«UN COUVENT DE RELIGIEUSES ANGLAISES À PARIS DE 1634 À 1884» ; CHAPITRE 10
SUCCESSIONS DES GOUVERNEMENTS, DE 1820 À 1852.
Mme Mary-Eugenia Stonor, 1820-1828.
Ce fut Mme Mary-Eugenia Stonor qui succéda à Mme Canning.
Mme Eugenia. — Elle était également de souche nobiliaire. Son père, Charles Stonor, était un gentilhomme de l'Oxfordshire, et sa mère, qui se nommait comme elle Maria-Eugenia, était une Blount.
Née le 23 janvier 1768, elle entra au noviciat le 5 août 1788. On sait dans quel état d'agitation était alors Paris. Tout le monde, en France et à l'étranger, avait le pressentiment plus ou moins confus d'une révolution prochaine.
Charles, inquiet au sujet de sa fille, vint la chercher au couvent pour la ramener en Angleterre. Eugenia déclara à son père qu'elle voulait vivre et mourir dans sa communauté, et elle prononça ses vœux le 6 août 1789. Ce fut la dernière religieuse qui fit profession avant la grande Révolution.
Deux fois, elle fut appelée par les suffrages de ses sœurs à la supériorité : la première, le 2 mai 1820, il y eut alors ballotage entre elle et Mme Monica Finchet ; la seconde, le 3 mai 1824 : personne n'obtint la majorité des voix, personne même n'eut la moitié des votes. Les deux noms qui en avaient obtenu le plus furent alors soumis au scrutin, et Mme Eugenia Stonor l'emporta.
C'était une admirable religieuse, d'une obéissance parfaite, d'une régularité inflexible, et surtout d'une humilité capable de la faire descendre, avec empressement et bonheur, aux plus infimes offices du couvent.
Elle était de haute stature, et sa démarche était grave jusqu'à la solennité. De même que par ses vertus elle inspirait la vénération, par son seul extérieur elle imposait le respect. Mais elle manquait absolument de ce charme qui attire les sympathies. On l'estimait beaucoup ; nous n'oserions pas dire qu'elle fut beaucoup aimée, du moins pendant son administration. Avec les familles des élèves elle se montrait généralement très réservée ; avec les enfants elle était bonne mais sévère ; avec les religieuses elle était plus austère que maternelle. Cela tenait sans doute à son caractère ; mais l'état de son esprit n'y était-il pour rien ? On dit qu'elle était très scrupuleuse. La crainte excessive de mal faire ne paralysait-elle pas ce qu'il pouvait y avoir d'expansif dans sa nature ?
Puis il faut dire qu'elle souffrait d'une ophtalmie dont elle ne guérit jamais, et qui la rendit plus tard complètement aveugle. Cette infirmité l'obligeait à porter constamment un garde-vue pour préserver ses yeux des effets douloureux de la lumière. Or, la continuité de la souffrance assombrit toujours le visage ; et, quand il est triste, ce n'est pas l'ombre d'un garde-vue qui peut l'égayer. Ce malheureux appendice accentuait beaucoup, disent ceux qui l'ont connue, le
ton habituellement froid de sa physionomie.
Son administration fut semée de soucis.
Le pensionnat. — Mme Canning avait laissé un pensionnat florissant. Pour diverses causes, parmi lesquelles il faut certainement faire entrer la roideur de Mme Stonor dans ses relations avec les élèves et leurs parents, il diminua peu à peu à partir de 1823 ; et il ne se releva plus tard qu'avec grand'peine. Tant il est vrai que la sainteté ne suffit pas pour exercer la supériorité, mais
qu'il faut posséder certaines qualités naturelles, qui étaient surabondantes dans Mme Canning, et faisaient en partie défaut dans Mme Stonor.
Les choses n'allaient guère mieux du côté de la communauté religieuse.
Menaces de division. — «Toute maison divisée contre elle-même tombera en ruine», a dit le souverain Maître, et la communauté des Anglaises, à l'époque où nous sommes de son histoire, était menacée d'une division.
Au sortir de la tourmente révolutionnaire, et avant même qu'elles fussent rentrées en possession définitive de leur couvent confisqué et vendu, ces Dames appliquèrent tous leurs soins à deux choses : à faire revivre la régularité, suivant la facilité qu'elles en avaient, et à rétablir le pensionnat, leur unique moyen de subsistance. On sait de quel succès furent couronnés leurs efforts dans cette dernière entreprise. Mais il était plus difficile de revenir du premier coup à l'exercice complet des Constitutions. Le nombre si restreint des religieuses de chœur ; le délabrement des santés après tant d'émotions et de privations de tous genres ; et, il faut le dire aussi, les habitudes perdues ou contractées par suite de longues années passées en dehors de la pratique complète des règles, formaient autant d'obstacles qu'on ne pouvait pas du
soir au lendemain renverser.
