«FAVERNEY, SON ABBAYE ET LE MIRACLE DES SAINTES-HOSTIES» ; DIVERS
NIHIL OBSTAT
Vesontione, III° NONAS SEPTEMBRIS MCMXV
A. Laurent, censor.
Abbé Louis ÉBERLÉ
FAVERNEY,
SON ABBAYE
et
LE MIRACLE des
SAINTES-HOSTIES
avec l'approbation
de Sa Grandeur Mgr GAUTHEY, archevêque de Besançon,
de S. G. Mgr DUBOIS, archevêque de Bourges,
de S. G. Mgr TURINAZ, archevêque d'Antioche et évêque de Nancy,
de S. G. Mgr de BEAUSÉJOUR, évêque de Carcassonne,
de S. G. Mgr HUMBRECHT, évêque de Poitiers,
du Très Révérendissime Dom Léopold GAUGAIN, abbé de Saint-Martin de Ligugé,
et de M. GUIRAUD, directeur de la Revue des Questions historiques.
LUXEUIL
Imprimerie P. Valot
1915
DÉCLARATION DE FIDÉLITÉ AU SAINT-SIÈGE
Conformément aux décrets du Pape Urbain VIII, nous déclarons que nous ne prétendons attribuer à aucun des faits ou des appréciations et qualifications contenus dans cet ouvrage plus d'autorité que ne lui en donne l'Église, à laquelle nous soumettons filialement notre jugement.
DÉDICACE
À SA GRANDEUR
MONSEIGNEUR FRANÇOIS-LÉON GAUTHEY,
ARCHEVÊQUE DE BESANÇON,
BIENFAITEUR DE FAVERNEY
PAR
L'ÉTABLISSEMENT DU SÉMINAIRE DE PHILOSOPHIE
DANS L'ANTIQUE ABBAYE
LE 18 OCTOBRE 1911,
ET PAR
L'ÉRECTION DE L'ÉGLISE DU MIRACLE
EN BASILIQUE MINEURE
OBTENUE DU SOUVERAIN PONTIFE PIE X
EN DATE DU 8 MARS 1912,
CETTE HISTOIRE EST DÉDIÉE
EN HOMMAGE DE RECONNAISSANCE
ET DE VÉNÉRATION
APPROBATIONS
LETTRE D'APPROBATION
de Mgr François-Léon GAUTHEY, archevêque
de Besançon
X Archevêché de Besançon. Besançon, le 15 septembre 1915.
CHER MONSIEUR LE CURÉ,
J'accepte volontiers la dédicace de votre livre : Faverney, son abbaye et le Miracle des Saintes-Hosties.
Il est le fruit de dix années de travail, entrepris et soutenu avec une inlassable obstination et pour l'honneur de la petite ville que Dieu a aimée avec prédilection, et pour la gloire de la divine Eucharistie qui y a été manifestée d'une façon si éclatante.
Vous me rappelez que je vous ai encouragé à poursuivre votre œuvre, en dépit de tous les obstacles. Vous l'avez menée, à bonne fin. Le témoignage favorable de votre censeur, très compétent et justement sévère, me permet d'approuver votre ouvrage et de le recommander au clergé et aux fidèles.
L'influence considérable, exercée pour la conservation de la foi en la présence réelle de Notre Seigneur
dans la Sainte-Hostie, par le Miracle de Faverney, au moment où elle était battue en brèche par l'hérésie,
n'est pas épuisée. Votre livre contribuera à la propager.
Vous apportez, en outre, à l'histoire religieuse de la Franche-Comté une importante contribution, qui sera appréciée par tous ceux pour lesquels Faverney est un des joyaux de la province.
Depuis que, grâce à une libéralité magnifique, j'ai pu y établir le séminaire diocésain de philosophie ; depuis que le saint pape Pie X a daigné ériger en Basilique mineure l'église du Miracle, le diocèse de Besançon tourne ses regards avec plus d'intérêt encore que par le passé et plus d'affection et de respect que jamais sur Faverney, la cité de Marie et de la Sainte Eucharistie.
Agréez, cher Monsieur le Curé, l'expression de mes sentiments très dévoués.
X FRANÇOIS-LÉON,
archevêque de Besançon.
P. S. — Je vous envoie ma cotisation pour les frais considérables de votre publication, et je suis assuré que le clergé Bisontin souscrira en masse, tant à votre édition populaire qu'à l'édition de luxe illustrée en deux volumes.
LETTRE D'APPROBATION
de S. G. Mgr DUBOIS, archevêque de Bourges
X Archevêché de Bourges. Bourges, le 13 octobre 1915.
MONSIEUR LE CURÉ,
J'ai gardé trop bon souvenir du Congrès Eucharistique national de Faverney, en 1908, pour ne pas m'intéresser à tout ce qui touche l'antique et célèbre abbaye Franc-Comtoise, et tout particulièrement au miracle éclatant dont elle fut le théâtre aux fêtes de la Pentecôte de 1608.
Vous avez fait revivre en érudit et en prêtre zélé les longs siècles d'histoire d'un lieu qui vous est cher ; vous avez retracé avec une piété attentive et scrupuleuse les détails du fait merveilleux qui l'illustra à jamais, et vous avez redit en témoin averti les phases du triomphe eucharistique auquel vous avez personnellement collaboré.
Je me souviens en effet de votre participation aux travaux du Congrès et de votre intéressant rapport sur le «lieu du miracle de Faverney». Vous me rappelez vous-même que sur certain point d'importance j'ai soulevé quelque objection. Aujourd'hui je suis heureux de donner à l'ensemble de votre travail mes félicitations les plus sincères.
Aussi bien votre livre ne fera pas seulement connaître les longues vicissitudes d'un monastère bénédictin ; il mettra en relief, dans cette histoire même, le fait merveilleux qui en est le point culminant et comme l'auréole.
Le nom de Faverney reste lié dans l'histoire de l'Eglise à l'un des plus grands prodiges eucharistiques. «Le miracle de la Sainte Eucharistie conservée dans les flammes» défie toute critique, affermit la foi catholique et alimente, par l'évidence même de sa merveilleuse réalité, la piété confiante des fidèles.
Votre livre contribuera, auprès de nombreux lecteurs, à réaliser ces heureux effets ; et vous aurez ainsi fait tout ensemble œuvre d'historien et œuvre d'apôtre.
Vous ne pouvez assurément désirer plus belle récompense.
Veuillez agréer, Monsieur le Curé, l'assurance de mes sentiments dévoués en Notre-Seigneur.
X LOUIS,
archevêque de Bourges.
LETTRE D'APPROBATION
de S. G. Mgr TURINAZ, archevêque d'Antioche et évêque de Nancy
X Archevêché de Nancy et Toul. Nancy, le 30 octobre 1915.
MONSIEUR LE CURÉ,
J'unis de grand cœur l'approbation que vous désirez et mes félicitations à l'approbation et aux félicitations que votre cher et vénérable archevêque a accordées à votre ouvrage qui a pour titre : Faverney, son abbaye et le Miracle des Saintes-Hosties. Vous avez, avec une méthode parfaite, dans un style toujours facile et agréable, rappelé une part de l'Histoire de la Franche-Comté et les souvenirs religieux dont Faverney est le foyer. C'est une œuvre très complète et très intéressante d'érudition et de piété, un trésor pour le grand et beau diocèse de Besançon.
Je conserve un précieux souvenir du Congrès eucharistique de 1908 qui a été une des belles manifestations nationales en l'honneur de la Très Sainte Eucharistie, Faverney, étant tout désigné pour une pareille manifestation.
Je fais des vœux pour que cet ouvrage obtienne le succès qu'il mérite et je vous exprime mes sentiments bien dévoués en N. S.
X CHARLES-FRANÇOIS,
évêque de Nancy.
LETTRE D'APPROBATION
de S. G. Mgr de BEAUSÉJOUR, évêque de Carcassonne
X Évêché de Carcassonne. Carcassonne, le 12 octobre 1915.
CHER MONSIEUR LE CURÉ,
Je vous remercie de m'avoir envoyé les bonnes feuilles de votre livre prochain : Faverney, son abbaye et le Miracle des Saintes-Hosties, et de m'avoir ainsi procuré le plaisir de lire votre travail, même avant sa publication.
