristain qui n'osait rentrer avec elles. Epouvanté, hors de lui-même, au lieu de revenir vers son reposoir brûlé avec Dom Royer et le jeune novice, Dom Garnier avait, en effet, traversé en courant l'église abbatiale, en avait ouvert la grande porte et était parti à travers les rues de Faverney en criant : «Ha ! mon Dieu, tout est perdu ! ma chapelle est bruslée !» Revenu et arrêté sous le porche, il entend le Frère Brenier l'appeler en lui disant «de se réjouir parce que le Saint Sacrement avoit été retrouvé». Alors avec lui il consent à remonter l'église, et vite les religieux lui racontent que «tandis qu'ils cherchoient tous trois le Saint Sacrement dans les cendres, le petit novice Hudelot leur avoit montré le Saint Reliquaire suspendu en l'air contre les gennes». En vain ses trois confrères l'invitent-ils à s'approcher avec eux de la grille pour constater lui-même le miracle, il refusa nettement et s'en éloigna (33).

Sur ces entrefaites arrivèrent Dom Noirot, puis le prieur Dom Sarron et enfin Dom Clamey qu'on était allé avertir. À la vue de l'ostensoir suspendu et en entendant le récit de Dom Royer et des deux novices, ils furent «merveilleusement étonnés et ayant fait leur dévotion, ils visitèrent de nouveau de part et d'autre le Saint Sacrement, et reconnurent fort bien qu'il n'étoit aucunement attaché aux gennes». Et durant tout ce temps, l'infortuné sacristain attérré n'osait s'approcher. Survint en dernier lieu Dom Chalon qui n'avait pas été réveillé ni par le heurt de sa porte ni par les cris du sacristain. Mais déjà «le bruit s'en étant répandu» dans la cité, «une grande multitude de peuple accourut à la file et l'un après l'autre». C'est d'abord le juge en la seigneurie de Faverney, honorable homme Claude Lesvolay ; puis, entre beaucoup d'autres, ce sont cinq bourgeois Guillemin Jacquotte, Étienne Danisey, le praticien Jean Miredondel, Bénigne Roussel et Nicolas Cheulin ; et tous avec les huit religieux constatent l'ostensoir suspendu contre le treillis de fer, et «élevé d'environ cinq bons doigts au-dessus du plafond de la table dont plus des deux tiers sont bruslés, signamment en devers derrière et contre les gennes, n'y restant de la table que les quatre pieds et le bord devant et quelque peu derrière et des deux bouts». «Quelques fragmens d'une nappe aussy bruslée sur le devant restant de la table» portaient intacts et attachés avec une épingle la bulle du pape et l'approbation du révérendissime et illustrissime archevêque, «bien que la nappe fut toute bruslée, sauf quelques petites pièces» (34).

Tandis que les premiers habitants survenus, avant qu'accourût l'affluence du peuple, examinaient tout à loisir, avec des cierges allumés, l'ostensoir suspendu «et devers le haut et devers le bas et d'un costé et d'autre des gennes», Dom Royer et Dom Clamey se mettent à fouiller les décombres brûlants et trouvent «le chandelier d'étain du côté de l'épitre tout fondu, sauf le pied de ce chandelier qui restoit encore debout sur la partie de la table bruslée et devant» ; puis «sa lampe brisée en plusieurs pieces et toute rompue chute en bas» ; l'autre chandelier d'étain, «celui du côté de l'évangile», fut retrouvé par eux encore «sur la partie de la table au milieu et en devant restant de l'embrasement, avec sa lampe pleine d'huile, mais le lumignon estaint». Quant aux deux chandeliers de cuivre sur lesquels étaient les cierges, ils les retirèrent «de l'amas de cendres et de braises l'un entier, l'autre rompu en trois pièces». Puis ils découvrirent «parmi la quantité de cendres» le marbre d'autel dont «l'enchassure de bois était bruslée et mise en cendres» ; mais le marbre consacré était encore «si chaud par la violence extreme du feu» que Dom Clamey se brûla «quasi les doigts en le touchant». Aussi Dom Noirot dut se servir d'une nappe pour le retirer des cendres, car «il estoit extremement chaud». Mais à peine l'eut-il touché que ce marbre qui «estoit de bonne épaisseur se brisa en trois pièces qu'il porta à la sacristie». Là Dom Royer constata que le sépulcre des reliques était ouvert par le brisement en trois pièces, et il trouva «deux petits os, reduits entièrement en cendre et poussiere par la violence du feu, et encore deux autres petits os entiers, seulement offensés du feu et un peu noircis». Le billet enveloppant les reliques était consumé. On recueillit les cendres dans un petit linge blanc et on le «resserra dans le coffre des reliques à la sacristie» (35).

Pendant cette reconnaissance importante des débris du reposoir par les religieux, les premiers habitants de Faverney accourus à l'appel de Dom Garnier, une fois le miracle constaté, s'étaient occupés des dernières traces de l'incendie. Ils avaient vu avec stupeur que la solidité de la grande grille contre laquelle le Saint Reliquaire semblait être accroché, était fortement compromise. «La grosse pièce de bois, servant de base aux gennes de fer et portant les barreaux, estoit endommagé du feu sur la longueur d'environ quatre pied...». L'autre grosse pièce de bois, au côté de l'évangile, qui était appuyée seulement contre le pilastre gauche et attachée à la longue poutrelle supérieure et à la semelle de bois, avait eu «le bas bruslé de la longueur d'un demy pied, et par ce», la poutrelle inférieure étant elle-même brûlée, elle était «descendue et avoit coulé en bas, non sans, lors de ladite descente, avoir fort ébranlé les gennes». Même «il clairait encore» lorsque le juge Lesvolay et les cinq autres bourgeois s'en approchèrent. Aussi, étant survenu alors le procureur-greffier de la seigneurie de Faverney, honorable Bartholomey Caboz le Jeune, ainsi que huit autres bourgeois et habitants de la cité, l'un d'eux Georges Boulangier alla chercher de l'eau bénite, «n'ayant point d'autre eau plus à la main, et avec l'aspergeon il en jeta contre le bas dudit poteau pour éteindre le feu, craignant autrement d'ébranler la grille» (36).

Et pendant ce temps, la foule grandissait sans cesse ; bientôt la plus grande partie de la population se trouva dans l'église, constatant, admirant et priant. Tout d'abord il semblait aux nouveaux arrivés que le Saint Sacrement était soutenu ou attaché à quelque chose des gennes ; mais après l'avoir considéré et visité de près, il fut trouvé que non. Et «cependant on ne fut point d'avis de le remuer, quoiqu'il sembloit y avoir danger que le reliquaire ne fût ébranlé par le branlement des gennes pas très-fermes et heurtées par les allans et venans à l'entour». Car les fidèles, au fur et à mesure qu'ils arrivaient tout effarés, se précipitaient vers le reposoir ; aussi, pour empêcher que la poussée de la foule ne jetât pas la grille déjà peu solide et dont le poteau de soutien était à moitié brûlé, le prieur fit apporter devant la grille et dans le presbitéral par Bénigne Godichard, couturier du couvent, des pièces de bois qui établirent un barrage de fortune et un semblant de protection, non sans avoir «deja fait branler avidement lesdites gennes au passage d'une piece de bois dans le presbitéral afin que le peuple ne s'y approcha à la foule». Ensuite, comme il fallait prévoir, remarque M. le chanoine Panier, vicaire général honoraire, que le reliquaire ne resterait pas constamment à cette place et que le prodige aurait une fin, le prieur fit également placer «sur les pieds es deux bouts de la table non encore bruslés, sous et à l'endroit où étoit ledit Saint Reliquaire, un ays ou lavon de sapin et un corporal dessus, le plus dextrement possible». «Et lesdits lavon et corporal estoient distants du bas dudit reliquaire d'environ unq bon palme». Ce fut Dom Noirot qui exécuta cet ordre avec l'aide du menuisier du couvent Denis Janier. Puis, «sur le devant restant de la table au milieu et devant le precieux Sacrement», le prieur fit allumer la lampe de verre qui était restée pleine et intacte sur son chandelier d'étain. Sur «le restant des deux bouts de la table» vers les quatre pieds intacts, on mit «deux chandeliers de lottons et sur chacun d'iceux un cierge ardent». En plus, on ajouta deux autres cierges ardents sur deux chandeliers de laitons plus gros que l'on posa sur la pièce de bois placée comme barrage dans le chœur des formes et «distants d'environ quatre pieds» du sacré Reliquaire. Devant et proche cette longue poutre, le sacristain replaça le tronc «des oblations et devotions des pelerins», et sur le tronc lui-même le bref du pape «duquel le parchemin en l'un des bouts est quelquement retiré et comprimé de la force du feu, mais la lettre est entiere et lisable, comme aussi l'annexe de l'Ordinaire attaché audit Bref sans lesion sinon que le scel en cire rouge est fondu». Ainsi fut reconstituée en petit la chapelle de l'exposition (37).

Alors, les religieux chantèrent l'office des matines, et ce ne fut qu' «après la sortie environ les cinq heures» du matin, tandis que l'église abbatiale était remplie d'une grande multitude de peuple, que le curé de Faverney, Vénérable Messire Oudot Hubert, tardivement «averty de l'accident survenu par l'embrasement de la chapelle», arriva et s'approcha «de fort près, tant d'un costé que d'autres des gennes», pour voir et reconnaître «très bien le Corps de Notre Seigneur suspendu en l'air». Pendant ce temps, le prieur et les religieux, «agités et inquiets beaucoup plus que joyeux», tiennent conseil à la sacristie avec le receveur et procureur-greffier de l'abbaye Bartholomey Caboz que Dom Noirot était allé chercher ; et, sur la proposition de Dom Garnier lui-même l'envoyer prévenir les capucins de Vesoul «pour supplier quelqu'uns dudit lieu de se daigner acheminer audit Faverney pour voir et reconnaître ce que dessus et sur ce avoir leur bon avis, même avoir consolation sur ce qu'ils devoient faire», le prieur ordonna à Dom Noirot de partir immediatement à Vesoul. Ce qu'il fit en empruntant le cheval du receveur Bartholomey Caboz (38).

Bientôt «entre les six et sept heures du matin», une foule plus compacte envahit l'église déjà remplie. C'était la procession d'un village éloigné de six kilomètres, composée de «la majeure part de son peuple», et qu'amenait «pour gaigner les indulgences» son digne prêtre, Vénérable Messire Moris Guyel curé d'Amance. À la vue de ce «très grand miracle, et, avenu ou permis de Dieu pour reprimer l'incredulité et l'infidelité de ceux qui peuvent se retreuver en ce climat et lieux circonvoisins atteints d'impieté et d'infidelité, soit d'heresie ou de sorcellerie», le saint prêtre «fut tellement ravy d'admiration qu'il fut contraint de larmoyer». Et «il demeura en ladite église environ deux heures, attendant avec son peuple que la pluye fut passée», et «plusieurs et réiterées fois» il constata fort curieusement que «le sacré Corps de Nostre Seigneur n'estoit n'y attaché n'y accroché» aux gennes de fer (39).

Durant ce temps Dom Noirot se dirigeait en toute hâte vers Vesoul. En traversant les villages qui se trouvent sur sa route, il raconte le fait avec une émotion qui se communique de proche en proche ; et comme le lundi était une fête chômée, les habitants des campagnes accourent en foule à Faverney pour s'assurer de la réalité du miracle. Vers les dix heures, il arrivait à la porte de Prudent Chalon qu'il avait ordre de «requérir, comme étant procureur d'office en la justice de Vesoul aux causes des droitures de l'abbaye». Le procureur Chalon «estoit à dîner avec ses domestiques». Dom Noirot entra «tout émeu et troublé et sembloit ne parler qu'en crainte». Il mangea avec eux, «leur récita ce qui estoit advenu du sacré et précieux corps de Notre Seigneur et Rédempteur en la nuit précédente», et pria Prudent Chalon de venir lui-même à Faverney, afin de voir «à l'œil ce qu'il en diroit». S'étant levés de table, ils allèrent ensemble dans la résidence des Révérends Pères Capucins qui se trouve «proche Vesoul quasi au joignant de l'une des portes pour cause de leur bastiment qui n'est encor habitable». «Excités d'une nouvelle si merveilleuse», trois d'entre eux, à savoir : le Révérend Père Vincent Martel de Salins, gardien du couvent, le Père Timothée de Dole ancien gardien, et le frère laïc Rufin de Lyon «s'offrirent volontiers de faire le voyage» et se mirent en route de suite. Il était une heure après midi (40).

Bientôt après, Prudent Chalon, le docteur Pierre Chalon son fils, et Dom Nicolas Noirot montèrent à cheval. Déjà le peuple de Vesoul, a écrit le protestant Frédéric Vuillard, «estoit en émotion pour avoir su le grand miracle arrivé la nuit précédente et qui, assuroit-on, duroit encore». Aussi à peine avancés sur le chemin, ils trouvèrent les trois capucins, accompagnés par deux prêtres familiers en l'église Saint-Georges de Vesoul, Messires Georges Meline et Jean Malbouhans, par un jeune diacre Humbert Clément de Saint-Lupicin domicilié aussi à Vesoul, par le jeune Oudot Mercier, ainsi que par plusieurs «autres personnes qui s'acheminoient à Faverney». Comme la distance entre les deux pays est de dix-huit kilomètres et que ce groupe de pèlerins était à pied, nos trois cavaliers arrivèrent donc dans la cité du miracle sur les trois heures, une bonne heure plus tôt que les Révérends Pères Capucins et leur suite (41).

Bien vite Prudent Chalon et son fils se rendirent à l'église où la multitude de peuple était de plus en plus nombreuse. Ayant «fait leurs humbles prières», ils s'approchèrent tous deux «près des gennes ou cloture qui séparent la partie du grand autel de ladite église d'avec les formes ou sieges des religieux», et ils reconnurent que «le reliquaire estoit soutenu miraculeusement de soy-même à l'endroit des treillis en hauteur de la baze d'iceux d'environ cinq pieds sans apparence manifeste quelconque qu'il fut supporté de chose que ce fut, autre que de la toute puissance divine». Mais à cet instant «du jour de lundy après disné», l'affluence de peuple était telle «alentour et se serrant auxdites gennes», tant dedans le chœur des formes que dans le presbitéral, que «les religieux estoient tout eperdus de voir la foule esbranler les gennes en passant le long desdites gennes et specialement les portes d'icelles». Alors les bourgeois de Faverney, Damisey, Jacquotte et Miredondel «les avisèrent de mieux barrer encore avec de longues pieces de bois, d'un costé et d'aultre des gennes, le restant de la table de la chapelle y enclose». Malheureusement, en établissant ce nouveau barrage dans le presbitéral, «deux hommes qui portoient sur leurs épaules une grande piece de bois», en traversant la porte du chœur, ne purent résister à la poussée de la foule. Ils heurtèrent si rudement les barreaux de la grille que celle-ci «sous cette grande secousse trembla fort et fut grandement esbranlée au point que les religieux se faschèrent hautement et que le peuple present jeta un cri, de crainte qu'il n'eust que le Saint Sacrement n'en fut esté poussé». Et «nonobstant ledit sacré Reliquaire ne branla aucunement et se tint à la même situation et place qu'il estoit». Dom Prudent Chalon avec ses parents Prudent Chalon et le docteur son fils, ainsi que des autres amis de Vesoul, en furent témoins (42).

Enfin «vers les cinq heures du soir, avant les vêpres de l'abbaye qui avoient esté differées en les attendant», arrivent à pied le R. P. Vincent Martel gardien, les deux autres capucins, les deux prêtres familiers, le jeune diacre et plus de cent vingt personnes de Vesoul. Le peuple qui remplissait les rues et les abords du bourg, s'empresse sur leurs pas. «Ils entrent tous dans l'église abbatiale, ils regardent, ils sont effrayés, ils voient, ils se prosternent par terre, ils font entendre des gémissements, des exclamations». À ce moment, l'immense foule des assistants est saisie d'une poignante émotion. «Tous versent des larmes, se frappent la poitrine, et l'église entière retentit de cris, de sanglots et d'éclats de voix». Jamais peut-être la foi catholique n'avait produit une manifestation aussi émouvante ! Quand tous eurent «satisfait leurs dévotions» et entendu le récit de l'événement si extraordinaire, alors en présence de la multitude attentive le P. Vincent de Salins s'employa avec ses confrères et les religieux à reconnaître l'état du sacré reliquaire (43).