Lorsque la paix, après les Cent-Jours, eut ramené la confiance dans un avenir plus stable, la communauté s'accrut de quelques nouveaux membres. Alors commença à poindre et à se développer l'opinion de la possibilité d'un retour absolu aux règles observées dans le passé. C'était sur plusieurs points une opinion prématurée. Ces Dames n'étaient point encore de force à se passer des adoucissements que les supérieurs ecclésiastiques avaient jugés momentanément nécessaires. C'était bien aussi la pensée de la majorité des religieuses. Mais quelques-unes d'entre elles tenaient ferme pour la restauration complète, sans plus de retard, et elles exprimaient leur désir avec d'autant plus de vivacité que Mme Eugenia Stonor, devenue supérieure, partageait sans réserve leur manière de voir. Ces différends remplirent bientôt toutes les têtes, devinrent en quelque sorte l'unique sujet des conversations pendant les récréations, et menacèrent de troubler profondément la concorde.
Intervention de l'archevêque. — Son Eminence le cardinal de Talleyrand-Périgord, archevêque de Paris, pour pacifier les esprits et les arrêter sur la pente dangereuse où ils s'engageaient, jugea à propos d'interposer son autorité. Il exigea que chaque religieuse lui «écrivit séparément une lettre cachetée, non signée, mais marquée extérieurement d'une lettre de l'alphabet, dans laquelle elle exposerait ses observations d'une manière précise, si elle en avait à faire». Puis, prenant pour base de
ses jugements l'état des santés et l'insuffisance du nombre, il résuma, classa ces observations diverses, et donna ses décisions article par article.
Comme les points essentiels de la vie religieuse dans le cloître et des Constitutions de l'Ordre étaient exactement pratiqués, il n'eut à statuer que sur des points secondaires.
Le plus important, parmi ceux-ci, était l'heure du lever. Régulièrement il devait avoir lieu à 4 heures. Depuis la Révolution, les supérieurs ecclésiastiques avaient jugé bon de donner plus de repos aux religieuses, et elles se levaient une heure plus tard. C'est autour de ce retard que les réclamations faisaient le plus de bruit.
Son Éminence ne fut pas de cet avis, et prescrivit le lever de cinq heures jusqu'à nouvel ordre.
En vérité, si quelque chose mettait en péril la communauté, ce n'était pas l'inobservance des règles, mais bien les discussions plus ou moins vives soulevées entre religieuses, par des esprits scrupuleux, chagrins, peut-être brouillons, mais certainement étroits.
Du reste, les ordonnances de l'archevêque furent acceptées avec une parfaite soumission. Personne ne songea à se plaindre ou à se réjouir du succès ou de l'insuccès de ses représentations ; mais le silence se fit aussitôt, et la paix rentra dans la communauté par l'obéissance.
Cependant quelques années après, le 19 juillet 1827, la Révérende Mère Supérieure crut devoir consulter le conseil sur le rétablissement du lever de quatre heures. Le conseil argua de son incompétence, pour renvoyer l'affaire au chapitre. Le lendemain, il fut réuni et la question mise aux voix. La majorité se déclara pour le maintien momentané du lever de cinq heures. Le lever constitutionnel fut rétabli seulement en 1832, alors que la communauté était plus nombreuse.
Mort de Mme Eugenia. — À la fin de son gouvernement, Mme Eugenia était devenue complètement aveugle. Malgré son infirmité, elle fut nommée sous-prieure, et elle en garda le titre pendant quatre ans, sans pouvoir en remplir les fonctions. Elle vécut encore seize ans, se traînant courbée en deux, la face couverte de son voile noir. Le 30 novembre 1848, ne pouvant plus se soutenir, elle fut portée à l'infirmerie. Trois jours après, elle fut administrée ; mais elle ne quitta ce monde que le 23 décembre, pendant que la communauté psalmodiait le matines.
Son éloge par le Journal. — «La Mère Eugenia, dit le Journal, fut l'objet de la vénération de la communauté pour ses nombreuses vertus, mais surtout pour son humilité, son grand esprit de charité, son zèle pour la discipline religieuse et sa parfaite résignation à la volonté divine, dans les infirmités qu'elle endura un temps considérable. Plus de vingt ans elle fut privée de la vue, ce qui ne l'empêchait pas d'assister à l'office, même à l'office des matines, qu'elle suivait comme elle le pouvait, édifiant toutes ses sœurs par sa piété et sa ferveur. Aussi jeunes et anciennes l'environnaient de leur respect et lui prodiguaient les soins les plus empressés. L'une la conduisait de sa cellule au jardin ou à l'église ; l'autre lui faisait la lecture dans quelque livre pieux ; une autre l'aidait à tricoter des vêtements pour les pauvres, ce qui était pour elle une récréation et une manière d'employer utilement son temps. Et quand elle voulait faire sa correspondance, du reste fort limitée, une de ses sœurs était toujours là pour lui prêter le secours de sa plume et de ses yeux».
Mme Helen-Mary-Monica Finchet, 1828-1840.