Vous savez quel souvenir j'ai gardé de ma petite patrie, spécialement de cette région de Luxeuil à laquelle se rattache votre Faverney.
En lisant vos pages, il m'a paru que vous vous êtes proposé moins de poursuivre une monographie purement historique que d'exposer le plan providentiel, qui a fait de la terre de Faverney un lieu privilégié en le choisissant pour le théâtre du grand Miracle des Hosties conservées dans les flammes.
Vue sous ce jour, votre histoire se développe ainsi : les moniales de Sainte Gude fondent le monastère et inaugurent le culte de Notre-Dame la Blanche ; les bénédictins de la Chaise-Dieu les remplacent ; mais les unes et les autres ne sont que les préparateurs et les précurseurs du Miracle de 1608. Ce miracle, centre de toute l'œuvre, vous le décrivez avec détails, vous le discutez avec compétence, vous en établissez victorieusement l'authenticité. Viennent ensuite les religieux de Saint-Vannes et Saint-Hydulphe, et même, après eux, les clercs du diocèse ; ceux-là comme ceux-ci seront par mission les adorateurs, les glorificateurs et les heureux bénéficiaires du miracle péremptoirement constaté.
Ces trois tableaux successifs, vous ne les avez peut-être pas aussi nettement découpés que je le fais en ce moment, mais il suffit que vos développements et vos réflexions en révèlent l'existence dans votre ouvrage et en fassent naître les lignes dans l'esprit de vos lecteurs. Ce résultat, vous l'avez certainement atteint et c'est ce dont je vous félicite en souhaitant à votre livre tout le succès auquel il a droit.
Vos dernières pages contiennent un salut à l'adresse des jeunes clercs, nouveaux hôtes de cette abbaye royalement reconstituée ; ce salut je le fais avec vous et j'y ajoute un vœu, c'est que ces novices du sacerdoce fassent revivre, sur ce sol privilégié, les traditions et les vertus des plus beaux jours de l'ancien monastère.
Après les ruines, ce sera la renaissance. Il en va ainsi des œuvres de l'Église.
Multa renascentur quœ jam cecidere.
Agréez, cher Monsieur le Curé, mes bien affectueux souvenirs.
X PAUL,
évêque de Carcassonne.
LETTRE D'APPROBATION
de S. G. Mgr HUMBRECHT, évêque de Poitiers
X Évêché de Poitiers. Poitiers, le 29 septembre 1915.
CHER MONSIEUR LE CURÉ,
Je vous suis bien reconnaissant de m'avoir offert les bonnes feuilles de votre consciencieux ouvrage sur Faverney, son abbaye et le Miracle des Saintes-Hosties.
C'est pour moi un souvenir du cher diocèse de Besançon, qui m'a adopté quand j'ai dû quitter mon Alsace bien-aimée, et où j'ai travaillé avec bonheur de si longues années.
Ce diocèse a eu bien des gloires : mais entre toutes, il a eu celle d'avoir été choisi par Dieu pour être le théâtre d'un des miracles les plus éclatants qu'enregistre l'histoire de l'Église. C'est là que Notre-Seigneur a voulu dire à l'hérésie qui niait le plus précieux témoignage de son amour : «Tu n'iras pas plus loin !»
Et, alors que les hommes désertaient sa cause et que ses amis eux-mêmes devenaient indifférents et se laissaient gagner par le sommeil, il a pris en mains sa propre défense, il a converti les hérétiques et changé le cours des évènements. Nous devons y voir un motif toujours actuel de ne pas nous décourager. Quelles que soient les tristesses qui nous accablent et les douleurs qui fondent sur l'Église, ne doutons jamais du Dieu très bon et tout-puissant : il a des moyens connus de lui seul pour agir sur les hommes, affirmer ses droits et procurer l'avènement de son règne.
Qu'est-ce qui attire sa grâce de préférence ? Nous le savons aussi et le Miracle de Faverney nous le montre : c'est l'humilité. Malgré les apparences et les prévisions, c'est en effet le modeste curé de Menoux qui parmi tous les prêtres, offrit à Dieu le sacrifice qui lui agréa davantage aux jours du Miracle, et c'est à sa voix que les Saintes-Hosties vinrent reposer sur le trône qui leur était préparé.
Que chaque prêtre fasse son devoir dans le milieu où la Providence l'a placé, son devoir modeste de chaque jour, et, sans que nous ayons à nous préoccuper d'un avenir incertain auquel Dieu pourvoira, les âmes seront sanctifiées, la gloire divine assurée, et le monde marchera vers sa destinée.
Telles sont les pensées que m'a suggérées votre livre, cher Monsieur le Curé. Il les suggérera à tous, et je lui souhaite donc un très grand nombre de lecteurs.
Ajouterai-je que vous avez su revêtir de charme une profonde érudition, ce qui rend la lecture fort agréable, pendant qu'on a l'impression de s'appuyer sur la connaissance exacte et complète des documents ?
Avec tous mes remerciements, veuillez, cher Monsieur le Curé, agréer mes plus vives félicitations et
mes meilleures bénédictions.
X LOUIS,
évêque de Poitiers.
LETTRE D'APPROBATION
du Très Révérendissime Dom Léopold GAUGAIN, abbé de Saint-Martin de Ligugé,
X Pax Vrai monastère de Saint-Dominique-de-Silos,
Province de Burgos, Espagne, le 27 octobre 1915.
CHER MONSIEUR LE CURÉ,
Votre livre, tout rempli d'érudition, de science historique, de respect pour les traditions locales, et de piété envers «Notre-Dame la Blanche» et le «Miracle Eucharistique», m'a causé la plus vive satisfaction : en vous lisant on s'instruit et on est édifié.
Notre grand docteur Saint Anselme avait coutume de dire : «Je ne cherche pas à comprendre pour croire, mais je crois afin de pouvoir comprendre». Vous auriez pu prendre ce texte pour épigraphe de votre travail, donc permettez-moi de vous féliciter d'en avoir réalisé la pensée. Vous tracez un tableau aussi fouillé que possible de l'histoire de l'abbaye de Faverney, si célèbre en Franche-Comté durant les XVIIe et XVIIIe siècles ; et, en véritable historien, vous associez
aux faits de la vie civile et aux évènements politiques l'élément surnaturel qui en est inséparable. Les Saints
ne sont-ils pas, en effet, comme l'ossature autour de laquelle s'est développée la vie des peuples fécondée par l'action divine.
Fils de Saint Benoît, je vous remercie de vous être attaché, avec tant de soin et de précision, à retracer les phases successives par lesquelles a passé la famille monastique de Faverney, et surtout d'avoir mis en relief la vertu vivifiante pour les monastères fervents de l'Observance régulière bien pratiquée. Sans rien même dissimuler des tristes conséquences du relâchement des moines ou de l'ingérence du pouvoir séculier dans le gouvernement des abbayes ; vous faites voir avec bonheur comment un humble novice, «à l'âme ardente, au cœur pur», a pu par sa prière incessante attirer sur son monastère entre autres faveurs la plus insigne de toutes, celle du «Miracle Eucharistique le plus grand du monde» ; puis comment ce novice, devenu un humble et saint abbé, avait entraîné par son exemple tous ses moines à sa suite dans le chemin de la perfection et amené ainsi «la transformation la plus merveilleuse de l'abbaye de Faverney».
Mais tout votre exposé historique aussi bien que vos descriptions et précisions archéologiques n'ont d'autre objet, dans votre pensée, que de constituer un cadre aussi beau que possible au Miracle des Hosties consacrées. Ce cadre, vous l'avez composé et orné avec amour ; et vous faites un narré si touchant et du Miracle et des circonstances qui l'ont accompagné et des faveurs de toute sorte accordées dans l'église de Faverney aux pèlerins de l'Eucharistie, que vous
donnez l'envie de s'aller joindre à ceux qui n'ont jamais cessé d'aller vénérer la Sainte-Hostie du Miracle,
si merveilleusement conservée jusqu'à nos jours que c'est quasi un prodige permanent.
Cher Monsieur le Curé, vous avez atteint le but que vous vous êtes proposé : votre travail est de nature à augmenter la foi et la dévotion envers la Sainte Eucharistie chez vos lecteurs, et... je suis heureux d'ajouter qu'il fera connaître et aimer Saint Benoît et sa postérité.