Donc «ayant fait faire le silence le mieux» qu'ils purent dans l'église, les trois capucins avec le prieur et les bénédictins qu'accompagnait le procureur Prudent Chalon, tous les six portant des cierges allumés, s'approchèrent de la grande grille et «virent ensemble et reconnurent avec grande curiosité que ledit Reliquaire, tout en estant proche des gennes qui sont de fer, n'y tenoit ni n'y estoit appuyé, et estoit haut, élevé de dessus la table du reposoir de la hauteur d'environ six pouces» comme «il estoit sur le sacré marbre» ; que vraiment il était «quasi joignant auxdites gennes et reculé d'une palme ou quatre doigts pour le moins, plus arrière vers les gennes en devers l'Evangile, du lieu où il avoit été posé» ; qu'il était «suspendu en l'air non supporté haut ou bas d'aucune chose corporelle ou visible, sinon de soy mesme» ; «combien qu'il estoit un peu détourné d'un costé devers l'Evangile, estoit tourné de son plat devers les formes et ne touchoit du pied à l'un des bouts lesdites gennes : car au surplus du long dudit pied il n'y touchoit aucunement, mais y avoit distance sur la fin, de l'autre costé du dit pied, d'un bon doigt entre icelluy et lesdites gennes» ; seulement, «comme par le dessus ledit reliquaire penchoit contre lesdites gennes, il y eut pu sembler que la petite croix estant sur la lunette, dont le travers, non plus long qu'un fer moyen d'esguillette, touchoit auxdites gennes en plat, ils virent l'un des croisons dudit travers entierement libre de l'autre costé de l'Epistre, sans toucher aucunement lesdites gennes. Et quant à l'autre croison» du côté de l'Évangile, ils le reconnurent «encor très bien entièrement libre aussi pour la moitié d'iceluy. Quant à l'autre moitié qui pouvoit estre le quart dudit travers, il fut reconnu par ledit Révérend Père Vincent et par ledit Frère Rufin ne toucher du tout», mais qu'il était séparé «d'un lien tout rond, sans aucune agraffure mobile, tournant et virant à la main et serrant un feuillage desdites gennes», par un intervalle «de l'épaisseur d'un bon gros couteau». Toutefois ils se donnèrent bien garde que «ce qui empeschoit de voir le jour entre ledit lieu et la portion de ladite croix, estoit quelque petite piecette de quelque fin linge ou crespe bruslé qui s'estoit mis entre deux». Aussi le Père Vincent souffla, en présence de la multitude du peuple, sur le croison et le Père Timothée déclara que «l'on voyoit le jour entre la croix et les gennes» (44).

Mais le fait qui les étonna grandement, c'est que «tant plus qu'ils virent souventefois branler lesdites gennes par la foule du peuple qui allait et venoit du Chœur dans le Presbitéral pour voir et reconnaître ledit miracle, et ce si rudement quelquefois que toutes lesdites gennes en croloient bien fort ; et neant moins ledit sacré reliquaire demeuroit ferme en sa situation toujours panché comme dessus, et sans qu'il s'approchât, ou reculât davantage desdites gennes, voires n'en remuèrent les cendres et un charbon assez grossés qui estoit sur le pied». Toutefois, «avant de commencer les Vêpres, les trois capucins furent d'avis que les religieux de Faverney missent un marbre sacré couvert d'un corporal dessous l'endroit où le sacré Reliquaire était suspendu en l'air de la hauteur d'environ dix doigts au-dessus de la table brûlée». Mais comme il n'y avait pas d'autre marbre que celui qui était brûlé et brisé, «on mit un missel ouvert comme la chose qu'on put trouver la plus propre, et un corporal dessus pour recevoir» le Saint Sacrement «au cas qu'il vint à tomber» (45).

À cette heure déjà tardive du lundi 26 mai, «plusieurs milliers de personnes tant dudict Vesoul que des lieux circonvoisins étaient accourus là à la nouvelle dudict miracle». Déjà aussi la grand prodige eucharistique commençait son œuvre de conquête miséricordieuse sur le protestantisme. Perdu, en effet, dans cette immense multitude d'étrangers, inconnu de tous, un orfèvre protestant de Montbéliard, fils d'un notaire exilé de Besançon pour hérésie, se trouvant à Vesoul de passage «lundi tout au matin», était venu aussi avec la foule des pèlerins pour «assouvir sa çuriosité». Frédéric Vuillard avait alors vingt-huit ans à peine. S'approchant donc «de l'endroit de ladite église qui sépare le chœur d'avec la nef», se plaçant tout contre «les restes d'un autel de bois en partie bruslé», ayant devant lui «les marques d'un grand embrasement et tous costés des cendres et des charbons», il voit proche «des treillis de fer fort épois et tout blanchis par la véhémence du feu»... «un siboire d'argent doré aux moulures et extrémités qui estoit en l'air sans attoucher ni estre soutenu de rien que ce fut». Tout hérétique qu'il est, cette vue le fait frémir. Mais il se refuse à croire ce qu'il voit, et vite il sort de l'église. Toutefois l'appel de Dieu est là ! Les blanches Hosties miraculeuses l'attirent. Il rentre de nouveau et prie, puis il ressort ; et ainsi fait-il «plus de trente fois». Enfin, vaincu dans son orgueil de huguenot qui lui défend de croire, terrassé par la grâce, touché jusqu'aux larmes, il tombe à genoux et adore le Dieu qu'il voyait «en l'air vaincre les flammes». Il le prie de lui faire la grâce de pouvoir un jour «estre développé de toutes erreurs», et il lui promet d'y apporter toute sa force et sa vigilance nécessaires. C'était sans doute la première victoire protestante des Saintes-Hosties de Faverney (46).

Enfin la nuit du lundi soir arriva, et «après soupé, y ayant encor affluence de peuple en ladite église», le R. P. Vincent et ses deux confrères, le prieur et tous les religieux de l'abbaye, «s'aidans encor de cierges allumez», revinrent à nouveau pour visiter le sacré Reliquaire toujours immobile et toujours penché et incliné en arrière vers la grille branlante. Tous à nouveau déclarèrent «qu'ils voyoient très bien ledit bout du croison ne toucher auxdites gennes et qu'il y avoit jour entre deux». À ce moment, le Père gardien qui était lié d'amitié avec le sacristain Dom Garnier, voulut lui faire constater le miracle ainsi bien avéré ; mais Dom Garnier s'y refusa énergiquement, car «ny lors, ny devant, ny après il ne se voulut approche, craignant que s'il fut tombé on eusse dit qu'il l'eut fait tomber» (47).

Comment se passa cette nuit entière d'adoration du 26 au 27 mai ? C'est ce qu'aucun témoignage ne relate. Seul le R. P. Ludovic, originaire de Faverney, religieux capucin des plus zélés de son Ordre au commencement du XVIIIe siècle, affirme que les héros huguenots du prêche nocturne de Passavant, ayant appris par la renommée le grand miracle survenu après minuit du dimanche, prirent le parti de venir, le soir même de ce lundi, se rendre compte d'un fait aussi étrange. Ils arrivèrent donc à cheval pendant la nuit, d'une distance de plus de 20 kilomètres, et «après s'être assurés par eux-mêmes d'une certitude physique la plus complète», ils repartirent «sans se convertir», leur religion leur défendant de croire ce qu'ils voyaient (48).

Toutefois l'affluence des pèlerins, soit de tous les lieux circonvoisins soit même du lieu de Vesoul, accourus «du bon matin» le mardi «par dévotion pour voir le miracle et y gagner le pardon», bien loin de se ralentir dans les premières heures du jour, ne fit que s'accroître prodigieusement. On venait de partout «pour voir la merveille que l'on disoit estre advenue en la Sainte Hostie» de Faverney «pour les jours de restes Pentecoste». Et comme le miracle persistait depuis bientôt déjà trente heures, les religieux capucins de Vesoul se résolurent avec les religieux bénédictins à prévenir l'Ordinaire, c'est-à-dire en l'espèce, l'archevêque de Besançon Mgr Ferdinand de Rye. Au lieu et place du prieur de l'abbaye trop émotionné pour rédiger un écrit, ce fut le procureur Messire Prudent Chalon de Vesoul qui «fit un petit narratif en forme de supplique à Monseigneur l'Illustrissime et Reverendissime Archevesque de Besançon ou Monsieur son vicaire général, le suppliant très humblement d'y ordonner, et de déclarer ce que luy semblera bon d'y estre fait». Les six religieux profès de Faverney signèrent ce premier rapport ainsi que les trois capucins et le novice acolyte-profès Frère Brenier. Seul fut écarté le novice enfant Frère Antoine-Gabriel Hudelot qui avait été favorisé le premier de la découverte du Saint-Sacrement miraculeux (49).

Durant ce temps, la «grande multitude de peuple tant du lieu qu'etrangers» augmentait sans cesse. Des paroisses entières arrivaient en procession, telles que Amoncourt, Fleurey-lès-Faverney, Menoux et Cubry toutes voisines, ainsi que Pusy-et-Epenoux éloignée de douze kilomètres vers Vesoul. Le curé de Faverney, attiré par ce pieux envahissement, revint aussi et constata que le sacré Reliquaire était «au mesme estat» qu'il l'avait vu la veille au soir, malgré tous les ébranlements que les «allans et venans» de toute cette foule à travers les portes du presbitéral, imprimaient à la grille. Mandé «pour entendre les confessions de plusieurs» pèlerins qui, touchés de la grâce, «désiroient de gaigner les indulgences», il repartit «en son église paroissiale». Il n'était pas le prêtre choisi pour l'heure de Dieu ! Et tandis que les curés de Fleurey, d'Amoncourt et de Pusy vont dire successivement la messe au grand autel, sans se préoccuper si le vénérable curé de Menoux n'est pas arrivé avant eux, l'humble abbé Aubry, avec ses nombreux paroissiens arrivés de bonne heure à Faverney, prie devant le Reliquaire miraculeux. Dès «le lundy, en effet, estant averty de l'accident de feu qui avait embrasé la chapelle sans lezion du Saint Sacrement», il avait ordonne à ses deux paroisses de Menoux et de Cubry de venir le mardi processionnellement en l'église de Faverney «pour servir Dieu dudit miracle». Prosterné dans le presbitéral, «proche les gennes et regardant attentivement le sacré Reliquaire», il adorait et attendait qu'on le jugeât digne de célébrer. À côté de lui, sur les neuf heures, se mettait à genoux le Frère Georges Clerget, prêtre franciscain du couvent de Provenchère, qui «ayant entendu le bruit qui couroit du miracle advenu» arrivait lui aussi pour voir «le précieux corps de Dieu dans le reliquaire, élevé en l'air retiré contre les gennes et nullement soutenu de chose aucune». En cet instant, Dom Noirot quittait l'église avec les religieux capucins, emmenant dans sa chambre le Révérend Père gardien qui voulait se préparer pour faire une exhortation au peuple, durant la messe conventuelle qu'on devait chanter à dix heures (50).

Alors la grande église abbatiale était toute «remplie de si grand nombre» de fidèles que le conseil archiépiscopal aussi bien que Dom Noirot déclarent l'estimer surpassant plus de mille personnes. Et tandis que la majeure partie de ces pèlerins adorait Dieu, les yeux fixés sur le Saint Sacrement du Miracle toujours suspendu, toujours penché et toujours immobile, les paroisses venues en procession obtinrent de pénétrer «dans le presbitéral pour baiser la belle croix de l'église». Il y avait, en effet, dressée contre une colonnette du chœur, au côté de l'épître, «une grande croix enrichie de précieuses reliques et armoyée d'un costé des armes de l'abbaye qu'est une Nostre Dame tenant son Jésus portant le sceptre à la droitte». Mais afin «d'empescher que le peuple a la foule», en traversant la porte du presbitéral, n'ébranlât trop la grande grille, le couturier Bénigne Godichard qui se trouvait là, et qui la veille avait déjà posé le barrage protecteur autour du reposoir brûlé, se plaça «dedans les barres», et s'approcha «de la porte des gennes du costé du sacré Reliquaire afin que le peuple passât par ladite porte l'un après l'autre et que personne ne branlasse les gennes» du côté de l'évangile. Or, malgré cette précaution, le «grand peuple qui estoit entré et sort y alors dans le presbitéral pour baiser la belle croix, signamment les processions, avaient en passant fort secoué la grille» (51) qui branla plus que jamais ; et le sacré Reliquaire resta immobile.

Cependant le Frère franciscain-colettin Georges Clerget était allé dire la messe à un petit autel, tandis que l'abbé Aubry «s'alla presenter au grand autel pour y celebrer le Saint Sacrifice de la Messe», selon le privilège accordé aux curés des paroisses venues processionnellement. En le voyant s'avancer modestement, tout en boitant à travers le presbitéral, la tête enfoncée en arrière sur les épaules, le front très peu accentué et le crâne assez disproportionné, ses confrères plus jeunes et plus élégants qui avaient déjà célébré le saint sacrifice, le raillaient en disant : «Ce n'est pas encore ce vieux ridé qui fera descendre la sainte Hostie !» Et tandis qu'il commençait l'Introïbo avec les deux servants de messe âgés de onze ans, Claude Caboz et Claude Dutartre de Faverney, le Frère Brenier, en qualité d'acolyte, écartait la foule «à l'entour du grand autel». À cet instant et contre les longues poutres de bois qui barraient les gennes dans le presbitéral, un couple de pèlerins vésuliens, Antoine Mourel et sa femme Jeannette Jacquet «s'estans avancés jusques proche des barres», faisaient leur dévotion «retournés devers les gennes» et y étaient depuis «prés d'une heure». Entre eux et la grande grille, il n'y avait personne dans le barrage. Dans le chœur des moines, le bénédictin Dom Clamey adorait dans sa stalle. Autour de lui, comme dans tout le transept, priaient «une multitude de gens, les uns debout et les autres a genoux». Tout contre les barres de bois qui préservaient les restes du reposoir brûlé, appuyé au tronc qu'avait replacé Dom Garnier, se tenait le marchand Mathieu Cocisse dit la Ramée de Faverney ; à côté de lui et joignant les barres se trouvaient aussi deux de ses concitoyens, Jean de la Tour et Estienne Caboz, ainsi que Jacques Jannot et sa femme Barbe Mercier, venus «de Vesoul du bon matin par dévotion» (52).

Tout autour du barrage, mais au second rang de la foule en commençant «du costé de l'Evangile», s'étaient approchés «le plus près» possible «afin de tant mieux reconnoître» Honorable Nicolas Piquard, originel de Faverney et résidant à Amance, Simon Raison et Gaspard Briod de Menoux, Laurent Maignien et Isabeau Bourrelier de Faverney, puis Jeanne Compaigne et Catherine Argent, deux filles pieuses de Vesoul. Tous, sans prendre «garde des messes que l'on célébrait, estoient attentifs a regarder le Saint Sacrement, chacun d'eux ayant les yeux dressez et fichez contre le reliquaire d'argent, élevé du haut d'environ cinq bons doigts, plustôt plus que moins, d'autant que l'on voyait clairement jour en ladite distance». Perdus dans la foule immense d'étrangers auxquels «ils voulurent faire place en s'éloignant des barres, tout en assistant aux saintes messes qui se celebraient lors en ladite église», les bourgeois de Faverney Guillemin Jacquotte, Estienne Damisey, Jean Miredondel, Bénigne Roussel, Nicolas Cheulin, Claude Bourrelier, Jean Bolangier, Pierre Darc, Nicolas Fert, Bénigne Cheulin, Antoine Fournier et Claude Godichard s'étaient dirigés, en compagnie de l'honorable Claude Lesvolay, juge de la Seigneurie de Faverney, et de son greffier Bartholomey Caboz le Jeune, du côté de la chaire afin «de prendre place a la predication du Reverend Pere Vincent capucin». De son côté, Dom Royer «estoit pour lors hors de l'église», ainsi que les deux prêtres familiers de l'église Saint-Georges, Messires Georges Meline et Jean Malbouhans, avec le fils Oudot Mercier et le diacre Clément Humbert arrivés dès la veille au soir. Ils étaient sortis pour accompagner Messire Oudot Belpois prêtre familier et le bourgeois Honorable Melchior Mercier qui venaient d'arriver de Vesoul. Quant à Dom Prudent Chalon, il était occupé à la sacristie, tandis que son parent le procureur Chalon priait caché dans un coin de l'église envahie (53).