Mme Finchet. — Helen-Mary-Monica Finchet, à laquelle échut le gouvernement de la maison après Mme Stonor, était d'une excellente famille du Lancashire. Elle avait alors soixante-trois ans, et depuis quarante-quatre ans elle était dans le cloître. C'était une personne de fort grand air et d'austères apparences ; mais sous ces dehors elle cachait un fond d'inexprimable bonté.
Maîtresse des novices aux élections des officières de 1824, elle montra, dans cette charge, tout ce qu'elle valait par le cœur et tout ce qu'il y avait en elle d'habileté dans l'art de déchiffrer les caractères. L'une de ses novices avait manifesté certains défauts qui n'avaient pas prévenu la communauté en sa faveur ; et ces Dames se demandaient si vraiment cette personne était faite pour vivre de leur vie : «Restez avec nous, lui dit Mme Finchet, vous ferez certainement un jour une excellente religieuse.» Elle avait deviné juste et dit vrai.
Mlle de France donne le voile à une novice. — Mme Finchet gouverna la maison pendant environ 12 ans, du 3 mai 1828 au 21 mai 1840, et neuf postulantes prirent le voile sous son administration. La première, Sarah Saunders, le reçut des mains de Mademoiselle de France, la jeune princesse Louise-Marie-Thérèse, fille de Charles-Ferdinand, duc de Berry, et sœur de Henri-Charles-Ferdinand, duc de Bordeaux. C'était le 2 juin 1828.
La cérémonie fut des plus solennelles par l'éminence des personnages qui y présidèrent ou y assistèrent.
L'archevêque de Paris, Mgr de Quélen, arriva le premier, et il attendit dans le sanctuaire Mademoiselle de France.
À l'entrée de celle-ci dans le chœur, les religieuses entonnèrent le Domine salvum fac regem. Elle était accompagnée de sa gouvernante, Mme de Gontaut, et de la comtesse de Rivera. Plusieurs autres dames de haut rang, anciennes élèves de la maison, lui faisaient cortège.
L'archevêque accomplit la cérémonie de la vêture, et la princesse plaça elle-même, sur la tête de la novice, le voile et la couronne de roses blanches. Elle l'embrassa ensuite en lui disant en anglais : «I hope you will be happy», et elle lui donna le nom de «Marie-Thérèse».
Après la cérémonie, on conduisit Mademoiselle à la chambre de la supérieure où elle trouva une magnifique collation ; puis accompagnée de sa suite et des religieuses, elle alla jouer au jardin avec les enfants de son âge.
La nouvelle novice lui fit présent d'une bible magnifiquement reliée : l'archevêque l'avait donnée quelques instants auparavant à la sœur Marie-Thérèse pour qu'elle l'offrit à la princesse. Celle-ci laissa, comme souvenir, un fort beau tapis pour la chapelle. En se retirant, elle fit distribuer quelque argent aux pauvres qui s'étaient rassemblés à la porte du couvent.
Le Journal fait mention d'une autre visite de cette petite princesse, le 7 novembre 1829.
Ce fut peut-être la dernière. 1830 approchait avec ses convulsions politiques. Un exil sans retour allait commencer pour Mademoiselle de France. Elle y deviendrait duchesse de Parme, verrait son mari, comme elle avait vu son père, tomber sous le poignard des assassins, serait régente du duché au nom de son fils Robert ; mais sa seconde patrie ne lui serait pas plus
fidèle que la première, et, malgré ses protestations contre l'usurpation piémontaise (1859), il lui faudrait aller mourir sur une terre deux fois étrangère.
Le duc de Bordeaux. — D'après un récit qui doit être vrai, mais dont il n'est pas trace au Journal, le duc de Bordeaux l'aurait un jour accompagnée au couvent sans pouvoir y entrer lui-même. Sa suite, toute masculine, avait ordre de ne jamais le quitter.
Lui aussi était destiné à l'exil perpétuel. Patriote sincère, il aima très certainement beaucoup son pays ; mais, plus honnête homme que politique habile, il ne voulut jamais y rentrer par le sacrifice de ses principes. Et celui qu'on nomma Dieu donné, l'Enfant du miracle, mourut sans postérité à Frohsdorf, en 1883, laissant mille espérances déçues et mille prophéties cruellement démenties.
La comtesse de Rivera. — Ces visites princières, qui rappellent celles de la famille de Jacques II, étaient dues à Mme la comtesse de Rivera.
C'était une personne jeune encore, fort distinguée d'esprit et de manières, et issue d'une grande famille espagnole ruinée. De bonne heure, elle fut orpheline, et placée au couvent pour y faire son éducation. Elle y passa quinze ans. Dans les derniers temps de son séjour, elle y était maîtresse de musique, et connue seulement sous le nom d'Eugénie Ysquierdo. Par sa bonté, son amabilité et sans doute aussi par la distinction de son origine, elle se créa de nombreuses amitiés parmi les plus nobles de ses compagnes. L'une d'elles surtout, qui devint Mme des Montiers, lui resta toujours fort attachée, et c'est à cette dame qu'elle dut sa fortune.
