LES BRÛLOTS ANGLAIS EN RADE DE L'ÎLE D'AIX (1809) [Un texte de Jules Silvestre ; publié par Arthur Savaète, Paris, 1912 ; transcrit et édité par Dr Roger Peters.]

Introduction
Pendant l'époque dès le début de la guerre de Sept Ans (1756) jusqu'à la fin des guerres napoléoniennes (1815), des engagements navals entre la France et l'Angleterre peuvent être utilement divisés en «grandes batailles» — telles que celles de Quiberon (1759), Chesapeake (1781), Saint-Vincent (1797), Aboukir (1798) et Trafalgar (1805) — et en «affaires» — y compris celles de Minorque (1756), la Belle-Poule (1778), Quiberon (1795), Bantry (1796) et, le sujet de cette transcription, l'île d'Aix (1809) — dont les résultats ne devraient pas être mésestimés parce que, comme le dit Gilles Perrault avec perspicacité, «Le moral comptait autant que les canons.»

En 1912, deux années avant le début de la Première Guerre mondiale, Jules Silvestre, diplomate, soldat et historien distingué, a écrit ce qui est peut-être bien la version définitive de l'Affaire des Brûlots. J'emploie le mot «définitive» en toute connaissance de cause, puisque — malgré la présence indubitable des manuscrits supplémentaires languissants en archives diverses — l'auteur paraît avoir eu accès à la plupart des sources primaires et secondaires les plus importantes. Quoi qu'il en soit, il a certainement pris soin exceptionnel d'assurer le lecteur avec son contexte, ses événements et ses conséquences.

À part sa valeur intrinsèque, du point de vue historique, le texte devrait résonner du lecteur moderne pour au moins deux raisons particulières. Premièrement, comme insiste l'auteur lui-même, des observateurs contemporains discutaient ouvertement avant l'attaque — quant aux «secrets destructeurs de la mécanique et de la chimie» — l'énigme suivante : «Vivons-nous dans un siècle où une nation puisse cacher à l'autre de pareilles découvertes et se servir d'un moyen de destruction qui ne soit pas bientôt imité et surpassé par ceux qui en ont souffert ?» Et deuxièmement, les procédures et les résultats des cours martiales, en France et en Angleterre, fournissent des exemples salutaires de l'énigme posée à l'origine par le poète antique Juvenal, à savoir : Quis custodiet ipsos custodes ? ou «Qui gardera les gardes ?»

Dans cette transcription, j'ai scrupuleusement respecté l'orthographe de l'auteur pour toutes les citations : en revanche, pour le corps du texte, j'ai corrigé des erreurs de fait, d'orthographe et de typographie ; en outre, j'ai discrètement inséré des bribes d'information comme prénoms, dates et lieux.

La transcription complète (format A4, 109 pages), comme des documents liés, peut être téléchargée comme une archive zippée (daix2fr.zip ; 230 kB) ou comme les fichiers montrés dans la table ci-dessous.

 Divers 

Frontispice. — Principaux ouvrages mis à contribution. — Préface (de Frédéric Masson de l'Académie française). — Table des matières. — Vocabulaire des expressions techniques employées dans cet ouvrage. [11 pages.]

 Ch. 1

ÉVÉNEMENTS ANTÉRIEURS À 1809.
Napoléon à Boyard, le 5 août 1808. — Rochefort en butte aux attaques de l'ennemi : les Hollandais en 1674 ; les Anglais en 1696, en 1703, en 1708, en 1748, en 1757. — Le meunier de l'île d'Aix — Nouvelles menaces en 1799, à la flotte espagnole et le vice-amiral José de Mazarredo. — Projets incendiaires en 1800. [4 pages.]

 Ch. 2

SOLLICITUDE DE L'EMPEREUR À L'ENDROIT DE ROCHEFORT. [1 page.]

 Ch. 3

SITUATION DE LA FRANCE EN 1809.
Corrélation entre les événements dans la péninsule ibérique, sur le continent et sur le littoral français. — Le plan britannique. — Capitulation de Cintra. — Notre situation en Espagne. — Napoléon à Erfurt. — La paix offerte une fois de plus à l'Angleterre. — Napoléon entre en Espagne. — Déroute des Anglais à La Corogne. — Campagne de 1809. — Revanche de la coalition contre la marine de la France. — Notes de bas de page. [3 pages.]