Agréez, cher Monsieur le Curé, l'assurance de mon humble respect et de mon entier dévouement en N. S.
X FRANÇOIS-LÉOPOLD GAUGAIN,
abbé de Ligugé, visiteur des monastères bénédictins d'Espagne.
LETTRE-PRÉFACE
de M. Jean GUIRAUD, directeur de la Revue des Questions historiques.
Besançon, le 19 septembre 1915.
MONSIEUR LE CURÉ,
Je vous remercie de m'avoir communiqué les épreuves de votre livre et de m'avoir ainsi procuré la primeur de sa lecture. N'ayant pas eu encore l'occasion de fouiller l'histoire de la région de Faverney, j'ai été heureux de l'apprendre en vous étudiant.
Sans le Miracle des Saintes-Hosties, les destinées de Faverney ne différeraient pas sensiblement de celles
d'un grand nombre d'abbayes. Elle n'est pas la seule qui ait eu besoin, à plusieurs reprises, de se réformer et d'emprunter à des foyers de vie religieuse plus intenses la ferveur qu'elle ne pouvait plus raviver elle-même. Ce que firent pour elle les Bénédictins de la Chaise-Dieu au moyen âge et plus près de notre temps la Congrégation de Saint-Vannes et Saint-Hydulphe, les Moines de Cluny au XIe siècle et la Congrégation de Saint-Maur au XVIIe le firent pour un grand nombre de monastères.
Les conflits de juridiction, les oppositions d'intérêt entre cette abbaye et ses voisins, son organisation intérieure que vous nous décrivez, se retrouvent dans les annales de la plupart des abbayes du moyen âge ; comme elles aussi Faverney connut au XVIe et au XVIIe siècles l'abus de la commende qui fut si nuisible à la vie monastique. S'il n'y avait eu que cela dans vos deux volumes, ils seraient venus appuyer de nouvelles preuves ce que nous savons déjà de l'histoire bénédictine, et une nouvelle monographie, utile sans doute ; mais aboutissant à des conclusions bien connues, se serait ajoutée à celles que nous possédons déjà en si grand nombre.
Ce qui rendra votre étude particulièrement intéressante c'est le récit fort détaillé que vous avez fait du
Miracle des Saintes-Hosties et des conséquences considérables qu'il eut pour l'histoire de l'abbaye elle-même
et de la province tout entière. Ce fait peut se constater jusque dans ses circonstances les plus minutieuses,
avec toute la rigueur qu'exige la méthode historique. M. Amédée Thierry l'a déclaré, il y a déjà longtemps ; tous ceux qui liront votre étude critique du Miracle des Saintes-Hosties en seront aussi persuadés. Cet évènement domine tout votre livre, de même qu'il domine l'histoire de l'abbaye et de la ville de Faverney. Il en fait l'intérêt principal et cet intérêt est grand.
Pour le mettre en lumière au double point de vue historique et surnaturel, vous avez tiré le meilleur parti des rapports qui furent lus au Congrès national eucharistique de Faverney, en 1908, pour célébrer le troisième centenaire du Miracle. Vous n'avez pas été de ceux qui se scandalisèrent alors contre le témoignage qu'apporta, sur la décadence matérielle et morale de l'abbaye en 1608, l'auteur du premier rapport, ou plutôt les documents authentiques et officiels qu'il se contentait de faire parler. Vous avez été au contraire de ceux qui comprenaient que plus les religieux d'alors avaient été tièdes et relâchés, moins on pouvait attribuer le miracle à une exaltation ou, comme on le dit aujourd'hui, à une auto-suggestion mystique. Vous avez mis à profit les savantes études scientifiques et théologiques de mes amis M. le directeur Tuaillon et M. le chanoine Panier, de MM. les abbés Brune, Tournier et Perrod si versés dans notre histoire comtoise, de M. le chevalier Pidoux, et, pourquoi ne l'ajouterais-je pas au risque de blesser votre modestie ? de vous-même qui avez si bien précisé la topographie du miracle. Votre premier volume nous donne de ce grand fait un exposé d'une admirable précision qui fera la lumière chez tout homme de bonne foi, et ainsi votre travail historique se double
d'une sérieuse étude apologétique.
Curé du pays d'Amance dont les destinées ont été si intimement unies à celles de Faverney, mêlé de près aux intelligentes initiatives qui ont été multipliées, depuis une vingtaine d'années, soit pour accroître le culte de Notre-Dame la Blanche et de la Sainte-Hostie, soit pour remettre en pleine lumière tous ceux qui y ont travaillé dans le passé, — à commencer par l'humble curé de Menoux dont vous avez découvert la tombe, — vous étiez particulièrement
qualifié pour écrire cette histoire ; et bien inspirés ont été ceux qui vous ont soutenu de leurs encouragements et de leurs sympathies. Aussi applaudirai-je de tout cœur au succès qu'aura votre livre auprès de tous ceux qui s'intéressent aux gloires religieuses de Faverney.
Veuillez agréer, Monsieur le curé, l'expression de mes sentiments respectueux.
J. GUIRAUD.
PRÉFACE
«La clé d'un livre, c'est sa préface», ai-je lu quelque part. Puisque la divine Providence a daigné m'imposer d'écrire «une histoire détaillée réunissant tous les documents relatifs au double pèlerinage et former ainsi le monument
définitif à la gloire de la Sainte-Hostie et de Notre-Dame de Faverney» (1), je dois donc
expliquer comment il se fait que j'ose présenter au public un ouvrage aussi considérable sur Faverney, son abbaye et le Miracle des Saintes-Hosties de 1608. Car, dirai-je avec le président Boyvin quand il écrivait l'an 1627 son Récit miraculeux, «je n'ignore pas que ce dessein demanderait un esprit plus relevé, une plume plus sainte, plus savante, plus adroite, pour n'être pas indignement maniée ; mais je me sens touché d'un pieux ressentiment de ce que d'autres, qui pourraient mieux faire, n'y ont pas travaillé tant d'années».
Oui, certes, j'arrive bien le dernier dans cette pléiade d'écrivains qui, depuis trois cent sept ans, ont jugé, comme l'illustre Jean Boyvin, «chose honorable de confesser et révéler l'œuvre de Dieu..., ensemble onze miracles qui se sont faicts en mesme temps à l'endroit desdites sainctes Hosties». Je reconnais en toute franchise que je me suis servi de tous les documents publiés jusqu'à ce jour et qui m'ont été communiqués ou indiqués avec la plus grande
bienveillance. J'avoue sans difficulté que le temps ou le moyen m'ont souvent manqué pour recourir aux premières sources historiques.
J'ai utilisé spécialement l'Histoire manuscrite de l'insigne abbaye de Faverney que composa en 1670 Dom Odilon Bebin, grand prieur claustral de notre monastère sous le saint abbé Hydulphe Brenier. C'est «le principal des historiens de Faverney», a écrit Jules Gauthier ; il l'appelle même «l'historiographe érudit», et il ne craint pas de dire que «Dom Grappin n'a guère fait que de le copier ou de le résumer» (2).