Mme des Montiers, qui avait ses entrées à la Cour et y jouissait d'un puissant crédit, fit agréer Eugénie comme sous-gouvernante des Enfants de France. Le 7 décembre 1825, la jeune maîtresse de piano prit possession de son nouvel emploi, avec le titre de comtesse de Rivera. Elle le tenait sans doute de sa famille. Plus tard, après la révolution de 1830, elle épousa M. Baudon qui eut d'elle deux filles. Il avait déjà un fils d'un premier mariage, Adolphe, si connu comme président général des conférences de Saint-Vincent de Paul.
Un incendie. — La fin de l'année 1828 fut attristée par un affreux événement qui jeta l'épouvante dans le couvent.
Le 2 novembre, environ à neuf heures du soir, les élèves reposaient paisiblement dans leur dortoir, et les religieuses, dans leurs cellules.
Un homme, passant par la rue des Boulangers, aperçoit tout à coup une grande clarté, dans une
chambre de l'une des maisons appartenant aux Anglaises. La clarté s'avivant toujours, il n'en doute plus, c'est un incendie. Il court à la porte du couvent et y frappe à coups redoublés en criant : «Au feu !» L'alarme est donnée. Ces Dames se précipitent de tous les côtés pour voir dans quelle partie de la maison le feu s'est déclaré. C'est dans les appartements d'une Dame locataire, Mme de Chambly. Bientôt les pompiers arrivent et se rendent maîtres de l'incendie. Deux lits ont été brûlés : celui de la domestique qui a pu fuir, et celui de sa maîtresse, dans les débris fumants duquel on ne retrouve plus qu'un cadavre à demi carbonisé.
Cet événement consterna ces Dames, qui peu à peu se remirent de leur émotion. Mais 1830 leur en ménageait d'autrement plus profondes.
Les journées de Juillet 1830. — Quelques jours à peine s'étaient écoulés depuis qu'elles avaient chanté le Te Deum en action de grâces de la capitulation d'Alger (5 juillet 1830), et les bruits sinistres de la guerre civile retentirent dans les rues de Paris. Trois jours durant (27, 28, 29 juillet) le canon qui effondrait le trône de Charles X ne cessa de gronder. Ces Dames se hâtèrent de rendre les élèves à leurs familles. Mais elles, qu'allaient-elles devenir ? N'était-ce pas le retour aux mauvais jours de la Révolution ? Mille inquiétudes, mille craintes montaient leur imagination, et leur faisaient entrevoir, dans une perspective plus ou moins prochaine, la prison, la confiscation, la guillotine peut-être, choses horribles que plusieurs d'entre elles n'avaient que trop vues.
Il n'en fut rien. Les esprits se calmèrent, et ces Dames rappelèrent leurs élèves. Celles-ci revinrent malheureusement moins vite qu'elles n'étaient parties. Cette secousse de l'État causa le plus grand tort à l'institution.
Quatrième jubilé. — Quatre années plus tard, la maison atteignait le deuxième siècle de son existence et célébrait son quatrième jubilé.
Celui-ci n'eut pas l'éclat de quelques-uns des précédents. Il se passa fort religieusement, comme toujours, mais aussi très modestement. Nous n'en parlerons pas.
Une mystification. — L'imprévu, ce grand mystificateur qui se glisse furtivement dans nos affaires pour y faire des apparitions soudaines, prit tout à coup ces Dames à la gorge en 1836, et réclama d'elles une somme assez ronde pour paiement de démarches suivies d'insuccès, et pour lesquelles elles avaient déjà versé une somme suffisante. L'histoire de ces démarches et de leur résultat final ne manquerait pas d'un certain piquant si l'injustice ne s'y mêlait à trop forte dose.
On se rappelle qu'à peu près tout ce que possédaient ces Dames de leur ancien couvent, au faubourg Saint-Antoine, avait été confisqué et vendu.
Or, en 1814, une convention diplomatique entre l'Angleterre et la France régla une indemnité payable par celle-ci et à répartir proportionnellement entre les sujets anglais dont les propriétés foncières avaient été vendues pendant la Révolution.
Ces Dames présentèrent leurs réclamations à la Commission mixte, créée pour la liquidation de la dette de la France envers l'Angleterre.
La réponse se fit attendre et n'en fut pas plus consolante : la Commission rejeta leur demande, et sa décision fut confirmée par celle de Sa Majesté le roi d'Angleterre, en son Conseil privé tenu en janvier 1824.
«La société des Dames Anglaises établie à Paris ne pouvait être admise au bénéfice de la convention faite en 1814 entre la France et l'Angleterre, parce que le long établissement de cette Société en France devait la faire considérer comme française».
Il n'y avait point à revenir, du moins pour le moment, sur cette décision royale.