Cependant le curé de Menoux était arrivé au Sanctus de sa messe. Au son de la clochette annonçant l'approche du moment solennel de la consécration, il passa comme un souffle d'accalmie parmi cette «grande multitude de peuple» dont l'église «estoit quasi toute pleine». Les fidèles s'arrêtèrent d'entrer ou de sortir du presbitéral : les uns tournés vers le grand autel se recueillirent ; les autres, appuyés les mains jointes sur le barrage, regardèrent le Saint Reliquaire. Tout le monde devint «fort coy et attentif», et personne ne bougea et n'ébranla plus les gennes. Seul en cet instant sortit de la sacristie et traversa la foule recueillie le Révérend Père Sarron, prieur des bénédictins qui va se préparer pour la grand' messe conventuelle : il s'agenouille sur les dalles de la plateforme, à trois pas des barres du reposoir brûlé, dans la grande nef du transept. Alors subitement «le cierge estant devant le Saint Sacrement, du costé» de Bénigne Godichard qui se tient toujours seul à son poste «devers la porte du presbitéral» et «dans les barres loin de la table», s'éteignit. Dom Garnier le sacristain qui priait vers le barrage, s'empressa de le rallumer, puis entra dans le presbitéral pour préparer les ornements de la grand' messe du prieur. À peine passait-il vers la porte contre le couturier Bénigne que le même cierge s'éteignit pour la seconde fois. Le sacristain envoya Godichard le rallumer, ce qui lui était assez facile puisqu'il «estoit seul dedans les barres», mais «loin de la table et du reliquaire environ de la distance de trois pas». Il le ralluma donc «a la lumiere de la lampe qui estoit au mitan». Mais aussitôt le même cierge du côté de l'épître s'éteignit encore pour la troisième fois. Bénigne se hâta de le prendre et d'aller le rallumer «au cierge qui estoit de l'autre costé». Et durant ces allées et venues, assez rapides, mais bien faites pour concentrer tous les regards sur le sacré Reliquaire toujours suspendu, toujours penché et toujours immobile, voilà que survient et se prostérne profondément aux côtés du prieur Dom Sarron un religieux franciscain septuagénaire qui, tout ému du miracle qu'il vient d'apprendre, s'est transporté pour l'adorer : c'est le vieux Frère Claude Marchia, second ermite-colettin de Provenchère (54).

Incontinent retentit «la clochette pour l'elevation du Corps de Dieu», et l'humble curé de Menoux, tenant entre ses mains l'Hostie consacrée par sa parole de pauvre prêtre rural, la soulève dans les airs pour la faire adorer au peuple... Alors le Sacré Reliquaire se remue, donnant «un petit son comme d'une lame d'argent» ; puis il se détourne, se redresse et, en même temps que l'abbé Aubry «rabaisse le très sacré Corps de Dieu sur l'autel», l'ostensoir miraculeux descend tout droit la face tournée contre le peuple, «se coule doulcement de soy tout seul», et «sans aide aucun, s'avançant comme au milieu du corporal» placé sur le petit missel, «se met proprement à une distance de trois doigts des gennes, en sa vraye et decente position et de la mesme direction des autels de l'église, en droiture positure, sans espancher ny le charbon ny les cendres qui sont sur son pied et sans branler aucunement, comme l'eut pu descendre et poser le prestre le plus respectueux et reverend qui s'eusse pu trouver». Ni les gennes n'ont bougé ni un flocon de cendre ne macule le corporal ; seule la lunette «a branlé le moins du monde et les feuillets du missel ont remué quelque peu» à l'instant qu'il se posa. Le miracle était fini : il durait depuis environ trente-trois heures ! (55).

«Voilà le bon Dieu qui tombe !» s'écrient en même temps plusieurs personnes vers le barrage des formes. «Jésus ! je l'ay veû descendre !» crie de suite une femme vers le barrage du presbitéral ; et une acclamation formidable de : «Miracle ! Miracle !» retentit dans l'immense foule qui entoure le reposoir. Et tous alors de s'écrier, en battant leur poitrine et laissant couler de douces larmes de leurs yeux : «Miséricorde ! Miséricorde !». La violence des cris est si forte et si instantanée qu'à la sacristie et au fond de l'église plusieurs se jettent à terre, pensant que les voûtes allaient s'effondrer. Dans le chœur des prêtres le sacristain «accourt pour ce voir», puis se précipite à l'abbaye pour appeler son ami le R. Père Vincent Martel. De la sacristie sortent précipitamment le Frère Clerget qui vient de terminer sa messe et Dom Chalon. De tous les coins de l'église, «fendans la presse du peuple», accourent et s'approchent «ça et la a grande force parmy la foule» les bourgeois de Faverney. Au dehors Dom Royer ainsi que les prêtres et les bourgeois de Vesoul, en entendant les cris épouvantés des spectateurs, rentrent en toute hâte dans l'église, et «qui ça, qui la, s'avancent parmy la foule jusque devers les gennes». Enfin arrivent les religieux capucins avec Dom Garnier et Dom Noirot qui tous, fort émus, constatent avec stupéfaction la nouvelle merveille. Alors des yeux de presque tous les assistants «grandement émerveillés» jaillissent des larmes d'amour et de reconnaissance ; tous «louent Dieu» tout haut. Une fois la première émotion passée, le R. Père Timothée, «curieux d'aller visiter incontinent le Sacré Reliquaire de plus près, entre dans le presbitéral, passe par-dessus les barrières de bois et s'approche» tout contre les barreaux de la grille. Il voit alors «clairement» qu'à «l'endroit du croison qui semblait toucher au lien, estoit demeurée une petite piece brulée subtile» qui lui paraissait être un morceau de «crespe, quasi comme une toile d'araignée» (56).

En ce moment le saint curé de Menoux terminait sa messe. «A l'issue d'icelle averty» par le Frère acolyte Brenier de la descente de l'ostensoir, l'abbé Aubry «estant sort y de l'autel s'approcha du lieu de la chapelle et vit clairement que le reliquaire n'estoit plus suspendu». L'humble «curé du voisinage connu pour sa grande vertu», mis ainsi en évidence et favorisé par le Ciel, se contenta de penser que le tout était «advenu par miracle et permission divine» ; et «comme il n'avait pas fait parler de lui auparavant, selon la remarque fort judicieuse d'un prêtre enfant de Menoux, il n'en fit pas plus parler dans la suite». Il pria, adora, remercia Dieu, puis avec ses paroissiens écouta la prédication du Révérend Père Vincent Martel de Salins. Aucun témoin ne nous redit les accents enflammés du distingué gardien du couvent de Vesoul qui fut délégué, peu après le miracle, au chapitre général des capucins à Riom. Toutefois cette matinée historique se termina par «la grande messe» conventuelle que chanta le Révérend Père Prieur Dom Sarron, encore tout émotionné d'être resté prosterné sur les dalles de la calade, à trois pas du barrage, sans avoir vu la cessation du miracle. À cette messe d'actions de grâces communièrent encore deux époux de Vesoul, arrivés seulement sur les neuf heures à Faverney (57).

Lorsqu'à l'heure de midi «la plus grosse foule du peuple» se fut retirée, le bénédictin Dom Clamey qui n'avait pu «y arriver de la veue» depuis la stalle des formes, à cause de «la multitude de gens, les uns debout, les autres à genoux qui estoient à l'entour», s'approcha cette fois du Reliquaire et «reconnut clairement que le Saint Sacrement estoit vrayement descendu et reposoit sur le Missel». Après dîner, les trois religieux capucins ainsi que les ecclésiastiques vésuliens et le procureur Chalon se rendirent une dernière fois à l'église. Là, en présence des bénédictins et des nombreux fidèles toujours «en dévotion», le Révérend Père Vincent, sur l'instante prière de tous, prit sur lui d'oser «manier le croison pour reconnoitre s'il y avoit rien de fondu, contre qui peut avoir esté aggraffé contre le lien ; mais la croix se trouva unie également sans aucune offense ny alteration». Cette ultime constatation étant faite, tous les moines se rendirent à la sacristie où le procureur Prudent Chalon compléta son premier rapport du matin par un post-scriptum relatant la fin du prodige. Les trois Pères capucins et les sept bénédictins y apposèrent encore leur signature ; et pour mieux authentiquer, si possible, la véracité «du susdit miracle», on prit la précaution de le faire attester par deux des prêtres familiers de Vesoul, par le jeune diacre Clément, par le procureur Chalon, par le bienfaiteur-fondateur des capucins Melchior Mercier et son fils Oudot, ainsi que par les dix-huit domestiques ou fournisseurs de l'abbaye, et enfin par le juge même de la seigneurie de Faverney Jacques Saulget. Puis, capucins et pèlerins reprirent la route de Vesoul (58).

Alors commença cette dévotion d'abord populaire aux Saintes Hosties conservées dans les flammes d'un incendie à Faverney, pour obtenir, comme l'écrira bientôt le Pape Paul V, «que si l'hérésie a été icy humiliée, la foy catholique doit triompher». Les habitants de Faverney, en effet, se constituèrent de suite les fidèles adorateurs de jour et de nuit du «Sacrement de miracle», et les «gens dévots» des pays circonvoisins «le venoient adorer de jour à autre en ladite église». Si, durant ces trente-trois heures de suspension miraculeuse que Dom Michelet compare aux trente-trois années de la vie mortelle de Notre Seigneur, «une infinité de peuple» que l'abbé Morey évalue à dix mille et que Dom Bebin estime un million de personnes, sont venues constater le «Miracle de la bénite Eucharistie si éclatant que toute la terre le doit regarder avec vénération», c'est bien le cas de rappeler ces vers de Dom Michelet que lui inspira un distique latin du président Boyvin de Dole (59) :

Sur ces sacrés autels tu vois une victime
Que l'amour y retient pour effacer ton crime ;
À cet objet divin laisse fléchir ton cœur :
Son sang coule à tes yeux, le feu luy rend hommage.
Impie ! un homme-Dieu te peut-il davantage ?

Le mercredi 28 mai, Dom Noirot partit à Besançon. Il était porteur «de la double escrite» sur «le transport, soulevement, évasion, exemption de flames du précieux Corps de Nostre Sauveur», et sur «le tout deslaissé au susdit estat» après la fin du miracle, jusqu'à la décision de Sa Révérendissime Grandeur. Dès le matin du jeudi 29 mai, le religieux bénédictin fut reçu par l'archevêque Ferdinand de Rye qui ne voulut pas décider seul en une affaire de cette gravité. De suite il réunit d'urgence son conseil, lui soumit les rapports envoyés de Faverney, et il fut résolu que trois délégués, à savoir : Pierre Chevroton, prêtre et grand procureur fiscal et genéral de l'archevêché, Jehan Morelot, docteur ès droits et premier avocat fiscal de l'Officialité et régale de Besançon, ainsi que Bon Monnier, secrétaire du conseil et greffier de la chambre archiépiscopale, iraient sur place s'assurer de la vérité des faits allégués. Et sans retard, dans l'après-midi de ce même jeudi 29 mai, les trois commissaires enquêteurs commencèrent leur procédure par une information préalable, en interrogeant à Besançon comme premier témoin le moine bénédictin Dom Noirot. Aussitôt sa comparution terminée, celui-ci repartit en toute hâte afin de prévenir son prieur de l'arrivée prochaine des délégués. Ces derniers, bien qu'ayant quitté Besançon «le vendredi penultieme de May», ne purent arriver à Faverney, «à cause du mauvais temps», que «seulement le samedy subsequent environ les dix heures du matin» (60)

C'était le moment de la «grande messe» conventuelle et déjà le prieur Jean Sarron était à l'autel, lorsque les trois délégués pénétrèrent dans l'église abbatiale. M. Chevroton s'achemina «à l'instant vers le lieu spécifié en la requête» où il trouva «plusieurs personnes en dévotion devant le précieux Sacrement». Durant l'office il eut tout le loisir de se rendre bien compte de visu des nombreux détails qu'avait déjà donnés Dom Noirot, et sur l'emplacement et sur le reposoir et sur l'incendie et sur le sacré Reliquaire. Aussi, après la messe, entouré des religieux bénédictins et accompagné de son avocat-conseil et de son secrétaire, il lui fut facile de faire constater par tous les témoins présents les faits suivants :

1° — «Le précieux Sacrement et reliquaire estoient posés proche des gennes, et distants d'icelles d'environ trois doigts sur un corporal duquel est couvert un missel ouvert de forme in-quarto» ;

2° — Sur le cercle ou rond du reliquaire «y a une fort petite croix d'argent doré», et ledit cercle et croix sont «quelquement penchants du du costé des gennes séparans le chœur de l'église du lieu ou sont les formes esquelles psamodient les sieurs Religieux» ; or, comme le Reliquaire s'était bien posé droit au milieu du corporal, il faut en conclure que la lunette et la croix avaient dû être mal vissées sur la boule d'argent ;

3° — Le précieux Sacrement était «en deux sacrées hosties, esquelles des deux costez du rond se voit l'effigie du Saint Crucifix» ;

4° — Ces deux saintes hosties «estans esté ainsi posées audit rond studieusement», sont «aussi quelque peu rousses ou jaunes, signamment dez le milieu en haut, et plus encor celle estant du costé des gennes, comme se ressentans de la fumée» ;

5° — Elles ne sont «en rien offencées, mesme les deux vitres de part et d'autres sont entiers» ;

6° — Le tube de cristal, «de la grosseur et longueur d'un bon doigt est pertuisé (percé) du long et enchassé ès deux bouts d'argent, lesdites deux enchassûres fort noircies de feu en l'une desquelles manque la plaque au bout, estant le pertuis de tel bout estoupé de papier qui est toutefois demeuré intact du feu, comm' aussi le cristal sain et entier»; et Dom Michelet ajoute que ces petits morceaux de papier de soie étaient «seulement un peu roux» ;

7° — «Sur le pied du reliquaire y avoit un petit bout de bois brulé de la grosseur d'une noix et quelque quantité de cendres, de drap ou linges brulés ; et estoit aussi le pied du reliquaire spécialement en deux endroits fort tarny et noircy par la force du feu» ; et Dom Michelet complète en disant que «le reliquaire d'argent était un peu livide et rougeâtre et changé de couleur comme s'il avait été tiré d'une fournaise embrasée» ;

8° — «Sur quelque peu en derrier et des deux bouts» restant de la «table brulée plus des deux tiers», M. Chevroton remarqua «y ayant encor quelques fragments d'une nappe aussi brulée» ;

9° — Proche de la lampe qui brûle devant le précieux Sacrement, «au milieu sur le devant restant de la table» se trouvait «le reliquat du pied d'un autre chandelier d'estain fondu» ;

10° — Il trouva sur le tronc des oblations le parchemin du bref du pape Clément VIII et «l'annexe du Révérendissime seigneur archevesque» ; il constata, comme dit Dom Michelet, que «pas une lettre n'était effacée, malgré l'incendie violent liquéfiant du métal» ; il les fit enlever ainsi que le tronc du sacristain, dans lequel Dom Garnier avoua n'avoir trouvé, «le jour d'hier, environ cinq francs en toute monnaie tant grosse que petite, la plus grosse n'estant pas plus qu'un blanc» ;

11° — «Ayant regardé sous la table y ont esté veûs et reconnus plusieurs charbons et cendres» ;

12° — «Davantage ès presence des susnommés» M. Chevroton voulut remarquer que le poile ou «dais qu'estoit posé en haut sur le précieux Sacrement estre la plupart brulé ; signamment aux deux bouts, y restant seulement comm' un tiers de la coëffe en dessus qu'est de serge rouge et jaune ; mesme ce qu'est au milieu et que couvre le précieux Sacrement estre le plus entier et comme intact de feu dez le derrier en devant et traversant le poile ou dais entierement sur le précieux Sacrement; comm' aussi est demeuré intact ledit poile et les franges y pendantes de laine rouge, bleuve, jaune et verte devers les gennes a l'endroit et largeur de ladite coëffe restante et dessus ledit précieux Sacrement ; et le surplus est brulé ; signamment les deux bouts tant le poile, les franges, que coëffe en dessus, et le devant du poile est encor suspendu, mais brulé et consumé, tellement que l'on ne peut discerner de quelle matière il estoit» ; et Mgr de Corinthe dans son rapport au Pape eut bien soin de noter que «ce petit bout d'étoffe du dais non consumé ne laissa pas de servir d'un dais glorieux à son créateur» ;

13° — De plus, quant à la petite croix «estant sur ledit rond», les délégués ont «exactement considéré et veû qu'est fort petite, et un bien peu plus grosse qu'un fil d'archalet (archal) ordinaire» ; ils l'ont trouvée «toute plaine sans crochet, courbure ou chose par laquelle elle pût estre accrochée ou attachée esdites gennes ; aussy qu'elle serait faible pour pouvoir soutenir ledit reliquaire de la pesanteur susdite longtemps, signamment contre les gennes branlantes» ;

14° — Enfin M. Chevroton tint à vérifier lui-même les barreaux de fer de la grande grille ; et il avoue «dans esquelles gennes n'aye pu reconnoître aucune supposition, soit de bitume, colle ny pierre d'aymant» ; il poussa la précaution jusqu'à «exprès présenté petites pièces de fer ny autre chose quelconque pour y estre arresté ledit reliquaire» ; et ici j'ajoute que, d'après Frédéric Vuillard orfèvre ; «les treillis avoient esté tous blanchis pour avoir esté ardents par la grande challeur et vehemence dudit embrasement», et qu'il est bien avéré que «l'aimant est sans action sur l'argent et que le feu détruit l'aimantation» ;

15° — Après cette dernière constatation qui montrait bien l'impossibilité de toute supercherie, le R. Père prieur Dom Sarron conduisit à la sacristie les commissaires archiépiscopaux ; et là, à la vue du marbre «de bonne épaisseur» brisé en trois pièces et bien endommagé par la force du feu, à la vue des «deux petits os» des reliques de Sainte-Agathe «entièrement en cendres et poussière», M. Chevroton ne put que clore cette première partie du procès-verbal de constat des lieux et objets et pièces à conviction par ces mots significatifs sur le fait de l'incendie «ce que m'a fait croire le feu estre esté grand» (61).