 Ch. 4

L'ESCADRE WILLAUMEZ.
La flotte du contre-amiral Jean-Baptiste Willaumez part de Brest, passe à Lorient, arrive en rade de Rochefort. — Le contre-amiral Zacharie Allemand nommé commandant en chef de la flotte (et promu au grade de vice-amiral). — Arrivée de l'amiral James Gambier et des forces anglaises en rade des Basques. — Dispositions prises par Allemand. — Concours prêté par le port de Rochefort. — Arrivée des premiers brûlots. — Les projets anglais révélés par le British Critic. — Commencement des hostilités. — Notes de bas de page. [4 pages.]

 Ch. 5

LES FLOTTES FRANÇAISE ET ANGLAISE EN PRÉSENCE.
Situation des deux flottes le 11 avril 1809. — Préliminaires de l'attaque des brûlots. — Notes de bas de page. [5 pages.]

 Ch. 6

ATTAQUE PAR LES BRÛLOTS.
Rupture de l'estacade. — Nos vaisseaux entourés par les brûlots. — Détresse générale. — Tableau de la rade. — Notes de bas de page. [3 pages.]

 Ch. 7

LE LENDEMAIN DE L'ATTAQUE.
Le 12 avril. — La manœuvre des brûlots n'a pas tenu les promesses de William Congreve. — Tableau de la rade au point du jour. — Notre escadre est dispersée. — Les Anglais se décident à combattre, quatre contre un. — Le Calcutta abandonné et incendié. — La Ville-de-Varsovie et l'Aquilon amènent leur pavillon. — Mort du capitaine de vaisseau Jacques Maingon. — Le Tourville abandonné. — Tableau que présente la rade dans la nuit du 12 au 13. — Lettre du canonnier Jean Besnard. — Notes de bas de page. [4 pages.]

 Ch. 8

SORT FAIT À NOS VAISSEAUX.
Le vice-amiral Pierre Martin, préfet maritime à Rochefort, amène des secours ; le Tourville est réoccupé. — Le Régulus, le Tonnerre et l'Indienne, échoués, sont attaqués par la flotte anglaise. — Les Anglais tenus à distance, malgré l'inégalité énorme de nos moyens. — Le Tourville, également attaqué, peut mettre à la voile, mais s'échoue de nouveau ; le Régulus soutient tout l'effort de l'ennemi ; le Foudroyant et le Jemmapes sont échoués ; l'Océan entre la rivière Charente le 14. — Le Jemmapes, le Foudroyant et le Cassard réussissent à se relever et entrent en rivière le 15. — Nouvel échouage du Foudroyant ; le Régulus sauvé ; le Tourville dégagé définitivement. — Prudence de Gambier. — Notes de bas de page. [3 pages.]

 Ch. 9

RÉSULTATS OBTENUS PAR LES ANGLAIS.
Considérations générales ; méthode adoptée par l'ennemi. — Nos pertes ; notre situation après l'affaire. — Mécontentement à Londres. — Responsabilité d'Allemand. — Ce qu'aurait pu faire ce dernier. — Coup d'œil sur l'état de notre marine. — Nos pertes définitives dans l'affaire. — Nos traîtres. — Notes de bas de page. [3 pages.]

 Ch. 10

LE MINISTRE DE LA MARINE ET L'EMPEREUR.
Rareté des documents officiels sur l'affaire des brûlots ; premier rapport de vice-amiral Allemand. — Situation de l'empereur au cours des événements. — Rapport de vice-amiral Denis Decrès, ministre de la Marine, en date du 24 mai. — Décret du 2 juin relatif au Conseil de guerre qui doit juger les quatre capitaines de vaisseau : Jean-Baptiste Lafon, Nicolas Clément de la Roncière, Guillaume-Marcellin Proteau et Charles-Nicolas Lacaille. — Composition du Conseil : le contre-amiral Jacques Bedout (président) ; les capitaines de vaisseau André Maureau, Joseph Krohm, Claude Polony, Nicolas Barbier et Laurent Tourneur, et les capitaines de frégate Charles Lévêque [ou Charles Leveque], Pierre Robert et Pierre Leblond-Plassan (membres) ; et le contre-amiral Jean L'Hermitte (commissaire impérial et rapporteur). — Allemand, excusé, est nommé au commandement de l'escadre de la Méditerranée. — Opinion de l'amiral Pierre-Roch Jurien de la Gravière. — Un mot de Napoléon à Sainte-Hélène. — Notes de bas de page. [6 pages.]