En 1825, les Chambres françaises votèrent la loi d'indemnité des émigrés, laquelle, par un amendement, s'étendit à tous les déportés et condamnés privés par la Révolution de leurs biens fonciers. Un milliard devait être réparti au prorata des pertes subies.
Ces Dames se crurent naturellement autorisées, par la décision du gouvernement anglais, à présenter leurs réclamations à la Commission de répartition française.
Il fut répondu que «la Société des Dames Anglaises n'étant point française, elle ne pouvait, pour la raison des ventes révolutionnaires faites à Paris de ses propriétés, être admise à l'indemnité proclamée par la loi du 27 avril 1825».
En vain elles présentèrent un mémoire à Son Excellence le secrétaire-ministre d'Etat des finances, un autre mémoire au roi en son Conseil d'État, tout fut inutile ; les meilleures, les plus convaincantes raisons tombèrent devant cette allégation : «Vous êtes une société anglaise».
Ces Dames pourtant ne se découragèrent pas. La persévérance est une des qualités de leur nation.
Nous ne savons quelle occasion leur fut fournie, en 1830, de renouveler leurs démarches auprès du gouvernement anglais. Le fait est que le fils de leur homme d'affaires passa deux mois et demi à Londres, soi-disant en pourparlers absolument inutiles pour le couvent, mais à coup sûr fructueux pour lui. Car mille francs lui furent comptés d'abord ; et son père, qui détenait tous les papiers du couvent, menaça, en 1836, de les retenir, si les Dames Anglaises n'ajoutaient encore 2,500 francs aux honoraires déjà perçus.
C'est à ce résultat dérisoire qu'aboutirent des démarches poursuivies pendant quinze ans : ces Dames étaient Françaises à Londres et Anglaises à Paris, et elles avaient tiré les marrons du feu pour leur notaire.
Mme Mary-Frances Fairbairn, 1840-1852.
Mme Fairbairn. — Mme Finchet ne fut pas réélue aux élections du 21 mai 1840 ; mais on la remplaça par Mme Mary-Frances Fairbairn.
«De mon temps, dit George Sand, Mme Marie-Françoise était novice sous son nom de famille, Miss Fairbairn. C'était une très belle personne, blanche avec des yeux noirs, de fraîches couleurs,
une physionomie très ferme, très décidée, franche mais froide».
Nous avons connu Mme Fairbairn. Les soixante-treize années de cette dame n'avaient rien changé à
l'expression générale de sa physionomie, ni même à la vivacité de ses yeux noirs ; mais le masque qu'elles avaient déposé sur ses traits ne laissait plus que soupçonner vaguement l'éclat de sa jeunesse.
Telle que nous l'avons vue, pendant près de dix ans, c'était une grosse personne, légèrement courbée, marchant à petits pas alourdis, les yeux baissés, l'air grave. On eût dit qu'elle s'écoutait un peu parler. Elle avait du reste le verbe facile. Souvent elle accompagnait sa parole d'un sourire gracieux du bout des lèvres. On aimait à l'entendre. Comme elle avait une mémoire imperturbable des faits, des noms, des dates, elle était véritablement la tradition vivante de la maison. Pieuse et de manières aimables, elle se fit d'abord aimer de tout le monde. Elle le fut certainement moins dans les dernières années de sa supériorité et de sa vie.
Sa vertu principale était l'amour de la régularité. Elle l'apporta au couvent, et il s'accrut constamment en elle. Cet amour fut sans doute la cause du retard de sa profession. Elle la fit neuf mois après l'expiration de son temps de noviciat. À l'époque où elle entra au couvent, certains règlements d'ordre secondaire n'étaient pas praticables. La sœur Mary-Frances ne voulut pas s'engager définitivement avant d'avoir acquis l'assurance qu'on rentrerait, le plus tôt possible, dans l'accomplissement de ces règles. Elle avait pris l'habit en 1817, le 21 octobre : elle fit ses vœux seulement le 29 juin 1819.
La communauté, composée d'Anglaises fort attachées à leur patrie, s'est pourtant toujours associée aux joies et aux douleurs de la France.
Accident du chemin de fer de Versailles. — Un épouvantable accident eut lieu le 8 mai 1842 sur le chemin de fer de Versailles (rive gauche).
Un grand nombre de personnes, ne pouvant sortir des compartiments fermés à clef, périrent dans les flammes d'un convoi incendié. Mme Fairbairn, à la première nouvelle, donna aussitôt l'ordre de dire la messe pour les victimes. Toute la communauté y assista.
Mort du duc d'Orléans. — Trois mois après environ, elle en fil autant pour le repos de l'âme du duc d'Orléans, fils aîné du roi Louis-Philippe. Le jeune prince, aimé de l'armée et l'espoir des partisans de la dynastie régnante, se tua sur la route de la Révolte, à Neuilly, en sautant de sa voiture dont les chevaux s'étaient emportés.