Immédiatement après le dîner, les trois membres de la commission bisontine, «estans retirés» en une chambre de la maison de l'abbaye, se mirent à recueillir les dépositions des témoins, tant ecclésiastiques que laïques d'abord de Faverney, puis lancèrent les convocations pour les témoins étrangers. Ce jour-là comparurent seulement le sacristain Dom Garnier, le Révérend Père prieur et Dom Royer. Chacun d'eux fut interrogé séparément après avoir «presté serment sur Saints Evangiles de Dieu corporellement touchez». Selon l'ancien droit romain, adopté et précisé par les décrétales, droit qui était seul en vigueur en 1608, l'audition des témoins devait être suspendue les jours fériés. Mais cette prohibition, s'est empressé de faire remarquer le rapporteur M. l'abbé Mauvais, ne s'appliquait pas au procès solennel que l'Ordinaire n'était pas tenu de prescrire en cette forme, même d'après le concile de Trente, ni à un procès par voie pacifique et où tous sont d'accord. C'est pourquoi, M. Chevroton qui avait reconnu depuis son arrivée du samedi ainsi que durant toute la nuit et la journée du dimanche que le peuple de Faverney se montrait «fort enclin a devotion» pour le précieux Sacrement, se décida à reprendre son enquête l'après-midi, et furent interrogés encore les deux novices, les deux derniers religieux et deux habitants probablement très connus au monastère, à savoir : le couturier Bénigne Godichard et le marchand Mathieu Cocisse dit La Ramée (62). C'étaient déjà dix témoins entendus.

La journée du «lundy second jour du mois de Juin» fut fort chargée. Bien que la population de la ville ne s'arrêtât pas dans son élan pieux à garder le Saint Sacrement de miracle, les commissaires comprirent néanmoins qu'il fallait se hâter de clore l'enquête pour arriver à une solution au moins provisoire ; aussi dès le matin ils procédèrent à l'examen du curé de Faverney, Messire Oudot Hubert, que précéda Jean de la Tour et que suivit Estienne Caboz laboureur, ses paroissiens. Durant ce temps arrivèrent sur convocation Nicolas Piquard, «originel de Faverney et résidant à Amance», ainsi que son curé «Messire Moris Guyel prestre agé d'environ cinquante et un ans». En attendant la venue des témoins de Menoux et pour accélérer l'audition des personnes de Faverney, la commission, usant de son droit, se résolut à entendre «en turbe et conjointement» le juge de la seigneurie, honorable homme Claude Lesvolay et cinq autres bourgeois. Puis ce fut le tour de Simon Raison et de Gaspard Briod, deux laboureurs de Menoux qui comparurent en compagnie de Laurent Maignien de Faverney. Dans l'après-midi furent entendus «vénérable Messire Nicolas Aubry, prestre curé de Menoux» et les deux enfants, âgés d'environ onze ans, qui lui servirent la messe ; puis, pour en finir, arrivèrent en bloc les huit derniers témoins hommes de Faverney, que conduisait le greffier et le receveur de la terre et seigneurie, honorable Bartholomey Caboz le Jeune. Enfin l'audition de la femme du cordonnier Antoine Fournier termina cette première série des trente-six témoignages reçus dans l'abbaye. Il était cinq heures du soir (63).

De suite, il apparut clairement à la commission archiépiscopale un fait bien avéré : la concordance des trente-sept témoins jusqu'alors entendus éloigne tout soupçon de supercherie et de mise en scène de la part des bénédictins. Ils sont trop nombreux pour qu'il y ait eu entente préalable : leur âge si varié, leur condition et leur pays si différents, leurs dépositions si indépendantes les unes des autres rendent la chose absolument impossible. La précision des faits établis et prouvés séparément par chacun d'eux est telle que la scène entière se reconstitue d'elle-même ; et comme cette scène s'est prolongée pendant l'espace de trente-trois heures et qu'une infinité de peuple a pu s'approcher, les trois commissaires en conclurent que l'événement extraordinaire devait être tenu pour vrai et juridiquement prouvé (64).

Heureux de ce dénouement déjà si consolant, M. le procureur général Chevroton voulut sans retard procéder à la seconde partie du procès-verbal de constat des lieux et objets et pièces à conviction. Se faisant donc accompagner par «Messire Hugues Pourtier, doyen en l'église Monsieur Saint Michel de Salins et docteur en sainte Théologie» que le bruit du miracle avait amené au monastère, suivi par Messire Pierre Aillet, curé de Magny-lès-Jussey et doyen rural de Faverney, ainsi que par les trois curés de Faverney, Menoux et Amance «à ce appellez comme témoins», il se transporta «derechef en l'eglise assisté du sieur Morelot advocat fiscal et Bon Monnier greffier». Là, «en présence de tous Messieurs les Venerables Prieur et Religieux de l'abbaye et les plus notables habitans de la ville», fut organisée une procession. Dom Sarron en «aube blanche» fut conduit par M. Chevroton lui-même, «estant revestu d'un surplis», à l'autel du reposoir brûlé où, depuis le mardi matin 27 mai vers environ dix heures, reposait le miraculeux Reliquaire sans qu'on y eut touché ou changé quoi que ce soit. Tandis que tous les ecclésiastiques tant séculiers que réguliers «chantaient l'hymne Pange Lingua et le Tantum ergo», M. Chevroton fit transporter par le prieur «avec toute reverence le précieux Sacrement dez le lieu ou il estoit sur le grand autel». Et, afin de voir «de plus près encor les deux sacrées hosties», il fait ouvrir par Dom Sarron «l'une des vitres» de la lunette. Alors il peut constater : 1° que les deux hosties sont entières ; 2° que «celle qu'estoit du costé des gennes est un peu retirée, et plus rousse, comme de fumée, que l'autre», et que «l'image du crucifix d'icelle est, plus élevée que l'image du crucifix de l'autre» ; 3° que «le dessous du pied du reliquaire» qu'il n'avait pas eu l'idée d'examiner le samedi précédent, «estre fort obscur et qu'il avoit eu fort chaud» ; 4° «quant à la petite croix», il la sentit, il la toucha et la trouva «fort polie et nette» ; 5° il prit lui-même «la mesure nette du croison», et pour en avoir les dimensions aussi exactes que possible, il fit en marge sur son procès-verbal «une trasse de sa longueur et grosseur». Elle avait exactement vingt-six millimètres de long et un millimètre d'épaisseur (65).

En «attendant ce qu'il plairait» de décider «au Revérendissime Seigneur Archevesque», M. Chevroton exposa alors publiquement son projet «de faire resserrer en quelque lieu seur (sûr), honorable et decent le precieux Sacrement». À cette nouvelle, «les plus notables habitans» du lieu qui avaient été convoqués comme témoins, s'opposèrent avec véhémence tant en leur nom qu'en celui de tous leurs concitoyens à ce qu'on les frustrât «si tôt de la vision» du sacré Reliquaire. Enhardis alors par la spontanéité d'une telle opposition, tous prieur, curés, moines et pèlerins étrangers y joignirent leurs instantes supplications «de le laisser encore en la place sur la table brulée et en la forme» qu'il l'avait trouvé. Devant un mécontentement si accentué et si unanime, le procureur général crut prudent d'en délibérer une seconde fois, séance tenante, «avec les sieurs Doyens de Saint Michel et de Faverney et du sieur Morelot avocat fiscal». Car, en prévision de cette opposition possible et parce que, depuis son arrivée il avait cherché en vain dans l'église abbatiale «un lieu propre pour enserrer et enclore convenablement le précieux Sacrement», M. Chevroton s'était déjà auparavant longuement entretenu avec eux de ce qu'il devait faire. C'est pourquoi, comprenant qu'il fallait éviter de pousser à bout les bourgeois de Faverney en persistant à vouloir «enlever et resserrer ailleurs» leur Sacrement de Miracle, les commissaires eurent recours à une mesure qui concilia tout. M. le procureur Chevroton fit «apporter un tabernacle de bois» qu'il avait «remarqué le jour» même, après-midi «en l'eglise Monsieur Saint Bénigne paroissiale de Faverney» ; puis, «l'ayant fait honorablement parer pour ne laisser tel peuple mal content», d'autant plus qu'il l'avait reconnu pendant son temps de séjour, fort enclin en dévotion, il fit «mettre une table neuve sur les pieds de celle brulée», et on l'orna «de nappes blanches tant dessus que devant». On y plaça «le tabernacle ainsi paré et d'un corporal en dedans». Alors sur l'ordre de M. le procureur général, Dom Sarron le prieur rapporta depuis le grand autel «ledit précieux Sacrement et reliquaire susdits», et le fit «reposer le plus convenablement qu'il a esté possible audit tabernacle». Et ce fut M. Chevroton lui-même qui l'y resserra à clef. Celle-ci fut remise par lui au prieur ; et ayant «couvert toute la serrure de cire rouge sur laquelle il mit du papier», il y imprima «les armes» de Mgr Ferdinand de Rye avec le cachet qu'il «portoit a tel effet» (66).

Défense fut faite aussitôt aux religieux «de lever telles armes ou cachet ny de permettre estre levé sans l'ordonnance» du seigneur archevêque, et ordre «d'estre promptement faites des gennes de bois ou balustres devant et a l'entour de la table en forme de chapelle affin d'empescher d'y approcher». Le juge d'office de Faverney, Claude Lesvolay qui avait assisté à la cérémonie, se chargea volontiers «par dévotion» de la faire établir «a ses frais». Enfin M. Chevroton fit «ramasser tous les charbons, cendres et fragments de linges brulés restans», et Dom Garnier les resserra «dans un pot de terre en la sacristie de l'abbaye», avec défense «de n'en plus donner» jusqu'à la réception des ordres de l'archevêque ; car M. le procureur avait remarqué que «plusieurs en avaient pris et prenaient par dévotion, et comme pour saintes reliques». Pareillement il ordonna aux «sieurs prieur et religieux de l'abbaye de lever incontinent le reliquat du pale encor suspendu qu'estoit sur le précieux Sacrement et le resserrer, tellement qu'ils en puissent rendre compte si besoin estoit». Enfin, comme on n'ignorait pas à Besançon l'état déplorable, au point de vue religieux, de la communauté bénédictine de Faverney, ce que, du reste, il avait pu constater lui-même et apprendre pendant son court séjour, M. le grand procureur général crut bon d'exhorter Dom Jean Sarron et ses cinq religieux «d'avoir soigneux égard a la garde dudit précieux Sacrement et de leur devoir». Ainsi était fini cet extraordinaire évènement qui avait commencé huit jours avant, le lundi 26 mai environ vers l'heure de minuit (67).

«Le mardy lendemain, tier jours du mois de Juin», les trois commissaires enquêteurs quittèrent l'abbaye de bonne heure et se transportèrent «tous ensemble en l'hermitage de Provenchères proche ledit Faverney». «Pour plus grande verification et temoignage du fait cy dessus», ils avaient résolu de s'y arrêter, afin d'entendre comme témoins les deux prêtres collettins qui y vivaient saintement, et qui étaient arrivés dans l'église abbatiale le mardi matin entre neuf et dix heures, assez à temps pour assister à la descente miraculeuse du saint Reliquaire. Déjà l'interrogatoire du gardien Frère Georges Clerget était terminé et le greffier Bon Monnier procédait «à la lecture de sa deposition», quand rentra au monastère le vieux Frère Claude de Marchia. Aussitôt ce 39e témoin entendu, la commission reprit la route de Vesoul, et vers midi arriva «en la maison size proche ledit Vesoul quasi au joignant de l'une des portes de la ville ou presentement font leur residence les Reverends Pères Capucins pour cause de leur batisment qui n'est encor habitable». Après le repas furent entendus minutieusement les trois religieux qui s'étaient empressés de venir à Faverney dès l'après-midi du lundi 26 mai ; car M. Chevroton tenait essentiellement à prendre l'avis du Révérend Père Vincent Martel gardien, qui avait été «le conseiller prudent et éclairé des Bénedictins dans le trouble où les avait jetés le sentiment de la négligence retentissante dont ils s'étaient rendus coupables». Après ces importants témoignages, les commissaires entrèrent «en la ville de Vesoul» et se rendirent dans la maison hospitalière de la pieuse fille de feu Didier Compaigne. Là, avant la nuit, ils purent encore recevoir les dépositions de la maîtresse du logis Jeanne Compaigne âgée d'environ quarante ans, et de Catherine Argent, sans doute sa domestique âgée de vingt ans (68) ; c'était le 43e témoin.

«Le lendemain mercredy, quart jour du mois de juin», dans la matinée et en cette même «maison et logis» de Jeanne Compaigne, la commission reprit cette fois sa besogne avec la certitude de la terminer avant la nuit. Toutefois il est bon de signaler l'erreur purement matérielle que fit le secrétaire Bon Monnier en commençant ce procès-verbal de la dernière séance : par inadvertance, il inscrivit le même chiffre de 43e témoin pour Vénérable Messire Oudot Belpois, prêtre familier de l'église Saint-Georges, qui comparut en compagnie de ses deux confrères Messires Georges Meline et Jean Malbouhans. Avec eux et conjointement fut interrogé le jeune diacre Hubert Clément de Saint-Lupicin, aussi bien qu'Honorable Melchior Mercier, bourgeois très estimé à Vesoul, et son fils Oudot âgé de 26 ans, et aussi demoiselle Barbe Mercier sa fille sans doute, mariée à Jacques Jannot. Puis, ce fut le tour des époux Antoine Mourel et Jeannette Jacquet qui «se communièrent à la grande messe abbatiale». Enfin fut longuement et minutieusement entendue la déposition si importante du procureur d'office de l'abbaye de Faverney en la justice de Vesoul, Prudent Chalon âgé de 61 ans ; c'était le 54e témoin (69).

Cette fois, les trois commissaires archiépiscopaux jugèrent les «depositions assez suffisantes pour l'Exécution» de leur Commission. «Parmy un nombre très grand de peuple tant de Faverney que de celui qui accourut de tous les endrois circonvoisins», ils avaient, en effet, trié des témoins différents de profession, d'âge, de mœurs et d'aptitudes. Instruits pour la plupart et sachant signer leur nom, onze pourtant «ne sçavent escrire» ; les uns étaient laboureurs, ouvriers ou marchands, les autres bourgeois ou magistrats ; treize religieux appartenant à trois ordres divers et sept membres du clergé séculier, à peine le tiers, représentaient la classe sacerdotale. Dans la multitude des catholiques qui, de dix lieues à la ronde, étaient accourus avec l'enthousiasme d'une foi enflammée, ils auraient pu recueillir dix mille témoignages. L'attitude des sept cents habitants de Faverney qui tous ont vu le prodige et qui, dans leur insatiable curiosité ou inépuisable dévotion, ont exigé des commissaires qu'on les laissât continuer à le voir encore, c'est bien l'affirmation la plus autoritaire du fait miraculeux qui était l'objet de leur enquête. Leur conviction étant faite, M. le procureur général Chevroton et ses deux assesseurs arrêtèrent donc à Vesoul leur procès-verbal, le soir de ce même mercredi quatre juin, et le signèrent avec paraphe ; puis le lendemain, ils prirent le chemin du retour (70).