Après Dom Bebin dont l'original est conservé à la bibliothèque publique de Vesoul (ms. 192-193 ou ms. 95-55), j'ai puisé largement dans un ouvrage couronné en 1771 par l'Académie de Besançon et intitulé : Mémoires sur l'abbaye de Faverney par Dom Pierre-Philippe Grappin, sous-prieur de ce monastère. Cet auteur, «le plus savant et le plus érudit des Bénédictins franc-comtois au XVIIIe siècle» a écrit l'abbé Loye, naquit le 1er février 1738 à Ainvelle-lès-Conflans (Haute-Saône). Religieux de Luxeuil à 18 ans, il présenta en 1770 à l'Académie naissante de Besançon un manuscrit sur l'Histoire de l'abbaye royale de Luxeuil. Nommé professeur au collège bénédictin de Saint-Ferjeux qui dépendait de l'abbaye bisontine de Saint-Vincent, il s'y distingua par ses travaux historiques sur le Comté de Bourgogne ; déjà choisi comme membre de l'Académie de Châlons-sur-Marne et de l'Académie du Musée de Paris, il fut élu en 1785 à l'Académie de Besançon pour son Almanach historique de la Franche-Comté. Malheureusement «les aptitudes littéraires de Dom Grappin», archiviste
et bibliothécaire, «resteront toujours plus célèbres que sa piété». Dès le mois de mai 1791, il faisait partie du conseil épiscopal de l'évêque intrus Seguin et devint alors le chef réel et secret de l'église constitutionnelle du Doubs. Au mois d'août 1797, il assista au concile schismatique de l'abbé Grégoire à Paris comme député des prêtres assermentés de la Haute-Saône. Après le Concordat, l'archevêque de Besançon Claude Le Coz le prit pour secrétaire, et bientôt en fit son vicaire général. Toujours moins prêtre et moins religieux qu'historien érudit et fin littérateur, voire même poète badin à ses heures de loisir, ce fut lui qui parvint à reconstituer l'Académie de Besançon et accepta la tâche non moins pénible qu'honorable de secrétaire perpétuel. Relevé de ses fonctions de vicaire général à la mort de Claude Le Coz, il fit partie du chapitre métropolitain et persévéra jusqu'à la fin dans ses erreurs jansénistes et
gallicanes. Il mourut dans la nuit du 20 novembre 1833 d'une attaque d'apoplexie foudroyante : il était âgé de quatre-vingt-seize ans (3).
Je me suis beaucoup servi également de l'ouvrage assez compact que publia sur Faverney, en 1864, le directeur d'une institution libre à Paris et auteur de plusieurs ouvrages classiques. L'Histoire politique et religieuse de Faverney, son abbaye et sa Sainte-Hostie, que donna au public Émile Mantelet, indique beaucoup de travail et de patientes recherches. Je sais de source sûre et familiale qu'il puisa dans toutes les archives de Paris, de Besançon, de Dijon, de Vesoul et d'ailleurs. Il eut le tort de se contenter de publier à la fin de son volume la longue liste de cent trente ouvrages consultés par lui, sans jamais en indiquer une seule fois ni la page ni le tome. Néanmoins l'impartialité exige qu'on ne lui attribue aucune altération historique soit des textes soit des documents.
Avec ces trois auteurs j'ai mis fortement à contribution les divers travaux soit discours soit notices de l'abbé Morey qui parurent de 1869 à 1878. Ce curé franc-comtois, fort érudit et bien connu sous le pseudonyme de Rusticus,
mort en 1895 curé-chanoine de Baudoncourt-lès-Luxeuil, avait été chargé par l'abbé Clerc, curé-doyen de Faverney, de rédiger une histoire complète sur les preuves authentiques qu'avaient péniblement réunies les curés-doyens Clerc et Camuset. Il mourut, laissant l'œuvre à peine ébauchée par sa Notice historique sur Faverney et son double pèlerinage qu'il avait publiée en toute hâte pour le pèlerinage national de 1878.
Le projet de faire paraître une histoire détaillée fut confié alors à l'abbé Bullet, curé de Vellefaux-lès-Vesoul. Dix années s'écoulèrent durant lesquelles ce curé de campagne, écrivain de talent et chercheur passionné, s'efforça de répondre à la confiance que lui avait témoignée l'abbé Clerc défunt. En 1903, son manuscrit in-4° assez volumineux fut soumis à la critique d'un maître dans l'art d'écrire l'histoire, Jules Gauthier archiviste du Doubs. On eut dit que la malchance poursuivait l'histoire définitive et complète de Faverney, car le travail de l'abbé Bullet fut trouvé fort diffus et trop incomplet : il ignorait totalement le lieu précis du Miracle de 1608. Cette lacune historique, bien qu'indépendante de sa volonté, l'obligea néanmoins de consentir, sur les instances du curé-doyen Cramillet, à l'abandon de sa mission d'historien en faveur de «l'éminent archiviste de Besançon dont la Franche-Comté était justement fière et dont l'autorité faisait foi dans les questions historiques et archéologiques».
À cette époque, en effet, le talent hors pair de Jules Gauthier et sa réputation d'historien comtois étaient à leur apogée. Bisontin de naissance (9 février 1848), franc-comtois allié à la noblesse, archiviste du Doubs, Membre
correspondant de l'Institut, Correspondant de la commission des monuments historiques, Inspecteur de la Société française d'archéologie, Membre du Comité des travaux historiques et scientifiques, Membre du Comité des Sociétés
des Beaux-Arts des départements, l'un des Doyens de l'Académie de Besançon, Membre de la plupart des sociétés savantes de Franche-Comté, Chevalier de l'Ordre de la Légion d'honneur, Président-fondateur du groupement périodique de l'Association savante comtoise, il avait déjà publié en sept années (1894-1901) trois brochures spéciales sur Faverney. Ce n'étaient assurément que les premières pierres, de «l'œuvre prochaine», écrivait-il lui-même
en 1901 dans sa plaquette La Sainte-Hostie, «qui donnera satisfaction et aux dernières volontés du vénérable curé Clerc et en même temps à tous les fidèles et à tous les croyants du miracle».
Nul doute n'est donc plus possible : Jules Gauthier se préparait à la prochaine publication de l'histoire de l'église et du miracle de Faverney, comme il songeait aussi à continuer l'ouvrage si estime du président Clerc sur l'Histoire de la Franche-Comté, et à écrire l'éloge du diplomate dolois Antoine Brun, auteur de plusieurs écrits politiques, et plénipotentiaire au congrès de Munster (1643). Il me l'a dit maintes fois dans nos moments d'intimité, nous reposant
ensemble aux Archives dans sa conversation «si caustique et si remplie d'aperçus instructifs ou d'amusantes digressions».
«Si l'on a pu lui reprocher d'user son talent dans une quantité de travaux spéciaux et techniques dispersés un peu partout, au lieu de publier un grand ouvrage en rapport avec son érudition vraiment extraordinaire, il faut reconnaître qu'à côté de ses volumes, très appréciés d'Inventaire d'archives, il édita un grand nombre de documents intéressant l'histoire et l'archéologie comtoises, et ainsi a préparé de nombreux matériaux pour les historiens futurs
de la Franche-Comte». Nul donc ne sera surpris si j'avoue humblement que ses Notes archéologiques et épigraphiques sur l'église abbatiale, ainsi que ses Notes et documents sur la Sainte-Hostie, ont été pour moi des sources documentaires on ne peut plus précieuses. Nul aussi ne sera étonné si j'affirme hautement que la découverte irréfutable du lieu du Miracle de 1608 lui est dûe en grande partie et que sa conviction était tellement certaine en novembre 1903 qu'il me chargea alors de déterminer par des mesures précises l'endroit où il aurait souhaité que fût placée, dès ce moment, une dalle commémorative. Nul enfin dès lors ne m'en voudra si, reconnaissant qu'il fut d'abord mon premier guide à Besançon
et même mon sévère correcteur en 1886 dans la publication de l'opuscule sur la Confrérie du Saint-Suaire pour la sépulture des pauvres à l'hôpital Saint-Jacques, puis mon mentor bienveillant, dès l'an 1902, dans mes premières recherches sur le vieux château féodal d'Amance, je déclare aujourd'hui nettement que je n'ai consenti à assumer la tâche redoutable d'historien qu'avec cette unique pensée : terminer l'œuvre commencée et tant désirée par Jules Gauthier, mon maître regretté, pour ainsi glorifier l'insigne miracle des Saintes-Hosties (4).
Après les savants Bénédictins Dom Bebin et Dom Grappin, l'instituteur Mantelet, les abbés Morey et Bullet et mon maître Jules Gauthier, je dois une mention très particulière à M. le chevalier Pidoux de Dole, archiviste-paléographe d'une érudition remarquable, dont l'amabilité inlassable m'a fourni les renseignements les plus intéressants et dont l'Histoire populaire du Miracle des Saintes-Hosties, publiée pour le tricentenaire, aussi bien que son Histoire de la Confrérie de Saint-Yves des avocats, ont été pour moi des mines fort abondantes.