Mort de Mme Blount. — Une douloureuse nouvelle vint d'Angleterre affliger la communauté au commencement de l'année 1844. Mrs Blount était morte à Cheltenham. On perdait en elle une amie et une bienfaitrice. C'était la sœur de Mme Canning. Elle avait été élevée au couvent. Ses deux filles, Mrs Riddell, de Felton Park, et Miss Fanny Blount, y avaient également fait leur éducation. Après la mort de son mari, Mrs Blount vint s'y établir en qualité de dame locataire et y partagea le sort des
religieuses pendant la Révolution française. Rendue à la liberté, elle retourna en Angleterre avec ses enfants. Mais, après la Restauration, elle revint en France, désireuse de terminer ses jours dans ce cher couvent de la rue des Fossés, où plusieurs personnes de sa famille avaient fini leurs jours et reposaient dans la paix du Seigneur. Ramenée dans son pays par la révolution de 1830, sa famille et ses amis ne l'en laissèrent plus sortir. Mais l'éloignement n'interrompit jamais les relations intimes et si profondément amicales qui l'unissaient aux Dames Anglaises ; et celles-ci pleurèrent et prièrent à sa mort, comme elles l'eussent fait pour la plus aimée de leurs sœurs.
Mort de Mme Finchet. — C'est sous le gouvernement de Mme Fairbairn que mourut Mme Finchet dont nous avons parlé plus haut.
La bonne mère avait atteint sa quatre-vingt-deuxième année et complété la soixante et unième de sa clôture. Elle était fort affaiblie, et l'on ne s'attendait plus à la garder longtemps, lorsque le 27 janvier 1847, elle donna quelques signes de sa mort prochaine. Elle fut administrée. Le surlendemain, après les matines, la communauté s'assembla dans l'infirmerie autour du lit de la malade qui entrait en agonie, et mourut vers onze heures. C'était l'une des plus anciennes religieuses de la maison, et, malgré son grand âge et ses infirmités, jusqu'au dernier moment elle s'était montrée fidèle à la règle. Nulle religieuse ne fut plus regrettée qu'elle dans la maison, parce que nulle n'y fut plus exemplaire, plus estimée ni plus aimée.
La sépulture à Montparnasse. — Après les cérémonies d'usage, on porta son corps au cimetière du Montparnasse, et on le déposa dans un caveau provisoire.
Cette mesure avait été prise en vue de la prochaine construction d'un caveau destiné uniquement à ces Dames et à certaines personnes privilégiées de leurs amies.
Depuis 1830, la permission d'ensevelir leurs morts dans le petit cimetière du couvent leur avait été absolument retirée.
Quel chagrin pour elles de voir emporter, loin de ce petit coin de terre où reposaient les générations religieuses qui les avaient précédées, la dépouille mortelle de leurs sœurs. C'était à leurs yeux comme un exil et une sécularisation posthumes. Ce corps ! mais il était à elles ; c'était un de leurs membres. On commettait un rapt en le leur enlevant, une injustice à l'égard de la défunte qui avait voulu, toute sa vie, dormir son dernier sommeil à l'ombre du sanctuaire où elle s'était consacrée à Dieu ; près de la petite cellule où elle avait goûté, loin des bruits du monde, la véritable paix de l'âme ; dans cette terre formée en quelque sorte des cendres de sa famille spirituelle, et qui était devenue pour elle une seconde patrie.
La mort de Mme Finchet détermina Mme Fairbairn et son conseil à acheter un terrain, et à y faire construire un caveau.
Ces Dames avaient désormais leur cloître funèbre où elles seraient réunies dans la mort, comme elles l'avaient été dans le cloître du couvent pendant leur vie.
Le socialisme. — Cette année 1847 fut malheureuse. Les récoltes manquèrent, et si les blés russes ne nous étaient
venus en aide, la crise des subsistances aurait pris les proportions d'une véritable famine.
Comme toujours, dans de semblables circonstances, c'est la classe ouvrière qui eut le plus à souffrir. La prospérité de l'industrie et du commerce avait augmenté prodigieusement dans les villes, surtout à Paris, le nombre des ouvriers ; et l'on se demandait ce qu'il adviendrait si le commerce venait tout à coup à tomber. Certainement le contre-coup se ferait sentir dans l'industrie, et les ouvriers resteraient sans travail et sans pain. Que faire alors pour prévenir le mal ?
Il ne manquait pas d'utopistes pour résoudre, chacun à sa manière, ce grave problème, dont les données paraissent si simples, et dont la solution est si compliquée. L'ensemble des systèmes imaginés, la plupart du temps contradictoires, mais aboutissant tous au renversement plus ou moins complet de l'ordre social actuel, a pris le nom de socialisme. Et le socialisme, grâce sans doute à la circonstance de la cherté des vivres et par suite aussi de l'évolution naturelle des idées, prit, à la fin du règne de Louis-Philippe, un développement menaçant.
De ce côté on criait: «A la Réforme !»