Rentrés à Besançon, les délégués s'empressèrent de remettre à l'archevêque les documents si précieux de l'enquête ; mais Mgr de Rye, avant de se prononcer sur un fait aussi important, voulut encore s'entourer de toutes les lumières de son diocèse et prendre conseil des hommes les plus distingués de la Province comtoise. Il convoqua donc pour le lundi suivant neuf juin Messieurs Philibert Pourtier, vicaire-général ou «vice-gérant», et le chanoine Philippe Boitouzet official ; puis les «Reverends sieurs Messires» François d'Orival, archidiacre de Luxeuil, et Antoine Des Potots, tous deux chanoines de l'insigne église métropolitaine de Besançon ; en plus, le Très Révérend Père Dominique Lambert de l'Ordre des Frères-Prêcheurs, inquisiteur général de la foi au diocèse de Besançon, le Très Révérend Père René Ayrault, recteur du collège de la Compagnie de Jésus à Besançon et le Révérend Père Claude Garnier, jésuite et professeur en théologie au même collège ; enfin le Très Révérend Père Georges Oudin, vicaire ou superieur du couvent des Frères Minimes de Besançon, le Révérend Père André Bard, professeur en théologie au même couvent, et le Révérend Père Marcellin de Pontbeauvoisin, prédicateur de l'Ordre des Capucins (71).

Au jour dit, en la salle de son palais archiépiscopal, Monseigneur l'archevêque Ferdinand de Longwy, dit de Rye, tint la séance mémorable où durant cette journée entière du 9 juin 1608, à peine deux semaines après le miracle, furent lus, relus, étudiés et discutés les témoignages des cinquante-quatre témoins. Les dix conseillers archiépiscopaux, tous hommes éminents de leur temps, tous prêtres et théologiens, «soigneux a esplucher», selon l'énergique expression d'un historien du temps, les documents recueillis par M. le grand procureur fiscal et général Chevroton nullement convoqué, mais assistés néanmoins par Jehan Morelot «docteur ez droits» et premier avocat fiscal de l'officialité, après avoir «debattu et examine tout ce que pouvoit engendrer doute et soupçon», ont «pour plusieurs belles et suffisantes raisons» déterminé «que la divine miséricorde a voulu faire voir clairement et publiquement sa tres grande puissance et bonté» par les six constatations suivantes (72) :

I. — «Le Reliquairé et la monstre d'argent dans laquelle estoient posées les sacrées Hosties ONT ESTÉ DEDANS LES FLAMES SANS OFFENSE NI LEZION AUCUNE», soit du cercle d'argent et des deux verres de la lunette, soit des deux espèces de la Sacrée Eucharistie, soit du tuyau de cristal et des reliques de Sainte Agathe, soit même du papier de soie qui «étoupait l'un des trous de la concavité démunie de son enchâssure» d'argent. Ce fait indubitable est prouvé d'abord par le pied du sacré Reliquaire que la véhémence du feu a noirci dessus en deux endroits et dessous intérieurement, ensuite par les charbons et les cendres qui sont restés sur ledit pied, puis par les noircissures des enchâssures du tuyau de cristal, aussi par la noircissure de fumée autour du cercle d'argent de la lunette desdites saintes Hosties, et enfin par la rousseur spéciale dont est d'un côté atteinte l'une des sacrées Hosties, «tournant face devers les treillis de fer» qui ont été tout blanchis par les flammes ardentes de l'embrasement du reposoir et du tabernacle en chêne (73).

II. — «Le Reliquaire et la monstre d'argent qui contenoit les deux sacrées Hosties», TOUT EN RESTANT À LA MÊME HAUTEUR qu'ils étaient posés avant l'incendie dans le tabernacle à colonnes, qu'on avait placé au milieu du reposoir, mais éloigné de la grille au moins d'une palme ou huit pouces, se sont «RETIRÉS DOIS L'ENDROIT DU MILIEU D'ICELUY» vers le côté de l'évangile, assez proche toutefois de la grille puisque le croisillon de gauche de la petite croix paraissait y toucher (74).

III. — «Le Reliquaire et la monstre d'argent avec lesdites sacrées Hosties», ainsi retirés du milieu du reposoir, ne sont pas restés droits comme ils étaient primitivement, mais «SE SONT PENCHÉS DU COSTÉ D'EN HAUT VERS L'ÉPITRE», et par le milieu du bras gauche la petite croix semblait s'appuyer sur un petit lien de fer mobile reliant les feuillages de la grille, MAIS RESTAIT SEPARÉE RÉELLEMENT DE L'ÉPAISSEUR D'UN BON GROS COUTEAU (75), tandis que le pied du Reliquaire était éloigné des barreaux de l'épaisseur d'un bon doigt.

IV. — Le saint Reliquaire, pesant un bon marc, c'est-à-dire une bonne livre, avec la monstre d'argent qui renfermait les espèces de la très sacrée Eucharistie sont ainsi demeurés penchés et suspendus en l'air, «sans estre soutenus ou retenus haut ou bas d'aucune chose corporelle ou visible a la mesme hauteur que le tout estoit sur le marbre du reposoir, sçavoir de cinq pieds de la baze desdits gennes et treillis», et cela dès le lundi 26 mai environ une heure du matin (76).

V. — Le sacré Reliquaire, toujours PENCHÉ ET SUSPENDU, est resté IMPASSIBLE ET IMMOBILE, tenant tout le temps dans «la mesme situation», c'est-à-dire durant trente-trois heures, «nonobstant divers branlements et secousses des gennes lesquelles tiennent très mal et facilement branlent et branlaient tant par l'approche du peuple, heurtant en allant et venant à l'entour, que par les heurtements de grosses pièces de bois apportées pour faire le barrage» (77).

VI. — Enfin, à l'instant où le curé de Menoux rabaissait la sacrée hostie, au temps «de l'elevation premiere en la sainte messe», la «Tres sacree Eucharistie, ensemble le reliquaire et montre d'argent ainsi suspendus» se remuant et se retournant en droite position, descendirent d'eux mêmes, «sans que lors les gennes et treillis ne branlassent n'y remuassent, doulcement sur le corporal placé à quatre ou cinq bons doigts au-dessous, et se posèrent decemment au milieu dudit corporal, les faces tournées droit tant d'un costé du peuple par millier dans l'église que du costé des grilles de fer» (78).

Du fait de ces six constatations juridiquement indubitables, il résultait que, comme l'a si éloquemment exposé le Révérend Père Janvier, les trois lois les plus certaines de la matière avaient été manifestement violées : loi du feu, loi de la pesanteur, loi du mouvement. Aussi à l'unanimité les membres éminents du conseil archiépiscopal affirmèrent-ils par écrit «que ledit cas contenoit un evident miracle a la confusion des incredules et heretiques». Puis, conformément aux décrets du sacré concile de Trente, ils furent tous d'avis que sa seigneurie Illustrissime et Révérendissime Ferdinand de Rye pouvait et devait l'approuver et le faire publier et reconnaître «promptement et sans dilation» par son peuple, dont «l'ardeur et fervente devotion concourt deja de soy mesme a la creance de ce grand miracle» (79).

En raison de cette décision formelle et sans réserves de tous les théologiens du chapitre et des divers collèges ou monastères de sa métropole, l'archevêque n'hésita pas à proclamer le miracle. Il le fit dans un mandement resté célèbre dont l'original, imprimé à Besançon sans doute en forme de placard comme c'était l'usage, fut signé en conseil le 10 juillet 1608. Le pontife qui édicta et signa ce manifeste, n'était point un homme vulgaire de race, crédule de sentiments, médiocre d'esprit, a écrit M. Jules Gauthier : c'était tout le contraire. Ferdinand de Rye, dit de Longwy, successeur sur le trône archiépiscopal depuis 1587 du cardinal Antoine Perrenot de Granvelle, appartenait à la famille la plus considérée qui fut au Comté de Bourgogne après celle des Vergy. La grande fortune territoriale dont il jouissait parmi les châtellenies de Vuillafans, l'intelligence, la piété, le noble caractère et même la valeur militaire qui rehaussaient singulièrement sa naissance, tout cela donnait à l'archevêque une situation exceptionnelle. En 1608 Ferdinand de Rye avait à peine cinquante ans ; ce fut donc en pleine maturité de sens et d'entendement que ce prélat dont le nom restera à jamais cher à l'Église de Besançon, rendit hommage à l'un des plus grands miracles eucharistiques qui venait de s'accomplir dans son diocèse. En récompense de sa «grande saincteté et douceur», a écrit l'historien comtois Gollut, Dieu lui réservait la gloire et la consolation de réparer le scandale immense donné jadis par la noble famille de Rye, et de venger l'outrage fait à Jésus-Hostie par la Ligue protestante des Gueux dont le seigneur d'Amance Marc de Rye, son propre oncle, avait été le chef incontesté (80).

La proclamation solennelle du mandement doctrinal de Mgr Ferdinand de Rye, portant «Déclaration authentique d'un Insigne miracle du Tres-sainct et Tres-Auguste Sacrement advenu les 26-27 May de la presente année 1608 en l'Eglise abbatiale de Nostre Dame de Faverney au Comté de Bourgogne», eut lieu le même jour dans les douze cents églises comtoises. Partout ce fut une fête d'immense joie pour le peuple chrétien et de grande gloire pour l'humble Dieu si méprisé par les protestants. Mais nulle part l'allégresse ne fut aussi exubérante que dans «ceste ville enrichie d'un thresor celeste qu'on ne sçauroit aprecier». Dès le «samedy 26 de Julliet», tèmoigne le Révérend Père Jacques Fodéré, savoyard de naissance, docteur de l'Université de Paris, professeur de théologie et auteur très érudit, «me rendant à pied au couvent de Provenchère en qualité de visiteur de nos monastères franciscains», et passant près de Faverney, «j'entendis trezeller les cloches, et je vis le peuple afferé et embesogné à nettoyer les rues, à ramer les places et tappisser devant les maisons». Curieux de savoir le motif d'une telle effervescence populaire, le religieux étranger apprit qu'on attendait l'arrivée de «Messieurs les Officiers de Monseigneur l'archevesque de Besançon... pour recognoistre la vérité d'un miracle qui s'y estoit fait depuis environ un mois en ça, et le publier juridiquement au peuple» le lendemain dimanche. Aussitôt il alla droit à l'église de l'abbaye, et fort intéressé par le recit qui lui fut fait «comme le tout s'estoit passé», il tint à assister en temoin oculaire à l'arrivee du savant bénedictin, recemment nommé abbé de Saint-Vincent à Besancon, Mgr Guillaume Simonin, archevêque de Corinthe et suffragant-coadjuteur de Ferdinand de Rye.

Se tenant donc tout auprès du représentant officiel de l'archevêque et des officiers de sa suite, il vit place sur les pieds de la table brûlée, «contre le treillis de fer qui traverse l'église et qui sépare le presbytéral d'avec la calade ou platte forme de devant le grand autel», le nouveau tabernacle dont la serrure portait intact le cachet de cire rouge aux armes de Mgr Ferdinand de Longwy. Avec les représentants archiépiscopaux il pénétra dans les balustres de bois qu'avait fait établir à ses frais «devant et a l'entour de la table en forme de chapelle» le juge d'office de Faverney Claude Lesvolay. Il fit même trois observations fort judicieuses et qui font mieux, ressortir la succession ininterrompue des prodiges les plus étonnants, jusque dans les plus petits détails du miracle :

1° Le ciel assez pesant du dais, attaché fort haut au sommet du treillis de fer par un châssis en bois, ayant pris feu par suite des flammes qui s'élevaient de la table en combustion, tomba sur le saint Reliquaire et de là à terre. Or ni la poussée subite de l'air, ni les débris importants, soit des traverses en bois soit des draperies brûlées, ne le firent mouvoir ou descendre par les secousses : donc il n'y avait aucune sorte d'adhérence au treillis de fer.

2. Le sacré Reliquaire, au lieu de descendre tout droit et à plomb et rapidement comme un objet qui se détache par secousse et tombe, se retourna face au peuple en se redressant, et s'avança d'une manière si lente, si claire et si distincte que plusieurs mêmes s'aperçurent qu'au milieu de l'espace des cinq bons doigts qu'il avait à descendre, il s'était un peu arrêté, faisant une petite pause, et peu après se plaça tout au milieu du corporal étendu. Mais il le fit avec tant de douceur que le «petit morceau de bois, gros comme une noix et bruslé aux deux extrémités» qui était arrêté sur le pied même du Reliquaire, à l'endroit incliné de plus de cinquante degrés en montant contre le pommeau, ne subit pas la moindre secousse et ne glissa nullement.

3. À une extrêmité du tuyau en cristal du saint Reliquaire qui contenait un doigt de sainte Agathe martyre, le papier paraissait moitié hors du bout dudit cristal ; or «nonobstant l'ardeur du feu et flammes qui enveloppèrent le Cyboire», ni le cristal ni la relique ne furent altérés ; voir même le papier de soie ne fut «tant soit peu que soit noircy ou rousty ou grillé», mais aussi blanc et entier qu'à «l'heure qu'on l'y avoit mis» (81).

Le lendemain 27, dernier dimanche du mois de juillet, la cité de Farverney dès les premières heures du jour fut envahie par la multitude des pèlerins, accourus pour satisfaire leur foi et leur piété comme au mardi 27 mai précédent. Aussi l'émotion fut-elle profonde, lorsque, devant la foule qui remplissait l'église abbatiale, fut donnée lecture, durant la grand'messe conventuelle chantée par le nouvel abbé Doresmieux, du jugement doctrinal de l'évêque diocésain déclarant MIRACULEUSE la conservation des Saintes Hosties dans les flammes de l'incendie, MIRACULEUSE la suspension et l'immobilité du saint ciboire durant trente-trois heures, et MIRACULEUSE sa descente spontanée sur le corporal du reposoir.

Mais la joie des innombrables fidèles présents devint délirante quand, la messe terminée, Mgr l'Archevêque de Corinthe vint en personne, assisté des dignitaires de sa suite et de tous les religieux bénédictins et d'un clergé nombreux, se prosterner au pied du petit reposoir devant la grande grille du presbitéral. Puis, se relevant il brisa le cachet archiépiscopal, et le prieur Dom Sarron, ouvrant la porte du tabernacle, en sortit avec révérence le Sacré Reliquaire. À la vue des Saintes-Hosties miraculeuses, les voûtes de l'antique église retentirent d'une immense acclamation de reconnaissance ; et alors, à travers les rues enguirlandées de la ville, se déroula une interminable procession où la pompe la plus solennelle se montra unie avec la piété la plus vive et le respect le plus marqué pour un miracle si grand et si redoutable. Désormais le culte des Saintes-Hosties de Faverney allait prendre son essor admirable pour «la consolation et edification de tout le peuple» comtois et pour «l'augmentation de grâce, vertu et devotion a un chascun de nous». Ainsi se terminait le mandement de Mgr de Rye et ainsi commençait la régénération religieuse de la Comté, si fortement menacée par l'hérésie protestante. Dieu avait parlé : la foi de nos ancêtres allait se raviver et refleurir (82).

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[Sources bibliographiques et Notes de bas de page.]