Je dois mentionner aussi, et avec la plus profonde reconnaissance, les précieux encouragements dont Nos Seigneurs les Archevêques de Besançon ont daigné m'honorer successivement. Dès mes débuts assez difficiles, le 8 septembre 1907, Sa Grandeur Mgr Fulbert Petit m'écrivait : «Je vous félicite de vos travaux ; et non-seulement je vous encourage à les
poursuivre, mais je vous le demande instamment». Puis, quand survinrent des oppositions imprévues dont le but était d'arrêter nettement le travail si minutieux des fiches documentaires, Sa Grandeur Mgr Gauthey m'envoya d'abord du château de Liesle ce mot si consolant et daté du 5 octobre 1910 : «Outre votre ministère paroissial, vous travaillez sur le miracle de Faverney, la gloire de notre Franche-Comté, et je vous en félicite, et je vous prie très instamment de continuer et d'achever cette belle histoire. J'appelle sur vous, à cette fin, les bénédictions du Sacré-Cœur de Jésus».
Ainsi puissamment réconforté, je me remis courageusement au labeur quotidien, sûr de l'appui d'en haut ; et le premier vendredi, 5 janvier 1912, après une entente préalable pour une double édition, in-8 illustrée et in-12 ordinaire, je commençai la rédaction de cette histoire si universellement demandée. Mais d'autres obstacles encore plus imprévus m'attendaient, hélas ! Certes, je dois le dire, un instant je fus fortement tenté de tout abandonner : le fardeau était si lourd, les matériaux si abondants, le travail si pénible, ma pauvre tête parfois si impuissante, et la critique si peu encourageante ! Par une heureuse et amicale indiscrétion, Sa Grandeur Mgr Gauthey le sut, et son grand cœur ne trouva rien de meilleur que de venir séjourner au presbytère d'Amance pour voir, entendre et juger. Cette visite inoubliable eut lieu les 26-27-28 avril 1913. Le résultat de l'enquête archiépiscopale fut celui-ci : «Hâtez-vous, mon cher curé, de terminer votre manuscrit, et lorsque l'histoire complète aura paru, eh bien ! vous en ferez un abrégé et ce
sera la publication populaire que certains critiques vous réclament avec tant d'insistance».
Telle est la clé de ce livre qu'aujourd'hui je présente avec joie et confiance tant à mes confrères dans le sacerdoce qu'à leurs pieux paroissiens. D'aucuns peut-être le trouveront trop volumineux et, secouant la tête, murmureront
qu'il ne sera ni lu ni vendu. Il est possible qu'ils aient raison. «Un épigrammatiste inconnu», a écrit M. Faguet l'éminent académicien, a pu dire au commencement du XIXe siècle (5) :
Les sort des hommes est ceci : Beaucoup d'appelés, peu d'élus ; Le sort des livres, le voici : Beaucoup d'épelés, peu de lus ! |
Toutefois il me sera bien permis d'exposer très loyalement les raisons qui m'ont déterminé, non pas à borner l'effort, qui m'était de partout demandé, à une histoire courte et restreinte, mais à produire au contraire un travail aussi complet que possible. Pourquoi cela ?
Parce que 1° : — c'était la volonté bien nette des curés-doyens Clerc et Camuset qui eux-mêmes s'étaient employés à collationner les documents nécessaires à ce grand ouvrage. Je puis même certifier, et d'autres prêtres que moi
pourraient encore l'attester, avoir entendu l'abbé Clerc déclarer que le public catholique souffrait de cette ignorance générale au sujet du grand miracle de 1608, et que pour y remédier, il faisait préparer une histoire complète.
Parce que 2° : — la bourgade de Faverney, ce «lieu privilégié choisi tout exprès par Dieu» pour devenir la terre d'une merveille aussi extraordinaire, mérite bien d'être mieux connue et partant plus appréciée dans son glorieux passé.
Parce que 3° : — son abbaye «noble et illustre», soit des moniales bénédictines de Sainte Gude soit des religieux bénédictins de la réforme de Saint-Vannes et Saint-Hydulphe, n'a été jusqu'ici que connue sous un jour très défavorable. Or, si la déchéance monacale des premiers Bénédictins de la Chaise-Dieu a suscité pour nos aïeux comtois la plus miraculeuse affirmation de la présence de Jésus-Hostie contre les Protestants, pourquoi ne pas réhabiliter devant la postérité la réputation des saints et savants religieux qui, durant plus de deux siècles et demi, c'est-à-dire depuis la réforme de la Règle en 1613 jusqu'à notre grande Révolution de 1790, n'ont pas cessé d'illustrer la Franche-Comté et la France ?
Parce que 4° : — le culte de sa Madone miraculeuse, la plus antique Vierge de notre province après Notre-Dame du Mont-Roland, a droit par sa popularité si prodigieuse d'être consigné dans l'histoire et mérite bien, s'il se peut, d'être ravivé de nos jours.
Parce que 5°; — l'insigne miracle de Faverney étant seul et unique dans son genre parmi tous les prodiges eucharistiques de l'univers, c'est, pour l'historien-prêtre convaincu, un devoir sacré de l'exposer dans tous ses détails, afin de le faire connaître, le faire valoir, et ranimer ainsi par cet argument local et actuel la foi catholique dans nos populations engourdies.
Frappé, en effet, des manifestations surnaturelles dont est composé notre Miracle de 1608, j'ai voulu savoir combien, dans le monde catholique connu, s'étaient produits de miracles eucharistiques. Ayant analysé les deux volumes
intitulés : Les Miracles historiques du Saint-Sacrement et Nouveau Recueil de Miracles eucharistiques qu'a publiés tout récemment (1906-1910) le R. P. Eugène Couet de la Congrégation du Très Saint-Sacrement, j'ai trouvé le chiffre de quatre cent vingt-trois prodiges attestés et reconnus. Sur ce nombre déjà assez éloquent, je n'ai découvert que neuf
miracles où les Saintes-Hosties aient été préservées des flammes d'un incendie. — C'est en 1290 à Bayonne où l'Hostie consacrée, enserrée dans un petit vase d'argent qu'enfermait une boîte d'ébène, resta seule intacte et fut trouvée le lendemain vermeilleusement conservée au milieu des cendres de la sacristie et de l'église consumées. — C'est en 1516 à Trans en Provence où la divine Eucharistie demeura intacte, alors que les ferrements du coffret où reposait la sainte Réserve étaient tout brûlés. — Même préservation à Montpesat en Suisse, et à Morrovalle en Italie l'an 1562, puis à Venterol en Dauphiné l'an 1595 et à Saint-Julien-le-Montagnier au diocèse de Digne l'an 1697. — En 1643, dans l'église de Pressac au diocèse de Poitiers, un miracle se rapprochant du nôtre se produisit. Les deux Hosties du Jeudi-Saint, déposées dans un calice d'étain au reposoir orné de draperies, sont retrouvées intactes et appuyées sur le pied du calice dont la coupe est complètement liquéfiée, au milieu de l'incendie total et de l'autel et des draperies et du voile du calice et de tous les objets environnants. — Deux autres prodiges, se rapprochant encore plus de celui de Faverney, ont eu lieu en Espagne soit à Fraga l'an 1460, soit à Vilcena l'an 1601. Dans
le premier, tandis que le feu consumait le tabernacle, le Saint-Sacrement s'éleva de lui-même à travers les flammes et alla se placer, loin de l'incendie, au pied d'un candélabre ; dans le second, le saint ciboire sortit du tabernacle en feu et s'en vint se poser sur une dalle à quinze pieds de l'autel ; on le trouva encore recouvert d'un pavillon d'étoffe que le feu avait respecté : trois étincelles qui y avaient jailli, y brillaient comme des pierres précieuses sans le
consumer (6).
Mais en ces neuf prodiges, seules la conservation au milieu des flammes du pain consacré et la translation merveilleuse du ciboire, depuis le foyer de l'incendie jusqu'à un endroit du sol plus ou moins éloigné, font l'objet du miracle.
Ici à Faverney, c'est en plus : 1° la suspension anormale de l'ostensoir dans le vide ; — 2° son obliquité inégale ; — 3° son immobilité absolue ; — 4° sa permanence sans aucun fléchissement et durant trente-trois heures, au mépris de toutes les lois de la pesanteur ; — 5° c'est encore la préservation des reliques des saints et des brefs pontificaux sur les indulgences ; — 6° c'est aussi la descente simultanée de l'ostensoir miraculé avec l'abaissement d'une Hostie consacrée durant la première élévation d'une messe basse, dite loin du lieu du prodige. C'est donc en quelque sorte un miracle eucharistique essentiellement doctrinal ; c'est une réponse adéquate de Jésus-Hostie à toutes les erreurs fondamentales du protestantisme ; c'est, je le répète fièrement, l'unique type de ce genre dans l'univers entier.