Le même cri, au même moment, partait d'un autre côté.
L'extension du cens. — Pour être électeur, il fallait, d'après la loi, payer au moins deux cents francs d'impositions. À ce compte, il n'y avait guère plus de 200,000 électeurs en France. Ce nombre restreint de votes suffisait-il à former une représentation vraiment nationale ? L'opinion publique répondait : «Non», par les cent porte-voix de la presse, à la tribune et dans des banquets devenus célèbres. Elle demandait un abaissement du cens électoral et criait aussi à la réforme !
Révolution de 1848. — Mais le roi et le chef du cabinet, M. Guizot, n'y voulaient rien entendre, et l'irritation contre le pouvoir était arrivée à son comble. C'était une révolution qui se préparait.
Les bruits du dehors, pénétrant peu à peu dans le cloître du couvent, y jetèrent l'inquiétude à la fin de l'année 1847. Cette inquiétude devint une vive alarme en février 1848, lorsqu'on apprit l'attitude menaçante du peuple de Paris dans la journée du 22, et celle de la majeure partie de la garde nationale dans la journée du 23. En effet les légions rassemblées pour contenir le peuple faisaient cause commune avec lui, et criaient: «A bas Guizot ! vive la Réforme !» Si les illuminations de la ville, à la nouvelle de la chute du ministère, apportèrent le soir un instant de calme aux esprits, il ne fut pas de longue durée. Un coup de pistolet, parti on ne sait d'où, frappe le cheval d'un lieutenant-colonel. La troupe fait feu. Cinquante-deux personnes tombent. Vingt-trois cadavres sont relevés, entassés sur des charrettes et traînés toute la nuit dans les rues de Paris. «Aux armes ! criait le peuple. On égorge nos frères !» Le lendemain, 24, dès le matin, le tocsin sonne de toutes parts ; les rues se hérissent de barricades. Ces Dames peuvent en voir s'élever dans la rue des Fossés-Saint-Victor en face de leur porte. Le canon tonne, la fusillade fait rage : c'est la fin de la dynastie. On ne crie plus: «Vive la Réforme !» mais «Vive la République !»
Cette fois ces Dames ont sérieusement peur. À ce nom se rattache pour elles des souvenirs terribles. L'agitation continuant dans Paris, elles jugèrent prudent de cacher ce qu'elles avaient de plus précieux.
Jusqu'ici la révolution avait eu un caractère exclusivement politique et le socialisme n'était pas satisfait. Mais il allait bientôt faire entendre ses réclamations, à coups de fusil, dans le plus sanglant des épisodes de l'histoire de 1848.
On comprend que tous ces troubles politiques avaient leur retentissement dans le commerce. Plus d'acheteurs, partant plus de vendeurs, plus de fabrication et le chômage forcé.
Les journées de juin. — On créa les ateliers nationaux. Chaque ouvrier y recevait un franc par jour. C'était l'armée du socialisme que l'on constituait. En moins de deux mois, elle comptait 100,000 hommes. La plupart passaient leur temps à discuter, à s'enivrer, à ne rien faire ou à faire des émeutes. Ces deux mois coûtèrent 15 millions à la République obérée. Il fallait dissoudre ces ateliers ruineux, tumultueux et toujours menaçants. C'est ce qui eut lieu le 23 juin. Ce fut le signal d'une bataille effroyable qui ensanglanta Paris durant quatre jours. L'insurrection fut écrasée, mais à quel prix, grand Dieu ! La victoire coûta la vie à plusieurs de nos meilleurs généraux, entre autres au général Bréa. Ce généreux soldat, n'écoutant que sa pitié pour des Français égarés, avant de donner un dernier assaut à la barrière de Fontainebleau, et dans le dessein d'arrêter l'effusion du sang, se rendit avec son aide-de-camp, le capitaine Mangin, auprès des insurgés. Les misérables les assassinèrent lâchement tous les deux.
On allait bombarder le faubourg Saint-Antoine où les insurgés, retranchés dans les maisons et derrière de formidables barricades, étaient inabordables. À cette nouvelle, l'archevêque de Paris, ému dans ses entrailles paternelles, court au faubourg, obtient un armistice, et franchit la barricade pour exhorter les rebelles à la paix. Mais une balle, volontairement ou involontairement dirigée contre lui, le frappe mortellement. «Puisse mon sang être le dernier versé !» dit-il à ceux qui le relevèrent. Deux jours après, il rendait sa grande et sainte âme à Dieu. Cette nouvelle jeta la consternation dans le couvent.