1. «Procès-verbal dressé à l'occasion du miracle arrivé en l'église abbatiale de Faverney en l'an 1608», copie certifiée conforme en 1760 à l'écrit original qui a disparu pendant la Révolution de 1793, en même temps que les archives de l'archevêché dont il faisait partie ; Jules Gauthier, La saint Hostie de Faverney, Besançon, Jacquin, 1901, p. 8. Cette copie consiste en un volume relié : elle est paginée par folios, recto et verso, et est déposée dans les archives spéciales de l'église de Faverney. Elle fut faite sur la demande du Révérend sieur Dom Jérôme Coquelin, abbé de Faverney, et fut collationnée par Mgr Antoine Cleriadus de Choiseul-Beaupré, archevêque de Besançon, prince du saint Empire, primat de l'insigne Église primatiale de Lorraine, grand aumônier du Roi de Pologne, duc de Lorraine et de Bar, assisté de Mgr l'évêque de Rosy son suffragant, et de MM. Étienne-François Galois et Jean-François Bailly, ses vicaires généraux. Elle a été signée à Besançon dans le palais archiépiscopal le 18 janvier 1760, et y est apposé le sceau en parchemin de Mgr de Choiseul. C'est sur cette copie manuscrite de Faverny que j'ai pris moi-même, durant tout le mois de juin 1907, les renseignements précis qui vont me servir dans ce récit du Miracle de 1608. Cette copie de Faverney n'est pas, il est vrai, la plus ancienne par ordre de dates. Dans l'Avant-propos du volume si précieux, intitulé : Notes et Documents que publia en février 1908 la commission des fêtes eucharistiques du miracle de Faverney à l'occasion du Tricentenaire du Miracle de 1608, il est dit que la première copie est le manuscrit 3707 de la bibliothèque de l'Arsenal à Paris (128 feuillets en papier, plus la feuille A ; 296 sur 206 mill ; écriture de la fin du XVIIe siècle, et sans date). Mais comme ce manuscrit a été «collationné sur l'original reposant aux chartes de l'archevesché par le juré Labet et signé du sieur Meurgey, greffier au souverain Parlement de Besançon, a la requisition de Messire Ferdinand Lampinet, conseiller aud. Parlement» (voir dans Notes et Documents, Pl-III, p. 6), et que, d'après les Actes importants du Parlement (B 2163, fol. 281 verso), Ferdinand Lampinet reçut la charge de conseiller en 1679 et résigna ses fonctions en 1700 en faveur de son fils, tandis que le juré Labet et le greffier Meurgey n'entrèrent en fonctions qu'en 1694, il s'ensuit que cette copie de l'Arsenal fut exécutée entre les années 1694 et 1700, c'est-à-dire, environ 60 ans avant la copie de Faverney. Toutefois «ces deux manuscrits n'ont pas été copiés l'un sur l'autre, mais dérivent tous deux directement de l'original ; celui de l'Arsenal est en général plus soigné, mais sensiblement modernise», tandis que dans «celui de Faverney se trouvent habituellement les formes les plus anciennes, celles de l'original par conséquent». — Il existe encore une troisième copie du procès-verbal de l'enquête canonique ordonnée par l'archevêque de Besançon, Ferdinand de Rye, au lendemain du mémorable événement. Elle fut faite, à la même époque que celle de Faverney, par le secrétaire de l'archevêché et est revêtue seulement de sa signature ; actuellement elle se trouve à la bibliothèque municipale de Besançon (Manuscrit 829, Catalogue des manuscrits, I, p. 522). — Enfin le cardinal Mathieu fit transcrire en 1870 le manuscrit de Faverney et collationna lui-même cette copie qu'il voulut contresigner au-dessus et au bas de chaque page NE VARIETUR ; c'est le manuscrit 1296 d'une collection particulière.

2. Manuscrit de Faverney, témoignage de M. le procureur général Chevroton, p. 16 recto ; Dom Jean Garnier, prêtre-sacristain, p. 19 verso et p. 20 recto ; Dom Nicolas Noirot, p. 8 recto ; Dom Jean Sarron, prieur, p. 27 recto ; Prudent Chalon, procureur d'office de Faverney à Vesoul, p. 86 verso.

3. Manuscrit de Faverney, Dom Noirot, p. 9 verso ; Dom Sarron, prieur, p. 28 recto ; Dom Garnier, sacristain, p. 25 verso ; Dom Prudent Chalon, p. 4. verso ; Conseil archiépiscopal, p. 91 recto.

4. Manuscrit de Faverney, Dom Noirot, p. 7 verso ; Prudent Chalon de Vesoul, p. 87 verso. — Larousse, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, III, p. 251 et IV, p. 169. Chancel ou cancel, en latin cancelli qui signifie barreaux ou treillis ou gennes. — Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle, Paris, Morel, 1868, IX, p. 224, fait bien remarquer que le chœur des formes était considéré comme nécessaire au service divin dans les églises monastiques, mais qu'il variait suivant les Ordres bénédictins ou cisterciens. — Rapport sur le lieu précis du miracle dans le compte rendu des travaux du congrès de 1908, pp. 83, 84 et 106.

5. Manuscrit de Faverney, p. 2 recto et Manuscrit de l'Arsenal publié dans le volume Notes et Documents, 2e éd., p. 7. — Monument commémoratif de la ville de Dole, voir les deux premières grandes lignes (Notes et Documents, p. 158). — Manuscrit de Faverney, p. 27 recto et Manuscrit de l'Arsenal, p. 34 (Dom Sarron, prieur). — Manuscrit de Faverney, p. 7 verso et Manuscrit de l'Arsenal, p. 13 (Dom Noirot). — Manuscrit de Faverney, p. 49 verso et Manuscrit de l'Arsenal, p. 51 (Mathieu Cocusse ou Cocisse, dit la Ramée, marchand de Faverney). — Notes et Documents, pp. 183 et 184 (R. P. Jacques Fodéré cordelier). — Pour le mot calade ou pavé ou parois, voir Dictionnaire universel par feu Messire Antoine Furetière, abbé de Chalivey et membre de l'Académie française ; bibliothèque du Séminaire de Faverney.

6. Ce plan de l'église actuelle de Faverney a été publié en 1894 par M. l'archiviste Jules Gauthier dans sa brochure intitulée Notes archéologiques et épigraphiques sur l'église abbatiale de Faverney (Haute-Saône), Vesoul, Suchaux, 1894, planches I et II. — Afin de bien éclairer le lecteur, j'ai annoté les différents endroits du sanctuaire et du transept et j'ai indiqué par une croix X le lieu précis du miracle dans le plan ci-dessus. — Notes et Documents, pp. 218 et 221 (Frère Romain Mignot). — Manuscrit de Faverney, p. 88 verso et Manuscrit de l'Arsenal, p. 99 et 100 (Prudent Chalon de Vesoul). — Les précisions sur le cadre de bois de la grille, et sur la semelle non enchâssée, mais seulement posée sur le dallage du presbitéral et s'arrêtant aux montants de la grande porte d'entrée du chœur qui avait 2 m. de large, m'ont été fournis personnellement, soit par M. Jules Gauthier en 1903 à Besançon, soit lors du congrès de 1908 par M. l'abbé P. Brune, curé-doyen de Mont-sous-Vaudrey et inspecteur des monuments historiques du Jura. C'est aussi M. Jules Gauthier, mon maître regretté, qui me prescrivit de prendre le milieu de la distance, entre le montant de la porte de l'appui de communion actuel et le pilastre au côté de l'évangile, pour indiquer l'endroit précis du reposoir du Miracle et partant le lieu même du Miracle, afin d'y faire placer une plaque commémorative. — Or, en l'an de grâce 1912, le vendredi 28 juin, la Providence a enfin permis que M. le chanoine Mourot qui s'est tant dépensé pour le congrès tricentenaire de Faverney, put découvrir une preuve matérielle et palpable de l'emplacement de la grande grille du Miracle. En présence de M. l'abbé Brun, curé-doyen et de M. le curé d'Amance, il mit à jour deux entailles creusées dans la pierre des pilastres à l'entrée du sanctuaire actuel. Au milieu du pilastre de gauche (côté de l'épître) nous avons trouvé un trou de scellement de 0,32 m. de hauteur, 0,15 m. de largeur et 0,09 m. de profondeur au sommet, et seulement 0,07 m. à la base. Au milieu du pilastre de droite (côté de l'évangile) c'est une longue encoche de 1,22 m. sur 0,15 m. de large et 0,07 m. de profondeur, avec cette particularité à sa base d'une saillie de 0,28 m. de hauteur et de 0,04 m. d'épaisseur, vraisemblablement destinée à servir de point d'appui à la poutrelle supérieure en bois qui traversait toute la largeur du chœur. Cette poutrelle supérieure mesurait 7 mètres. — Manuscrit de Faverney, p. 81 (Oudot Mercier de Vesoul) et p. 76 verso (Frère Claude de Marchia de l'Hermitage de Provenchère).

7. Manuscrit de Faverney, p. 3 verso (premier rapport signé des sept religieux) ; p. 17 verso (M. le procureur général Chevroton) ; p. 28 recto (Prudent Chalon de Vesoul).

8. En 1903, M. l'abbé Molteni, curé de Cubry-lès-Faverney, toujours dévoué, a bien voulu m'aider dans les fouilles qu'en présence de M. le curé-doyen Cramillet j'ai dû faire, sur les ordres de M. Jules Gauthier, soit vers la première colonne absidale de l'évangile, soit au même côté dans la chapelle de Notre-Dame la Blanche, soit au bas de l'escalier de la porte dans l'ancienne sacristie des religieux, aujourd'hui chapelle des catéchismes. Dans ces trois fouilles creusées à 0,80 m., nous avons retrouvé à cette profondeur le béton primitif sur lequel reposait l'ancien dallage. À partir de 0,50 m. du carrelage actuel dans le sanctuaire, nous avons retrouvé également mais intactes les moulures et les plinthes des colonnettes et des pilastres du chœur. Le même fait a été constaté encore le 3 juillet 1912 pour le pilastre du Miracle (côté de l'évangile). Or, un fait indéniable, c'est que les deux escaliers du sanctuaire ainsi que les deux degrès de la plateforme du transept font une hauteur totale de 0,50 m. De plus, il est facile de voir que les plinthes ou socles des pilastres du transept vers les nefs sont à moitié enterrées ; ensuite Dom Bebin déclare en 1670 que le sol de la grande nef a été rehaussé et que la grande et épaisse dalle moulurée, mais anépigraphe, ayant sur ses quatre faces une couronne héraldique en bas relief et qui, placée sur quatre colonnettes, faisait la tombe de Sainte Gude, est maintenant au niveau du pavé ; Dom Odilon Bebin, Histoire manuscrite de l'abbaye de Faverney, (Bibliothèque de Vesoul, manuscrits 192, 193), p. 50 recto p. 50 ; Émile Mantelet, Histoire politique et religieuse de Faverney depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Paris, chez l'auteur, 1864, p. 41. Tous ces détails indiquent nettement que le pavage de l'église, lors du miracle, était plus bas que celui de l'église actuelle. Or, depuis le niveau ancien jusqu'aux deux entailles de scellement, nouvellement découvertes, nous trouvons environ trois mètres pour la hauteur de la grande grille du presbitéral.

9. Manuscrit de Faverney, p. 28 verso (Dom Sarron prieur) ; p. 16 recto et p. 71 verso (M. le procureur Chevroton).

10. Manuscrit de Faverney, p. 8 verso (Dom Noirot) ; p. 42 verso (Dom Chalon).

11. Manuscrit de Faverney, p. 21 recto (Dom Garnier sacristain) ; p. 18 verso (M. Chevroton). — Dom Pierre-Philippe Grappin, Mémoires sur l'abbayé de Faverney, Besançon, Daclin, 1771, p. 86. — Jean Boyvin, Extrait de la relation fidèle du Miracle du Saint Sacrement arrivé à Faverney en 1608, p. 197. Manuscrit de Faverney, p. 49 (Dom Chalon).

12. Témoignage du R. P. Fodéré dans Notes et Documents, p. 186.

13. Manuscrit de Faverney, p. 2 recto (premier rapport des sept religieux).

14. Manuscrit de Faverney, p. 21 recto et Manuscrit de l'Arsenal, p. 27 (Dom Garnier) ; p. 32 recto (Dom Royer).

15. Manuscrit de Faverney, p. 21 recto et Manuscrit de l'Arsenal, p. 27 (Dom Garnier) ; p. 32 recto (Dom Royer).

16. Manuscrit de Faverney, p. 11 verso (Dom Noirot) ; p. 22 recto (Dom Garnier) ; p. 32 recto (Dom Royer).

17. Manuscrit de Faverney, p. 33 verso et Manuscrit de l'Arsenal, p. 40 (Dom Royer) ; p. 17 recto (M. Chevroton).

18. Manuscrit de Faverney, p. 10 verso (Dom Noirot).

19. Manuscrit de Faverney, p. 2 verso et Manuscrit de l'Arsenal, p. 7 (Dom Sarron) ; p. 21 recto et p. 27 (Dom Garnier) ; p. 42 verso et p. 50 (Dom Chalon) ; p. 76 verso et p. 87 (Les RR. PP. Capucins de Vesoul). — Dom Grappin, Mémoires, p. 86.

20. Manuscrit de Faverney, p. 2 verso (rapport des sept religieux) ; p. 8 verso (Dom Noirot) ; p. 18 verso (M. Chevroton).

21. Témoignage du R. P. Fodéré, p. 146. — Manuscrit de Faverney, p. 17 verso et p. 18 recto (M. Chevroton) ; p. 21 verso et Manuscrit de l'Arsenal, p. 27 (Dom Garnier) ; p. 41 recto et p. 48 (Frère Brenier novice).

22. Manuscrit de Faverney, p. 21 recto et Manuscrit de l'Arsenal, p. 27 (Dom Garnier) ; p. 42 verso et p. 56 (Dom Chalon) ; p. 32 recto et p. 39 (Dom Royer).

23. Manuscrit de Faverney, p. 21 verso (Dom Garnier) ; Manuscrit de l'Arsenal, p. 50 (Dom Chalon).

24. Manuscrit de Faverney, p. 9 verso ett 10 recto (Dom Noirot) ; p. 16 verso (M. Chevroton) ; p. 22 recto (Dom Garnier) ; p. 43 recto (Dom Chalon).

25. Manuscrit de Faverney, p. 10 recto et Manuscrit de l'Arsenal, p. 15 (Dom Noirot) ; p. 22 recto (Dom Garnier); p. 43 recto (Dom Chalon).

26. Manuscrit de Faverney, p. 4 verso, p. 9 recto et p. 10 recto (Dom Noirot); p. 20 verso (Dom Garnier) ; p. 42 recto (Dom Chalon).

27. M. Jules Gauthier, La Sainte Hostie de Faverney, p. 10, atteste que l'abbé de Lambrey fit confectionner ce reliquaire ostensoir de 1486 à 1520. Les armes de Lambrey portaient : d'azur au chevron d'or accompagné de trois fermaux de même. — Manuscrit de Faverney, p. 87 verso (Prudent Chalon de Vesoul); p. 15 verso (M. Chevroton); p. 9 recto (premier rapport des religieux). — Compte rendu des travaux du congrès, p. 117 (M. le directeur Joignerey), p. 161 (M. l'abbé Tuaillon directeur au grand Séminaire), et p. 175 (M. l'abbé Perrod). — Manuscrit de Faverney, p. 14 verso, p. 15 verso et p. 18 recto (M. Chevroton) ; p. 9 recto (Dom Noirot) ; p. 44 recto (Dom Chalon) ; p. 46 verso (Dom Clamey) ; p. 53 recto (M. le curé de Faveruey) ; p. 70 verso (M. Chevroton) ; p. 74 recto (Frère Georges Clerget de Provenchère) ; p. 76 verso (RR. PP. Capucins de Vesoul) ; p. 81 verso (44e à 49e témoins de Vesoul). — Manuscrit de l'Arsenal, p. 81 (double ligne indiquant longueur et grosseur du croisillon). — Dom Grappin, Mémoires, p. 87. — Il est bon de signaler qu'aucun témoignage n'indique que l'extrémité des petits croisillons était biseautée. Pourtant, de même que le fac-simile du reliquaire qui se trouve dans le dessin du manuscrit de l'Arsenal, folio 125 (voir planche I dans Notes et Documents pour le congrès} porte le biseau dans les bras de la petite croix, ainsi j'ai vu à Faverney une gravure de 1760 qui portait le même biseau. Aussi quand M. Léon Gauthier, conservateur des archives à Paris et fils de M. Jules Gauthier, vit à la sacristie de Faverney pour la première fois cette gravure de 1760, il s'écria : «Le biseau est bien du style de l'époque !». C'est pour ces motifs que la commission du congrès décida qu'on s'en tiendrait au document le plus ancien et qu'on ferait le biseau (lettre de M. le chanoine Mourot, secrétaire-général du congrès, Besançon, 8 novembre 1907). Malheureusement cette gravure de 1760, portée à Paris en février 1908 pour les travaux préparatoires du congrès, y a été égarée.