Cette conviction absolue de mon âme sacerdotale sera mon excuse auprès des lecteurs fatigués de la longueur de mon récit, comme ma seule récompense ambitionnée est de publier partout la grandeur, trop longtemps méconnue, de notre Miracle comtois. Sur la couverture de ce livre j'ai voulu placer le fac-similé (7) de l'ostensoir miraculé : c'est le paraphe authentiquant ma signature inconnue. J'exprime toute l'ardeur de ma gratitude à tous mes chers confrères et amis qui m'ont soutenu de leurs chaudes sympathies et de leurs continuels encouragements ; et parmi eux, je fais mention spéciale du savant bénédictin Dom Besse, exilé en Belgique à Fays-Bois dans la province de Namur. Car, au moment si critique où ma thèse sur le lieu précis du Miracle fut violemment contredite, il voulut bien m'appuyer de son autorité et de sa renommée ; le 9 octobre 1911, il m'envoyait son travail consciencieux sur mon rapport au congrès de 1908, et il concluait ainsi : «Aujourd'hui si nous religieux bénédictins nous avions une église bâtie sur le plan de Faverney, je certifie que personne n'aurait l'idée de placer le reposoir ailleurs qu'au point I».
En finissant, j'adresse mon hommage de respectueuse gratitude à la noble et insigne bienfaitrice soit des pauvres soit de l'église de Faverney. Sa devise favorite était :
Le bien ne fait pas de bruit,
Le bruit ne fait pas de bien.
Durant une longue vie sa piété la poussa sans cesse à embellir le sanctuaire du Miracle, et elle m'aida généreusement pour l'illustration assez onéreuse de cette histoire définitive. Trop tôt pour l'achèvement de cette œuvre, Dieu l'a rappelée à lui le 3 juin 1915. Sur sa tombe à peine fermée, je dépose au nom des curés-doyens de Faverney et en mon nom l'assurance que désormais la mémoire de Madame la Comtesse de Poinctes de Gevigney, veuve de Monsieur Louis-Charles-Amédée Comte de Poinctes de Gevigney, restera associée aux efforts tentés pour la glorification du Miracle des Saintes-Hosties, et je la prie humblement d'intercéder auprès de Dieu pour que ce livre fasse tout le bien qu'elle souhaitait si ardemment. Que du haut du Ciel elle veuille bien encore s'intéresser à cette histoire qu'elle eut néanmoins préféré plus populaire.
Mais si mon inlassable volonté de graver enfin pour la postérité «la plus grande merveille du monde», comme l'écrivait déjà en 1862 sa noble et lettrée belle-sœur Fanny de Poinctes (8), m'a entraîné trop loin, mon excuse auprès de mes bienveillants lecteurs sera l'abondance des documents que la divine Providence m'a permis de rencontrer. Du reste, je serai très reconnaissant à quiconque aura la charité de me signaler toute inexactitude ou toute erreur,
fruit évident de mon inexpérience ou de mon impuissance personnelle.
Je ne veux pas terminer ce long plaidoyer pro domo sans adresser au Sacré-Cœur de Jésus mes plus vives actions de grâces pour faveurs signalées qu'il vient encore de m'accorder.
Ce sont d'abord les nombreuses et si encourageantes approbations épiscopales qui sont venues fort à propos pour authentiquer aux yeux des fidèles «l'exposé historique, aussi fouillé que possible... d'un des plus grands prodiges eucharistiques», défiant «toute critique par l'évidence même de sa merveille réalité».
C'est ensuite le patronage si bienveillant et si désintéressé de l'éminent directeur de la Revue des Questions historiques dont la lettre-préface veut bien couvrir de son autorité l'histoire de notre grande abbaye comtoise.
C'est enfin la pose effectuée le 12 novembre 1915, après plus de douze années d'attente, de la dalle commémorative sur le lieu même du miracle. Ce monument simple, mais d'une exécution parfaite, dans une pierre fine, très dure, rosée et de premier ordre, extraite des carrières de Comblanchien-Corgoloin, a été exécuté aux Ateliers Saint-Joseph à Buxy (Saône-et-Loire). Dans l'épaisseur de cette dalle, on a scellé un parchemin portant cette inscription latine :
ANNO DOMINI MCMXV
S. S. PAPA BENEDICTO XV FELICITER REGNANTE
ILL. DD. FRANCISCO-LEONE GAUTHEY ARCH. BISUNT.
R. D. CANONICO ALBERTO BRUN DECANO ET RECTORE
HUJUS BASILICÆ
HOC MONUMENTUM ERECTUM FUIT
__________
AD PATEFACIENDUM MIRACULI LOCUM QUEM
ESSE E TESTIMONIIS SCRIPTIS COMPROBAVERUNT
D. JULIUS GAUTHIER CHARTARIUS IN CIVITATE
BISUNTINA ET EJUS DISCIPLUS D. LUDOVICUS EBERLÉ
PAROCHUS AMANCIANUS QUI PRÆCLARE
SCRIPSIT DE MIRACULO
__________
EX VOTIS CELEBERRIMI CONGRESSUS EUCHARISTICI
QUEM CLERUS POPULUSQUE CHRISTIANUS HABUERUNT
ANNO DOMINS MCMVIII
__________
IN TESTIMONIUM, ADVERSUS HÆRESES
__________
AD FIDELIUM IN EUCHARISTIAM PIETATEM AUGENDAM (9)
Et maintenant que j'ai fini ma tâche, vogue ma nacelle et «à Dieu va !»
Amance, ce 21 novembre 1915, en la fête de la Présentation de la T. S. Vierge Marie.
L. É., curé.
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[Sources bibliographiques et Notes de bas de page.]
1. Paroles de l'abbé Joseph Morey, en 1877, dans sa paroisse ; Morey, Notice historique sur Faverney et son double pèlerinage, Besançon, Jacquin, 1878, p. 33.
2. Dom Odilon Bebin, Histoire manuscrite de l'abbaye de Faverney (Bibliothèque de Vesoul, manuscrits 192, 193) ; Dom Pierre-Philippe Grappin, Mémoires sur l'abbayé de Faverney, Besançon, Daclin, 1771 ; Jules Gauthier, Notes archéologiques et épigraphiques sur l'église abbatiale de Faverney, Vesoul, Suchaux, 1894, p. 8.
3. L'abbé Léopold Loye, Histoire de l'église de Besançon, Besançon, Jacquin, 1903, IV, pp. 301-305.
4. Éloge de Jules Gauthier par M. Roger Roux, président du congrès des Sociétés savantes comtoises à Vesoul, le 1er août 1906 — Bulletin de la Société d'Agriculture, Lettres, Sciences et Arts, 1908, 4e Série, n° 6, pp. 25 à 28.
5. Citation de M. le chanoine Lagardère, directeur de la Semaine religieuse de Besançon, n° 3, p. 60, 17 janvier 1914.
6. L'abbé Eugène Couet, Les Miracles historiques du Saint-Sacrement, Paris, Bureau des Œuvres eucharistiques, 1898, pp. 121 et 122 ; Nouveau recueil de miracles eucharistiques, pour faire suite au volume intitulé les Miracles historiques du Saint-Sacrement, Bruxelles, Bureau de le Revue Eucharistique, 1910, pp. 45 et 203.
7. Cette réduction ou fac-similé du reliquaire-ostensoir du miracle a été reproduite sur le dessin authentique que contient le manuscrit de l'Arsenal à Paris, folio 125. L'ostensoir de 1608 : mesurait 0,27 m. en hauteur — Notes et documents, 2e édition, Besançon, Jacquin, 1908, Planche 1.