Pendant ces terribles journées, ces Dames vivaient dans des transes continuelles, s'attendant toujours à quelque malheur, mais s'abandonnant du reste à la Providence divine. C'était durant l'octave du Très Saint Sacrement. Par prudence, il était exposé seulement pendant la messe, après laquelle on donnait aussitôt la bénédiction. Avec quelle ardente dévotion ne priaient-elles pas alors ! Au moment de mourir, elles n'eussent pas adressé des supplications plus ferventes au Maître de la vie, caché dans l'Eucharistie. C'est dans les graves dangers surtout que notre foi et notre piété se raniment. L'impression d'abord est toute naturelle. C'est l'instinct de la conservation qui s'émeut, c'est le sentiment vif de notre faiblesse, de
notre impuissance en présence d'une force qui nous domine. Nous crions au secours ; mais le secours est dans le Fort au-dessus de tous les forts, dans celui qui commande aux vents et aux tempêtes, qui les apaise par un seul acte de sa volonté. Et celui-là, c'est aussi notre Père qui est aux cieux, notre Père qui nous aime et que nous aimons; et nous nous jetons éperdus dans son sein.
Les insurgés au couvent. — L'avant-dernier jour de cette lutte fratricide (le 25), il était trois heures de l'après-midi. La fusillade crépitait avec fureur non loin du couvent. Une vive agitation régnait dans les rues avoisinantes. Bientôt, du côté de la rue des Boulangers, des coups redoublés se font entendre à l'une des portes de la maison. La porte vole en éclats et une bande d'insurgés se précipite
dans le jardin. Le mieux est de ne pas les laisser pénétrer dans le couvent. La supérieure, suivie de quelques religieuses et de plusieurs dames locataires, s'avance à leur rencontre. La vue de ces femmes vêtues de blanc les étonne, leur attitude grave leur inspire le respect, la prière qu'elles leur adressent avec simplicité et calme de ne pas troubler leur pacifique demeure les touche ; et, sans insister davantage, ils retournent à leurs barricades. L'un d'eux même se mit à réparer de son mieux la porte brisée.
Nous laissons à penser quelles actions de grâces rendirent à la Providence ces pauvres religieuses qu'elle avait si visiblement protégées.
Ce fut tout ce qui leur arriva de plus fâcheux dans ces lamentables journées.
Désorganisation du pensionnat. — Cependant le recrutement des religieuses cesse complètement de 1846 à 1850. Le pensionnat est désorganisé, et le nombre des élèves si réduit, qu'au terme de l'année scolaire de 1849, il n'y a pas lieu de faire une distribution de prix. Il se remonte pourtant peu à peu les années suivantes.
Mlle de Mussy devorée par les flammes. — La fin du mois de janvier 1850 fut marquée par un épouvantable accident qui s'était déjà produit vingt-deux ans auparavant.
Une jeune personne, Mlle de Mussy, d'une famille fort recommandable, était venue s'établir au couvent, dans un appartement qu'elle avait loué pour elle et sa femme de chambre.
Elle y était seulement depuis une dizaine de jours, mais il n'en avait pas fallu davantage pour lui attirer les sympathies de toute la maison.
Le soir du 25 janvier, il était environ 9 heures, Mlle de Mussy faisait sa prière, agenouillée près de sa cheminée flambante. Le feu prend à ses vêtements. À ses cris, sa femme de chambre accourt, voit les flammes envelopper sa maîtresse, et s'élance dans les corridors en appelant au secours. Mlle de Mussy, affolée de douleur, se précipite à sa suite, poussant des cris affreux : «Au secours ! au secours ! Je brûle ! Je brûle !» En un clin d'œil, toutes les religieuses sont hors de leurs cellules ; et l'une d'elles jette sur la malheureuse jeune fille un long manteau pour étouffer le feu.
Il était trop tard : la course éperdue de la pauvre enfant n'avait fait qu'attiser les flammes, et ses chairs et ses vêtements dévorés n'offraient plus qu'un mélange noir et fumant tombant par lambeaux au moindre contact. Elle vivait pourtant encore et pouvait parler. Son premier mouvement fut de demander un confesseur. Pendant qu'on allait en toute hâte chercher un médecin dans le voisinage, on la transporta dans la cellule d'une de ces Dames, où elle se confessa avec
un courage et une résignation admirables. Le médecin fit aussitôt un premier pansement après lequel on la transporta dans son appartement, où il acheva son travail ; mais il n'avait aucun espoir de la sauver. Bientôt elle tomba dans le délire. Le comte de Gourgaud son oncle, averti, arriva au couvent, amenant avec lui les médecins les plus en réputation à Paris. La consultation fut courte. Le délire avait cessé sans doute ; mais il fallait se hâter d'administrer la malade.
La cérémonie eut lieu en présence de l'oncle, d'autres parents et de la communauté réunie. Mlle de Mussy ne mourut pourtant que le 27 à deux heures du matin dans les plus cruelles souffrances.
Ses obsèques eurent lieu en grande pompe, à Saint-Étienne-du-Mont, et son corps fut enseveli dans le cimetière de la communauté des Dames de Picpus, dont sa tante avait été l'une des fondatrices.
«Un Couvent de religieuses anglaises à Paris» :
Index ; Chapitre 11
[Dr R. Peters : rpeters@wissensdrang.com]