28. Manuscrit de Faverney, p. 10 recto (Dom Noirot).

29. Manuscrit de Faverney, p. 22 recto et p. 25 recto (Dom Garnier) ; p. 10 verso (Dom Noirot) ; p. 63 verso (Messire Nicolas Aubry, curé de Menoux). — Compte rendu des travaux du congrès, p. 128 (M. l'abbé Jean-Marie Munier). — Dom Bebin, Manuscrit, p. 47 verso et recto et p. 50 verso. — Il est bon d'indiquer ici qu'il n'y avait alors que six religieux à l'abbaye de Faverney, à savoir : Dom Jean Sarron prieur, âgé de 63 ans ; Dom Jean Garnier sacristain, âgé de 46 ans ; Dom Nicolas Clamey, âgé de 55 ans ; Dom Pierre Royer, âgé de 40 ans; Dom Nicolas Noirot, âgé de 32 ans ; et Dom Prudent Chalon, âgé de 28 ans. En plus il se trouvait un novice Frère Nicolas Brenier, âgé de 19 ans, et enfin un petit novice Frère Gabriel Hudelot, âgé de 13 ans. Ce petit nombreux de religieux qu'attestant 1° le rapport rédigé durant le miracle le mardi matin 27 mai 1608 et signé des 6 profès et du novice, 2° le rapport rédigé après le miracle et signé des mêmes, et 3° l'acte authentique de concession d'une des Saintes-Hosties à la ville de Dole, le 18 décembre 1608 et qui se trouve aux archives de la Haute-Saône, H. 455, n°2 (Notes et Documents, p. 9), excuse et explique en partie, vu surtout le peu de ferveur de la communauté, l'abandon de l'adoration nocturne devant le T. S. Sacrement exposé. Mais aussi ne peut-on pas supposer que, une fois l'église fermée, Dom Garnier prit la précaution de décrocher les petits rideaux de soie qui, relevés sur les colonnettes du tabernacle au reposoir, permettaient d'apercevoir le reliquaire-monstrance durant le jour, et, retombés pour la nuit, le cachaient en l'enveloppant complètement comme dans une tente ?

30. Compte rendu des travaux du congrès, p. 157 (M. l'abbé Tuaillon) ; p. 183 (M. l'abbé Tournier). — L'abbé Constant Tournier, La crise huguenote à Besançon au XVIe siècle, Besançon, Jacquin, 1910, pp. 216 et 217 ; L'abbé Constant Tournier, Le protestantisme dans le pays de Montbéliard, Besançon, Jacquin, 1889 ; Le R. P. Ludovic de Faverney, Les dogmes de l'église catholique, justifiés par les prodiges arrivés en la province de Comté, bibliothèque de Besançon, Ms. n° 828 ; L'abbé Joseph Morey, Discours prononcé dans l'église de Notre-Dame de Faverney, le 11 août 1874, au pèlerinage du séminaire de Luxeuil, Besançon, Jacquin, 1874, p. 7 ; Notes et Documents, p. 163 (rapport de Mgr de Corinthe). — Manuscrit de Faverney, p. 54 recto (M. le curé de Faverney).

31. Lors du Congrès de 1908, dans la reconstitution du reposoir du Miracle d'après les renseignements historiques, j'ai constaté que le support de liège pour les lampes à veilleuse prend facilement feu. — Bibliothèque de Versoul, Histoiré des guerres inténtees dans le Duché et le Comte de Bourgogne depuis l'an 1594 jusqu'à l'an 1699, Ms. n° 1791-1792, p. 21. — Manuscrit de Faverney, p. 3 recto et p. 4 recto (premier rapport) ; p. 10 verso (Dom Noirot) ; p. 22 recto et verso, et p. 23 recto (Dom Garnier) ; p. 43 verso (Dom Chalon) ; p. 29 recto (Dom Sarron).

32. Manuscrit de Faverney, p. 23 recto (Dom Garnier) ; p. 38 verso et p. 39 verso (Frère Brenier) ; p. 43 verso (Dom Chalon) ; p. 32 verso et p. 33 recto (Dom Royer) ; p. 29 recto (Dom Sarron); p. 36 recto et verso (Frère Hudelot qui était à l'abbaye depuis 20 mois environ, et qui couchait avec Frère Brenier dans la chambre regardant dessus la cour).

33. Manuscrit de Faverney, p. 37 recto (Frère Hudelot) ; p. 39 verso et p: 40 recto (Frère Brenier) ; p. 23 recto et p. 24 verso (Dom Garnier) ; p. 33 verso et p. 34 recto (Dom Royer) ; p. 60 recto (Étienne Damisey).

34. Manuscrit de Faverney, p. 33 verso et p. 34 recto (Dom Royer) ; p. 28 verso et p. 29 recto (Dom Sarron) ; p. 40 recto (Frère Brenier); p. 43 verso (Dom Chalon) ; p. 23 verso (Dom Garmer) ; p. 58 recto, p. 59 recto et verso (16e, 17e, 18e, 19e, 20e et 21e témoins) ; p. 10 verso et p. 12 recto (Dom Noirot) ; p. 16 recto et p. 17 recto (M. Chevroton) ; p. 4 recto (premier rapport).

35. Manuscrit de Faverney, p. 59 verso (16e à 21e témoins) ; p. 22 verso et p. 26 verso (Dom Garnier) ; p. 16 recto et verso (M. Chevroton) ; p. 29 recto (Dom Sarron) ; p. 37 recto (Frère Hudelot) ; p. 39 recto et verso (Frère Brenier) ; p. 33 recto et p. 34 recto (Dom Royer) ; p. 46 recto (Dom Clamey) ; p. 11 recto (Dom Noirot) ; p. 4 recto (premier rapport).

36. Manuscrit de Faverney, p. 17 recto et verso (M. Chevroton) ; p. 58 recto (16e à 21e témoins); p. 66 verso (28e à 36e témoins). — Manuscrit de l'Arsenal, p. 76 (Georges Boulangier 33e témoin).

37. Manuscrit de Faverney, p. 66 recto (28e à 36e témoins) ; p. 34 recto (Dom Royer). — Compte rendu des travaux du congrès, p. 63 (rapport de M. le chanoine Panier). — Manuscrit de Faverney, p. 16 recto et verso (M. Chevroton) ; p. 25 recto (Dom Garnier) ; p. 40 recto (Frère Brenier) ; p. 48 recto et verso (Bénigne Godichard) ; p. 13 recto (M. le curé de Faverney). — Manuscrit de l'Arsenal, p. 19 (Dom Noirot).

38. Manuscrit de l'Arsenal, p. 11 et 18 (Dom Noirot) ; p. 30 (Dom Garnier) ; p. 36 (Dom Sarron) ; p. 60 (M. le curé de Faverney) ; p. 78 (Prudent Chalon de Versoul). — Compte rendu des travaux du congrès, p. 63 (M. Panier).

39. Manuscrit de l'Arsenal, p. 65 et Manuscrit de Faverney, p. 57 verso (M. le curé d'Amance).

40. Tournier, La crise huguenote, p. 309. — Compte rendu des travaux du congrès, p. 64 (M. Panier). — Manuscrit de l'Arsenal, p. 98 et Manuscrit de Faverney, p. 87 recto (Prudent Chalon de Versoul). — Le couvent des capucins de Vesoul fut fondé par le R. P. Besancenot capucin, qui trouva un appui généreux en la personne d'honorable Melchior Mercier, bourgeois de Vesoul (49e témoin du miracle). La résidence fut construite sur la colline au pied de La Motte et dominant la ville, à l'endroit même où s'élêvent aujourd'hui les magnifiques bâtiments de l'ancien séminaire de philosophie et qui, désaffectés par la loi dite de Séparation, sont devenus la propriété de la ville de Vesoul. Ce fut le 30 avril 1605 que le prieur de Marteroy procéda à l'inauguration des travaux de construction ; Mgr Ferdinand de Rye, archevêque de Besançon, vint y planter la croix et en bénit la première pierre. Les bâtiments étaient encore inachevés en 1608, et l'église du couvent ne fut consacrée par Mgr de Corinthe que le 11 juillet 1611 ; Louis Monnier, Histoire de la ville de Vesoul, Vesoul, Bon, 1909, I, p. 312. — Le R. P. Vincent, comme gardien du couvent des capucins de Vesoul, fut délégué au chapitre général de Riom en septembre 1608. — Le R. P. Timothée avait été le premier gardien du couvent de Vesoul en 1606-1607 ; puis il le fut encore en 1609 ; ensuite il devint gardien des couvents de Lons-le-Saunier, de Pontarlier, de Dole et de Poligny : Archives du couvent de Sainte-Claire de Poligny, Histoire manuscrite de Franche-Comté, pp. 104, 552 et 553. — Le frère Ruffin de Lyon était sans doute de passage au couvent de Vesoul ; Manuscrit de l'Arsenal, p. 9, notes 3, 4 et 5 ; p. 86 (RR. PP. capucins témoins).

41. Manuscrit de Faverney, p. 81 recto (Prudent Chalon de Versoul) ; p. 80 recto et verso (prêtres familiers de Vesoul). — Voir la lettre de Frédéric Vuillard au IV des Notes et pièces justificatives.

42. Tournier, La crise huguenote, p. 309. — Manuscrit de Faverney, p. 11 recto (Dom Noirot) ; p. 23 verso et p. 24 recto (Dom Garnier) ; p. 87 verso et p. 88 recto, puis Manuscrit de l'Arsenal, p. 99 et 100 (Prudent Chalon de Versoul). — Manuscrit de Faverney, p. 34 recto (Dom Royer) ; p. 53 recto (M. le curé de Faverney) ; p. 60 verso (16e à 21e témoins) ; p. 67 recto (28e à 36e témoins) ; p. 44 verso (Dom Chalon), et Manuscrit de l'Arsenal, pp. 61, 69, 76 et 77.

43. Tournier, La crise huguenote, p. 310. — Bibliothèque de Besançon, Ms. n° 828 ; Manuscrit de l'Arsenal, p. 18 (Dom Noirot).

44. Notes et Documents, p. 171 (traduction du procès-verbal de l'archevêque de Corinthe par Dom Michelet). — Je dois mentionner ici une observation qui fut faite à la fin de la séance générale du vendredi matin 22 mai, au congrès de Faverney en 1908. Dans les divers récits du Miracle de 1608, il est dit : «qu'un prêtre avait passé une queue d'éteignoir entre la grille et l'ostensoir» ; ou bien «tantost un Missel, tantost un linge estendu, tantost autre chose» ; ou encore «une baguette autour de l'ostensoir suspendu». Or, il faut bien qu'on le sache : c'est une erreur. Et c'est pourquoi, après avoir étudié minutieusement les pièces authentiques du procès juridique, j'affirme comme l'a déclaré au congrès M. le chevalier Pidoux : «Il n y a pas de trace de cela aux documents». — Manuscrit de Faverney, p. 34 verso (Dom Royer) ; p. 40 recto (Frère Brenier) ; p. 81 verso (45e à 50e témoins) ; p. 76 recto (RR. PP. capucins) ; p. 44 recto (Dom Chalon) ; p. 24 recto et verso (Dom Garnier). — Manuscrit de l'Arsenal, p. 87 et pp. 51 et 52. — Compte rendu des travaux du congrès, p. 151 (M. Panier).

45. Manuscrit de Faverney, p. 77 recto et verso, et Manusrit de l'Arsenal, p. 88 (RR. PP. capucins) ; p. 16 recto (M. Chevroton).

46. Tournier, La crise huguenote, p. 310 ; M. l'abbé Constant Tournier, Le miracle de Faverney vu et raconté par un protestant de Montbéliard [Frédéric Vuillard], Besançon, Jacques et Demontrond, 1913, p. 15. — Voir la lettre de Frédéric Vuillard au IV des Notes et pièces justificatives.

47. Manuscrit de Faverney, p. 24 recto, et Manuscrit de l'Arsenal, p. 31 (Dom Garnier). Ainsi nous paraît être apocryphe le fait que rapporte Dom Bebin (Manuscrit, p. 223 verso) et dans lequel il attribue au Frère Brenier, alors novice et plus tard devenu abbé de Faverney, l'honneur d'avoir arrêté le bras du sacristain Dom Garnier qui, le lundi matin à 4 heures, lors de la découverte du Saint-Sacrement suspendu, s'élançait pour l'arracher contre la grille.

48. L'abbé Jean-Marie Suchet, Histoire de l'éloquence religieuse en Franche-Comté, depuis les origines du christianisme jusqu'à nos jours, Besançon, Jacquin, 1897, p. 78. — Le R. P. Ludovic de Faverney a laissé en manuscrit une suite d'instructions intitulées Les dogmes de l'église catholique, justifiés par les prodiges arrivés en la province de Comté ; c'est le manuscrit n° 828 de la bibliothèque municipale de Besançon. — L'abbé Loye, Histoire de l'église de Besançon, Besançon, Jacquin, 1903, IV, p. 403 ; Tournier, La crise huguenote, p. 317 ; Compte rendu des travaux du congrès, p. 189 (rapport de M. l'abbé Tournier). — Morey, Discours, p. 11.

49. Manuscrit de Faverney, p. 83 verso et 84 verso (51e à 53e témoins) ; p. 55 verso (Honorable Nicolas Picquard, originaire de Faverney et résidant à Amance). — Manuscrit de l'Arsenal, p. 9 (premier rapport) ; p. 101 (Prudent Chalon de Versoul). — Compte rendu des travaux du congrès, p. 67 (M. Panier). — Manuscrit de l'Arsenal, p. 10 (second rapport) ; p. 44 (Frère Gabriel Hudelot). Comme historien véridique, je suis obligé de signaler que le 5e témoignage est : signé Frère Antoine Gabriel Hudelot. Si donc il n'est pas mentionné parmi les signataires ni du premier ni du second rapport, tandis que son collègue novice Brenier y paraît, c'est qu'on l'a exclu intentionnellement. Du reste, cet enfant privilégié par Dieu n'apparait plus dans la suite ; je n'ai pu retrouver sa trace nulle part, pas même le mardi 27 mai, puisqu'il déclara sous la foi du serment que «dez lors», après qu'il eut aperçu le sacré Reliquaire, «il ne pût s'approcher pour reconnaître davantage, il ne vit aussy le mardy matin». Même dans le procès-verbal de prise de possession de la Sainte-Hostie de Dole, le 18 décembre 1608, sont mentionnés les noms de Nicolas Brenier et Jean Maillard, novices de Faverney, mais il n'y a plus de Gabriel Hudelot ; Notes et documents, 2e éd., p. 125.

50. Compte rendu des travaux du congrès, p. 109 (M. le directeur Joignerey). — Manuscrit de Faverney, p. 49 verso (Mathieu Cocisse dit la Ramée de Faverney, 10e témoin) ; p. 60 verso (16 à 21e témoins). — Amoncourt et Fleurey-lès-Faverney, situés à 5 et 3 kilomètres de Faverney, sont du canton de Port-sur-Saône (Haute-Saône). Pusy et Epenoux sont à 12 kilomètres de Faverney et à 3 kilomètres de Vesoul. - Manuscrit de l'Arsenal, p. 61, (M. le curé de Faverney) ; p. 77 (28e à 36e témoins). — Bibliothèque municipale de Vesoul, Ms. 94 (actuellement 34) venant du monastère de Faverney et intitulé : Les divins mystères vérifiez dans l'Hostie miraculeuse de Faverney avec les pratiques particulières pour l'adorer, composé par le R. P. Dom Maur Michelet, religieux bénédictin de la congrégation de Saint-Vannes et Saint-Hidulphe, ancien et actuel professeur en théologie, distingué par la vertu et son érudition, mort à Luxeux le 24 Janvier 1741, p. 20. — Manuscrit de l'Arsenal, p. 72 et 73 (M. le curé de Menoux) ; Cubry-lès-Faverney, actuellement du canton de Vauvillers (Haute-Saône), faisait autrefois partie de la paroisse de Menoux dont ce petit village n'est éloigné que de deux bons kilomètres. — Compte rendu des travaux du congrès, p. 129 (rapport de M. l'abbé Munier, curé de Ternuay). — Manuscrit de l'Arsenal, p. 83 (Frère Clerget de Provenchère) ; Provenchère est un village du canton de Port-sur-Saône et situé à six kilomètres de Faverney, vers la route de Vesoul. Depuis 1485 il y avait un petit ermitage ou couvent de Colettins, c'est-à-dire de religieux franciscains réformés par sainte Colette ; il fut fondé le 28 janvier 1485 par le R. Père gardien du couvent de Charriez-lès-Vesoul qui y installa trois religieux ; ils n'étaient que deux en 1608 et furent jusqu'à sept en 1790 : Loye, Histoire, III, p. 130 et V, p. 13. — Manuscrit de l'Arsenal, p. 31 (Dom Garnier).