8. Mlle Fanny de Poinctes-Gevigney, Faverney et Sa Sainte Hostie, Besançon, Jacquin, 1862, p. 129.
9. Ce monument commémoratif se compose d'une grande dalle mesurant 1,76 m. en longueur, 1,08 m. en largeur et 0,14 m. en épaisseur. Le dessus de cette dalle est remarquablement poli et porte d'abord une croix de Malte nimbée ayant ses extrémités trilobées, puis, sur son pourtour, un cadre formé par un trait de gravure d'une sobre élégance et profondément creusé. À la partie supérieure de ce cadre on lit la date de 1608, et à la partie intérieure sont niellés également ces mots en grandes lettres : LIEU DU MIRACLE. Tous ces ornements, chiffres et lettres gravés en
creux sont remplis de ciment métallique d'une couleur vieux rouge qui s'harmonise magnifiquement avec le ton rosé de la large dalle.
Dans l'intervalle laissé entre cette inscription française et la croix de Malte passe la table de communion en serrurerie d'art du XVIIe siècle ; et ainsi, sur sa longueur, ce monument sert d'agenouilloir à l'appui de communion dont il continue la marche.
Au-dessous de cette dalle et dans son épaisseur, on a eu soin de creuser un petit caveau fermé par un médaillon en marbre blanc. Ce médaillon porte, relevée avec un léger relief, une croix de Malte nimbée, de dimension un peu plus grande que celle de la face supérieure. Sur le nimbe se détache en lettres saillantes le mot : MIRACLE ; et, entre les quatre branches de la croix, sont sculptés également en relief ces quatre mois : ICI... LE... LIEU... DU... C'est
dans l'intérieur du petit caveau fermé par ce médaillon qu'on a scellé, en lui adjoignant quatre brochurettes relatant le miracle de 1608, le parchemin portant l'inscription latine relatée plus haut et dont voici la traduction française :
«L'an du Seigneur 1915, Sa Saintete le pape BENOÎT XV heureusement regnant, l'illustrissime Monseigneur François-Léon GAUTHEY etant archevêque de Besançon, le Réverend chanoine Albert BRUN etant doyen et curé de cette basilique ce monument fut erigé — Pour indiquer que c'est bien ici le LIEU DU MIRACLE comme sur la foi des temoignages ecrits l'ont demontré Jules GAUTHIER, archiviste de Besançon, et son élève M. l'abbé Louis EBERLÉ, curé d'Amance, qui a traite avec competence la question du miracle. — En accomplissement des vœux du très célébre congrès eucharistique qui se tint à Faverney au milieu d'un immense concours du clergé et des fidèles l'an du Seigneur 1908. — En témoignage contre les herésies. — Pour l'accroissement de la piété des fidèles envers l'EUCHARISTIE».
TABLE DES MATIÈRES.
PREMIÈRE PARTIE : |
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DEUXIÈME PARTIE : |
|
TROISIÈME PARTIE : |
|
QUATRIÈME PARTIE : |
|
CINQUIÈME PARTIE : |
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A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z
Abbé. — Moine élu par ses égaux à la direction d'une abbaye ou monastère.
Abbé commendataire. — Séculier tenant une abbaye en commende ; où la commende fut le titre de bénéfice que le pape donna à un ecclésiastique nommé par le roi, pour une abbaye régulière, avec permission au commendataire de disposer des fruits pendant sa vie.
Agrière. — Impôt proportionnel à la récolte dut au seigneur des terres nouvellement défrichées.
Aleu ou alleu. — Propriété personnelle, qui se transmet héréditairement.
Antiphonaire ou antiphonier. — Livre utilisé par le chœur pour chanter les réponses aux différentes heures de l'office divin.
Archevêque. — Évêque placé à la tête d'une province ecclésiastique, c'est-à-dire une regroupement d'Églises particulières voisines circonscrites sur un territoire donné pour favoriser les relations mutuelles entre les évêques diocésains.
Archidiacre. — Clerc assistant l'évêque, le plus souvent chargé d'une subdivision du diocèse, l'archidiaconé.
Archiprêtré. — Étendue de la juridiction d'un archiprêtre, le prêtre qui a la responsabilité des curés dans cette juridiction.
Arpent. — Mesure de superficie : 1 arpent des Eaux et Forêts = 5104 m².
Arpentement ou arpentage. — Élément du cadastre ancien qui présente sous forme de registre la description du territoire, lieux dits par lieux dits ; c'est l'équivalent pour la période post-révolutionnaire de l'état de section.
Attenir. — Être contingu à, avoisiner.
Aumusse. — Fourrure dont les religieux se couvrent quelquefois la tête, et qu'ils portent ordinairement sur le bras.
Boisseau. — Mesure de capacité : 1 boisseau de Paris ≈ 13 litres.
Capucins. — Religieux formant une branche de l'Ordre des Frères Mineurs de Saint-François d'Assise.
Cartulaire. — Recueil de chartes recopiées.
Célérier ou cellérier. — Officier claustral qui est chargé du soin de la dépense de toute la Communauté ; on dit également économe ou dépensier ou mensionnaire.
Cénobitisme. — Vie en communauté sous l'autorité d'un abbé et en vertu d'une règle monastique.
Chambrier ou camérier. — Officier claustral qui est chargé du soin des vêtements et des chaussures.
Chancel ou plus souvent sanctuaire. — L'endroit du choeur d'une église qui est le plus proche du grand autel, et qui est ordinairement fermé d'une balustrade.
Chanoine. — Dignitaire ecclésiastique qui est un membre du chapitre d'une église cathédrale ; le chapitre des chanoines sert de conseil à l'évêque.
Chapier. — Celui qui porte chape dans le choeur en certain temps de l'office divin.
Charte. — Acte concédant des franchises, des privilèges, des titres de propriété ou de vente ; pour les familles, les chartes permettent d'apporter la preuve de leurs privilèges et droits sur un bien ou un titre.
Châtellenie. — La seigneurie et la juridiction du seigneur châtelain ; et aussi l'étendue de pays placée sous la juridiction d'un châtelain.
Chesnage ou chaînage. — Terme d'arpentage.
Cingulon. — Cordon corde épaisse qui resserre l'aube autour de la taille.
Cloître. — Enclos de religieux, généralement contigu à l'église et autour duquel s'ordonnent les bâtiments conventuels.
Coffin. — Petit panier d'osier haut qui a un couvercle et une anse, dont on se sert à divers usages, plus ordinairement pour mettre de la chandelle.
Communier. — Recevoir le sacrement de l'eucharistie.
Concile. — Assemblée des évêques convoquée pour statuer sur des questions de dogme, de morale ou de discipline.
Cordelier. — Religieux formant une branche de l'Ordre des Frères Mineurs de Saint-François d'Assise.
Curé-doyen. — Quasi-synonyme pour un archiprêtre.
Décrétale. — Lettre du pape, en réponse à une question d'ordre moral, disciplinaire ou dogmatique.
Décimateur. — Celui qui a droit de lever la dîme dans une paroisse.
Définitoire. — Le chapitre que les principaux officiers de certains ordres religieux tiennent pour le réglement des affaires de leur ordre.
Dîme ou décime. — Le dixième des récoltes et des revenus dut aux seigneurs, qu'ils fussent laïcs, clercs ou moines.
Évêché. — Synonyme pour diocèse ; et aussi le nom donné à la résidence d'un évêque.
Évêque. — Nommé par le pape, il reçoit par son ordination épiscopale le pouvoir et la charge d'enseigner, de sanctifier et de gouverner, au nom du Jésus-Christ, l'Église locale qui lui est confiée (c'est-à-dire le diocèse).
Évêque coadjuteur. — Évêque adjoint à un évêque titulaire pour aider le dernier ; d'habitude l'évêque coadjuteur — donné un diocèse fictif par le pape — est désigné pour remplacer l'évêque titulaire advenant son décès ou sa démission.
Évêque suffragant. — Évêque dépendant d'un archevêque.
Fabricien ou fabriqueur. — Personne qui siégait au conseil de fabrique, qui, avant la séparation de l'Église et de l'État (9 décembre 1905), gérait les biens de la paroisse.
Faux ou fauchée. — Mesure agraire, équivalente au journal.
Fébricitant. — Personne qui a la fièvre intermittent ou lente.
Gardien. — Synonyme pour le supérieur d'un communauté de religieux.
Gouverner. — Le premier maître d'une province au nom du roi.
Grangeage. — Petite exploitation agricole, y compris ses bâtiments.