 Ch. 11

LE PROCÈS.
Incarcération des quatre capitaines de vaisseau, mesures extraordinaires de rigueur. — Opinion du contre-amiral Antoine de Gourdon. — Lettre du 30 juin de Decrès à l'empereur. — Séances du Conseil de guerre. — Réquisitoire de L'Hermitte. — Plaidoirie de François Faure (défenseur). — Rapport au roi Louis XVIII pour la réhabilitation de Lacaille, en 1816. — Lettre du rapporteur L'Hermitte au ministre de la Marine. — Comment est conduite l'instruction. — Le jugement. — Votes des juges ; vote rectifié de Krohm. — Lettre de Maureau à Lacaille. — Notes de bas de page. [13 pages.]

 Ch. 12

L'EXÉCUTION.
Refus d'admettre le pourvoi en cassation ! : Lafon est fusillé ; Lacaille interné pour deux ans à l'île d'Oléron ; Proteau condamné à trois mois d'arrêts simples ; Clément de la Roncière acquitté. — Mesures ordonnées pour l'exécution de Lafon. — Les dernières lettres de celui-ci et son testament. — Sa mise à mort à bord du vaisseau-amiral. — Circonstances qui auraient accompagné l'exécution et, le lendemain, l'enterrement. — Napoléon a ignoré les circonstances du jugement et n'a connu sa mise à exécution que près d'un mois plus tard. — Il ordonne la publication de tous les documents, quoi qu'ils puissent contenir ; des documents mis au Moniteur sont tronqués, d'autres passés sous silence. — Enquête ordonnée en 1814 ; le dossier ne se retrouve pas après les Cent Jours. — Lacaille est réhabilité et replacé dans son grade en 1816. — Les sorts différents de Jean-François Renaudin, du Vengeur en 1794, et de Jean-Baptiste Lafon, du Calcutta en 1809. — Notes de bas de page. [8 pages.]

  [13]

DOCUMENTS JUSTIFICATIFS [1].
Carnet des signaux de l'escadre Allemand. — Mort du capitaine Maingon, commandant l'Aquilon. — Procès-verbal constatant la perte du Calcutta, commandé par Lafon. — Rapport extrait du journal du capitaine Proteau, commandant la frégate l'Indienne. — Extrait du journal des événements qui se sont passés à bord le Tourville, commandé par Lacaille. — Procès-verbal constatant la perte du Tonnerre, commandé par Clément de la Roncière. — Rapport de Allemand à Napoléon. — Copie de ce rapport même, annotée par le capitaine Jean-Jacques-Étienne Lucas, commandant le Régulus. — Avertissements des journaux anglais contre l'incendie projeté des vaisseaux français mouillés à l'île d'Aix. — Notes de bas de page. [21 pages.]

  [14]

DOCUMENTS JUSTIFICATIFS [2].
Version anglaise de l'affaire des brûlots, d'après « William James, The Naval History of Great Britain » (traduction de Mlle Andrée Limouzin). — Adresse et pétition au roi George III sur la conduite de ses conseillers. — Ode sur ces événements, par un habitant rochefortais de l'époque. — Notes de bas de page. [20 pages.]


[Notes]

1. Silvestre, J., Les Brûlots anglais en rade de l'île d'Aix (1809), Paris, Savaète, 1912.

2. Pour une biographie de cet auteur, voir celle de Serge Dubreuil, Jules Silvestre, un soldat en Indochine 1862-1913. La diffusion de l'idée coloniale, Lille, Les Presses Universitaires du Septentrion, 1998.

3. Perrault, G., Le Secret du Roi : La Revanche américaine, Paris, Fayard, 1996.

4. Voici une carte partielle de la région :

Carte partielle de la région

5. R. Peters' Home Page (en anglais).
[Décembre 2002]