51. Manuscrit de l'Arsenal, p. 19 (Dom Noirot) ; p. 106 (jugement archiépiscopal} ; p. 101 (Prudent Chalon de Versoul). — Jules Gauthier, Notes archéologiques et épigraphiques sur l'église abbatiale de Faverney, Vesoul, Suchaux, 1894, p. 28. Cette croix, déjà fort belle en 1608, fut en 1616 recouverte de lames d'argent par l'abbé Doresmieux qui y fit graver ses armes et une inscription ; Archives du Doubs, Fonds du Parlement de Dole. — Manuscrit de l'Arsenal, p. 77 (28e à 36e témoins) ; pp. 55 et 56 (Bénigne Godichard) ; p. 63 (Étienne Caboz, laboureur de Faverney).

52. Manuscrit de l'Arsenal, p. 83 (Frère Clerget) ; p. 73 (M. le curé de Menoux). — Compte rendu des travaux du congrès, p. 129 (rapport de M. l'abbé Munier). — Manuscrit de l'Arsenal, p. 73 (26e et 27e témoins) ; p. 48 (6e témoin) ; p. 96 (52e et 53e témoins) ; p. 54 (8e témoin) ; p. 57 (10e témoin) ; p. 59 (11e témoin) ; p. 62 (13e témoin) ; p. 95 (51e témoin).

53. Manuscrit de l'Arsenal, pp. 63 et 64 (14e témoin) ; p. 71 (22e à 24e témoins) ; p. 78 (37e témoin) ; p. 90 (43e et 44e témoins) ; p. 66 (16e à 21e témoins) ; pp. 74 et 75 (28e à 36e témoins) ; p. 42 (4e témoin) ; pp. 91 et 92 (45e à 50e témoins) ; p. 52 (7e témoin) ; p. 101 (54e témoin).

54. Manuscrit de l'Arsenal, p. 78 (Isabeau Bourrelier) ; p. 97 (52e et 53e témoins de Vesoul) ; p. 89 (RR. PP. capucins) ; p. 39 (3e témoin Dom Sarron) ; p. 36 (9e témoin Bénigne Godichard) ; p. 62 (13e témoin Estienne Caboz) ; p. 31 (2e témoin Dom Garnier); p. 84 (39e témoin Frère Claude de Marchia âgé de 68 ans). Un fait m'a frappé : il n'est nullement question que le monastère cistercien de Clairefontaine situé à 14 kilomètres, aussi bien que celui des bernardins de Cherlieu éloigné de plus de 20 kilomètres, aient envoyé quelques religieux pour s'enquérir du «grand miracle advenu à Faverney», tandis que les huguenots de la Rochère et de Passavant y ont accouru pendant la nuit, et qu'au témoignage de M. le chanoine Morey et de M. le chanoine Tournier, «deux ou trois Montbéliardais, ayant connu la grande merveille, s'empressèrent de monter à cheval et de prendre la direction de Faverney. A leur grand regret, ayant appris chemin faisant au Magny d'Anigon (paroisse de Lyoffans au canton de Lure) la cessation du miracle, ils rebroussèrent le chemin» : Morey, Discours, p. 11 ; Tournier, Le miracle de Faverney, p. 3.

55. Manuscrit de l'Arsenal, p. 21 (M. Chevroton) ; p. 74 (servants de messe) ; p. 58 (Mathieu Cocisse) ; p. 90 (Jeanne Compaigne et Catherine Argent) ; p. 64 (Nicolas Piquard) ; p. 52 (Dom Chalon) ; p. 70 (témoins de Menoux) ; p. 101 (Prudent Chalon de Versoul) ; p. 106 (Conseil archiépiscopal). — Compte rendu des travaux du congrès, p. 118 (rapport de M. le direteur Joignerey) ; p. 162 (rapport de M. l'abbé Tuaillon). — Dom Michelet, Manuscrit des divins mystères, p. 20. — Dom Bebin Manuscrit, p. 48 recto. — Tournier, Le miracle de Faverney, p. 20 ; Temoignage de Jean Boyvin.

56. Manuscrit de l'Arsenal, p. 56 (Bénigne Godichard) ; p. 96 (53e témoin) ; p. 58 (Mathieu Cocisse). — Dom Michelet, Manuscrit des divins mystères, p. 20. — Manuscrit de l'Arsenal, p. 31 (Dom Garnier) ; p. 46 (Dom Royer) ; p. 84 (Frère Clerget) ; p. 70 (16e à 22e témoins); p. 77 (28e à 36e témoins) ; p. 94 (45e à 50e témoins) ; p. 88 (RR. PP. capucins); p. 79 (37e témoin) ; p. 99 (R. P. Timothée). — Notes et documents, p. 167 (procès-verbal de Mgr de Corinthe).

57. Manuscrit de l'Arsenal, p. 73 (Messire Nicolas Aubry). — Frère Joseph Meglinger (sous-prieur de l'abbaye cistercienne de Wettingen, située à une demi-lieue de la ville de Baden, canton d'Argovie au bord de la Limmat), Une excursion en Franche-Comté en 1667 dans les Annales franc-comtoises, Besançon, novembre 1865, IV, p. 321. — Compte rendu des travaux du congrès, p. 129 (rapport de M. le curé de Ternuay). — Notes et documents, p. 80, note 3 : «Nicolas Aubry, curé, de Menoux et Cubry, passait en 1604 un traité avec ses paroissiens pour le règlement des droits curieux ; Archives du Doubs, G. 526. — Manuscrit de l'Arsenal, p. 58 (Mathieu Cocisse) ; p. 85 note 1 (R. P. Vincent Martel) ; p. 37 (Dom Sarron); p. 97 (Antoine Mourel et sa femme Jeannette Jaquet).

58. Manuscrit de l'Arsenal, p. 54 (Dom Clamey) ; p. 89 (RR. PP. capucins) ; p. 10 (2e rapport). — Manuscrit de Faverney, p. 36 verso (Dom Sarron).

59. Dom Michelet, Manuscrit des divins mystères, pp. 15, 21 et 38 et Manuscrit de l'Arsenal, pp. 20 et 81 (M. Chevroton). — Morey, Discours, p. 7. — Dom Bebin, Manuscrit, p. 171 recto. — Voici les deux vers latins composés par le président Jean Boyvin et qui étaient écrits en lettres d'or au frontispice d'un arc de triomphe à Dole, lors de la procession pour l'arrivée de la sainte Hostie en décembre 1608 : «Impie, quia dubitas hominemque Deumque fateri ? Se probat esse hominem sanguine et igne Deum».

60. Manuscrit de l'Arsenal, pp. 9 et 10 (Dom Noirot). — Compte rendu des travaux du congrès, p. 108 et 109 (M. le directeur Joignerey) ; p. 142 (Rapport de M. l'abbé Mauvais, curé du Pissoux. — Procès-verbal d'enquête et ordonnance du conseil archiépiscopal de Besançon touchant le miracle, 29 Mai - 9 Juin 1608, copie de l'Arsenal dans Notes et documents, pp. 5, 11, 12 et 20 ; le procureur général ainsi que l'avocat fiscal et régal étaient des officiers de la Chambre archiépiscopale, p. 5 note 1. Pierre Chevroton fut d'abord curé de Saint-Hippolyte et chanoine de Besançon, puis notaire et secrétaire du chapitre de la cathédrale, et prieur commendataire du monastère secondaire ou prieuré de Sirod, au canton de Champagnole (Jura) et qui dépendait de l'abbaye de Saint-Claude. Il avait été fondé du temps de saint Lupicin qui le dédia à saint Étienne premier martyr, et il fut pendant plusieurs siècles un centre agricole et religieux d'une réelle importance. L'église du couvent était à la fois prieurale et paroissiale ; Loye, Histoire, I, p. 102. — Archives du Doubs, G. 199, G. 200, E. 539, p. 315, H. prieuré de Sirod. — Jehan Morelot, avocat, ayait fait la préface d'un ouvrage de Ch. Chifflet, imprimé à Lyon en 1584 ; Archives du Doubs, G. 550. — Bon Monnier était fils de Bon Monnier, notaire et lieutenant de la Régalie à Besançon ; notaire lui-même, il était co-gouverneur de Besançon et fut anobli en 1636 : Notes et documents, p. 11, notes 1 à 3.

61. Manuscrit de l'Arsenal, pp. 20, 21, 23 et 24 (M. Chevroton) et Dom Michelet, Manuscrit des divins mystères, pp. 19, 22 et 24. — Manuscrit de l'Arsenal, p. 32 (Dom Garnier). — Notes et documents, p. 180 (lettre de Frédéric Vuillard). — Compte rendu des travaux du congrès, p. 168 (Explications verbales de M. le directeur Tuaillon). — Dom Michelet, Manuscrit des divins mystères, p. 44. — Notes et documents, p. 172 (rapport de Mgr de Corinthe).

62. Compte rendu des travaux du congrès, p. 72 (rapport de M. Panier), et Manuscrit de l'Arsenal, p. 24 et suivantes jusqu'à 43 et pp. 143, 145 et 148 (rapport de M. l'abbé Mauvais). — Concile de Trente, session XXVe. — Manuscrit de l'Arsenal, p. 43 et suivantes jusqu'à p. 58 et p. 81. (M. Chevroton).

63. Manuscrit de l'Arsenal, p. 59 et suivantes jusqu'à 79. — Compte rendu des travaux du congrès, p. 143 (rapport de l'abbé Mauvais).

64. Compte rendu des travaux du congrès pp. 150, 151 et 153 (rapport de l'abbé Mauvais).

65. Manuscrit de l'Arsenal, pp. 80 et 81 (M. Chevroton). — Magny-lès-Jussey, village situé à 15 kilomètres de Faverney, au nord du canton de Jussey (Haute-Saône).

66. Manuscrit de l'Arsenal, pp. 80 et 81 (M. Chevroton). — Tournier, Le miracle de Faverney, p. 25.

67. Manuscrit de l'Arsenal, p. 82 (M. Chevroton).

68. Manuscrit de l'Arsenal, pp. 82 à 85 (38e et 39e témoins). — Compte rendu des travaux du congrès, p. 113 (appréciation personnelle de M. le directeur Joignerey). — Manuscrit de l'Arsenal, p. 86 et suivantes jusqu'à p. 91 (40e à 44e témoins).

69. Manuscrit de l'Arsenal, pp. 91 à 101. — Manuscrit de Faverney, p. 80 recto. — Voir aux notes et pièces justificatives, V, la liste authentique et détaillée par pays, indiquant les cinquante-quatre témoins du miracle.

70. Manuscrit de l'Arsenal, pp. 101 et 102. — Tournier, Le miracle de Faverney, pp. 24 et 25. — Compte rendu des travaux du congrès, p. 77 (rapport de M. Panier) ; p. 110 (rapport de M. le directeur Joignerey). — Manuscrit de Faverney, p. 90 recto.

71. L'abbé Bullet, Manuscrit, p. 186. — Manuscrit de l'Arsenal, p. 102, note 1. — Philibert Pourtier, reçu chanoine en 1590 (Archives du Doubs, G. 199), vicaire-général avant 1608 (Archives du Doubs, G. 202), mourut le 23 septembre 1626 (Obituaire du chapitre, n° 916) ; c'était sans doute le frère de Messire Hugues Pourtier, doyen de Saint-Michel de Salins qui assistait M. le procureur Chrevroton, au soir du lundi 2 juin, pour la reconnaissance du sacré Reliquaire. — Philippe Boitouzet, chanoine de Besançon, chambrier, official de 1588 à 1620, archidiacre de Salins en 1595 et abbé de Bellevaux, mort le 14 novembre 1620 (Archives du Doubs, G. 199-200 ; Testaments de l'Officialité, I, p. 196 ; Obituaire du chapitre, p. 102). — François d'Orival pourvu d'un canonicat en 1585 (Archives du Doubs, G. 198), archidiacre de Luxeuil avant 1604 (Archives du Doubs, G. 201), composa en 1608 une histoire du saint-suaire de Besançon (Archives du Doubs, G. 201, 259). — Antoine Des Potots, d'une des plus anciennes familles de Besançon, mort le 16 octobre 1627 (Obituaire du chapitre, p. 102). — R. P. Dominique Lambert était religieux du couvent de Besançon ; en 1610, il donnait son approbation, en même temps que les Pères Ayrault et Bard, à l'Histoire du saint-suaire du chanoine d'Orival (Archives du Doubs, G. 259). - R. P. Ayrault fut ensuite recteur du collège de Dole (L. Jeannez, Notes historiques sur N.-D. de Montroland et sur le prieuré de Jouhe, Lons-le-Saunier, Mes Gauthier soeurs, 1856, p. 117 ; Archives du Jura, Fonds du prieuré de Jouhe et des jésuites de Dole, (non classés). — Le P. Marcellin de Pontbeauvoisin assistait au chapitre de Lyon en 1603 (Hist. Ms. des Capucins, p. 95).

72. Morey, Notice, p. 89. — Manuscrit de l'Arsenal, pp. 104 et 106.

73. Manuscrit de l'Arsenal, p. 104 ; Manuscrit de Faverney, p. 91 verso et p. 92 recto. — Tournier, Le miracle de Faverney, p. 17 (lettre de Frédéric Vuillard).

74. Manuscrit de l'Arsenal, p. 105 ; Manuscrit de Faverney, p. 92 recto.

75. Manuscrit de l'Arsenal, pp. 51 et 105 ; Manuscrit de Faverney, p. 92 verso.

76. Manuscrit de l'Arsenal, p. 105 ; Manuscrit de Faverney, p. 92 recto.

77. Manuscrit de l'Arsenal, p. 105 ; Manuscrit de Faverney, p. 93 recto.

78. Manuscrit de l'Arsenal, pp. 105 et 106 ; Manuscrit de Faverney, p. 93 recto et verso.

79. Le R. P. Janvier (orateur de Notre Dame de Paris), Discours d'ouverture du congrès de Faverney, le 20 mai 1908. — Compte rendu des travaux du congrès, p. 27. — Manuscrit de l'Arsenal, p. 106 ; Manuscrit de Faverney, p. 94 recto.

80. Gauthier, La Sainte Hostie de Faverney, pp. 3 à 5. — Voir aux Archives du Doubs, G. 701, la série des mandements de nos archevêques du XVIIe siècle. — Le chanoine Jean-Marie Suchet, Les Châtellenies de Vuillafans, Besançon, Jacquin, 1897. — Gollut, Louis & Duvernoy, Charles (Ed.), Les Mémoires historiques de la république séquanaise, Paris, Delahaye, 1856, colonne 82. — Voir aux VI et VII des Notes et pièces justificatives le portrait et la notice spéciale de Mgr Ferdinand de Rye, archevêque de Besançon (1586-1636).

81. M. Jules Gauthier a publié dès 1901, dans sa plaquette La Sainte Hostie de Faverney, pp. 11 à 16, le texte même du mandement de Mgr Ferdinand de Rye, qu'il a découvert au British Museum (plaquette in-8 de 8 pages, haute de 157 mm., large de 100). L'éminent archiviste fait remarquer (p. 4) que le texte donné par le bénédictin Dom Grappin, dans les preuves de ses Mémoires, p. 180, n'est pas d'une correction absolue. — Notes et documents du IIIe centenaire, 2e éd., pp. 182 à 186. Jacques Fodéré, né à Bessan en Savoie, religieux à 16 ans de la régulière Observance de saint François d'Assise, docteur à Paris, professeur en théologie et prédicateur, fut chargé en 1584 d'écrire l'Histoire des Couvents de l'Ordre de Saint François de l'ancienne province de Bourgogne. Il venait donc visiter le couvent de Provenchère, le 26 juillet 1608, pour y recueillir les renseignements sur sa fondation. Il mourut peu après 1624. Son témoignage des plus précieux est extrait de la narration qu'il a consacrée au couvent de Dole dans l'ouvrage qu'il publia à Lyon, en 1619, chez Rigaud. — Dom Michelet, Manuscrit des divins mystères, p. 20. — Pierre-André Pidoux, Histoire populaire du Miracle des Saintes Hosties, Dole, 1908, p. 10.

82. Compte rendu des travaux du congrès, p. 167 (discussion après le rapport de M. le directeur Tuaillon). — Dom Michelet, Manuscrit des divins mystères, p. 21. — Gauthier, La Sainte Hostie, p. 16.


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[Dr R. Peters : rpeters@wissensdrang.com]