Hôtelier. — Officier claustral qui accueillit les gens de passage, pèlerins ou mendiants.
Indult. — Octroi du pape, par lequel il accorde quelque grâce, particulièrement une grâce expectative pour avoir un bénéfice.
Intendant. — L'autre maître d'une province au nom du roi.
Intrus. — Ecclésiastique qui, sans droit et sans être légitimement appelé, s'est introduit dans quelque charge ou emploi. Donc, du 12 juillet 1790, l'introduction de la Constitution civile du clergé, jusqu'au 16 juillet 1801, le Concordat entre Napoléon et Sa Sainteté le pape Pie VII, chaque ecclésiastique élu était intrus parce qu'il n'avait pas légitimement appelé.
Jacobins. — Le nom parisien pour les Dominicains.
Journal. — Mesure agraire : la superficie qu'un paysan pouvait labourer avec son attelage en une journée, c'est-à-dire environ 3200 m² (variable, bien sûr, selon la terre ou le lieu).
Juge assesseur. — Personne chargée de la répartition de l'impôt que les collecteurs recouvraient ensuite.
Légat. — Envoyé extraordinaire du pape, à titre provisoire ou permanent.
Lieue. — Mesure de distance : 1 lieue de Paris jusqu'en 1674 = 3,247 m ; 1 lieue de Paris de 1674 à 1737 = 3,898 m.
Livre. — Mesure de poids : 1 livre = 489,5 g.
Livre. — Monnaie : 1 livre = 20 sols = 240 deniers.
Livre. — Monnaie : 24 livres = 1 livre d'or.
Marc. — Mesure de poids : 1 marc = 0,5 livre = 244,75 g.
Manse. — Exploitation agricole familiale qui se compose d'une habitation et des dépendances nécessaires pour vivre.
Matines. — Nom d'un des heures canoniales, à savoir : matines, débute à 1 h du matin à partir de la mi-juin, 2 h 30 à partir de Noël, 3 h à partir d'avril ; laudes, vers 5 h 30, de façon à terminer quand point l'aube ; prime, 7 h 30, peu avant l'aube ; tierce, vers 9 h ; sexte, midi ; none, vers 14 h 30 ; vêpres, vers 16 h 30, avant le second repas ; et complies, vers 18 h.
Mense. — Revenu ecclésiastique, où la mense abbatiale est la partie des revenus monastiques attribuée à l'abbé et la mense conventuelle la partie réservée à l'usage des moines.
Méteil. — Froment et seigle mêlés ensemble.
Monseigneur, Mgr. — Ce titre religieux est utilisé comme titre honorifique pour des archevêques et des évêques.
Mine ou minot ou émine. — Mesure de volume : 1 mine = 1 minot = 1 émine = 6 boisseaux pour l'avoine, 4 boisseaux pour le sel, 3 boisseaux pour le blé, et 2 boisseaux pour le charbon de bois.
Muid. — Mesure de capacité : 1 muid ≈ 200 litres.
Monnaie de billon. — Monnaie de cuivre ou de bronze, comme les anciens sous.
Nécrologe. — Liste de bienfaiteurs d'une communauté ayant demandé des prières le jour anniversaire de leur mort.
Official. — Juge ecclésiastique délégué par l'évêque pour exercer en son nom la juridiction contentieuse.
Orfroi. — Étoffes tissues d'or qui s'est conservé dans une église, pour signifier les parements d'une chape ou d'une chasuble.
Pallium. — Mot latin pour la bande de laine blanche ornée de croix noires envoyée à l'archevêque par le pape, symbole de l'unité de la hiérarchie catholique et des pouvoirs de juridiction spéciaux accordés à l'archevêque.
Panage. — Droit de panage ; c'est-à-dire de faire paître leurs porcs dans la forêt.
Parlement. — L'une des cours souveraines d'une intendance, et de loin la plus importante ; à part son rôle judiciaire primordial, comme tribunal d'appel pour les habitants, il posséda aussi des pouvoirs politiques.
Pape. — Sa Sainteté est la tête de l'Église catholique, apostolique et romain.
Perche. — Mesure de longueur : 1 perche de Paris = 5,85 m.
Perche. — Mesure de superficie : 1 perche de Paris = 34,17 m².
Pied. — Mesure de longueur : 1 pied = 0,294 m.
Pitancier. — Officer claustral qui fut chargé de distribuer aux moines la nourriture, dans la proportion si exactement déterminée par la Règle de S. Benoît.
Pouillé. — Inventaire de tous les bénéfices qui sont dans l'étendue d'une région déterminée.
Praticien. — Notaire seigneurial, personne ayant des connaissances en droit sans avoir de diplômes, et aussi un jeune juriste qui exerce des fonctions de clerc ou de stagiaire dans un office de notaire.
Prieur claustral. — Moine désigné par l'abbé pour le seconder dans sa tâche et le remplacer en cas d'absence.
Prieuré. — Monastère dépendant d'une abbaye et gouverné par un prieur nommé par l'abbé.
Procureur. — Officier claustral qu'on charge des intérêts temporels de la maison.
Procureur du roi. — Officier qui eut soin des intérêts du roi et du public dans l'étendue d'un présidial, d'un bailliage, d'une élection, etc.
Procureur fiscal. — Officier qui a soin des intérêts d'un seigneur et des vassaux de sa terre, dans l'étendue de cette terre.
Procureur général, dans les ordres religieux. — Religieux qui est chargé des intérêts de tout l'ordre.
Profès. — Celui qui a prononcé ses vœux.
Provincial. — Supérieur des religieux d'un province ecclésiastique.
Quarte. — Mesure agraire qui correspondait à 0,25 de journal ≈ 800 m².
Queue. — Mesure de capacité : 1 queue = 0,5 muid ≈ 100 litres.
Quintal. — Mesure de poids : 1 quintal = 100 livres = 48,95 kg.
Récollets. — Religieux formant une branche de l'Ordre des Frères Mineurs de Saint-François d'Assise.
Règle de S. Benoît. — Ensemble des prescriptions que doivent observer les Bénédictines, y compris les dispositions suivantes pour l'essentiel : les postulants à l'entrée dans l'ordre doivent éprouver leur vocation pendant une année de noviciat ; les moines doivent respecter les vœux d'obéissance, de stabilité et de conversion des mœurs (chasteté, pauvreté, humilité, piété) ; l'abbé est élu par les moines, et il doit diriger le monastère tout en restant humble car il n'est que le serviteur de Dieu ; un équilibre doit être respecté entre le travail et la méditation ; la règle du silence doit être respectée pendant les repas, afin d'écouter la lecture d'un texte saint ou d'un chapitre de la règle.
Représentative en mission. — Synonyme pour un Commissaire de la Convention ; dès le 10 octobre 1793 celui-ci fut sous les ordres directes du Comité de Salut Public.
Sacrament. — L'un des sept offices sacrés de l'Église, à savoir : l'absolution, le baptême, la confirmation, l'eucharistie, le mariage, l'onction et l'ordination.
Trentain. — Nom pour les trente messes traditionnelles célébrées pendant trente jours et sans interruption pour la délivrance des défunts.
Trezeller ou tréseler. — Sonner le carillon avec trois cloches ; cf., autrefois, carilloner ou quadrilloner : sonner le carrillon avec quatre cloches.
Tumulaire. — Ajectif qualifie ce qui appartient à une tombe.
Vicaire ou mépartiste. — Prêtre qui est un assistant au curé.
Vicaire épiscopal. — Nommé par l'évêque, il est chargé soit d'une partie du diocèse, soit d'un secteur d'évangélisation qui, aux yeux de l'évêque et de ses collaborateurs, nécessite un effort particulier.
Vicaire général ou grand vicaire. — Nommé par l'évêque, et son «bras droit», il veille à la bonne organisation et au bon fonctionnement des différents conseils et services diocésains.
Vicaire judiciaire ou vicaire officiel. — Chargé, au nom de l'évêque, de rendre la justice à ceux qui le sollicitent, en particulier pour les demandes d'annulation de mariage.
Vicaire pérpetuel. — Quasi-synonyme pour un curé.
«Faverney, son abbaye et le miracle des Saintes-Hosties» :
Introduction ; Première Partie - Chapitre 1
[Dr R. Peters : rpeters@wissensdrang.com]